La rue devrait son nom à une auberge, À la Nuée-Bleue, qui se trouvait en 1690 à l'emplacement de l'actuel no 29, mais d'autres explications ont été avancées.
Historique
Au fil des siècles, sa dénomination change à plusieurs reprises, notamment à l'occasion des deux guerres mondiales[1] :
1400 : Am Rossenmerket (au Marché-aux-chevaux)
1700 : Gulden-Gasse (rue du Gulden ou Florin)
1700 : Weinsticher-Gasse (rue des Taste-vin)
1735 : Weinsticherstubgasse (rue du Poêle des Gourmets)
1765 : rue de la Tribu des Gourmets
1738 : rue de la Nuée Bleue
1793 : rue d'Yverneau
1817 : rue de la Nuée Bleue, Blauwolken-Gasse
1872 : Blauwolkengasse
1918 : rue de la Nuée Bleue
1940 : Blauwolkengasse
1945 : rue de la Nuée-Bleue
Bâtiments remarquables et lieux de mémoire
no 2 : Proche d'un bras de l'Ill, face au pont du Faubourg-de-Pierre, cet immeuble fait l'angle avec le no 9 du quai Kellermann. Il abrite un magasin de mobilier contemporain.
no 3 : Cette maison de fond de cour, datée de 1295 par dendrochronologie, a été remaniée au XVIe siècle pour devenir un presbytère protestant[2], qui abrite toujours au XXIe siècle l'administration de la paroisse de l'église Saint-Pierre-le-Jeune[3]. L'édifice a fait l'objet d'une restauration en 2003[1]. L'église elle-même se trouve à proximité immédiate de la rue, mais domiciliée sur la place Saint-Pierre-le-Jeune.
no 5 et 7 : Situées aux angles de l'impasse de la Corneille, les deux maisons datent du XVIIIe siècle[1]. Gustave Doré est déclaré né le au no 5[4], et Jean-François Barbier décédé au no 5 également[5], mais la numérotation ayant changé dans l'intervalle, il pourrait s'agir de l'emplacement de l'actuel no 16.
no 6 : En 1898, l'immeuble abritait les bureaux de la société A. & E. Kuhff & Co, marchands de vins en gros[6], ainsi qu'un magasin d'articles techniques.
no 11 : Ancien commissariat central de Strasbourg, l'édifice fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis 1937, remplacé par une inscription plus globale en 2013[8]. Un chantier de transformation de l'ancien hôtel de police en un hôtel de luxe a été lancé en 2018[9].
no 13 : À l'angle du no 1 de la rue du Tribunal, cet immeuble, détruit lors des bombardements de 1870, a été reconstruit dans un style éclectique, avec, notamment, une tour d'inspiration Renaissance[10].
no 14 : Les sept travées de cette façade néoclassique sont animées par un oriel situé au dessus de l'entrée. La porte et les fenêtres du rez-de-chaussée sont surmontés de cartouches figurant des têtes de lion[11]. Ancien siège du Crédit industriel d'Alsace et de Lorraine (CIAL) transféré au Wacken, l'immeuble abrite une agence du CIC.
no 16 : Due à Armand Richshoffer (1859-1937[13]), cette maison éclectique date de 1906[1].
no 17 et 19 : C'est là que se trouve le siège des Dernières Nouvelles d'Alsace (fondées en 1877 sous le nom de Neueste Nachrichten). Le , Heinrich Ludwig Kayser y a transféré son imprimerie depuis le Finkwiller. Auparavant, en 1855, le no 17[14] avait été entièrement reconstruit par le docteur Mathieu Hirtz, qui fonda la maison de santé de la Toussaint. Au no 19 résida pendant quelque temps une branche de la famille Zorn, dite « de Plobsheim », puis des barons d'Oberkirch y vécurent au XVIIIe siècle[15]. En 1906, les architectes Heinrich Backes[16] et Otto Zacher remanient l'ensemble[1]. En 1920, le journal fonde les éditions La Nuée Bleue, qui adoptent le nom emblématique de la rue. Dans la cour d'honneur se trouve depuis 1932 une fontaine sculptée par René Hetzel, portant l'inscription « Une première lecture ». En 1904, Ettore Bugatti s'est installé dans une chambre au dernier étage du no 19, alors Hôtel de Paris, appartenant au père de son associé, Émile Mathis, où il dessine les plans de la future Hermès[17].
no 23 : L'édifice, qui était le siège de la corporation des vignerons, est doté d'une façade du XVIIIe siècle, avec des pignons crénelés chaperonnés médiévaux[2]. Il a abrité plusieurs galeries d'art, Bader-Nottin, qui y ouvre vers 1899 un salon d'art patronné par la Revue alsacienne illustrée[18] ; puis Aktuaryus (1920-2006[19]).
no 27 : Il s'agit d'un immeuble du XVIIIe siècle[1].
no 29 : Une Vierge dans une niche orne ce bâtiment du XVIIIe – XIXe siècle[1].
no 31 : L'immeuble, réalisé par Berninger et Krafft en 1900, fait l'angle avec le no 1 de la place Broglie. Doté d'un oriel qui s'approprie les formes végétales de l'Art nouveau[21], il a fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques en 1975[22].
Références
↑ abcdefgh et iMaurice Moszberger (dir.), « Rue de la Nuée Bleue », in Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 101 (ISBN9782845741393)
↑Henri Leblanc, Catalogue de l'œuvre complet de Gustave Doré : illustrations, peintures, dessins, sculptures, eaux-fortes, lithographies, Paris, 1931, p. 5 [lire en ligne]
Élisabeth Loeb-Darcagne, Sept siècles de façades à Strasbourg, I.D. L'Édition, Bernardswiller, 2012, 176 p. (ISBN9782915626940)
Maurice Moszberger (dir.), « Rue de la Nuée Bleue », in Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 101 (ISBN9782845741393)
Roland Recht, Jean-Pierre Klein et Georges Foessel (dir.), « Rue de la Nuée-Bleue », in Connaître Strasbourg : cathédrales, musées, églises, monuments, palais et maisons, places et rues, Alsatia, 1998 (nouvelle édition remaniée), p. 218-2243 (ISBN2-7032-0207-5)