Ben-Ami Koller est né dans une famille décimée par la Shoah, son second prénom, Ben Ami - « Fils de mon peuple » - lui est donné en raison de sa naissance le jour de l'indépendance de l'état d'Israël et il choisira de le privilégier, assorti d'un trait d'union, dans sa signature d'artiste.
Il vit en Israël de 1973 à 1981, puis en France à partir de 1981 où un atelier lui est prêté à Paris par La Maison des artistes avant qu'il ne s'installe à Montreuil (Seine-Saint-Denis) en 1991[4], son atelier y devenant également un lieu ouvert à l'enseignement des arts plastiques : « nombreux sont les étudiants des écoles d'art et les peintres confirmés, témoigne Françoise Christmann. qui ont eu l'audace de poursuivre leur chemin escarpé grâce à un échange, des conseils, des cours, des stages, la visite de l'atelier de celui dont on admire les œuvres autant que l'énergie communicative, la vitalité, la bienveillance et la foi en l'être humain »[5].
En 1983, Gérard Xuriguera le situe dans la nouvelle génération qui s'est « engagée sur les chemins de l'imaginaire, créant de multiples brèches dans l'édifice monolithique engendré par André Breton et ses amis et donnant naissance à un art communément appelé Fantastique où la "beauté convulsive" domine souvent mais où le "merveilleux est toujours beau" »[6]. En 1986, l'exposition itinérante Les figurations des années 60 à nos jours offre à l'un de ses commissaires, Francis Parent, de dresser un panorama segmenté des tendances figuratives contemporaines où il situe pour sa part Ben-Ami Koller avec Franta et Claude Morini parmi les tenants d'« une manière plus formelle » qu'il distingue d'« une figuration plus douce » (Philippe Bonnet, Gottfried Salzmann), « plus expressionniste » (John Christoforou, Maurice Rocher) ou « plus matiériste » (Abraham Hadad, Roger-Edgar Gillet, Jean Revol)[7].
Christine Renauld (dessins de Ben-Ami-Koller), Traité de l'élastique, éditions Le Sourire qui mord, 1986.
Poésie et nouvelles
Christiane Renauld, Le traité de l'élastique (dessins de Ben-Ami Koller), éditions Le Sourire qui mord, Paris, 1986.
Monique de Beaucorps, Les symboles vivants (préface de Gilles Plazy, illustrations de Ben-Ami Koller), Nathan, 1989.
Alain Miquel et Jérôme Camilly, Le marcheur (dessins de Ben-Ami Koller), éditions Ateliers d'art L.P., 1991.
Jean-Noël Cuénod, Sang matin (illustrations de Ben-Ami Koller), Caractères, Paris, 2000.
Paul R. Lévy, Fleurs de chair - 27 phantasmes poétiques, 27 phantasmes graphiques (dessins de Ben-Ami Koller), 500 exemplaires numérotés, éditions Vœux d'artistes, 2000.
Serge Ritman, À jour, (lavis de Ben-Ami Koller), L'Amourier, 2000.
Jean-Noël Cuénod, Matriarche (illustrations de Ben-Ami Koller), Editinter, Paris, 2002.
Jean-Noël Cuénod et Christine Zwingmann (préface de Françoise Buffat, Amour dissident, (illustrations de Ben-Ami Koller), Editinter, Paris, 2003, médaille littéraire du Sénat en 2003.
Jean-Noël Cuénod, Liens - Suite érotique mystique (illustrations de Ben-Ami Koller), Editinter, Paris, 2004.
Serge Ritman Ma retenue, petits contes en rêve (illustrations de Ben-Ami Koller), éditions Comp'Act, 2005.
Claude-Henri Nore, Zadig est de retour - Nouvelle bucolique et pamphlétaire écrite l'année des treize lunes (illustrations de Ben-Ami Koller), Remire, 2006.
Christiane Lelubre, Désirs (aquarelles de Ben-Ami Koller), Rougier 2007.
Paule Bordesselle et Catherine Strumeyer, Du temps et des hommes (illustrations de Ben-Ami-Koller), éditions L'Art-dit, 2009.
