Située au contact de l'Atlas blidéen et de la Mitidja, Blida est fondée au XVIe siècle pour accueillir des immigrés andalous. Étant la capitale de la région de Mitidja, elle est la 5eville du pays par la taille, son unité urbaine compte 331 779 habitants en 2008.
Géographie
Localisation
La commune de Blida est située au centre de la wilaya de Blida. La ville est située à 47 km au sud-ouest d'Alger, et à 26 km au nord-est de Médéa, sur la bordure Sud de la plaine de la Mitidja à 22 km de la mer. L'unité urbaine s'étend en outre de la commune de Blida sur les communes suivantes : Ouled Yaïch, Soumaa, Bouarfa, Beni Mered et Guerouaou[4].
La ville de Blida est située au pied du versant nord de l'Atlas blidéen et au Sud de la plaine de la Mitidja, à une altitude de 260 mètres. Elle est localisée sur un cône de déjection construit par l’oued Roumman-El Kebir[5].
Climat
L'Atlas tellien protège la ville des vents secs du sud en provenance des Hauts Plateaux. Cette protection permet à la région de bénéficier d'un climat méditerranéen propice à l'agriculture[6]. La classification de Köppen est de type Csa. La température moyenne est de 17,9 °C et la moyenne des précipitations annuelles avoisine les 800 mm[7].
Lors du découpage administratif de 1984, la commune de Blida est constituée à partir des localités suivantes[9] :
Blida
Sidi El Kebir
Tafraout
Nader Ourou
Hannous (partie basse)
Taberkachent
Timizert
Dardara
El Kennar
Sidi Fergani
Aïn Soltane
Imma Mghita
Cheikh Benaïssa
Hamalite
Kamariz
Agba El Hamra
Ben Boulaïd
Zabana
Sidi Abdelkader
Ben Achour
Maramane
Beni Sbiha I
Kessasma
Oued Abarar
Toponymie
Le mot Blida vient de l'arabe classiqueboulayda qui signifie petite ville ou petite contrée, qui est le diminutif de Bilad (pays, contrée)[10], il devient en arabe dialectalBlida, ce terme est employé durant la colonisation française. La ville est également surnommée Ourida (petite rose)[11].
Histoire
Aucun centre antique n’a précédé la ville. On l’a identifiée avec la ville de Mitidja connue au Moyen Âge et qui était ruinée lors des campagnes des Beni Ghania[12].
Période ottomane
La ville de Blida est fondée au XVIe siècle par le marabout: Sidi Ahmed el Kabir avec la participation de musulmansandalous[13] qui s'installent à Ourida (premier nom de Blida) et transforment alors les terres incultivables en vergers grâce aux plantations d'orangers et l'art de l’irrigation. Ils apportent également à la région, l'art de la broderie sur cuir[14],[15].
La légende locale attribue à Sid Ahmed Ben Youcef surnommé el Kebir des origines andalouses, mais il est originaire du Sahara occidental[16]. À la demande de Barberousse qui a fourni les finances nécessaires des caisses de la régence d'Alger, il créa le noyau de la ville de Blida pour accueillir des réfugiés andalous[16]. Selon la tradition orale, il s'écria en contemplant la ville : « On t'appelle El-Blida (petite ville), je t'appelle El-Ourida (« la petite rose ») ».
Sous la domination ottomane, Blida faisait partie du Dar Es-Soltane, et était gouverné par un ḥākim[12]. La ville s'agrandit, elle devient un lieu de repos et de prédilection des souverains turcs d'Alger[17]. Les Ottomans bâtissent des portes monumentales (Bab) à chacune des entrées, Bab el Dzair, Bab el Rahba, Bab el Sebt, Bab el Zaouia, Bab el Kseb, Bab el Kebor et Bab el Kouikha, ces portes n'existent plus de nos jours[10]. Sa population étaient composée des descendants des Andalous, de Maures, de Juifs et de Mozabites[12].
Ville de plaisir, et de beauté ; la ville était également menacée, car soumise à d'incessants tremblements de terre[5]. En 1817, une épidémie de peste a fait 70 à 100 morts par jour durant un an. En mars 1825, un tremblement de terre détruit la ville[14] causant un grand nombre de victimes[17].
Période de la colonisation française
En 1830 débute la conquête de l'Algérie par la France. Après l’occupation d’Alger, Blida résiste à une première expédition en juillet de la même année. Puis, au mois de novembre, sous les ordres du général Bertrand Clauzel, une nouvelle tentative débouche sur le massacre de huit cents habitants non armés, en représailles à la mort de vingt et un soldats français, tués au combat[18].
Blida reste encore quelque temps indépendante sous l’administration de ses hakims[12], jusqu'à son contrôle par les troupes françaises en 1839[13]. Elles bâtissent de grandes casernes militaires, Blida devenant ainsi une ville garnison de l’armée française pendant toute la durée de la colonisation française[11].
