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Si nombre d’économistes admirant Smith, le considérent comme : « le père de l’économie politique », c’est peut-être parce que nombre de courants peuvent y voir le père de leurs idées. Les libéraux le saluent comme celui qui a mis en lumière l’importance du marché comme mode de régulation automatique de la société, ceux recommandant une intervention modérée de l’État peuvent pourtant rappeler que Smith en a aussi souligné les imperfections éventuelles et a appelé la puissance publique à les corriger. Bien qu’à l’opposé des idées politiques de Smith, Karl Marx lui-même s’en inspire en développant toute une doctrine fondée sur la théorie classique de la valeur.
Anaximandre passe pour premier philosophe à avoir consigné ses travaux par écrit. Seul un fragment est parvenu jusqu'à nous, mais les témoignages antiques permettent de se faire une idée de leur nature et de leur étendue, qui couvre la philosophie, l'astronomie, la physique, la géométrie mais aussi la géographie.
Strabon et Agathémère, deux géographes grecs très postérieurs à Anaximandre, affirment au début de leurs ouvrages sur la géographie que, selon Ératosthène, Anaximandre avait été la première personne à publier une carte du monde. Le cratèrelunaireAnaximandre fut nommé en son honneur.
Bergson donne l'impression d'avoir vécu la vie calme et sans surprises d’un professeur de philosophie. Or, s'il a toujours été d'une grande discrétion, il a joué un rôle important du point de vue de la politique internationale. Sa participation à la création de la Commission internationale de coopération intellectuelle, ancêtre de l'UNESCO, en 1921 peut illustrer l'importance qu'il accordait à l'éducation pour favoriser la paix internationale. Mais sa participation à la création de la Société des Nations date du moment où il a été le délégué de la France pour négocier avec les États-Unis et leur président Woodrow Wilson pour que ceux-ci s'interposent contre la triplice lors de la Première Guerre mondiale. En 2008, on a pu déterminer toute l'influence que Bergson aura eue sur les 14 résolutions proposées par Wilson afin de créer une instance gouvernementale internationale pour prévenir les conflits armés. Son ouvrage Les Deux Sources de la morale et de la religion explore notamment, du point de vue philosophique, les causes de la guerre et les moyens de les atténuer.
Le fatalisme (mot formé à partir du latin fatum : le « destin ») est une doctrine selon laquelle le monde dans son ensemble, et l'existence humaine en particulier, suivent une marche inéluctable (fatalité), où le cours des événements échappe à la volonté humaine. De ce point de vue, le destin serait fixée d’avance par une puissance supérieure aux êtres humains, qui peut être Dieu, ou bien la nécessité naturelle, ou encore les lois gouvernant l’histoire.
Du point de vue moral, le fatalisme est un déterminisme ou un prédéterminisme, selon lequel les causes du cours des événements sont indépendantes de la volonté humaine, ce qui revient à nier la liberté de choix de l’homme. Dans un sens affaibli, le fatalisme peut désigner une attitude ponctuelle, à savoir le défaitisme ou pessimisme de celui qui, se sentant voué à l'échec, laisse le destin suivre son cours et abandonne le combat, ou quitte une situation délicate en baissant les bras.
L'œuvre de Nietzsche est essentiellement une critique de la culture occidentale moderne et de l'ensemble de ses valeurs morales (issues de la dévaluation chrétienne du monde), politiques (la démocratie, l'égalitarisme), philosophiques (le platonisme et toutes les formes de dualisme métaphysique) et religieuses (le christianisme). Cette critique procède d'un projet d'instituer de nouvelles valeurs dépassant le ressentiment et la volonté de néant qui ont dominé l'histoire de l'Europe sous l'influence du christianisme, par l'affirmation d'un Éternel Retour de la vie et par le dépassement de l'humanité et l'avènement du surhomme. L'exposé de ses idées prend dans l'ensemble une forme aphoristique ou poétique.
Peu reconnu de son vivant, son influence a été et demeure importante sur la philosophie contemporaine de tendance continentale, notamment l'existentialisme et la philosophie postmoderne ; mais Nietzsche a également suscité ces dernières années l'intérêt de philosophes analytiques, ou de langue anglaise, qui en soutiennent une lecture naturaliste remettant en cause une appropriation par la philosophie continentale jugée problématique.
Il est considéré comme le créateur de la théorie de la Grammaire générative et transformationnelle, qui se distingue par sa recherche des structures innées du langage naturel, contribution souvent décrite comme la plus importante dans le domaine de la linguistique théorique du XXe siècle. Les deux textes fondateurs de l’école générative sont : Syntactic Structures (traduit par Structures syntaxiques) en 1957 et Aspects of the Theory of Syntax (Aspect de la théorie syntaxique) en 1965 mais le lecteur pourra se faire une idée des questions théoriques dans Language and Mind (Le Langage et la pensée). Ses travaux les plus récents ont pour thème le « programme minimaliste » en sciences cognitives.
En parallèle de sa carrière scientifique, Noam Chomsky mène une intense activité militante depuis le milieu des années 1960 lorsqu'il a pris publiquement position contre l'engagement américain au Viêt Nam. Sympathisant du mouvement anarcho-syndicaliste et membre du syndicat IWW, il a donné une multitude de conférences un peu partout dans le monde et a publié de nombreux livres et articles dans lesquels il fait part de ses analyses historiques, sociales et politiques. Ses critiques portent tout particulièrement sur la politique étrangère des États-Unis et le fonctionnement des mass médias.
Il est considéré comme une figure intellectuelle majeure du monde contemporain, à la fois controversée et admirée.
