Il est le fils de Benjamin Atlan et de Anna (Chiche) Atlan[3].
Il étudie à l'école Gilbert-Bloch d'Orsay, fondée par Robert Gamzon, qui se propose d'aider les jeunes juifs traumatisés par la guerre et la Shoah à reconstruire leur identité juive par l'étude de l'histoire juive et du Talmud. Il y rencontre Liliane Cohen qu'il épouse en 1952 et avec qui il aura deux enfants, Mireille et Michaël[4],[5]. Après son divorce d'Henri Atlan en 1977[3], Liliane Atlan (1932-2011) garde son nom.
Dans son ouvrage Cours de philosophie biologique et cognitiviste[N 1], Henri Atlan s'attache à démontrer la modernité de la réflexion de Baruch Spinoza en matière de biologie et de neurosciences, notamment autour du concept de vivant [9]« Pour Spinoza, il n'y a pas de finalités dans la nature, il n'y a en réalité que des déterminismes produits par des causes efficientes ; la notion de causes finales dans la nature, c'est pour lui, comme pour nous aujourd'hui, une projection anthropomorphique qui est la source de toutes les confusions possibles, non seulement du point de vue de la philosophie des sciences, mais aussi de l'éthique, des comportements humains, etc. Selon lui, le déterminisme met à l'endroit l'ordre de la nature, qui était renversé par le fait de considérer qu'elle met en œuvre des moyens en vue de fins utiles aux hommes. »
L'auteur rappelle que pour Spinoza Matière et Pensée c'est une seule et même Substance mais exprimée de deux manières différentes. « Avec une conséquence : puisque c'est la même chose, il ne peut pas y avoir de relation de cause à effet, c'est-à-dire que le corps ne peut pas produire des idées, et les idées ne peuvent pas produire des mouvements du corps. Or ceci est totalement contre-intuitif, parce que nous faisons tous les jours des expériences du contraire. » La découverte de mécanismes et de modèles d'auto-organisation - par exemple : l'émergence, à un niveau global d'organisation, de propriétés qualitativement différentes de celles des constituants pris individuellement - leur caractère mécanique, et la continuité entre vivant et non-vivant, entre conscient et non conscient, tous faits d'une même substance confirment le propos de Spinoza. « C'est là que la solution originale, radicalement moniste, qu'apporte Spinoza au problème corps-esprit est précieuse, bien que moins évidente pour le sens commun et les idées reçues. »
« Spinoza insiste pour remettre le vivant, y compris l'humain, dans le reste de la nature, sans pour autant ignorer les différences de degrés d'aptitudes entre des espèces d'individus faits de corps plus ou moins composés, et plus ou moins complexes. »
Soulevant les problèmes fondamentaux qui concernent la vie et la science, savant et philosophe, spécialiste de Spinoza, Atlan met en regard plusieurs disciplines comme la science, les textes bibliques, mythologiques, talmudiques, la philosophie, etc. Ses travaux interrogent la nature complexe des relations entre la science et l'éthique, de même que la compatibilité entre une pensée scientifique souvent déterministe et la compréhension des complexités, source continue d'indéterminismes. Sa pensée contribue notamment à éclairer les questions de société que soulèvent le clonage, les découvertes récentes sur les prions, ou la biologie du développement.
Henri Atlan a apporté son soutien aux thèses climato-sceptiques[11], critiquant notamment l'incertitude des prévisions des climatologues et le peu de fiabilité de leurs modèles[12]. Son article, dénonçant la « religion de la catastrophe », a fait l'objet de critiques de la part de scientifiques spécialistes des problématiques climatiques[13].
Publications
L'Organisation biologique et la Théorie de l'information, Hermann, Paris, 1972, (rééd. 1992).
Entre le cristal et la fumée, Seuil, Paris, 1979.
À tort et à raison : intercritique de la science et du mythe, Seuil, Paris, 1986 (Prix Psyché 1987).
Tout, non, peut-être : éducation et vérité, Seuil, Paris, 1991.
Questions de vie : entre le savoir et l'opinion, entretiens recueillis par C. Bousquet, Seuil, Paris, 1994.
La Fin du tout génétique ? Nouveaux paradigmes en biologie, INRA Éditions, Paris, 1999.
F. Fogelman-Soulié (dir.), Les Théories de la complexité : autour de l'œuvre de Henri Atlan, Paris, Seuil,
Paul Bourgine, David Chavalarias, Claude Cohen-Boulakia (éd.), Déterminismes et complexités : Du physique à l'éthique, autour d'Henri Atlan, Paris, Éditions La Découverte, coll. « « Recherches » », , 428 p. (ISBN978-2-7071-5090-5)
↑Henri Atlan, Émergence de buts dans les réseaux auto-organisateurs : un modèle mécanique d'intentionnalité dans (Bourgine 2008)
↑Vincent Glavieux, « Faut-il revoir notre conception du vivant ? Entretien avec Henri Atlan », La Recherche, no 535, , p. 80 à 82 (ISSN0029-5671).
↑Nathaniel Herzberg « Le Conseil de la création, "coup de pied" culturel » Le Monde du 4 février 2009.
↑Olivier Godard, « Le climato-scepticisme médiatique en France : un sophisme moderne », Écologie & politique, 2eme trimestre 2012, p. 47 à 69 (lire en ligne)