Détruite par le séisme de 1825, Blida est reconstruite par les Français selon un plan d'urbanisation hippodamien moderne (rues à angle droit et maisons basses)[13]. Aux portes de la ville, trois villages de colonisation sont créés : Joinville et Montpensier en 1843 et Dalmatie en 1844[5]. En 1848, elle est érigée en municipalité. Sa population est de 61 600 en 1950[14]. C'était la seconde ville du département d'Alger.
L’indépendance
Après l'indépendance de l'Algérie , Blida, ancienne sous-préfecture du département d'Alger, devient chef-lieu de wilaya en 1974. Elle devient en quelque sorte la capitale de la Mitidja[10]. Toutefois, en raison de sa proximité avec l’agglomération algéroise, Blida sert d’un doublet à Alger ; elle accueille des fonctions et équipements qui ne trouvent plus place dans la capitale. Elle abrite une université, un centre national de maintenance de la Sonatrach, des zones d’habitat nouvelles destinées à absorber la population attirée par la capitale. L’intense trafic quotidien entre les deux villes traduit ce rôle de doublet[5].
La ville connut un exode rural important. Elle passe de la 9eville du pays par la taille en 1954, au 5e rang en 1977, 6e en 1987[5] et 5e en 2008[19]. Cette progression démographique s'est accompagnée par des problèmes de logement, malgré les programmes de grands ensembles réalisés par l'État. La poussée urbaine a provoqué l'intégration dans le tissu urbain des vieux noyaux anciens villages coloniaux et le développement incontrôlé de constructions illicites[5].
Démographie
Évolutions
Population de la ville et de la commune de Blida de 1884 à 1902
Population 1884[20] ; population 1892[21] ; population 1897[22]; population 1902[23]
Selon le recensement général de la population et de l'habitat de 2008, la population de l'unité urbaine de Blida est évaluée à 331 779 habitants[19], alors que celle de la commune de Blida est de 163 586 habitants contre 116 949 en 1977 :
Évolution démographique de Blida-ville depuis 1846
La répartition de la population de la commune par tranches d'âge est, en 2008, la suivante :
49,55 % d’hommes (0 à 9 ans = 9,53 %, 10 à 19 ans = 9,45 %, 20 à 29 ans = 8,83 %, 30 à 39 ans = 7,47 %, 40 à 49 ans = 6,29 %, 50 à 59 ans = 4,08 %, 60 à 69 ans = 2,25 %, 70 à 79 ans = 1,40 %, plus de 80 ans = 0,25 %) ;
50,45 % de femmes (0 à 9 ans = 9,04 %, 10 à 19 ans = 9,05 %, 20 à 29 ans = 9,27 %, 30 à 39 ans = 7,96 %, 40 à 49 ans = 6,25 %, 50 à 59 ans = 3,97 %, 60 à 69 ans = 2,43 %, 70 à 79 ans = 1,55 %, plus de 80 ans = 0,31 %).
La cité possède un parc d'attraction dans la zone militaire de Blida à la sortie Ouest, lieu de repos familial, où les familles peuvent admirer les montagnes verdoyantes qui surplombent la ville. Ce dernier est à l'abandon depuis fort longtemps.
La wilaya de Blida dispose de deux universités, et de plusieurs instituts de formation professionnelle. Le 08 septembre 1981, le Centre Universitaire de Blida C.U.B. ouvre ses portes[33]. Au titre de cette rentrée historique, le nombre des étudiants inscrits s’élevait à 526, pour un effectif enseignant de 57 dont 17 étrangers[34]. Le C.U.B. devient en août 1989 l'Université de Blida[35].
Baptisée: l'Université Saâd Dahlab de Blida (USDB), c'est une université nationale à caractère public, elle est située dans le quartier de Ouled Yaïch sur la route de Soumâa. Récemment, un autre nouveau pôle de l'université a été construit au niveau de la ville d'El Affroun, disposant de plusieurs facultés et de cités universitaires.
En 2013, l'Université Blida 1 a été scindée en deux campus: 1 et 2[36]. L'Université de Blida 1 a hérité de l'ancienne Université de Blida; son site situé sur la route du Soumâa et a gardé le nom de Saâd Dahlab ainsi que la moitié des facultés. L'Université de Blida 2 baptisée Lounici Ali, est située au niveau du site d'El Affroun et a hérité de la moitié des autres facultés de l'ancien campus.
Vie quotidienne
Culture
Ville d'art et de traditions, Blida accueille la musique arabo-andalouse, et se rattache à la sanâa d'Alger, mais revendique une « autonomie » relative[37]. Un festival de la musique aroubi est organisé dans la ville[38], ainsi que des journées du hawzi, chaque année[39].
Blida a préservé plusieurs métiers traditionnels à l'instar de la distillation de l'eau de rose, la broderie sur tissu et le travail du cuivre[40].
La ville est également connue pour la confection des gâteaux algériens. La culture ottomane a marqué de son empreinte la population locale. Parmi, les spécialités héritées des Turcs : Tcharak, Baklawa et Ktaif. Les gâteaux de Blida se distinguent également par leur forme artistique, la ville a connu ces derniers temps , une multiplication des commerces de pâtisserie traditionnelle[40].