La rhétoriqueῥητορικὴ τέχνη, « technique, art oratoire », désignant au sens propre « l’art de bien parler », est l’art ou la technique de persuader, généralement au moyen du langage. Elle est née au Ve siècle av. J.-C. en Sicile, selon la légende, puis fut introduite à Athènes par le sophisteGorgias, où elle se développa dans les milieux judiciaires et politiques. Selon Ruth Amossy : « Telle qu’elle a été élaborée par la culture de la Grèce antique, la rhétorique peut être considérée comme une théorie de la parole efficace liée à une pratique oratoire. » Elle vise donc à persuader un auditoire sur les sujets les plus divers. Elle a progressivement laissé place à un art de bien dire plutôt qu’un art de persuader, se restreignant à un inventaire de figures relevant des ornements du discours.
La rhétorique est à la fois la science (au sens d’étude structurée) et l’art (au sens de pratique reposant sur un savoir éprouvé) qui se rapporte à l’action du discours sur les esprits, « bene dicendi scientia », selon les mots de l’orateur romain Quintilien. À ses débuts, la rhétorique s’occupait du discours politique oral, avant de s’intéresser de manière plus générale aux textes écrits et surtout aux textes littéraires et dramatiques, discipline nommée aujourd’hui la « stylistique ».
La rhétorique se distingue de l’argumentation et de la dialectique par l’usage des effets pathétiques ou éthiques du discours sur le public.
La Table d’émeraude (Tabula Smaragdina en latin) est un des textes les plus célèbres de la littérature alchimique et hermétique. C’est un texte très court, composé d’une douzaine de formules allégoriques et obscures, dont la célèbre correspondance entre le macrocosme et le microcosme : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ».
Selon la légende, elle présente l’enseignement de Hermès Trismégiste, fondateur mythique de l’alchimie, et aurait été retrouvée dans son tombeau, gravé sur une tablette d’émeraude. La plus ancienne version connue se trouve en appendice d’un traité arabe du VIe siècle. Traduite en latin au XIIe siècle, elle fut commentée par de nombreux alchimistes au Moyen Âge et surtout à la Renaissance.
Après le discrédit scientifique de l’alchimie et le développement de la chimie moderne au XVIIIe siècle, elle a continué à fasciner occultistes et ésotéristes.
Le taoïsme (道教 dào jiào « enseignement de la Voie ») est à la fois une philosophie et une religionchinoise. Plongeant ses racines dans la culture ancienne, ce courant se fonde sur des textes, dont le Dao De Jing (tao te king) de Laozi (Lao-tseu), et s’exprime par des pratiques, qui influencèrent tout l’Extrême-Orient. Il apporte entre autres :
Thalès de Milet, appelé communément Thalès (en grec ancien : Θαλής / Thalês), était un philosophe et savant grec né à Milet vers 625 av. J.-C. et mort vers l'an 547 av. J.-C dans cette même ville d'Ionie.
Il fut l'un des « Sept sages » de la Grèce antique et le fondateur présumé de l'école milésienne. Philosophe de la nature, il passe pour avoir effectué un séjour en Égypte, où il aurait été initié aux sciences égyptienne et babylonienne. On lui attribue de nombreux exploits arithmétiques, comme le calcul de la hauteur de la Grande Pyramide ou la prédiction d'une éclipse.
Personnage légendaire, qui semble n'avoir rien écrit, sa méthode d'analyse du réel en fait l'une des figures majeures du raisonnement scientifique. Il a su s'écarter des discours explicatifs délivrés par la mythologie pour privilégier une approche naturaliste caractérisée par l'observation et la démonstration.
Thalès de Milet est considéré comme le premier philosophe de la nature (φυσικός φιλόσοφος), scientifique et mathématicien grec. Il est d'abord un commerçant et un ingénieur mais il est aussi vu comme un homme politique, si l'on tient compte de sa participation au groupe des « Sept sages ».
Ouvrage court (environ 70 pages), le Tractatus a donné lieu à de nombreuses interprétations, parfois difficilement conciliables. Alors que la signification mystique de ce texte est pour Wittgenstein éthique et esthétique, la plupart des lectures ont mis en avant son intérêt en logique et en philosophie du langage. Ce n'est que récemment que des études qui lui sont consacrées ont commencé à considérer l'aspect mystique de l'œuvre comme central.
Ludwig Wittgenstein tente d’étendre son travail des fondements de la logique à l’essence du monde. Ce texte est considéré comme l’un des livres de philosophie les plus importants du XXe siècle, et a eu une influence majeure sur le positivisme logique et sur la philosophie analytique. Avec Bertrand Russell, il fait du jeune Wittgenstein l'un des tenants de l'atomisme logique. La distinction entre « vide de sens » (Sinnlos) et « absurde » (Unsinnig) eut une influence majeure sur la théorie vérificationniste du Cercle de Vienne.
Pierre Bourdieu est un sociologuefrançais (Denguin, le - Paris, le ). Il est devenu, à la fin de sa vie, par son engagement public, l’un des acteurs principaux de la vie intellectuelle française. Sa pensée a exercé une importante influence dans les sciences humaines et sociales, en particulier sur la sociologie française d’après-guerre. Sociologie du dévoilement, elle a fait l’objet de nombreuses critiques, qui lui reprochent en particulier une vision déterministe du social.
Son œuvre sociologique est dominée par une analyse des mécanismes de reproduction des hiérarchies sociales. Bourdieu insiste sur l’importance des facteurs culturels et symboliques dans cette reproduction. En opposition aux conceptions marxistes, Bourdieu critique le primat donné aux facteurs économiques. Il entend souligner que la capacité des agents en position de domination à imposer leurs productions culturelles et symboliques joue un rôle essentiel dans la reproduction des rapports sociaux de domination. Ce que Pierre Bourdieu nomme la violence symbolique, qu’il définit comme la capacité à faire méconnaître l’arbitraire de ces productions symboliques, et donc à les faire reconnaître comme légitimes, est ainsi d’une importance majeure dans son analyse sociologique.
