L'Est républicain
L'Est républicain est un quotidien régional français fondé le par Léon Goulette à Nancy. Il est principalement diffusé en Lorraine et en Franche-Comté à travers dix éditions locales. En 2018, il est acheté par 114 212 personnes par jour en moyenne, ce qui le positionne à la douzième place de la presse régionale quotidienne française[2]. L'Est Républicain est le titre phare du Groupe EBRA qui détient aussi les Dernières Nouvelles d'Alsace, Le Journal de la Haute-Marne et Vosges Matin[3]. EBRA est une filiale de la banque Crédit Mutuel. Histoire1889-1914 : Fondation et développementL'Est républicain est fondé à Nancy par Léon Goulette le , jour de l'inauguration de l'Exposition universelle de Paris pour laquelle a été construite la tour Eiffel. Le premier numéro est tiré à 1 200 exemplaires sur quatre pages. Le journal est alors le sixième quotidien de la presse nancéienne, aux côtés notamment du Journal de la Meurthe et des Vosges (1799), de L'Espérance (1838) et de L'Impartial. Vendu 5 centimes, le journal se positionne sur une ligne anti-boulangiste et pro-républicaine. Il est porté par de nombreuses personnalités de sensibilité républicaine, comme Jules Méline, Jules Ferry, Émile Gallé, Auguste Daum, Alfred Mézières, ainsi que par des personnalités politiques de Nancy et de Lorraine. Son siège se situe rue de Saint-Dizier dans le centre-ville de Nancy[4],[5],[6]. Le , René Mercier prend la tête du journal en remplacement de Léon Goulette qui paye sa position antidreyfusarde. En véritable patron de presse, il ouvre une agence à Paris pour recueillir à la source les informations politiques et les publicités. Le journal dégage alors assez de bénéfices pour s'autofinancer. Les locaux étant devenus trop exigus, René Mercier achète un terrain à la Compagnie de l'Est, à l'angle du faubourg Saint-Jean. En , la rédaction s'installe dans un hôtel conçu par l'architecte français Pierre Le Bourgeois dans le style de l'École de Nancy. En parallèle, le directeur achète une nouvelle rotative d'une vitesse de 20 000 exemplaires par heure, permettant d'accroître le nombre de pages et d'éditions sans augmenter le prix[7],[8]. En 1911, le tirage est de 21 000 exemplaires répartis en trois éditions. Le journal se modernise : nouvelle présentation, introduction des photographies, nouvelles rubriques sur la mode, l'industrie ou l'agriculture, embauche de jeunes journalistes et de nombreux correspondants. L'Est républicain passe à six éditions en s'étendant aux départements voisins : les Vosges et la Meuse. Le journal se positionne alors plutôt à gauche, tout en dénonçant les pacifistes et les antimilitaristes, et soutient l'action du lorrain Raymond Poincaré, président de la République française[7]. Son tirage s'élève à 40 000 exemplaires avant 1914 contre 10 000 exemplaires pour son rival de droite, L'Éclair de l'Est, fondé en 1905[9]. 1914-1945 : Le journal pendant les deux guerres mondialesEn 1914, à la suite de la déclaration de la Première Guerre mondiale, le journal perd une bonne partie de son personnel. Situé en zone de combat, il est victime de la censure militaire française. Mais il continue à paraître, parfois sur une simple feuille recto-verso. Le journal contribue à maintenir le moral des Nancéiens, notamment pendant la bataille du Grand-Couronné de , et lorsqu'il est envisagé d'évacuer la ville en 1918. Dans la nuit du 26 au , l'imprimerie est bombardée, mais le journal paraît quand même sur une seule page[10]. En 1920, le tirage est de 60 000 exemplaires[réf. nécessaire]. En 1927, le journal est tiré à 100 000 exemplaires et étend sa diffusion à la Haute-Saône et au Territoire de Belfort. En 1933, L'Est républicain possède des bureaux à Bar-le-Duc, Verdun, Metz, Thionville, Épinal, Saint-Dié