Zineb El Rhazoui

Zineb El Rhazoui
Zineb El Rhazoui en 2019.
Biographie
Naissance
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زينب الغزويVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Charlie Hebdo (depuis le )
Charlie Hebdo (depuis )
Université française d'ÉgypteVoir et modifier les données sur Wikidata
Religion
Distinction
Trophées ellesdeFrance (d) (-)Voir et modifier les données sur Wikidata

Zineb El Rhazoui, ou simplement Zineb de son nom de plume, née le à Casablanca, est une journaliste, écrivaine, et militante des droits de l'homme franco-marocaine.

Biographie

Origines

Zineb El Rhazoui naît le à Casablanca[1] d'un père natif de cette ville, cadre[2] chez Royal Air Maroc, et d'une mère femme au foyer[1],[3] issue d'une mère française et d'un père franco-algérien[1]. Elle dispose des nationalités marocaine et française[4].

Formation

Après un baccalauréat obtenu à Casablanca[5], Zineb El Rhazoui part étudier à l'université Paris-Sorbonne, en licence de langues arabe et anglaise[1].

Elle obtient ensuite une maîtrise de langues étrangères appliquées à l'université Sorbonne-Nouvelle (Paris-III) en 2004, puis en sociologie des religions à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS)[3],[6] ; en 2007, elle rédige un mémoire sur « L'évangélisation au Maroc »[7].

Elle enseigne l'arabe classique, la méthodologie de l'écrit et de la recherche avant de couvrir la guerre de Gaza en 2008[8].

Premiers engagements

Elle est ensuite professeur à l’université française d'Égypte (UFE), où elle enseigne la méthodologie de l'écrit et de la recherche[1],[9] ainsi que l'arabe classique à des étudiants de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en stage de formation au Caire[7].

Elle collabore d'abord au Journal hebdomadaire[1], où elle publie de nombreux articles sur la communauté chrétienne marocaine et le culte maraboutique[10]. Elle mène de nombreuses enquêtes sur les libertés individuelles et les droits de l'homme au Maroc, ce qui lui vaut d'être arrêtée à trois reprises[11].

En 2009 elle fonde, avec Ibtissame Lachgar, le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI)[12] qui réclame notamment l'abrogation de l'article 222 du Code pénal marocain qui punit d'un à six mois d'emprisonnement et d'une amende de 200 à 500 dirhams quiconque « notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du ramadan, sans motif admis par cette religion »[13],[14]. En , le MALI provoque une vive polémique au Maroc après avoir tenté d'organiser, à Mohammédia, un pique-nique en public en plein mois de jeûne[1],[14]. Cette tentative déclenche le mouvement des « Dé-jeûneurs »[14],[15],[3],[16].

En , elle participe à la coordination du mouvement du 20 Février[1]. Elle se fait remarquer lors d'une réunion plénière d'Europe Écologie Les Verts le à Clermont-Ferrand par son intervention contre Driss el-Yazami, conseiller du Roi[17].

Fin 2011, elle trouve refuge à Ljubljana, en Slovénie, dans le cadre du programme International Cities of Refuge Network (en) (IPCORN)[18],[19],[20]. Elle y reste un[1] à deux ans[19]. Elle part ensuite vivre en France. Elle devient porte-parole de Ni putes ni soumises en [1] ou [21],[22].

Charlie Hebdo

Après y avoir signé quelques articles dès 2011, elle est embauchée en 2013 par l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo[1], où elle écrit sur le thème des religions[23],[24].

Alors en vacances[25] à Casablanca, elle échappe à l'attentat terroriste islamiste contre le siège social de Charlie Hebdo le [1]. Elle contribue au « numéro des survivants », qui sort en kiosque le mercredi suivant.

En , elle reçoit, ainsi que son mari, des menaces de mort sur Twitter[26]. En , elle préside le jury du prix de la Laïcité[27].

En , dans l'émission Le Petit Journal, elle dénonce la mauvaise répartition de l'argent perçu par Charlie Hebdo après l'attentat[28]. La journaliste, membre de la rédaction, reçoit le mercredi , un courrier de convocation à un entretien préalable à un licenciement pour faute grave envoyé par la direction, en attendant elle est mise à pied[29]. Elle dit ignorer le motif de sa convocation et la faute grave dont il serait question et déclare : « Je suis choquée et scandalisée qu'une direction qui a bénéficié d'autant de soutien après les attentats de janvier fasse preuve d'aussi peu de soutien envers un de ses salariés, qui est sous pression comme tous dans l'équipe et fait l'objet de menaces »[29]. La procédure de licenciement est annulée deux jours après[28].