Claude-Henri Nore, Les amantes Caraïbes (illustrations de Ben-Ami Koller), Corlet-Numérique, 2013.
Bibliophilie
Gisèle Voisard, Lucy, Anne et les autres (eau-forte originale de Ben-Ami Koller) éditions Ficelle, Port-de-Couze, 1997.
Expositions
Expositions personnelles
Maison de la culture Petöfi Sandor, Bucarest, mai 1973.
Hommage à Ben-Ami Koller - Cinquante de ses derniers dessins, Espace Van-Gogh, Arles, octobre-novembre 2009[18].
Ben-Ami Komller - Rétrospective, Maison du citoyen et de la vie associative, Fontenay-sous-Bois, juin-juillet 2010[19],[20].
Hommage à Ben-Ami Koller, Centre d'art contemporain Raymond Farbos, Mont-de-Marsan, avril-mai 2011[21], septembre 2013.
Espace III, Montreuil, avril 2013.
Hommage à Ben-Ami Koller (conférence : Ben-Ami Koller et l'expressionnisme vivant par Christian Noorbergen), mostra de Givors, janvier-février 2019[22],[23].
Jumelage des galeries d'art des aéroports de Paris et Madrid, octobre-novembre 1987.
Exposition inaugurale, Galerie AA, Paris, décembre 1987.
Attention, travaux sur papier, Centre régional d'art contemporain du château de Tremblay, Fontenoy (Yonne), juin-août 1988 (Attention, travaux sur papier !), juin-septembre 1991 (Un certain regard).
Le mouvement dans l'art, centres culturel des Ulis et de Saint-Cloud, octobre-novembre 1988.
Galerie Pierre Marie Vitoux, Paris, octobre-novembre 1988 (exposition inaugurale), septembre-octobre 1991 (Portraits de mains), septembre-octobre 1992 (Le double), septembre-octobre 1993 (Vingt artistes, vingt critiques), décembre 1993 (Dessins, papiers et livres d'artistes), septembre 1994, décembre 1995 (Le tondo), décembre 1996 (Animalités), octobre 1998 (Dix ans).
S.A.G.A., Grand Palais, Paris, mars 1989 (Bronzes de peintres), mars 1993.
Dixième anniversaire du Salon Syn'Art, espace Lamartine, Paris, avril 1989.
Galerie Lefor-Openo, Paris, novembre-décembre 1991 (Assiettes de peintres), juin-juillet 1993 (La fête), décembre 1999 (Deux mille formats pour l'an 2000).
54e Salon de l'Union des arts plastiques - Ben-Ami Koller ( peintures), Xavier Dambrine (sculptures), salle de la Légion d'honneur, Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), novembre 2009[27].
« Je me détache complètement du sujet, jusqu'à n'en voir plus que les formes. Je ne dessine plus que les corps qui tombent, trébuchent et se soutiennent les uns les autres. Pour moi, la souffrance s'inscrit dans la matière même, dans son épaisseur et sa texture. » - Ben-Ami Koller[32].
