Symphonie en ré mineur de Bruckner
La Symphonie en ré mineur, WAB 100, d’Anton Bruckner, est une symphonie qu'il composa en 1869. C'est en fait la troisième symphonie du compositeur, après la Symphonie en fa mineur et la Première Symphonie. L'absence de numérotation vient du fait que Bruckner l’écarta et l’« annula » (« annullierte »), ce qui lui donna le surnom « die Nullte » (« n° 0 »). Peu jouée, comme ses autres œuvres dites de jeunesse, elle laisse pourtant entendre les prémices des symphonies qu’il composera à partir des années 1870, et indique une maîtrise incontestable du style romantique. Elle est en quatre mouvements :
Fiche technique
La partition est écrite pour deux flûtes, deux hautbois, deux clarinettes, deux bassons ; quatre cors, deux trompettes, trois trombones ; timbales ; et cordes (violons I et II, altos, violoncelles et contrebasses). ÉditionsIl existe deux éditions de la symphonie :
HistoireCompositionLa symphonie a été composée du 24 janvier au , ce qui en fait la troisième de Bruckner après la Symphonie en fa mineur et la Symphonie no 1 en ut mineur ; le manuscrit portant le titre de Symphonie no 2. Bruckner, qui s’était installé à Vienne à l’automne 1868, vivait une période relativement heureuse, avec une tournée à Nancy et Paris, à l’occasion de laquelle il fait apprécier ses talents d’organiste. Après avoir poursuivi son travail jusqu’en juillet, il l’achève de la mi-août à la mi-septembre à Linz, où il est en vacances[1]. Désireux de faire jouer son nouvel ouvrage, il le présente au chef d’orchestre de la Cour, Otto Dessoff, qui commence à lire le premier mouvement et s’étonne : « Où est le thème principal ? » Bruckner, toujours peu sûr de lui et extrêmement sensible à la critique, est découragé et retire l’œuvre.
Selon Benjamin-Gunnar Cohrs, la symphonie aurait été révisée entre au plus tôt et au plus tard. En 1895, un an avant sa mort, alors qu’il détruisait des travaux de jeunesse, Bruckner commente en plusieurs endroits dans la partition : « Pas valable », « Seulement un essai », « À rejeter ». Sur la page de garde, il note : « Annullirt » (« Annulée »), raye le « 2 » – depuis longtemps attribué, du reste, à une autre symphonie – et ajoute un « ø ». Note que le vieux maître parvenu à la gloire attribue à un travail de jeunesse, ou indication chronologique ? La première de ses trois symphonies en ré mineur portera en tout cas ce numéro et le surnom de « Nullte », qui n’a rien fait pour améliorer sa réputation[1].
CréationLa symphonie n’est créée qu’en 1924, une soixantaine d’années après sa composition et près de trente ans après la mort du compositeur, ce qui explique qu’on lui adjoigne parfois la mention « Opus posthume ». Franz Moißl dirige le 17 mai les troisième et quatrième mouvements, et le 12 octobre la symphonie complète. AnalyseAllegroLe premier mouvement est un Allegro, en ré mineur, à 4/4, de trois cent cinquante-trois mesures, soit une durée de treize minutes environ. Il est construit en forme de mouvement de sonate. Son premier thème est en quelque sorte une préfiguration du motif d'accompagnement du premier thème de la troisième symphonie. AndanteLe deuxième mouvement est un Andante, en si bémol majeur, à 4/4. C’est une longue et paisible méditation, dans laquelle les cordes, en un motif en forme de choral, dialoguent avec les bois. Scherzo – TrioLe troisième mouvement est un Scherzo, noté « Presto », en ré mineur, à 2/4 ; il intègre un Trio, noté « Langsamer und ruhiger » (« Plus lent et plus calme »), en sol majeur avec des allusions en sol mineur. Sur la page de couverture du 1er mouvement – fol. 38 du manuscrit A-LIlmMusHS517 – se trouve une ébauche d'un trio inutilisé. Daté : Vienne, 18 mars 1869. Le 2 juillet 2022, Ricardo Alejandro Luna a dirigé le Bolton Symphony Orchestra lors de la création mondiale de ce premier trio en la majeur, que Luna avait au préalable transcrit, harmonisé, complété et orchestré[3]. Ce scherzo rappelle l’école de Mannheim, mais annonce aussi Chostakovitch par son chromatisme. Il se développe de façon dansante et vigoureuse. Le trio évoque un Ländler doux et raffiné. Après une reprise da capo du scherzo, le mouvement est conclu par une coda séparée, en ré majeur. FinaleLe Finale est noté « Moderato – Allegro vivace ». Précédé par une introduction lente, le premier thème est un motif fugué qui préfigure en quelque sorte celui du finale de la cinquième symphonie. Cette introduction lente réapparaît en renversement au début du développement. DiscographieLe premier enregistrement est celui du seul Scherzo, dans l'édition Wöß, par la Preußische Staatskapelle Berlin dirigée par Fritz Zaun en 1933. Le premier enregistrement intégral est celui d’Henk Spruit avec l'Orchestre philharmonique des Pays-Bas en 1951 (édition Wöß). Édition Wöß (1924)
Édition critique de Nowak (1968)
L'édition Nowak est incluse dans les « intégrales » des symphonies de Daniel Barenboim, Riccardo Chailly, Eliahu Inbal, Guennadi Rojdestvensky, Georg Solti et Georg Tintner, et plus récemment de notamment Simone Young, Gerd Schaller et Paavo Järvi. Notes et références(de)/(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en allemand « Nullte Sinfonie (Bruckner) » (voir la liste des auteurs) et en anglais « Symphony No. 0 (Bruckner) » (voir la liste des auteurs).
Voir aussiBibliographie
Liens externes
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