Familier des mardis de Mallarmé, Claude Debussy s'intéresse au mouvement symboliste et s'inspirera peu après d'un poème de Stéphane Mallarmé pour son Prélude à l'Après-midi d'un faune. La lecture d'une anthologie de poésie anglaise traduite par Gabriel Sarrazin, Poètes modernes d'Angleterre (1883) lui donne l'idée de composer une cantate sur The Blessed DamozelThe Blessed Damozel (1850) du poète et peintre préraphaéliteDante Gabriel Rossetti[1]. Il confiera avoir voulu composer « un petit oratorio dans une note mystique un peu païenne » (lettre à André Poniatowski du )[2]. La Damoiselle élue appartient à la même époque de composition que les Cinq poèmes de Charles Baudelaire, une période influencée par la musique de Richard Wagner. Le compositeur allait s'éloigner de cette influence musicale, tout en restant fidèle à la littérature symboliste, pour composer son opéra Pelléas et Mélisande. Des motifs tels que les fleurs de lys reviendront aussi dans sa musique de scène pour Le Martyre de saint Sébastien (1910-1911)[1].
L'œuvre est dédiée au compositeur Paul Dukas. Claude Debussy envoie sa partition à l'Académie des beaux-arts comme troisième envoi de Rome[3]. La partition pour chant et piano est publiée en 1892.
La Damoiselle élue est créée à Paris, à la société nationale de musique, par Julia Robert et Thérèse Roger[4], sous la direction de Gabriel Marie[5],[2], le [3]. C'est la première fois qu'une œuvre pour orchestre du compositeur est jouée[1]. Cette première est un succès, le critique Pierre Lalo écrit dans Le Temps : « telles sont la grâce et la délicatesse de son goût que toutes ses audaces sont heureuses »[6]. Certains critiques reprochent cependant à l'œuvre d'être « très sensuelle et décadente »[7].