En , elle publie chez les Éditions Ring un livre sur les attentats du intitulé 13. Les enquêtes sont menées par Marie Pinsard qui écrit une grande partie de l'ouvrage[30],[31].

Le , elle annonce quitter Charlie Hebdo, lors d'un entretien à la webradio étudiante Web7Radio[32],[33].

Après Charlie Hebdo

Régulièrement menacée de mort, elle est l'une des femmes les plus protégées de France et vit sous escorte policière en continu depuis l'attentat de [34],[35]. Elle porte plainte à plusieurs reprises : lors d'un premier procès tenu en , elle obtient la condamnation d'un étudiant[36].

En , dans le cadre d'une conférence à l'université de Chicago sur le thème « Who Is Charlie? » (« Qui est Charlie ? »), elle donne sa définition du slogan « Je suis Charlie » : « Être Charlie Hebdo aujourd'hui, c'est mourir à cause de certaines idées »[37],[38],[39].

En , elle publie dans la presse « Lettre ouverte à un candidat au djihad »[40],[41]. Le documentaire Rien n'est pardonné lui est consacré en 2017[42]. Elle est régulièrement invitée sur les plateaux de télévision[35].

Le , sa réception du Prix Simone-Veil des Trophées Elles de France, organisés par le conseil régional d'Île-de-France, ravive la polémique, notamment sur les réseaux sociaux[43],[44]. Son attribution résulte de votes en ligne, ouverts du au sur le site du conseil régional — la clôture est ainsi intervenue avant les propos polémiques tenus sur CNews —, et non par le choix du jury, comme pour les autres trophées remis à des femmes de la région (prix de la solidarité, de la création, de l'innovation et du dépassement de soi) : les internautes étaient appelés à choisir « la femme francilienne de l'année, pour sa détermination et son dévouement à défendre une cause », une « femme de combat »[45]. Zineb El Rhazoui l'emporte avec une très large majorité : 7 999 des 10 256 votes exprimés[45]. Si Arrêt sur images indique ne pas avoir trouvé de trace d'appels en ligne à voter massivement, le média en ligne relève qu'elle a bénéficié d'appels à voter de la part de « personnalités de milieux différents (mais quasi toutes situées à droite) et très suivies », dont Nadine Morano, Bernard de la Villardière, Véronique Genest, ou encore Françoise Laborde, et estime que la forte présence de Zineb El Rhazoui sur les réseaux sociaux lui a sans doute permis de s'imposer[45]. « Alternative écologique et sociale », groupe d'opposition du conseil régional, publie un communiqué de protestation contre cette attribution[45]. Par ailleurs, Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, lance une cagnotte en soutien de Zineb El Rhazoui[46]. Ce prix lui est retiré en [47],[48],[49].

Lors de la « marche contre l'islamophobie » qui se tient à Paris le , elle est visée par le slogan « Si t'aimes pas Zineb El Rhazoui tape dans tes mains », initié par le journaliste et militant Taha Bouhafs[50].

Zineb El Rhazoui préface le livre publié en à l'initiative de la militante Zohra Bitan, #JeSuisMila #JeSuisCharlie #NousSommesLaRépublique : 50 personnalités s'expriment sur la laïcité et la liberté d'expression : « Par ce livre, nous disons à Mila et à tous ceux qui pensent comme elle qu'ils ne sont pas seuls, que leur liberté est notre sacerdoce »[51].

Elle est victime, fin , de cyberharcèlement sur Twitter de la part d'Idriss Sihamedi, fondateur de Barakacity. Dix mois de prison avec sursis sont requis par la procureure de la République à son encontre[52]. Bien que reconnaissant la matérialité des faits, le tribunal le relaxe en mais le parquet fait appel[53],[54].

Le , elle accuse le CCIF d'avoir participé au harcèlement qui a conduit à l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine. L’organisation porte plainte contre elle pour diffamation[55].

Prises de position

En , elle publie un livre intitulé Détruire le fascisme islamique, dans lequel elle dresse un parallèle entre le fascisme et l'islamisme dont elle dénonce des « collaborationnistes français ». Elle met également en cause l'usage du terme islamophobie, assimilé selon elle à la critique de l'islam[56],[57],[58].