et Belfort[5]. Avant la Seconde Guerre mondiale, L'Est républicain tient une ligne anti-nazie. Les restrictions de papier et les coupures d'électricité rendent la parution du journal difficile. Le , le journal paraît pour la dernière fois. Le , alors que les Allemands entrent dans Paris, le journal se saborde, tout comme son concurrent de droite, L'Eclair de l'Est, le lendemain. Le , les Allemands entrent dans Nancy, et le , les autorités réquisitionnent les locaux de L'Est républicain[5],[11]. La région étant désormais dépourvue d'informations écrites, des rédacteurs de L'Est républicain et de L'Éclair de l'Est créent le bulletin d'information Nancy Presse qui paraîtra jusqu'au . Le , le journal collaborationniste L'Écho de Nancy publie son premier numéro[11]. Totalement contrôlé par les Allemands, il défend le nazisme, Adolf Hitler et prône l'antisémitisme. Le dernier numéro imprimé sur les installations de L'Est républicain sort le , mais il continue d'être imprimé en Allemagne jusqu'en [12]. À la Libération, L'Est républicain est réquisitionné par la Résistance, qui lui reproche d'avoir collaboré avec l'ennemi. Les résistants impriment la République de l'Est Libéré. Finalement, le , L'Est républicain est de retour avec Jacques Zenner comme rédacteur[12] et plusieurs agences, à Metz, Nancy, Besançon, Pontarlier, etc. 1945-1997 : Reprise du développementEn 1951, le tirage atteint 200 000 exemplaires. Le journal s'est étendu à la Haute-Marne et à la Franche-Comté. De plus, une nouvelle édition a été créée pour le Doubs avec l'ouverture d'un bureau à Besançon[5]. En 1968, le journal passe un accord de collaboration avec Le Journal de la Haute-Marne. Les services de vente, de rédaction et de production pour la réalisation sont mis en commun, tandis que les résultats sont partagés à 50/50[13]. En 1977, une enquête du Centre d'étude des supports de publicité (CESP) place le groupe L'Est républicain au quatrième rang de la presse quotidienne française avec 1 356 000 lecteurs. En , le journal se fait construire de nouveaux locaux à Houdemont, dans la banlieue de Nancy. En 1985, tous les services, sauf la rédaction locale de Nancy, s'installent dans les nouveaux locaux[5]. À partir de 1982, toutes les éditions de L'Est républicain sont tirées en offset[5]. Le journal est présidé de 1974 à 1983 par Charles Boileau, principal actionnaire (33 % du capital), ancien médecin, gendre du sénateur-maire Raymond Pinchard (mort en 1961) à qui il a succédé à la tête de la Grande chaudronnerie de l'Est. Les dernières années de sa présidence sont marquées par des conflits entre actionnaires, des démêlés judiciaires et juridiques, une rupture avec l'un de ses beaux-frères, Bernard Pinchard, qui s'allie à Gérard Lignac[14],[15],[16],[17],[18],[19]. En 1983, Gérard Lignac, déjà administrateur du journal depuis 1966, devient le président du journal[20]. Gérard Lignac préside le quotidien jusqu'en 2011. En 1989, le journal fête son centenaire en ouvrant ses portes à 15 000 lecteurs[5]. Le , le journal lance une édition quotidienne en braille, la première en Europe et la deuxième au monde[5]. En , L'Est républicain est partenaire avec M6 pour la production du flash local 6 Minutes Nancy, rebaptisé plus tard Le Six' Nancy. 