Réception critique
« L'espace pour lui est aussi bien celui de la scène de théâtre que la bidimensionnalité des peintures murales pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres. Mais la figure humaines, corps, mains, visages, cris, élans, occupe le territoire de sa pensée et de son art. L'artiste est un questiooneur de l'humain. Ses dessins à l'encre noir ou au pastel sec qui transcrivent le corps lascif, où son mouvement et ses convulsions sont vifs, tendus, élastiques pourrait-on dire. Son geste se fait plus calme lorsqu'il s'attache aux visages, reflets d'intériorités qu'il scrute et extériorise dans la ligne morphologique de la figure, du trait, des sillages sur la peau et surtout du regard. Ce regard dit "cela" que l'artiste a vu et nous montre. Son portrait de Bruno Durocher exprime la dimension de l'interrogation, de la souffrance, de l'immense souffrance effleurée par le sourire de l'incompréhensible. » - Nicole Gdalia[33]
« Dans la querelle qui oppose le trait à la surface colorée dans la primauté pour l'expression, Ben-Ami Koller a choisi en faveur du trait. Le dessin dans sa toute puissance, le crayon et son infini de variations de gris jusqu'au ,oir le plus dense qui ressort sur le blanc du papier. Tout est possible, tout est dit, dans un concentré de moyens par rapport à la peinture. Pas d'effets de matière, ni empâtements ni griffures de la surface picturale possibles, pas de transparence par les glacis ni de contrastes de couleurs. Seuls restent les dégradés, permis par le crayon, les jeux d'ombres et de lumière, et le trait. Chez Ben-Ami Koller, le tracé est plein de fougue, la ligne pleine d'élégance. Le volume du corps de ses personnages tire sa force de la densité maîtrisée des contrastes d'ombre et de lumière, la forme tient par la précision et la justesse du dessin. C'est cela la magie du dessin : la profondeur, l'illusion et le mouvement par le seul crayon noir. Avec si peu, sont d'autant plus nécessaires la justesse et la sensibilité de la main humaine, la précision du regard qui tranforme notre monde coloré en une vision achromatique, en un clair obscur. Dans la veine des études de Michel-Ange, les corps chez Ben-Ami Koller sont musculeux, puissants, torturés et représentés en mouvement, les visages exacerbés… Œuvre figurative donc, mais pourtant abstraite aussi lorsque nous contemplons une petite parcelle du dessin, un talon par exemple. Là, soudain, le frémissdement du crayon, le rayonnement du noir et des déclinaisons de gris sur le papier : tout un monde dans un détail où la lumière est reine. » - Dominique Stal[2],
« Car voilà bien où se réalise le travail de peinture : non dans l'invention de formes nouvelles, mais bien dans l'affirmation libératoire de son art. C'est pourquoi nous suivrons l'artiste dans cette aventure nouvelle, par l'entrée de son art dans une maturité qui, si elle peut sembler quelque peu anachronique dans ce temps de la rupture où les temps se télescopent, prendra la forme esthétique qui lui imprimeront la force expressive de Ben-Ami, sa pulsion extrêmement physique et, pour ceux qui le connaissent, j'irais même jusqu'à dire résolument sexuée, son incroyable virtuosité technique, qui ne sont autres que l'empreinte de cette lutte au corps à corps, de cette résistance de la pensée, de cette quête de l'artiste aux prises avec la nécessaire conscience d'appartenir à un siècle de barbarie, de violence, de mort dont l'expression artistique participe de la libération vitale. » - Évelyne Artaud[34]
« Sensuelle et expressionniste, son œuvre est à la fois puissante et voluptueuse. Après un bref détour par l'abstraction et la couleur, Ben-Ami Koller est vite revenu à une figuration dans laquelle le noir et le blanc règnent à nouveau en maîtres. Depuis décembre 2006, il s'est jeté sans retenue dans un travail de mémoire du génocide, utilisant sa toile comme un carnet de croquis et faisant jaillir avec ses bâtonnets d'huile une œuvre picturale violente et épaisse d'où émergent des corps d'ombre et de douleur. » - Catherine Rigollet[35].