Zineb El Rhazoui s'oppose au port du hidjab, qui est selon elle un étendard de propagande islamiste et devrait être interdit aux mères accompagnatrices de sorties scolaires[35]. Elle réfute l’idée que porter un voile ne serait qu'un choix, alors qu'il s'agit selon elle d'un consentement à une idéologie[59].

En , auditionnée par une commission d'enquête du Sénat sur la radicalisation islamiste[60], elle affirme que « les Frères musulmans sont aux portes du pouvoir » et critique la création de l'Association musulmane pour l'islam de France (AMIF), créée et dirigée par Hakim El Karoui et l’imam de Bordeaux Tareq Oubrou, qu'elle qualifie de « clergé adoubé par la République qui pourra émettre des fatwas »[60].

Elle est l'une des figures se réclamant du mouvement « #ExMuslim », qui réunit des apostats de l'islam venus d’Allemagne et du Royaume-Uni et qui émerge en France, où ses membres sont souvent « récupérés par l'extrême droite » selon L'Obs[61]. Elle compare l'islam à l'occupant nazi[62], et défend l'idée que le monde politique, notamment à gauche, souffre d'aveuglement ou de laxisme envers les Frères musulmans et les salafistes[35].

Le , elle annonce apporter son « soutien actif » à Emmanuel Macron et dit « souhaiter sa réélection », position qu'elle associe à l'évolution du président de la République sur les questions relatives à la laïcité et l'islamisme — alors qu'elle était critique à son égard au début de son quinquennat[63],[64]. En 2022, Libération rapporte qu'elle est pressentie pour être investie par la majorité présidentielle aux élections législatives mais se heurte à une défiance de la majorité à cause de sa proximité avec des figures d’extrême droite comme Papacito[65]. Christophe Castaner contredit cette information et affirme que son investiture pour représenter le parti Renaissance n'a jamais été envisagée[66].

Polémiques et controverses

Durant l'automne 2019 est exhumée une photo de la montrant aux côtés de Papacito, auteur connu de l'extrême droite française sur internet et édité comme elle chez Ring : cette photo illustre, selon Arrêt sur images, « le rapprochement d'une gauche "laïcarde" avec la droite dure, voire l'extrême droite »[35].

En , quelques jours après l'attentat de la préfecture de police de Paris, elle compare l'éditorialiste Jean-Michel Aphatie à un « collabo », insulte d'ordinaire utilisée par l'extrême droite selon L'Obs, pour avoir appelé à « réformer profondément la loi de 1905 »[62].

Le , sur un plateau de CNews, interrogée au sujet de récents événements à Mantes-la-Jolie, elle propose que les policiers puissent tirer « à balles réelles » dans le cas de « guet-apens organisé autour d'une petite patrouille de police », ce qui suscite l'indignation de certains chroniqueurs de l'émission et un rappel à l'ordre de Zineb El Rhazoui par l'animateur, Pascal Praud[67],[45]. La Ligue des droits de l'homme signale les propos au procureur de la République et au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA)[45]. Arrêt sur images estime à cette occasion que Zineb El Rhazoui « poursuit un glissement de plus en plus prononcé vers l'extrême droite »[45]. Face à la polémique, elle confirme ses propos en précisant avoir « rappelé un principe légal qui s'appelle la légitime défense »[68]. Peu après, son avocat annonce déposer plainte pour elle « suite au nouveau déchaînement de haine, d'injures et de menaces de mort reçues ces derniers jours », notamment contre le rappeur Booba[69].

Selon Les Inrockuptibles « au-delà de ses propos tenus il y a peu sur CNews, ce sont ses prises de position, notamment sur l'islam, qui lui valent d'être régulièrement au cœur de polémiques[44] ». En , elle en déclenche une nouvelle sur Twitter après y avoir écrit : « […] Mort à l'islam et à tous les dieux, mort aux religions qui nous emmerdent et mort aux cons comme disait #Cabu ! […] Que la déesse raison vous sauve ![70] »

Conflit israélo-palestinien

Le , le prix Simone-Veil lui est retiré par Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d'Île-de-France, en raison de « déclarations outrancières et choquantes »[71], et en accord avec la famille de Simone Veil. Cette décision a été prise car elle a redirigé un tweet faisant la comparaison entre le camp d'extermination d'Auschwitz et l'opération militaire menée par Israël dans la bande de Gaza (Palestine) à la suite de l'attaque sanglante du Hamas du . Elle indique cependant que son retweet « n'est pas synonyme » d'approbation[47],[48],[49].

