Renald Luzier, ditLuz, est un auteur de bande dessinée français, né le à Tours[1]. Ancien dessinateur de presse, il a collaboré à plusieurs journaux, dont Fluide glacial etCharlie Hebdo qu'il a quitté définitivement en septembre 2015.
Biographie
Au début des années 1990, Luz signe des planches dans le journal de bandes dessinées Psikopat. À partir d', il est rédacteur en chef de Chien Méchant, un mensuel de bandes dessinées satiriques, qui connaît six numéros jusqu'en . Il collabore ensuite avec l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo dont il devient au fil des années l'un des plus féconds dessinateurs. En 1997, à la suite de l'élection de Catherine Mégret (FN) à la mairie de Vitrolles, il crée dans l'hebdomadaire la rubrique en BD, Les Mégret gèrent la ville, qui tourne en dérision l'élue et son mari Bruno Mégret. En 1998, la publication en album d'un recueil de sa rubrique vaut à Luz d'être attaqué en justice par les époux Mégret : il est finalement relaxé[2].
Luz, grand « musicovore », collabore aussi bien à un magazine spécialisé comme Les Inrocks qu'avec le musicien Rubin Steiner pour son disque OuMuPo3 (2004). Entre-temps, en 2003, donnant suite à une proposition, il se fait même DJ et anime les soirées parisiennes dansantes de l'Élysée Montmartre, du Pop In ou du Truskel.
Luz réalise également, depuis 2006, le graphisme des albums de Polémix & La Voix Off, groupe proposant des remix politiques sur fond d'humour et de satire. Il collabore aussi avec la photographe suisse Stefmel.
Le , Luz, dont l'anniversaire a lieu le jour même, s'attarde chez lui : en retard à la conférence de rédaction de Charlie Hebdo, il échappe ainsi à l'attentat[4] qui coûte la vie à une grande partie de ses collègues du journal. Il arrive au siège de Charlie Hebdo peu de temps après l'attentat et croise dans la rue les terroristes qui, ignorant son identité, ne s'en prennent pas à lui : il est l'une des premières personnes à alerter l'extérieur[5].
Il déclare ensuite trouver « formidable » le soutien manifesté par l'opinion publique à l'égard de Charlie Hebdo, tout en se disant dépassé par la « charge symbolique » qui pèse désormais sur un journal qui n'a jamais eu vocation à être consensuel, et méfiant quant aux risques de récupération politique[6].
Le , il participe à la marche républicaine en mémoire des victimes des attentats des 7-.
Le , il devient mondialement célèbre grâce à la une du numéro 1178 de Charlie Hebdo, où il dessine le prophète Mahomet, qu'il avait déjà représenté en couverture du no 1011 (dit Charia Hebdo). Certains pays, comme le Sénégal censurent cette couverture[7]. Après la publication, des émeutes ont lieu dans divers endroits[8]. Au Niger, ces émeutes provoquent des incendies d'églises et une dizaine de meurtres[9].
Dans une interview vidéo accordée à Vice, Luz revient sur les détails de ces journées et sur les réactions à la une du . Il déclare à ce sujet :
« Je pense que la majorité des musulmans s'en foutent de Charlie Hebdo. Je pense que les gens qui s'arrogent le droit de dire que l'ensemble de la communauté musulmane a été offensée sont des gens qui prennent les musulmans pour des imbéciles[10]. »
Il explique en outre que son dessin en une du no 1178 doit être compris comme un « pardon mutuel » entre le personnage caricaturé sur la couverture du numéro Charia Hebdo, et le caricaturiste qui l'avait dessiné : « Moi, en tant qu'auteur, je suis désolé de t'avoir foutu là-dedans, et lui, en tant que personnage, il me pardonnait[11]. »
En , il annonce dans un entretien aux Inrocks qu'il ne dessinera plus Mahomet[12].
En , il déclare dans Libération qu'il quitte l'équipe de Charlie Hebdo en pour des raisons personnelles[13].
En également, est publiée aux éditions Futuropolis sa bande dessinée Catharsis, dans laquelle il évoque sa vie privée et professionnelle après les attentats contre Charlie Hebdo. La critique du journal Le Figaro mentionne qu'il y dépeint ses « cauchemars, crises d'insomnies sévères, de paranoïa ou de nerfs, scènes d'amour exutoires avec sa compagne et, surtout, les doutes sur sa capacité à continuer le dessin[14]. » Pour la critique du journal L'Express : « C'est aussi l'histoire, très personnelle, d'une bataille et d'une victoire. Celle d'un survivant qui refuse de sombrer[15]. » L'album rencontre un vif succès dès sa sortie : « En moins d'un mois, ce récit en est déjà à son troisième tirage, et a été imprimé à 90 000 exemplaires[16]. ».
En , il entame dans les Cahiers du Cinéma (revue pour laquelle il avait dessiné la couverture du numéro de [17]) la publication, sous forme d'un feuilleton mensuel, d'une bande dessinée intitulée Misfits, consacrée au tournage du film de John Huston[18].
En , il publie chez Albin Michel premier tome de son adaptation en bande dessinée de la trilogie romanesque de Virginie Despentes, Vernon Subutex[21]. En novembre 2022, le second tome de cette adaptation est récompensé par le prix des «Inrockuptibles» dans la catégorie bande dessinée[22].
Numa Sadoul, Dessinateurs de presse : entretiens avec Cabu, Charb, Kroll, Luz, Pétillon, Siné, Willem et Wolinski, Glénat, Grenoble, 2014, 215 p. (ISBN978-2-344-00016-8)