La dialectique (appelée aussi méthode ou art dialectique), est une méthode de discussion, de raisonnement, de questionnement et d'interprétation qui occupe depuis l'Antiquité une place importante dans les philosophies occidentales et orientales. Le mot « dialectique » trouve son origine dans le monde grec antique (le mot vient du grec dialegesthai : « converser », et dialegein : « trier, distinguer », legein signifiant « parler »). Elle aurait ainsi été inventée par le penseur présocratiqueZénon d'Élée ; mais c'est surtout son emploi systématique dans les dialogues de Platon qui a popularisé l'usage du terme.
La dialectique s'enracine dans la pratique ordinaire du dialogue entre deux interlocuteurs ayant des idées différentes et cherchant à se convaincre mutuellement. Art du dialogue et de la discussion, elle se distingue de la rhétorique (qui se rapporte plutôt aux formes du discours par le dénombrement de ses différentes figures) car elle est conçue comme un moyen de chercher des connaissances par l'examen successif de positions distinctes voire opposées (même si l'on en trouve des usages détournés, visant la persuasion plus que la vérité). Plus généralement, elle désigne un mouvement de la pensée, qui se produit de manière discontinue, par l'opposition, la confrontation ou la multiplicité de ce qui est en mouvement, et qui permet d'atteindre un terme supérieur, comme une définition ou une vérité.
L’existentialisme est un courant philosophique et littéraire qui postule que les individus créent le sens et l'essence de leur vie par leur action et leur courage par opposition à la thèse que ceux-ci soient créés pour eux par des doctrines théologiques ou philosophiques. L'existentialisme considère donc chaque personne comme un être unique qui est maître non seulement de ses actes et de son destin, mais également - pour le meilleur comme pour le pire - des valeurs qu'il décide d'adopter.
Walter Kaufmann décrit l'existentialisme comme « le refus d'appartenir à une quelconque école de pensée, la répudiation de l'adéquation d'une quelconque croyance, et en particulier des systèmes, et une insatisfaction de la philosophie traditionnelle considérée comme superficielle, académique et éloignée de la vie ».
Issu d'une famille protestante, Friedrich Schlegel va s'entourer au fil des années d'un cercle d'amis parmi lesquels Novalis, Ludwig Tieck ou encore Friedrich Schleiermacher avec lequel il fondera un groupe appelé « Cercle d'Iéna », fondement de la théorie romantique en Allemagne.
Après des études de commerce qui ne l'intéressent pas, Schlegel se lance dans des études de droit mais il passe le plus clair de son temps à étudier les textes d'auteurs tels que Platon, Shakespeare ou Dante. Peu à peu mûrit en lui un véritable goût pour la littérature. Il forge sa théorie de la poésie romantique qui va révolutionner les idées de son temps. Le Cercle d'Iéna, qui existera peu de temps, va marquer l'histoire littéraire.
Après la fin du mouvement, Schlegel entreprend une série de voyages en France et en Allemagne puis se fixe à Vienne où il entre au service du chancelier Metternich.
Pendant sa période viennoise, Schlegel développe ses théories politiques, philosophiques et religieuses. Il participe à la vie politique allemande et donne des cours qui lui assurent un certain succès.
Les dernières années de sa vie sont marquées par un mysticisme religieux prononcé qui ternit son image auprès de ses amis et auprès de son frère Auguste avec qui il rompt tout contact. Toutefois, sa disparition en 1829 à l'âge de cinquante-sept ans est regrettée par un grand nombre de personnes. Après sa mort et pendant une longue période, l'œuvre de Schlegel sera dénigrée avant d'être réhabilitée par des chercheurs tels que Josef Körner.
Citoyen romain, né dans une famille équestre ayant de fortes assises locales à Arpinum, Cicéron n'appartient pas à la noblesse, ce qui en principe ne le destine pas à un rôle politique majeur. Après une solide formation à la rhétorique et au droit, il réussit, grâce à ses talents d'avocat, à se constituer suffisamment d'appuis pour parvenir, en 63 av. J.-C., à la magistrature suprême, le consulat. C'est un homme nouveau (homo novus). La même année, et dans une République en crise menacée par les ambitieux, il déjoue la conjuration de Catilina, notamment grâce à l'énergie de ses discours, les Catilinaires.
Ce succès qui fait sa fierté cause ensuite son exil en 58 av. J.-C., pour avoir exécuté des conjurés sans procès. Revenu à Rome en 57 av. J.-C., il ne joue plus de rôle important sur la scène politique, dominée par Pompée et César. Durant la guerre civile qui commence en 49 av. J.-C., il rallie Pompée avec hésitation, puis est forcé de s'accommoder du pouvoir de César, avant de s'allier à Octave contre Antoine. Sa franche opposition à Antoine lui coûte la vie en 43 av. J.-C.
Orateur remarquable, il publie une abondante production considérée comme un modèle de l'expression latine classique et dont une grande partie nous est parvenue. Il consacre sa période d'inactivité politique à la rédaction d'ouvrages sur la rhétorique et à l'adaptation en latin des théories philosophiques grecques. En partie perdus pendant le Moyen Âge, ses ouvrages connaissent un regain d'intérêt durant la renaissance carolingienne puis la renaissance italienne et l'époque classique. En revanche, au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle, il n'est considéré que comme un simple compilateur des philosophes grecs. Plus positivement, Pierre Grimal considère qu'il a été un intermédiaire précieux qui nous a transmis une partie de la philosophie grecque. Dans le domaine politique, les jugements ont été souvent sévères : intellectuel égaré au milieu d'une foire d'empoigne, parvenu italien monté à Rome, opportuniste versatile, « instrument passif de la monarchie larvée » de Pompée puis de César selon des spécialistes tels que Theodor Mommsen et Jérôme Carcopino.
