Émile Cheysson est un ingénieur et réformateur social français, né à Nîmes (Gard) le et mort à Leysin (Suisse) le . Ingénieur des ponts et chaussées, il a partagé sa carrière entre l'administration française (service de la navigation de la Seine) et l'industrie (Schneider et Cie). Il a joué un rôle important dans l'institutionnalisation de la statistique en France et a notamment édité pour le ministère des Travaux publics des Albums de statistique graphique qui sont considérés comme des exemples de visualisation de données.
Émile Cheysson rencontre Frédéric Le Play en 1864, devient son adjoint pour la préparation de l'Exposition universelle de 1867[1]. Il propose une organisation de l'espace rationnelle et géométrique dans laquelle chacun des différents pays occupe une tranche d'une surface circulaire et où chacun des cercles concentriques est consacré à un domaine d'activité différent. Le spectateur peut alors suivre une nation particulière en allant du centre à l'extérieur ou un domaine particulier en faisant le tour du cercle[3],[4].
En 1870, il achète à Chiroubles un domaine viticole qui porte aujourd'hui son nom[5].
Pendant le siège de Paris, entre et , il est responsable du service des moulins[1] et s'occupe de trouver un système permettant de fabriquer de la farine pour nourrir la population parisienne. Le , il quitte Paris pour rejoindre Versailles. De 1871 à 1874, il est directeur des usines du Creusot[3].
En 1874, il revint aux Ponts-et-Chaussées et devint ingénieur de la Seine à Vernon[1].
En 1877, il est nommé directeur du service des cartes et plans au ministère des Travaux publics. Il crée alors le Bulletin de statistique et législation comparée et l’Album de statistique graphique. L’Album de statistique graphique paraît annuellement de 1879 à 1895 puis tous les deux ans de 1895 à 1899. Ces albums sont considérés par les historiens de la visualisation de données comme l'apogée de l'art de la visualisation de données à la française[3],[6],[7].
Émile Cheysson est l'auteur d'un grand nombre d'articles et de conférences dont la majeure partie a été réunie sous le titre Œuvres choisies, parues en deux volumes aux éditions A. Rousseau à Paris en 1911.
Les albums de statistique graphique comprennent des « planches de fondation », destinées à être mises à jour chaque année de manière à pouvoir être comparées, et des « planches spéciales », destinées à développer des points spécifiques. Les planches de fondation portent essentiellement sur le chemin de fer et les voies de navigation. Les planches spéciales portent sur des thèmes plus variés[12].
Dans les albums de statistique graphique, on trouve essentiellement des diagrammes et des cartogrammes. Les diagrammes sont destinés à représenter les variations temporelles du fait considéré alors que les cartogrammes permettent de représenter les variations spatiales[12].
L'album de statistique graphique a été distingué du prix Montyon de statistique en 1883[12].
Expéditions de voyageurs et de marchandises, Album de statistique graphique, 1884.
Mouvement quinquennial de la population par département depuis 1801 jusqu'en 1881. Dans la terminologie d'Émile Cheysson, il s'agit d'un « cartogramme à foyers diagraphique »[12].
« Comparaison du nombre des entrées des expositions universelles de 1867, 1878 et 1889 », Album de statistique graphique, 1889.
« Recettes brutes des théâtres et spectacles de Paris de 1878 à 1889 », Album de statistique graphique, 1889.
« Accélération des voyages en France depuis 200 ans », Album de statistique graphique, 1888.
« Mouvement des principales marchandises en France, par période quadriennale », Album de statistique graphique, 1895-1896.
Recettes des lignes d'omnibus à Paris
Publications
1871 : « La famille souche du Lavedan, de 1856 à 1869 » dans Frédéric Le Play, L'organisation de la famille, selon le vrai modèle signalé par l'histoire de toutes les races et de tous les temps, 2e éd, 1907.
1890 : Les Budgets comparés des cent monographies de famille publiées d'après un cadre uniforme dans « Les Ouvriers européens » et « les ouvriers des deux mondes », 1890.
1896 : Frédéric Le Play : l'homme, la méthode, la doctrine, Guillaumin, 1896.