Le , lors d'une interview accordée au média d’obédience turque Nouvelle Aube[72], elle affirme qu'« il n'y a pas de civils en Israël », qu'elle compare à un État terroriste, « un Daesh qui a réussi ». Durant l'entretien, elle refuse de condamner l’attaque du Hamas contre Israël du et regrette de l'avoir fait par le passé[73]. Au cours de cette même interview, elle affirme avoir « ouvert les yeux » sur la laïcité française, estimant que celle-ci est « une fable pour pointer du doigt une partie de la population ». Ces déclarations vont à l'encontre de ses prises de position passées, ce qui fait largement réagir sur les réseaux sociaux. Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, saisit, le , le procureur de Paris pour des faits « d’apologie du terrorisme par Zineb El Rhazoui, concernant les propos tenus lors d’un entretien avec le journal Nouvelle Aube »[71].

Distinctions

En , Zineb El Rhazoui reçoit le prix Marianne-Jacques-France du Grand Orient de France pour son combat en faveur de la laïcité et de la liberté de conscience[74].

En , elle reçoit de la région Île-de-France le prix Simone-Veil des trophées Elles-de-France attribué selon un vote en ligne accessible à l'ensemble des citoyens pour « son courage et sa force dans ses combats pour la défense de la laïcité, la lutte contre toutes les formes d'obscurantisme et de l'égalité entre les femmes-hommes »[75],[43]. Ce prix lui est retiré en [47],[48],[49].

En , l'agence Reuters révèle qu'elle a été proposée pour le prix Nobel de la paix 2021[76],[77].

Vie personnelle

Zineb El Rhazoui est mariée à l'écrivain Jaouad Benaissi entre 2014 et 2015[78],[79]. En 2017, elle donne naissance à une fille[8].

Publications

Ouvrages

Participations

Tribunes

  • « Il arrivait que l'on dise aux collègues : Je vous aime », Le Monde, [24].
  • « Lettre ouverte à un candidat au djihad », Le Figaro, [40].

Notes et références

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  3. a b et c Chloé Aeberhardt, « Zineb El Rhazoui : la femme la plus protégée de France », Marie Claire, (consulté le ).
  4. Charlotte Rotman, « Ni putes ni soumises cherche sa direction », Libération, .
  5. Patricia Neves, « Zineb El Rhazoui, en lutte contre cette « bien-pensance » qui voudrait excuser les terroristes », Marianne, .
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  9. Ghalia Slaoui, « Ramadan : ces Marocains qui veulent être libres de ne pas jeûner », Rue89, .
  10. Mohamed Leftah et al., Nouvelles du Maroc, Paris, Magellan-Courrier international, coll. « Miniatures », , 144 p., 20 cm (ISBN 978-2-35074-214-4, BNF 42579919) [lire en ligne (page consultée le 27 juillet 2016)].
  11. Ludivine Le Goff, « Révolutions arabes : et si c'était celles des femmes ? », Au féminin.com, (version du sur Internet Archive).
  12. « Les auteurs : Zineb El Rhazoui », sur Mémoire des luttes.
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  15. Ghiziaine Khairi, « Maroc : Facebook, refuge des « dé-jeûneurs » du ramadan », Rue89, .
  16. « La journaliste adepte du “non-jeûne” réapparaît », Jeune Afrique, .
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  22. « Deux nouvelles porte-parole pour le mouvement Ni Putes Ni Soumises », Ni Putes Ni Soumises, .
  23. « Zineb El Rhazoui : « On veut faire un numéro qui soit presque un numéro intime » », Les Échos, .
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  41. Texte intégral
  42. Voir sur film-documentaire.fr.
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  72. Ce journal est la déclinaison française du quotidien turc Yeni Şafak.
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Annexes

Documentaire

  • Rien n'est pardonné (2017), documentaire de Vincent Coen et Guillaume Vandenberghe ; production/diffusion : Savage Film Production, Eklektik Productions, RTBF, 61 min [présentation en ligne].

Liens externes

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