Confucius (21 septembre 551 av. J.-C. - 11 mai 479 av. J.-C.) est le personnage historique ayant le plus marqué la civilisation chinoise. Considéré comme le premier « éducateur » de la Chine, son enseignement a donné naissance au confucianisme, une doctrine politique et sociale qui a été érigée en "religion d'État" dès la dynastie Han et qui ne fut officiellement bannie qu'au début du XXe siècle. Né à Zou (陬) près de Qufu (曲阜) dans l’actuelle province du Shandong, il est généralement appelé Kǒngzǐ (孔子) ou Kǒng Fūzǐ (孔夫子) par les Chinois, ce qui signifie « Maître Kong » et qui a été latinisé en "Confucius" par les Jésuites.
Bien qu’il n’ait jamais développé sa pensée de façon théorique, on peut dessiner à grands traits ce qu’étaient ses principales préoccupations et les solutions qu’il préconisait. Partant du constat qu’il n’est pas possible de vivre avec les oiseaux et les bêtes sauvages, et qu’il faut donc vivre en bonne société avec ses semblables, Confucius tisse un réseau de valeurs dont le but est l’harmonie des relations humaines. En son temps, la Chine était divisée en royaumes indépendants et belliqueux, les luttes pour l’hégémonie rendaient la situation instable et l’ancienne dynastie Zhou avait perdu le rôle unificateur et pacificateur que lui conférait le mandat du Ciel. Confucius voulait donc restaurer ce mandat du Ciel qui conférait le pouvoir et l’efficacité à l’empereur vertueux. Cependant, bien qu’il affirme ne rien inventer et se contenter de transmettre la sagesse ancienne, Confucius a interprété les anciennes institutions selon ses aspirations, il a semé les graines de ce que certains auteurs appellent l'« humanisme chinois ».
Son œuvre majeure est Walden ou la vie dans les bois, publiée en 1854, qui délivre ses réflexions sur une vie simple loin de la société, dans les bois, lors de sa « révolte solitaire ». Le livre La Désobéissance civile (1849), dans lequel il avance l'idée d'une résistance individuelle à un gouvernement jugé injuste, est considéré comme à l'origine du concept contemporain de non-violence. Abolitionniste toute sa vie, faisant des conférences et militant contre les lois sur les esclaves évadés et capturés, louant le travail des abolitionnistes et surtout de John Brown, Thoreau propose une philosophie de résistance non violente qui influence des figures telles que Léon Tolstoï, Gandhi et Martin Luther King.
Les livres, articles, essais, journaux et poésies de Thoreau remplissent vingt volumes. Surnommé le « poète-naturaliste » par son ami William Ellery Channing (1780 - 1842), Thoreau se veut un observateur attentif de la nature et ce surtout dans ses dernières années durant lesquelles il étudie des phénomènes aussi variés que les saisons, la dispersion des essences d'arbres ou encore la botanique. Les différents mouvements écologistes ou les tenants de la décroissance actuels le considèrent comme l'un des pionniers de l'écologie car il ne cesse de replacer l'homme dans son milieu naturel et appelle à un respect de l'environnement.
« Ma vie a été le poème que j'aurais voulu écrire » explique Thoreau dans un poème, car il est avant tout à la recherche de l'existence la plus authentique. Selon l'expression de Michel Barrucand : « Vivre fut sa profession, s'émerveiller sa raison d'être, écrire sa façon de se révolter ou de témoigner ».
Pierre Abélard est un spécialiste du langage. Chez lui, la dialectique s'apparente à la logique. Avant Descartes, il pratique le doute méthodique : « En doutant, nous nous mettons en recherche, et en cherchant nous trouvons la vérité ».
Abélard fut sans doute le plus grand défenseur du nominalisme au Moyen Âge. Il s'attaque au réalisme enseigné par Guillaume de Champeaux et au nominalisme de Roscelin. Il réussit à dépasser les contradictions de ces deux doctrines dans un système : le conceptualisme (ou théorie non-réaliste du "statut"). Essayant de sortir de l'opposition entre vox (voix) et res (chose), il remplace la voix par le mot (nomen). Les mots sont conventionnels, mais ils ont une valeur significative pour la pensée. Ce sont des termes qui par fonction ont le pouvoir d'être attribués à plusieurs. C'est le langage qui est créateur de termes universels. Ce qui correspond dans la réalité aux universaux, c'est une chose à l'individualité irréductible. L'universel est donc une appellation conventionnelle.
L'humanisme est un mouvement de pensée européen pendant la Renaissance, qui se caractérise par un retour aux textes antiques, comme modèle de vie, d'écriture et de pensée. Le terme est formé sur le latin : au XVIe siècle, l'humaniste s'occupe d'humanités, studia humanitatis en latin, désignant essentiellement les lettres latines et grecques. Plus largement, le terme humanitas est pris dans le sens cicéronien et représente « la culture qui, parachevant les qualités naturelles de l'homme, le rend digne de ce nom ».
C’est avec Pétrarque (1304-1374) que naît en Italie le mouvement humaniste. Le poète commence par recueillir les inscriptions sur les vieilles pierres de Rome et poursuit dans les manuscrits sa quête des Anciens. Il retrouve ainsi des lettres de Cicéron, ressuscite un écrivain statufié par les écoles. Il s’illustre également en détectant un faux document au profit de son souverain. Lorenzo Valla (1407-1457), lui aussi traque la vérité historique, préconisant l’étude philologique des textes et le retour à la pureté classique. Parti d’Italie, le courant humaniste rayonne dans toute l’Europe.
À l’origine, le terme humaniste vient de l'italienumanista, le professeur qui enseigne les « humanités », c’est-à-dire la grammaire et surtout la rhétorique latines et grecques. Cette acception remonte à l'éducation antique et médiévale.
