ValdenaireValdenaire est un patronyme répandu dans le département des Vosges où il est né à la fin du Moyen Âge. Il peut faire référence à : ÉtymologieValdenaire est la francisation du patronyme Waldner ou Waldener répandu dans l’aire germanophone méridionale à laquelle appartient l’Alsace, terre de langue alémanique pour la plus grande partie. La forme Waldenaere et ses diverses variantes orthographiques sont attestées en moyen haut-allemand c’est-à-dire trois siècles avant la première mention d’un Valdenaire dans les registres vosgiens. La signification diverge quelque peu suivant les œuvres littéraires que compulsent et analysent les terminologues spécialisés dans l’étude du moyen-haut-allemand, en tête desquels Lexer et Benecke dont les dictionnaires font généralement référence depuis le XIXe siècle, plus récemment le projet interuniversitaire américano-autrichien « Littérature moyen-haut-allemande à la demande » démarré en 2002 et basé à Salzbourg[1]. La plus forte occurrence[1] du mot Waldenære se trouve dans l’épopée Wolfdietrich[2], version B[3], où il apparaît neuf fois : une seule fois sous la forme utilisée plus haut mais cinq fois avec l’orthographe Waldner[1]. Le dictionnaire de Lexer confirme l’occurrence dans le récit épique[4] et rajoute le roman en vers Mai und Beaflor[5] du XIIIe siècle. Le dictionnaire de Benecke en arrive aux mêmes conclusions[6]. Le Waldenære est également connu des contemporains de Neidhart von Reuental qui l’utilise dans ses chants courtois comme on peut l’observer dans le manuscrit de Ried (Riedsche Handschrift)[1]. En dehors des sources littéraires et artistiques, le mot apparaît dans les actes médiévaux du chapitre des chanoines réguliers de Herzogenburg en Autriche[7] sous la forme « Waldner » dans un acte du où il est question d’un « Michael der Waldner » originaire de Hadersdorf am Kamp en Basse-Autriche. En se fondant sur ces trois travaux de recherches et les sources primaires qu’ils ont étudiées, il apparaît que le Waldenære avait deux sens :
Lexer ajoute les synonymes moyen-haut-allemands waltbruoder, waltluite ou waltman[9] qui viennent appuyer la première acceptation dans le sens d’une communauté de vie dans un lieu alors rude et inhospitalier. L’ajout de l’article dans les archives de la collégiale de Herzogenburg laisse davantage penser à une activité professionnelle qu’une nécessité de préciser que ce Michael et son épouse Catharina habitent en forêt. Ceci étant, quand on parle des forestiers, on sous-entend quasi systématiquement une catégorie de la population qui non seulement vit en forêt mais en tire sa subsistance par des travaux caractéristiques des lieux (bûcheronnage, débardage, flottage, charbonnage …)[10]. Règles onomastiques alsaciennes dans les VosgesOrigines de la pénétration alsacienne côté romanDu Moyen Âge jusqu'au XVIIe siècle, à l'époque des premiers échanges commerciaux entre l'Alsace et les Hautes-Vosges où des Alsaciens s'installaient sur les chaumes des sommets vosgiens pour leur activité de marcaire ou dans les villages vosgiens (La Bresse, Ventron, Cornimont, etc.), il n'était pas rare que leurs noms soient francisés par facilité. Il en était de même dans l'autre sens lorsque des Vosgiens, Franc-Comtois et Belfortins partaient s'installer en Alsace[11]. Ainsi :
Voici sur le site Geneanet un exemple intéressant au milieu du XVe siècle de mutation du patronyme Waldner en Valdenaire entre l'Alsace et les Vosges : le père, Anstatt Demenge Waldner von Freundstein est né à Goldbach-Altenbach dans le Haut-Rhin en Alsace. Il déménage à Ventron dans le département des Vosges, à seulement 34 kilomètres de son lieu d'origine (Ventron où il mourra, ce qui prouve qu'il a définitivement changé de région) (ce Anstatt Demange Waldner von Freundstein qui déménage à Ventron, n'est attesté par aucun document historique) et a un fils appelé officiellement Demenge Valdenaire (fils de Demenge Waldner). Emprunt direct à l’originalLe plus ancien Valdenaire dans les Vosges à ce jour est cité en 1510 à Fresse-sur-Moselle dans une inspection du ban de Ramonchamp. Il s'appelle Jean Vauldenaire, également orthographié Wauldenaire[14]. Il est probablement né dans les années 1460 et il réapparaît comme témoin dans les actes décrivant la délimitation du duché de Lorraine et du Landgraviat de Haute-Alsace en 1521 où il est dit marié, âgé d’environ soixante ans et maréchal de Fresse[15],[16]. La graphie Vauldenaire dans les premiers actes de Ventron est riche d’enseignement et ne laisse aucun doute quant à l’origine alémano-alsacienne du patronyme attesté dans une petite bande frontalière des crêtes vosgiennes où la création de plusieurs agglomérations par des Alsaciens et des Lorrains fait l’unanimité chez tous les historiens actuels (Gérardmer, La Bresse, Ventron, Cornimont entre autres). On a affaire ici à un emprunt avec d’abord une adaptation orthographique. Si l’on en juge par les registres paroissiaux véternats, l’adaptation phonétique se fera assez vite après celle d'ordre orthographique puisque le patronyme sera écrit Valdenaire de manière homogène une à deux générations plus tard, donc pratiquement du vivant de l’aïeul Jean. Wauldenaire