En 1756, après plusieurs années de sécheresse, le gouvernement Ottoman, pour parer aux pénuries alimentaires de Constantinople, avait fixé le niveau du tribut en approvisionnements à fournir par les principautés roumaines à un niveau jamais atteint soit, pour la Valachie de 300 000 « boisseaux d’Ibrahil » de blé et de 200 000 boisseaux d’orge, et pour la Moldavie de 200 000 boisseaux de Blé et de 100 000 boisseaux d’Orge. La collecte de ces vivres était effectuée par des marchands, sujets ottomans souvent grecs, arméniens, avdétis, romaniotes ou sépharades, ayant remporté des appels d'offres pour cette charge et gardés par des seimens (arquebusiersalbanais). Ces marchands pressuraient les populations roumaines en prétextant la mauvaise qualité des grains et de produits, ce qui suscitait de la xénophobie dans la paysannerie et aussi, ponctuellement, des violences, certains villageois étant massacrés par les seimens. En outre, les prélèvements n'étaient pas équitables, car marchands et seimens évitaient les zones montagneuses et boisées (Carpates, Codru), propices aux embuscades, et s'en prenaient surtout aux villages de plaine, notamment aux environs des villes où ils pouvaient se réfugier. Dans ce contexte, Scarlat Ghica réussit en 1759 à obtenir de l’administration du sultanMustafa III un Firman réglementant l’exercice de ce commerce ottoman et le réservant à des négociants munis d’une attestation de bonne conduite présentée au prince régnant[2]
Détrôné le , il est de nouveau remis en place après la destitution de son ancien beau-frère Ștefan Racoviță le , qui marque l’exclusion définitive du pouvoir de la famille Racoviță.
Scarlat Ghica meurt en exercice à Bucarest le et il est inhumé dans le monastère de Saint Spiridon dans cette ville.
Unions et postérité
Le prince Scarlat Ghica contracta trois unions :
1) Anastasia Racoviță (1713- morte avant 1758), fille du prince Mihai Racoviță dont il eut :
Alexandru Dimitrie XenopolHistoire des Roumains de la Dacie trajane : Depuis les origines jusqu'à l'union des principautés. E Leroux Paris (1896).
Alexandre A.C. Sturdza L'Europe Orientale et le rôle historique des Maurocordato (1660-1830) Librairie Plon Paris (1913).
Nicolas IorgaHistoire des Roumains et de la romanité orientale. (1920)
(ro) Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, Istoria Românilor Volume III (depuis 1606), Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucureşti, 1977.
Mihail Dimitri Sturdza, Dictionnaire historique et généalogique des grandes familles de Grèce, d'Albanie et de Constantinople, M.-D. Sturdza, Paris, chez l'auteur, 1983 (ASINB0000EA1ET).
Jean-Michel Cantacuzène, Mille ans dans les Balkans, Éditions Christian, Paris, 1992. (ISBN2-86496-054-0)
Gilles Veinstein, Les Ottomans et la mort (1996) (ISBN9004105050).
Joëlle Dalegre Grecs et Ottomans 1453-1923. De la chute de Constantinople à la fin de l’Empire Ottoman, L’Harmattan Paris (2002) (ISBN2747521621).
Jean Nouzille La Moldavie, Histoire tragique d'une région européenne, Ed. Bieler (2004), (ISBN2-9520012-1-9).
Traian Sandu, Histoire de la Roumanie, Perrin (2008).
Notes et références
↑Le candidat au trône devait ensuite "amortir ses investissements" par sa part sur les taxes et impôts, verser en outre le tribut aux Ottomans, payer ses mercenaires et s'enrichir néanmoins. Pour cela, un règne d'un semestre au moins était nécessaire, mais la "concurrence" était rude, certains princes ne parvenaient pas à se maintenir assez longtemps sur le trône, et devaient ré-essayer. Cela explique le "jeu des chaises musicales" sur les trônes, la brièveté de beaucoup de règnes, les règnes interrompus et repris, et parfois les règnes à plusieurs (co-princes). Quant au gouvernement, il était assuré par les ministres et par le Sfat domnesc (conseil des boyards). Concernant le tribut aux Turcs, la vassalité des principautés roumaines envers l'Empire ottoman ne signifie pas, comme le montrent par erreur beaucoup de cartes historiques, qu'elles soient devenues des provinces turques et des pays musulmans. Seuls quelques petits territoires moldaves et valaques sont devenus ottomans : en 1422 la Dobrogée au sud des bouches du Danube, en 1484 la Bessarabie alors dénommée Boudjak, au nord des bouches du Danube (ce nom ne désignait alors que les rives du Danube et de la mer Noire), en 1538 les rayas de Brăila alors dénommée Ibrahil et de Tighina alors dénommée Bender, et en 1713 la raya de Hotin. Le reste des principautés de Valachie et Moldavie (y compris la Moldavie entre Dniestr et Prut qui sera appelée Bessarabie en 1812, lors de l'annexion russe) ont conservé leurs propres lois, leur religion orthodoxe, leurs boyards, princes, ministres, armées et autonomie politique (au point de se dresser plus d'une fois contre le Sultan ottoman). Les erreurs cartographiques et historiques sont dues à l'ignorance ou à des simplifications réductrices. Voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei : L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987.
↑Alexandrescu - Dersca Bulgaru L’approvisionnement d’Istanbul par les principautés roumaines au XVIIIe siècle, commerce ou réquisitions ? Revue du monde musulman et de la Méditerranée, 1992 Volume 66 p. 75