Pour la philosophie occidentale antique, la justice est avant tout une valeur morale. La « justice morale » serait un comportement alliant respect et équité à l'égard d'autrui. Cette attitude, supposée innée dans la conscience humaine serait elle-même à l'origine d'un « sens de la justice », valeur universelle qui rendrait l'être humain apte à évaluer et juger les décisions et les actions, pour lui-même et pour autrui. La justice en tant qu'institution est l'organe social constitué de la justice en tant que fonction qui doit « rendre la justice » et « dire le droit ».
La culture populaire a retenu des expressions consacrées comme la « justice de Salomon » et celle d'Aristote, la « justice d’Antigone » opposant les « lois non écrites » de la conscience aux lois écrites de la Cité.
La notion de justice désigne à la fois la conformité de la rétribution avec le mérite et le respect de ce qui est conforme au droit d'autrui : elle est donc indissociablement morale et juridique. Mais le concept est aussi culturel et ses applications varient selon les coutumes, les traditions, les structures sociales, et les représentations collectives. De manière générale, on distingue la justice dans son sens moral, l'on parle alors de légitimité, et la justice dans son sens juridique, l'on parle alors de légalité.
Supposons que l'on soit dans une pièce fermée avec la possibilité de recevoir et d'envoyer des symboles (via un clavier et un écran, par exemple). On dispose de caractères chinois et de règles de travail (instructions) permettant de produire certaines suites de caractères en fonction des caractères introduits dans la pièce, sur le modèle des organismes de vente par correspondance qui traitent leur courrier client en plaçant des réponses préparées à l'avance, et déjà imprimées, dans des enveloppes.
Si l'on fournit une histoire suivie d'une question, toutes deux écrites en chinois, l'application des règles ne peut que conduire à donner la bonne réponse, mais sans que l'opérateur ait compris quoi que ce soit, puisqu'il ne connaît pas le chinois. Il aura juste manipulé des symboles qui n'ont pour lui aucune signification.
Selon Searle, un ordinateur, ou plus exactement un programme d'ordinateur (par exemple ELIZA), se trouverait dans la même situation que l'opérateur dans la chambre chinoise : il ne disposerait que de symboles et de règles régissant leur manipulation.
Pour Searle, l'argument de la chambre chinoise montrerait que la sémantique du contenu mental n'est pas intrinsèque à la seule syntaxe du programme informatique, lequel est défini de façon formelle par une suite de 0 et de 1 accompagnée de règles de traitement.
L’ironie est un décalage de contexte, de style ou de ton fondé sur le télescopage de deux points de vue antagoniste. L'ironie n'est donc pas à proprement parler une figure de style mais s'exprime au travers de ces dernières. Ce paradoxe implicite renforce la cohésion sociale : ceux qui saisissent l’ironie, se reconnaissent mutuellement une certaine finesse d’esprit.
L’ironie se laisse également définir comme « le blâme par la louange » : l’ironie critique alors son sujet. À cette fin, le locuteur décrit souvent la réalité en termes apparemment valorisants, dans le but de la dénigrer. Cette pratique est fréquente, et qualifie peut-être mieux encore que l'antiphrase le phénomène de l’ironie, par son moment critique et négatif.
En littérature, l’ironie est l’art de persuader quelqu’un ou quelque chose en vue de faire réagir un lecteur, un auditeur ou un interlocuteur. Elle est en outre utilisée dans l’objectif de dénoncer, de critiquer quelque chose ou quelqu’un. Pour cela, le locuteur décrit souvent la réalité avec des termes apparemment valorisants, dans le but de la dévaloriser. L’ironie invite donc le lecteur ou l’auditeur à être actif pendant sa lecture ou son audition, à réfléchir et à choisir une position.
Ironie est à l'origine un concept de rhétorique qui provient du grec εἰρωνεία (eironeia), qui signifie ignorance feinte (une technique souvent employée par le philosophe grec Socrate), de είρων (eiron), celui qui pose une question en se prétendant crédule (une question rhétorique), et du verbe είρειν signifiant « parler ». Ce verbe είρειν (eirein) est lui-même probablement issu de la racine indo-européenne*wer- 'dire .
Cette œuvre est conçue comme une première partie d'un projet qui ne fut pas mené à terme. Elle marque un tournant important de la philosophie continentale. Emmanuel Lévinas — qui s'opposa pourtant à lui — considéra à la lecture de cette œuvre que Heidegger était l'un des plus grands philosophes de l'histoire occidentale. C'est en partie sous son influence que se développent l'existentialisme et la déconstruction.
Cette œuvre pose la question du sens de l'être, question fondamentale de l'ontologie, définie par Aristote comme étant la question de l'être en tant qu'être. Pour Heidegger, cette question, qui est tombée dans l'oubli et la trivialité (la tradition philosophique qu'il faudra détruire - ou, suivant les traductions - déconstuire), doit être reposée à la lumière du Dasein, étant privilégié parmi les étants.
Sein und Zeit débute par une citation du Sophiste de Platon : « Car manifestement, vous êtes bel et bien depuis longtemps familiers de ce que vous visez à proprement parler lorsque vous employez l’expression “étant” ; mais pour nous, si nous croyions certes auparavant le comprendre, voici que nous sommes tombés dans l’embarras ». La question de l’être (sein) que s’étaient posé, sans réel succès, Platon et Aristote il y a fort longtemps est tombée en désuétude, maintenant balayée d’un simple revers de main soit parce qu’elle est trop « évidente », soit parce qu’elle ne sert à rien ou parce que, comme le disait Pascal, tenter de définir « être » est impossible car la définition nécessiterait le verbe être… Cependant cet oubli est plus que regrettable, dit Heidegger, et il est nécessaire de reposer cette question de l’être.