est la transcription orthographique de la prononciation alsacienne de Wàldener. Le phone vocalique écrit /à/ correspond au /a/ vélaire bref que d’autres appellent le « a suédois » écrit /å/[17]. Pour un francophone habitué au /a/ ouvert antérieur, il se rapproche davantage de la voyelle mi-ouverte postérieure arrondie ɔ que du /a/. Qu'il l'ait prononcé à l'oral ou qu'il l'ait épelé au prêtre, le porteur de ce nom devait clairement avoir encore un lien fort avec l'accent alsacien pour expliquer la graphie avec /au/. Elle n'est pas correcte en soi du point de vue phonétique alsacien, mais c'est la graphie qui permet le plus à un natif romanophone de rendre le son vélaire qu'il entend. L'autre explication de la graphie /au/ au lieu du futur /a/ serait que ce Jean aurait parlé une des variantes du patois vosgien où on pratique également le voyelle mi-ouverte postérieure arrondie que certains auteurs de glossaires ou de travaux sur le vosgien au XIXe siècle transcrivaient par /å/. Quand un Vosgien de la montagne prononce le mot « femme », la majorité des francophones entendent sans le moindre doute « fomme ». L'usage du /w/ au lieu du /v/ ne doit pas être perçu comme une volonté expresse de faire germanique en l'occurrence. L'interpénétration des habitudes lexicales et phonétiques entre l'alsacien et le patois vosgien de la montagne[18] aboutit à une cohabitation fréquente de différentes prononciations et graphies où le W et V sont interchangeables. De même, les patois lorrains orientaux ont conservé la prononciation originelle des mots ou patronymes issus de l'allemand comme « Villaume » ou « Willaumé » (Pour « Guillaume » provenant de Wilhelm) ou bien le « vozon » (pour « gazon » d'altitude provenant de Wasen)[19]. Comme pour la plupart des mots écrits avec un /w/ à l'initiale, le /v/ s'imposera assez vite dans les actes officiels. Le dernier aspect linguistique qui attire l'attention porte sur la syncope du /e/ dans le terme germanique Waldner. Bien que le patois vosgien use énormément de l'apocope sous la forme d'une élision mais aussi de la syncope du E caduc comme dans la plupart des langues d'oïl, il est frappant de constater que le patronyme vosgien Valdenaire n'a pas adopté la syncope du /e/ atone du mot original Waldenaere devenu Waldner en moyen-haut-allemand tardif. De prime abord, il ne devrait pas y avoir pour un Vosgien une quelconque difficulté phonatoire à prononcer ce mot. Toutefois, si le mot sonne encore étranger aux oreilles vosgiennes au Moyen-Âge tardif, il n'est pas incohérent de penser que le maintien du /e/ atone fut plus spontané et plus facile à dire pour les autochtones. La syncope du /e/ atone dans Wàldener place le patronyme résolument dans le bassin de l'allemand supérieur en dehors du Valais et de certaines zones du Tyrol car c'est cette aire linguistique qui a le plus adopté la pratique de l'apocope et de la syncope des sons atones[20] (pour les substantifs comme pour les terminaisons de la conjugaison). Il s'agit de pratiques phonétiques dialectales auxquelles sont associés les dialectes bas-alémaniques de l'Alsace. Aptonymes alsaciens transcrits en vosgienValdenaire et Vaxelaire sont parmi les rares patronymes des Hautes-Vosges qui ne sont pas issus de prénoms. En effet, ce sont des aptonymes romanisés[21], liés aux métiers conformément à la tradition alsacienne des patronymes[22] dont ils sont issus comme par exemple :
Ceci étant, ces exemples de noms pour illustrer les pratiques patronymiques du bassin germanophone médioeuropéen dont l'Alsace forme la bordure extrême-occidentale ne doivent pas être confondus avec ceux qui existent sous la forme germanique aujourd'hui encore. Pour des raisons historiques spécifiques à l'Alsace-Lorraine, des Schmidt, Weber ou Schneider sont implantés dans le département des Vosges, partie orientale, depuis déjà 6 générations. Il s'agit des optants émigrés avant le dans les régions limitrophes pour conserver la nationalité française en vertu de l'article 2 du traité de Francfort du signé avec l'Empire allemand[23]. A ces optants, il faut également ajouter les Alsaciens qui ont quitté leur région avant l'annexion de l'Alsace pour des raisons économiques ou religieuses comme les Alsaciens de confession juive ashkénaze[24] (Schneider, Marx, Strauss, Schwab, Holtzer …) ou les entrepreneurs et artisans venus créer leur usine ou atelier dans les hautes vallées vosgiennes voisines (Moselle, Moselotte, Vologne, Meurthe), essentiellement dans l'industrie textile[25]. Répartition et évolution du patronyme dans les Vosges![]() Sans qu’il n’ait été encore possible de trouver un ancêtre commun entre elles, trois branches Valdenaire remontant au XVIe siècle ont donné naissance à un foyer local conséquent dans le département des Vosges[14], dont deux ramènent la majeure partie de ce patronyme dans les Hautes-Vosges en contrebas des cols frontières avec l’Alsace, le col d'Oderen et le col de Bussang. Par conséquent, les aïeuls Valdenaire ont majoritairement vécu et travaillé dans des régions montagneuses au climat rude et marquées par un couvert forestier très important.
Personnalités
Références
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