Le premier noyau urbain de la ville était structuré autour d’une mosquée implantée sur l’actuelle place du 1er novembre. Cet édifice religieux a été successivement transformé en caserne militaire, puis en hôpital, pour être reconvertie en église par la suite avant de finir comme école primaire. elle fut rasée par la suite pour aménager une place publique: La Place d’Armes. Deux autres établissements, un four et un hammam ont été bâties par une main d’œuvre recrutée auprès des réfugiés d’Andalousie venus d’Oliva[16].
Le tombeau de Sidi Ahmed El Kebir, situé dans le cimetière proche de la vallée de l'oued El Kébir à 3 km au sud de la ville, dans lequel sont enterrés le saint patron de Blida ainsi que ses deux fils[42].
Parmi les quatre mosquées dont disposait la ville avant la colonisation française, l’une est convertie au culte catholique, l'autre est transformée en caserne, les deux restantes laissées aux Musulmans[5]. Les mosquées Ben Sâadoun (achevée à la fin du XIXe siècle) et Torki Hanafi (érigée en 1750), construites par les Turcs[13]. La mosquée de Baba Mohamed qui se trouvait à l’entrée de Bab Dzair, fut transformée en une caserne militaire pour abriter les encadrons de l'armée coloniale.
Le quartier El Djoun ou douirette, est le plus vieux quartier de Blida, la plupart de ses demeures sont construites dans un style mauresque. Le quartier s'est sensiblement dégradé[10].
Tombeau de Sidi-Ahmed El-Kebir, fondateur de la ville.
Mosquée Ibn Saadoun, Fin xvie siècle
Mosquée El Hanafi, 1750
Mosquée Al-Kawthar, 1533 puis 1981.
Mosquée El Badr ex-Halle aux tabacs 1912.
Personnalités liées à la commune
Personnalités sportives
Henri Salvano (1901-1964), footballeur international français, natif de Blida
Armand Libérati (1923-2016), footballeur international français, natif de Blida
Ahmed Bernou (1925-1990), footballeur algérien, natif de Blida
Braham Brakni (1931-1957), footballeur international algérien, natif de Blida
Abdelkader Mazouz (1932-1978), footballeur international algérien, natif de Blida
Abdelaziz Chekaïmi, est le premier arbitre international algérien, footballeur algérien, natif de Blida
El Hadi Benturki (né en 1948), footballeur international algérien, natif de Blida
Mustapha Sellami (né en 1950), footballeur international algérien, natif de Blida
Nasreddine Akli (né en 1953), footballeur international algérien, natif de Blida
Réda Zouani (né en 1968), footballeur international algérien, natif de Blida
Billal Zouani (né en 1969), footballeur international algérien, natif de Blida
Amine Tiza (né en 1990), footballeur algérien, natif de Blida.
Abdelkader Bedrane (né en 1992), footballeur international algérien, natif de Blida
Personnalités littéraires, culturelles et artistiques
Victor Margueritte (1866-1942), romancier et auteur dramatique français, natif de Blida
Elissa Rhaïs (1876-1940), auteur de romans et de nouvelles orientalistes, native de Blida
Mohamed Touri (1914-1959), chansonnier et homme de théâtre algérien
Théophile Gautier séjourna dans plusieurs villes algériennes, parmi elles, Blida. Il évoque cela dans plusieurs de ses écrits : Loin de Paris et Voyage pittoresque en Algérie (1845).
Serge Lama évoque la ville dans sa chanson L'Algérie : « Du désert à Blida, c'est là qu'on est partis jouer les p'tits soldats ».
↑ abcdef et gMarc Côte, « Blida », in Encyclopédie berbère, 10 | Beni Isguen – Bouzeis, En ligne, mis en ligne le 01 mai 2013, consulté le 22 octobre 2013.
↑Daniel Babo, Algérie, Méolans-Revel, Éditions le Sureau, coll. « Des hommes et des lieux », , 206 p. (ISBN978-2-911328-25-1), p. 30.
↑Benjamin Brower, « Les violences de la conquête », dans Abderrahmane Bouchène, Jean-Pierre Peyroulou, Ouanassa Siari Tengour et Sylvie Thénault, Histoire de l'Algérie à la période coloniale : 1830-1962, La Découverte, , 720 p. (ISBN978-2707173263, lire en ligne), p. 58-63
↑ a et bONS, Armature urbaine (RGPH 2008) : Les principaux résultats de l'exploitation exhaustive, Alger, Office National des Statistiques, , 213 p. (ISBN978-9961-7-9274-2, lire en ligne), p. 100.
↑Tableau général des communes de l'Algérie au 30 septembre 1884, p. 42; accès en ligne.
↑Tableau général des communes d'Algérie au 1er janvier 1892, p. 110; accès en ligne.
↑Tableau général des communes de l'Algérie au 1er janvier 1897, p. 110 ; accès en ligne.
↑Tableau général des communes de l'Algérie au 1er novembre 1902, p. 110 ; accès en ligne.