La déconstruction est une méthode, voire une école, de la philosophie contemporaine. Cette pratique d'analyse textuelle est employée pour décortiquer de nombreux écrits (philosophie, littérature, journaux), afin de révéler leurs décalages et confusions de sens, par le moyen d'une lecture se focalisant sur les postulats sous-entendus et les omissions dévoilées par le texte lui-même. Ce concept, participant à la fois de la philosophie et de la littérature, a obtenu une grande notoriété aux États-Unis, où il est assimilé à la philosophie postmoderne, et plus globalement à l'approche divergente de la philosophie continentale d'Europe. Si le terme « déconstruction » a d'abord été utilisé par Heidegger, c'est l'œuvre de Derrida qui en a systématisé l'usage et en a théorisé la pratique.
Le terme de déconstruction apparaît chez Derrida pour la première fois dans De la grammatologie. Derrida expliqua qu'il souhaitait « entre autres choses » proposer une traduction pour les termes allemands de Destruktion et Abbau, que Heidegger emploie dans Être et Temps ; Derrida estime cette traduction plus pertinente que la traduction classique par destruction, dans la mesure où il ne s'agit pas tant, dans la déconstruction de la métaphysique, de la réduire au néant, que de montrer comment elle s'est bâtie.
En traduisant et récupérant à son compte la notion de déconstruction, Derrida entendait que la signification d'un texte donné (essai, roman, article de journal) est le résultat de la différence entre les mots employés, plutôt que de la référence aux choses qu'ils représentent ; il s'agit d'une différence active, qui travaille en creux le sens de chacun des mots qu'elle oppose, d'une façon analogue à la signification différentielle saussurienne en linguistique.
Parmi tous les auteurs cyniques, c'est sur Diogène que la légende a accumulé le plus d'anecdotes et de bons mots, cette foison rendant leur authenticité largement douteuse. Les portraits de Diogène qui nous ont été transmis divergent parfois, le présentant tantôt comme un philosophe "clochard", débauché, hédoniste et irréligieux, et tantôt comme un ascète sévère, volontaire voire héroïque.
La masse d'anecdotes légendaires sur Diogène montre en tout cas que le personnage a profondément marqué les Athéniens. Il vivait dehors, dans le dénuement, vêtu d'un simple manteau, muni d'un bâton, d'une besace et d'une écuelle. Dénonçant l'artifice des conventions sociales, il préconisait en effet une vie simple, plus proche de la nature, et se contentait d'une grande amphore (pithos, en grec) pour dormir.
Diogène avait un art de l'invective et de la parole tranchante. Il semble qu'il ne se privait pas de critiquer ouvertement les grands hommes et les philosophes de son temps (parmi lesquels Platon). Les apostrophes les plus connues qui lui sont attribuées sont : « Je cherche un homme » (phrase qu'il répétait en parcourant la ville avec sa lanterne), et « Ôte-toi de mon soleil » (en réponse à l'empereur Alexandre qui lui demandait s'il voulait quelque chose).
Plotin (205 - 270 après J.-C.) était un philosophe romain de l'Antiquité tardive. Il fut le fondateur d'un courant philosophique appelé « néoplatonisme », qui influença de manière profonde la philosophie occidentale. Il installa son école à Rome, en 246, et son premier disciple fut Amélius. Sa relecture des dialogues de Platon fut une source d'inspiration importante pour la pensée chrétienne, en pleine formation à l'époque. L'intégralité de ses écrits a été publiée, par un autre disciple fidèle, Porphyre de Tyr, dans les Ennéades.
La pensée de Plotin est originale en ce qu'elle approfondit la réflexion de Platon et d'Aristote sur la nature de l'Intelligence. Pour Plotin, l'univers est composé de trois réalités fondamentales : l'Un, l'Intelligence et l'Âme. L'homme qui fait partie du monde sensible doit, par l'introspection, remonter de l'Âme à l'Intelligence, puis de l'Intelligence à l'Un et accomplir ainsi une union mystique avec le dieu par excellence.
Plotin connaissait bien ses prédécesseurs philosophes. Dans ses traités se trouvent de nombreuses allusions (explicites ou non) à Aristote, aux péripatéticiens, au stoïcisme, à l'épicurisme ou encore aux gnostiques auxquels il s'opposait. Mais Platon est de loin celui qui retint le plus l'attention de Plotin. Si la philosophie de Plotin fut appelée le néoplatonisme, c'est bien parce que celui-ci avait pour référence majeure l'œuvre de Platon.
Les théories du contrat social sont des théories de philosophie politique qui pensent l'origine de l'État dans une convention originaire entre les humains, par laquelle ceux-ci renoncent à une partie de leurs libertés, ou droits naturels, en échange de lois garantissant la perpétuation du corps social.
L'idée d'un contrat social pose déjà celle d'un état de nature, préexistant à toute société organisée. Cet état de nature ne correspond nullement à une réalité historique précédant l'instauration des lois, mais à l'état théorique de l'humanité lorsque soustraite à toute loi. Le contrat (ou pacte) social est alors pensé comme un pacte librement établi par la communauté des humains dans le but d'établir une société organisée et hiérarchisée.
Le concept même d'un pacte social apparaît précocement chez Platon (sous forme de castes) dans le cadre d'une pensée plus large sur la fondation d'une cité idéale. Hugo Grotius est cependant le premier, dans l'histoire de la philosophie politique, à consacrer une part importante de sa réflexion à la définition du contrat social. Les grands théoriciens de ce concept demeurent toutefois à ce jour Thomas Hobbes et John Locke, avant Jean-Jacques Rousseau.