1997-2010 : Constitution du groupe Est républicainÀ l'initiative de Gérard Lignac, L'Est républicain devient en actionnaire majoritaire des Dernières Nouvelles d'Alsace, basées à Strasbourg, en rachetant pour 250 millions de francs les parts de la Banque Vernes. Lignac prend la présidence de ce quotidien alsacien. En parallèle, le groupe vend les journaux L'Est-Éclair et Libération Champagne au groupe France-Antilles, qui détient également 27 % de L'Est républicain[21]. En , L'Est républicain prend le contrôle de son concurrent vosgien La Liberté de l'Est[22], renforçant ainsi son influence dans l'Est de la France[5]. Le , Christophe de Beco, neveu du PDG Gérard Lignac, est nommé directeur général de L'Est républicain[23]. En , Le Journal de la Haute-Marne devient une société par actions simplifiée[13] détenue à 50 % par L'Est républicain. En , le groupe Est républicain ou France Est Médias présidé par Gérard Lignac rachète pour un montant de 270 millions d'euros le pôle Rhône-Alpes de la Socpresse (Le Progrès, Le Dauphiné libéré, Le Bien public, Le Journal de Saône-et-Loire) avec l'appui financier de la Banque fédérative du Crédit mutuel (BFCM). Le nouvel ensemble formé est le groupe EBRA, détenu à 51 % par le groupe Est républicain et à 49 % par le Crédit mutuel[24],[25]. Le , L'Est républicain révèle une note classée confidentiel-défense de la DGSE indiquant que les services secrets saoudiens sont convaincus qu'Oussama ben Laden est mort le d'une crise de fièvre typhoïde. L'information n'est pas confirmée par la France et les États-Unis[26]. En , le Crédit mutuel acquiert la société France Est, qui détient 18 % du capital du groupe Est républicain, qui lui-même détient 51 % du groupe EBRA. Le Crédit mutuel devient ainsi actionnaire majoritaire du groupe EBRA. Mais le groupe Hersant Média, actionnaire minoritaire du groupe Est républicain, demande l'annulation de cette prise de contrôle qui réduit sa part de 27 % à 17 %, le dépossédant de sa minorité de blocage. Le tribunal de commerce de Nancy lui donne raison le et la cour d'appel de Nancy confirme le jugement le [27]. Le , La Liberté de l'Est et l'édition vosgienne de L'Est républicain sont remplacées par Vosges Matin[28]. Le , L'Est républicain publie une nouvelle formule avec un nouveau logo, un nouveau format (grand format passé de 8 à 7 colonnes), une nouvelle maquette, et un nouveau projet éditorial. Le journal s'articule autour de trois piliers : proximité, décryptage de l'actualité et investigation ; et se déroule en cinq séquences : Ville et locale, Région, Sports, France-Monde, L'Est et vous (vie pratique). Le coût de cette nouvelle formule est de 2 millions d'euros sans compter les futurs investissements pour augmenter le nombre de pages en couleur[29],[30]. Depuis 2010 : Rachat par le Crédit mutuelEn , la Banque fédérative du Crédit mutuel (BFCM) rachète les 29 % que détient le groupe Hersant Média dans le groupe Est républicain[31]. Déjà possesseur d'une part du capital, il détient ainsi 48 % du groupe Est républicain. Le mois suivant, il rachète les actions du P-DG Gérard Lignac (43 % du capital) et prend ainsi le contrôle du groupe qui se voit intégré dans le groupe EBRA[32],[33]. Le , l'Autorité de la concurrence autorise la prise de contrôle du groupe Est républicain par le Crédit mutuel « sous réserve d'engagements » sur « la diversité des contenus, le maintien des rédactions en chef dédiées et la garantie de la diffusion des titres de PQR rachetés dans les zones » où ceux-ci sont en concurrence[34]. En , Pierre Wicker devient ainsi le directeur général commun de L'Est républicain, du Républicain lorrain et de Vosges Matin[35]. Le , le quotidien franc-comtois Le Pays, propriété de L'Alsace, est cédé à L'Est républicain. Il s'agit de mettre fin à une concurrence « stérile et improductive » entre les deux titres, propriétés du groupe EBRA. Les 40 salariés du Pays rejoignent les 73 journalistes de L'Est républicain en Franche-Comté, et une édition L'Est républicain-Le Pays est créée[36],[37]. Le , une nouvelle formule au format tabloïd voit le jour. Le journal de 64 pages est divisé en deux cahiers : un général et un local. Cette nouvelle formule a demandé 9 mois de réflexion et coûté 500 000 € d'investissement pour adapter les rotatives. Le journal emploie alors 650 salariés et réalise un chiffre d'affaires de près de 81 millions d'euros[38]. Une nouvelle version du site web est prévu pour [39]. Identité visuelle