« Grâce à sa formidable attirance pour le trait, la verticalité et la ligne vertigineuse, sur un rythme tragique, le dessinateur fait danser les corps suspendus tête en bas. Viande au crochet du boucher. Danse macabre. Il peint des corps-à-corps. Corps disloqués et superposés. Le corps et son double, le corps et son ombre, le corps intérieur qui donne élan et énergie au corps extérieur. Désespoir tragique. Interrogation existentielle. Le trait est incisif, noir de pierre sur papier d'emballage déchiré, collé. Symphonie dramatique d'une explosive liberté formelle. L'écriture est vive et précise parmi les boursouflure huilées de la matière. La gerçure gouachée accroche la lumière. Le noir et le blanc deviennent couleur. Les crevasses calcinées de la pierre noire et l'encre violette ont la tonalité poignante du cri des hommes. » - Annick Chantrel-Leluc[36]
« Le peintre restitue le cri silencieux des martyrs, sans concession mais sans la moindre once de spectacle. En ce sens, Koller fait un acte de vie qui va dien au-delà d'un réquisitoire. » - Jean-Noël Cuénod[9]
« La sensibilité à fleur de crayon, de pierre noire et de pinceau, Ben-Ami Koller impressionne par la force de son trait, hypnotise par son don à traduire visuellement l'intériorité de la souffrance. » - Françoise Christmann[5]
« Sa vue nous engage à le suivre dans ce qui ne peut pas se voir sans transformer tout ce qu'on peut dire avec l'art, tout ce qu'on peut vivre avec l'art, tout ce qu'on peut vivre depuis l'art. Cela demande à recommencer avec ses gestes qui sont des gestes éthiques bien plus qu'esthétiques, des gestes vertigineux qui déchirent, dénouent, démembrent tout en renouant, remémorant organiquement tout ce qui fait le mystère du corps vivant, de la vie des corps, de la vie corporelle. Oui, sa peinture est le geste d'une main s'épuisant à porter tout l'organique à hauteur d'humain, à hauteur de tout ce que peut un corps, à hauteur du divin de l'homme vivant jusque dans ces extrêmes souffrances, jusqu'à la déréliction la plus banale. L'enlacement amoureux de sa main avec le papier et sa déchirure, avec la couleur et ses coulures, fait de sa peinture et de ses dessins les opérateurs d'une vue qui emporte notre regard dans un ailleurs du visible, dans un visible qui traverse tout le corps, toute la vie, tout le langage pour ne jamais s'arrêter : sa signature est une danse, ses dessins et toiles sont des chorégraphies de l'humain au plus près de ce que nous sommes avec tout ce qu'il nous fait comprendre sans jamais pouvoir nous l'expliquer : les horreurs et le rire, les souffrances et l'amour, les disparus et l'oubli, la mort et la vie. » - Serge Ritman[25]
« Foudroyé au sommet de son art, Ben-Ami Koller travaillait sur les corps en souffrance. Avec sa dernière série Auschwitz, il avait atteint ce qu'il cherchait sans doute depuis le début de sa carrière. Il n'avait pas pu vivre avec ses parents déportés, mais il portait leur présence. Dès lors, il n'illustrait pas la souffrance des martyrs de la Shoah, il était cette souffrance. C'est pourquoi il avait confié à ses élèves : "je suis tellement gai dans la vie qu'il ne me reste plus que la tristesse sur les tableaux. » - Karine Rouzaud[20]
« L'œuvre dessinée et peinte de Ben-Ami Koller envisage, dévisage, défigure, universalise l'être précaire avec tant de finesse et justesse. Son art a fait de lui une référence assurée, aux côtés de Slavko Nitkovski et Jean Rustin, dans le registre poétique d'un "humain rien qu'humain" aux prises avec le monde. » - Thierry Delcourt[37]
« Au travers de ces corps décharnés et torturés, parfaite illustration de l'humanité souffrante et reniée, permettez-moi de voir la lueur indestructible de la vie. » - Michel Delépine, maire de Mers-les-Bains[11]
Francis Parent (introduction de Gérard Xuriguera, préface de François Derivery), Entendre l'écrit - Recueil de textes critiques, E. C. Éditions, Paris, 1999.
Évelyne Artaud, Ben-Ami Koller, éditions de l'Association des amis de Ratilly, Treigny, 2000.
Dominique Stal, Quinze ans de peinture contemporaine vue par Dominique Stal dans l'œuvre de 61 peintres, 1985-2000, Maisonneuve & Larose, 2000.
Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001.
Adrian M. Darmon, Autour de l'art juif - Peintres, sculpteurs et photographes, Carnot, 2003.
Françoise Monnin, Évelyne Artaud et Monique Amal, Ben-Ami Koller, éditions de l'Association mouvement art contemporain de Chamalières, 2004 (extrait en ligne).
Françoise Coffrant (texte) et Jérôme Da Cunha (photos), « Ben-Ami Koller, pierre noire et pastel - Capter la force d'un regard », Artistes Magazine, n°118, novembre-décembre 2005, p. 45.
Aude de Kerros, L'art caché - Les dissidents de l'art contemporain, Eyrolles, 2007.
Robert Pujade et Olivier de Sagazan (avant-propos de Thierry Delcourt), Propos sur la violence de l'art, la violence dans l'art, éditions L'Art-dit, Arles, 2016.