Si elles demeurent attachées aux figures philosophiques qui les ont défendues dans leur diversité, les diverses théories du contrat social trouvent leur origine dans un contexte politique et philosophique commun, qui appelait une réflexion profonde sur la genèse et la raison d'être du corps social et politique. Pourquoi cette société ? Pourquoi la société ? Pourquoi vivre avec des hommes avec qui l'on n'a pas nécessairement voulu vivre, et se soumettre à des règles auxquelles on n'a pas choisi de se soumettre ?
Le problème corps-esprit est le problème de la détermination des relations entre le corps humain et l'esprit. Bien que ce problème existe presque depuis l'origine de la philosophie (cf. Platon), ce problème est connu depuis le XXe siècle comme une question fondamentale, voire comme la question centrale de la philosophie de l'esprit sous l'expression anglaise de Mind-body problem.
Le problème corps-esprit est essentiellement le problème de savoir comment expliquer les relations entre l'esprit, ou les processus mentaux, et les états ou processus corporels. Il est par exemple évident que nos expériences sensorielles ont leur origine dans des stimuli qui nous parviennent du monde extérieur par le moyen de nos organes des sens, et que ces stimulis produisent des modifications de l'état de notre cerveau, causant en fin de compte la perception de sensations qui peuvent être agréables ou déplaisantes. Il semble également évident que nous pouvons mouvoir notre corps en sorte de satisfaire un besoin ou un désir. Pourtant, comment se peut-il que l'expérience consciente puisse mettre en mouvement un corps, c'est-à-dire un objet matériel doté de propriétés physico-chimiques ? Comment peut-on vouloir être la cause du fonctionnement de nos neurones et de la contraction de nos muscles en sorte qu'ils réalisent ce que nous nous proposons de faire ? Ce sont là quelques-unes des questions principales auxquelles se sont confrontés les philosophes de l'esprit, depuis Descartes.
Cogito, ergo sum est une expression latine du philosophe René Descartes qui signifie « je pense, donc je suis ». D'abord employée par Descartes en français dans le Discours de la méthode (1637), qui sera traduit par la suite en latin, puis développée plus largement sous une forme différente (ego sum, ego existo : « je suis, j'existe ») dans les Méditations métaphysiques (1641), elle résume une étape importante de la philosophie de Descartes.
L'expression est fréquemment employée sous une forme raccourcie : cogito (ce qui omet l'expression « je suis »). Le verbe conjugué à la première personne du singulier est même devenu, dans le jargon philosophique, un substantif masculin couramment employé : on dit « le cogito (de Descartes) » pour désigner cette intuition, acquise par le sujet humain grâce à sa conscience de lui-même. Il s'agit en effet d'un principe qui jouera un rôle fondamental dans la philosophie de Descartes.
Ayant entrepris de refonder entièrement la philosophie sur des bases solides, Descartes met en œuvre un doute méthodique, consistant à éliminer tout ce qui n'est pas absolument certain, afin de voir s'il reste après cela quelque certitude sur laquelle s'appuyer. Il découvre alors que, même si mes sens et mes raisonnements me trompent souvent, il n'en demeure pas moins que moi, qui suis en train de douter, je suis quelque chose, autrement dit j'existe. Cette certitude de sa propre existence se présente dès lors comme une vérité première pouvant servir de point d'appui à la philosophie qu'il développera, considérée à ce titre comme exemplaire de la philosophie moderne, qui place le sujet au centre de la construction du savoir.
Le Cercle développe ce qu'il appelle une « conception scientifique du monde », dont trois éléments majeurs sont à peu près partagés par tous les membres : 1) les sciences doivent être unifiées dans le langage de la physique (réductionnisme des sciences empiriques) ou de la logique (logicisme), car toute connaissance est soit empirique soit formelle ; 2) la philosophie est une élucidation des propositions scientifiques par l'analyse logique, elle se réduit à une théorie de la connaissance ; 3) beaucoup d'énoncés métaphysiques sont dépourvus de sens (Unsinnig) : les problèmes philosophiques traditionnels auraient été mal posés, et leurs solutions auraient été exprimées inadéquatement. Si cette conception a été l'une des idées phares de la philosophie analytique à ses débuts, elle a été par la suite abandonnée (Strawson, David Lewis ou, en France, Frédéric Nef, font par exemple de la métaphysique analytique).
« Les multiples ne doivent pas être utilisés sans nécessité » (« pluralitas non est ponenda sine necessitate »).
L'énoncé « Entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem », littéralement « Les entités ne doivent pas être multipliées par delà ce qui est nécessaire », est une variante souvent attribuée à Guillaume d'Ockham sans cependant qu'il y en ait trace dans ses écrits. C'est un des principes fondamentaux de la science.
Aussi appelé « principe de simplicité », « principe de parcimonie », ou encore « principe d'économie », il exclut la multiplication des raisons et des démonstrations à l'intérieur d'une construction logique.
Le principe du rasoir d'Ockham consiste à ne pas utiliser de nouvelles hypothèses tant que celles déjà énoncées suffisent, à utiliser autant que possible les hypothèses déjà faites, avant d'en introduire de nouvelles, ou, autrement dit, à ne pas apporter aux problèmes une réponse spécifique, ad hoc, avant d'être (pratiquement) certain que c'est indispensable, sans quoi on risque d'escamoter le problème, et de passer à côté d'un théorème ou d'une loi physique.
Dans cet ouvrage, Mary Wollstonecraft répond aux théoriciens de l'éducation et de la politique du XVIIIe siècle qui pensent que l'éducation n'est pas destinée aux femmes. Elle soutient qu'au contraire, elles la méritent selon une juste mesure, compte tenu de leur place dans la société.