Un nouveau logo a été mis en place le [40] OrganisationDirigeants
SiègeLe premier siège de L'Est républicain est situé rue Saint-Dizier, dans le centre-ville de Nancy[4]. En , le siège est transféré dans un bâtiment [46],[47],[48],[49] situé à l'angle de l'avenue Foch et du boulevard Joffre, face aux Magasins réunis, non loin de la gare. Il est conçu par l'architecte français Pierre Le Bourgeois dans le style de l'École de Nancy, proche de l'Art nouveau[7],[8]. Un souterrain permettait de relier ce bâtiment à celui où se trouvaient les rotatives et les linotypes et qui était situé à quelques dizaines de mètres, à l'angle de la place Thiers et de la rue Mazagran. Depuis 1985, le siège est situé rue Théophraste-Renaudot à Houdemont, dans la banlieue de Nancy. Sa construction avait débuté en [5],[50]. FinancesComme la plupart des titres de presse français, le journal L'Est républicain touche de fortes subventions de l'État. Ainsi, il a perçu 1,83 million d'euros en 2004 pour l'installation de tours d'impression quadrichromiques, 1,15 million d'euros en 2005 pour la modernisation de la salle d'expédition et 1,02 million d'euros en 2009 pour la modernisation et la refonte du contenu-maquette-format[51]. PublicationsÉditions locales
SupplémentsChaque dimanche, le journal est accompagné de trois suppléments[52] :
D'autres suppléments peuvent être ajoutés au journal du dimanche, comme des programmes culturels locaux, des cahiers de jeux, des magazines de vie pratique ou des magazines autos. Nouveaux médiasL'Est républicain possède un site web sur lequel les articles sont accessibles aux abonnés. Il est possible de télécharger en PDF les différentes éditions locales[52]. Le journal possède également des applications mobiles et tablettes pour Android, iOs et Windows Phone[53]. DiffusionEn 2015, le journal est vendu à 125 319 exemplaires en France, en baisse de plus de 4 000 exemplaires en un an[54]. Il est le 12e quotidien régional le plus vendu de France[55].
Controverses et affaires judiciairesControversesLe , un correspondant de l'Est républicain couvre un carnaval à Maîche. Alors qu'une ancienne élue arborait un « blackface », sa photo est diffusée avec la légende suivante : « On s’y croirait. Il ne manque que le bruit et l’odeur comme dirait Chirac ». Ces propos, dénoncés sur les réseaux sociaux, font l'objet d'un retrait discret, avant que la rédaction ne reconnaisse les faits et présente ses excuses[56]. Avis du CDJMÀ la suite d'un article publié le portant sur une ferme pédagogique à Grand-Charmont, un conseiller municipal d'opposition saisi le Conseil de déontologie journalistique et de médiation[57] ; il est reproché à la rédactrice un manque d'exactitude et de véracité mais aussi de traiter d'un sujet relatif à une association dont elle s'avère être secrétaire[57]. Alors que l'Est Républicain décide de ne pas se justifier auprès de l'instance, celle-ci rend une décision le [57] : elle pointe « un article non-signé », « une prise de position manifeste », interroge « l’effectivité du contrôle rédactionnel » et « souligne l’intérêt qu’aurait eu la correspondante locale à se déporter de ce sujet[57]. » La saisine est ainsi déclarée partiellement fondée, excluant les premiers griefs mais considérant que la correspondante s’est effectivement placée en situation de conflit d’intérêt[57]. Condamnations
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Articles connexes> les médias > Monuments historiques à Nancy > Art nouveau à Nancy
Liens externes
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