1897 : L'Homme social et la colonisation.
1897 : Émile Cheysson, « Le Rôle social de l'ingénieur : réception par la Société des ingénieurs civils de France », dans Frédéric Le Play, Naissance de l'ingénieur social : Les ingénieurs des mines et la science sociale au XIXe siècle, Paris, Presses des Mines, (1re éd. 1897) (lire en ligne), p. 294-307.
1898 : « Les accidents du travail », La Réforme sociale, Paris : Guillaumin.
1898 : Le Dimanche et l'initiative privée.
1898 : Émile Cheysson, « Coopération et mutualité : Une conférence d’Émile Cheysson en 1898 », Vie sociale, no 7, , p. 152 (ISBN9782749242118, DOI10.3917/vsoc.143.0109).
1900 : « Les Rapports des lois d'assurances ouvrières et de la santé publique », Congrès international des accidents du travail et des assurances sociales, Paris.
1902 : « L'évolution des idées et des systèmes de retraite », La Réforme sociale
1903 : Le Confort du logement populaire, 1903, pdf
↑ abcdefghijk et lOuvrir la « Page d’accueil », sur le site de la bibliothèque de l’École polytechnique, Palaiseau (consulté le ), sélectionner l’onglet « Catalogues » puis cliquer sur « Famille polytechnicienne », effectuer la recherche sur « Émile Cheysson », résultat obtenu : « Cheysson, Jean Jacques Émile (X 1854 ; 1836-1910) ».
↑(en) Michael Friendly, « A Brief History of Data Visualization », dans Chun-Houh Chen, Wolfgang Hardle et Antony Unwin, Handbook of Data Visualization, Springer-Verlag, coll. « Springer Handbooks of Computational Statistics », (ISBN978-3-540-33036-3, DOI10.1007/978-3-540-33037-0_2), p. 33.
↑Laure Godineau, « L'économie sociale à l'Exposition universelle de 1889 », Le Mouvement social, Association Le Mouvement Social, no 149 « Mise en Scène et Vulgarisation : L'Exposition Universelle de 1889 », , p. 71-87 (JSTOR3778407)
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
« Cheysson (Emile) », dans Dictionnaire biographique du Gard, Paris, Flammarion, coll. « Dictionnaires biographiques départementaux » (no 45), (BNF35031733), p. 172-173.
Yves Breton, « Émile Cheysson et l’économie sociale » in Luciani J., dir., Histoire de l’Office du Travail (1890-1914), Paris, Syros, 1992, p. 173-197.
G. Blondel, M. Émile Cheysson, Paris, .
Clément Colson, Notice sur la vie et les travaux de M. Émile Cheysson, Institut de France, Académie des sciences morales et politiques, Firmin-Didot, Paris, 1912.
Alain Desrosières, chap. 15 « L'Ingénieur d’État ou le père de famille : Émile Cheysson et la statistique », dans Pour une sociologie historique de la quantification : L'Argument statistique I, Paris, Presses des Mines, (ISBN9782356710901, lire en ligne).
(en) Robert F. Hebert, A Critical Evaluation of Émile Cheysson's Contributions to Economic Analysis, Ph.D. thesis, Baton Rouge, Louisiana, 1970.
(en) Robert F. Hebert, « Wage cobwebs and cobweb-type phenomena: an early French formulation », Economic Inquiry, vol. 11, no 4, , p. 394-403 (DOI10.1111/j.1465-7295.1973.tb00970.x).
(en) Robert F. Hebert, « The Theory of Input Selection and Supply Areas in 1887 : Emile Cheysson », History of Political Economy, Duke University Press, vol. 6, no 1, , p. 109-113.
Sébastien Laurent, « Émile Cheysson : entre modernisme et paix sociale. Portrait d’un leplaysien moderne », Actes du 117e congrès national des sociétés savantes, Paris, AEHSS, 1994, p. 131-145.
Louis Rivière, Émile Cheysson, Société d'économie sociale, 1910
A. Savoye, chap. 6 « L’ingénierie sociale », in Les débuts de la sociologie empirique, Paris, Méridiens Klincsieck, 1994, p. 177-202.