L'idée d'écrire Défense des droits de la femme est née de la lecture du rapport de Talleyrand à l'Assemblée constituante en 1791, dans lequel il est affirmé que les femmes ne devraient recevoir qu'une éducation à caractère domestique. Mary Wollstonecraft commente ce document, puis se sert de son propre commentaire pour lancer une attaque contre le double standard, le « double critère » appliqué selon le sexe. À cette occasion, elle accuse les hommes d'encourager les femmes à s'abandonner aux excès de l'émotion. La rédaction de ce pamphlet s'est faite à la hâte, en réaction aux événements en cours ; Mary Wollstonecraft manifeste l'intention d'écrire un deuxième volume plus réfléchi, mais meurt avant de l'avoir achevé.
Si Mary Wollstonecraft appelle à l'égalité entre les sexes dans certains domaines de la vie, tels que la moralité, elle n'affirme pas explicitement qu'hommes et femmes sont égaux. Ses prises de position restant ambiguës, il est difficile de la considérer comme une féministe selon le sens moderne du mot, d'autant que ni le terme ni le concept n'existaient à son époque.
Le Novum Organum est l'œuvre majeure du philosophe britannique Francis Bacon, parue en 1620. Le titre signifie « nouvel outil », faisant référence à l’Organon d'Aristote (c'est-à-dire son traité sur la logique et le syllogisme). Dans le Novum Organum, Bacon développe un nouveau système de logique qu'il estime supérieure à l'ancienne méthode du syllogisme. Il y accorde une place centrale, pour les progrès scientifiques, à l'expérimentation, ce qui lui vaut d'être considéré comme le père de l'empirisme moderne.
Le Novum Organum (on trouve sur certaines éditions le titre Novum Organum Scientiarum), écrit en latin et sous-titré Indicia de Interpretatione Naturae (« Indications sur l'interprétation de la nature »), constitue en réalité la deuxième partie de l’Instauratio magna scientiarum, « La grande restauration des sciences », ouvrage encyclopédique qui devait comporter six parties mais dont Bacon ne put achever que les deux premières. Son contenu consiste en une série d'aphorismes numérotés, soulignant la nécessité d'une recherche scientifique impartiale. Il propose une méthode pour étudier les sciences, en aidant à leur progrès et à leur utilité.
Écrivain mystique, les principes de sa philosophie sont inséparables de son projet de conversion des infidèles. Il cherche à s'adresser à toutes les intelligences, chrétiennes ou non, dans la langue de ses interlocuteurs. Il opère par un jeu d'explications et de déductions, une combinaison des divers principes théologiques et philosophiques pour convaincre de la vérité chrétienne. Il a rencontré de vives oppositions avec les thomistes de l'ordre de Saint-Dominique qui ont obtenu temporairement une condamnation papale de ses écrits.
Considéré comme l'un des inventeurs du catalan littéraire, il est le premier à utiliser une langue néo-latine pour exprimer des connaissances philosophiques, scientifiques et techniques. Son œuvre en prose a grandement contribué à fixer la norme du catalan écrit. Malgré un certain hermétisme typique de son époque, Lulle nous reste proche par sa poésie qui fait de lui un des plus grands écrivains catalans. Son œuvre en vers répond au même projet didactique que son œuvre en prose...
François Marie Arouet, ditVoltaire - l'origine la plus couramment acceptée de ce peudonyme est l'anagramme obtenue à partir des lettres capitales AROUET L(e) J(eune) écrites en latin AROVETLI -, né le à Paris où il meurt le , est un écrivain et philosophe qui a marqué le XVIIIe siècle et qui occupe une place particulière dans la mémoire collective des Français. Il inaugure en effet la figure de l’intellectuel engagé au service de la vérité, de la justice et de la liberté de penser.
Symbole des Lumières, chef de file du parti philosophique, son nom reste attaché à son combat pour le progrès et la tolérance, et contre « l’infâme », nom qu’il donne au fanatisme religieux. Il est déiste et son idéal social est celui d’une monarchie modérée et libérale, éclairée par les « philosophes ».
Fasciné par la science, Ernest Renan adhère immédiatement aux théories de Darwin sur l'évolution des espèces et partage les idées racistes de Gobineau sur les races supérieures et inférieures. Il consacre très vite une part essentielle de son œuvre aux religions avec par exemple son Histoire des origines du christianisme (7 volumes de 1863 à 1881) et sa Vie de Jésus (1863).
Ernest Renan est considéré aujourd'hui comme un intellectuel de référence avec des textes célèbres comme Prière sur l'Acropole (1865) ou Qu'est-ce qu'une nation ? (1882) où il formule l'idée qu'une nation repose à la fois sur un héritage passé, qu'il s'agit d'honorer, et sur la volonté présente de le perpétuer.
Son intérêt pour sa Bretagne natale a été également constant de L'Âme bretonne (1854) à son texte autobiographique Souvenirs d’enfance et de jeunesse (1883).
D'abord étudiant auprès d'Edmund Husserl et immergé dans le projet phénoménologique de son maître, son intérêt se porte rapidement sur la question du « sens de l'être ». Elle le guidera ensuite tout au long de son chemin de pensée, et c'est en tentant de répondre à celle-ci de manière révolutionnaire, à l'occasion de la publication de son ouvrage Être et Temps (Sein und Zeit) en 1927, qu'il rencontre une immense notoriété internationale, qui débordera largement le monde de la philosophie.
Après ce qu'il appelle le « tournant » de sa pensée dans les années 1930, il s'intéresse aux questions de langage et à l'exégèse des textes historiques, ce qui l'amène à étudier ses prédécesseurs Kant et Nietzsche, mais aussi les présocratiques, la poésie de Hölderlin, le règne de la technique et bien d'autres sujets. Il cherche alors, en remontant aux sources de la civilisation européenne, à préparer un nouveau commencement de pensée qui, en critiquant Socrate, Platon et Aristote, éviterait l'enfermement dans la métaphysique, à qui il attribue l'état délétère de notre situation présente, caractérisée par le déchaînement de la volonté de puissance et le nihilisme universel.