Radu IX Mihnea occupe quatre fois le trône de Valachie et deux fois celui de Moldavie. Il se comporte en vassal fiable de la « Sublime Porte » qui retrouve avec lui « en douceur » sa suprématie dans les deux principautés, perdue à l'époque de Michel le Brave:
Pendant ce dernier règne en 1621 après la Bataille de Hotin alors qu'il est allié de l'armée turque, il participe aux négociations de paix entre les Ottomans et les Polonais destinées à fixer les frontières entre les deux États, et par son action il s'attire les faveurs des deux camps.
Radu Mihnea sera également élu au trône de Moldavie de juillet 1616 à février 1619 et du à sa mort. Au début de ce dernier règne, les Turcs acceptent qu'il soit remplacé en Valachie par son jeune fils Alexandre Coconou ("le petit Monsieur") ce qui lui permet de se considérer dans ses actes comme « Prince de Valachie et Moldavie ». Néanmoins, durant cette période, l'élection du prince par le Conseil des boyards (Sfatul domnesc) compte de moins en moins face à l'agrément du candidat par le Sultan ottoman et son entourage, de sorte que les trônes des principautés roumaines se jouent de moins en moins à Bucarest et à Jassy, et de plus en plus à Constantinople.
Rendu impotent par la goutte, Radu Mihnea meurt le et est inhumé dans le Monastère de Radu Vodă à Bucarest qui avait été fondé par son grand-père Alexandru II Mircea et qu'il avait contribué à restaurer. On y voit encore sa pierre tombale portant les armes des deux principautés.
Postérité
Radu Mihnea avait épousé une Grecque, Argyra, veuve de Bartolo Meo Minetti, avec laquelle il a eu quatre enfants survivants[2]:
↑Le candidat au trône devait ensuite "amortir" ses "investissements" par sa part sur les taxes et impôts, verser en outre le tribut aux Ottomans, et s'enrichir néanmoins. Pour cela, un règne d'au moins un an était nécessaire, mais la "concurrence" était rude, certains souverains ne parvenaient pas à se maintenir assez longtemps sur le trône, et devaient ré-essayer. Cela explique la brièveté de beaucoup de règnes, les règnes interrompus et repris, et parfois les règnes à plusieurs (co-princes). En fait, le gouvernement était assuré par le Mare Vornic (premier ministre), ses ministres (spatar-armée, vistiernic-finances, paharnic-économie, logofat-intérieur... approximativement) et par le Sfat domnesc (conseil des boyards). Concernant le tribut aux Turcs, la vassalité des principautés roumaines envers l'Empire ottoman ne signifie pas, comme le montrent par erreur beaucoup de cartes historiques, qu'elles soient devenues des provinces turques et des pays musulmans. Seuls certains territoires moldaves et valaques sont devenus ottomans : en 1422 la Dobrogée au sud des bouches du Danube, en 1484 la Bessarabie alors dénommée Boudjak, au nord des bouches du Danube (ce nom ne désignait alors que les rives du Danube et de la mer Noire), en 1538 les rayas de Brăila alors dénommée Ibrahil et de Tighina alors dénommée Bender, et en 1713 la raya de Hotin. Le reste des principautés de Valachie et Moldavie (y compris la Moldavie entre Dniestr et Prut qui sera appelée Bessarabie en 1812, lors de l'annexion russe) ont conservé leurs propres lois, leur religion orthodoxe, leurs boyards, princes, ministres, armées et autonomie politique (au point de se dresser plus d'une fois contre le Sultan ottoman). Les erreurs cartographiques et historiques sont dues à l'ignorance ou à des simplifications réductrices. Voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei : L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987.
↑(de) Europäische Stammtafeln Vittorio Klostermann, Gmbh, Francfort-sur-le-Main, 2004 (ISBN3465032926), Basarab, Voievoden der Valachie Volume III, Tafel 194.