La station Broglie est desservie par les lignes B, C et F du tramway de Strasbourg. La prononciation strasbourgeoise du nom de cette station est « brou-gli » ou « bro-gli », comme on peut l'entendre dans le tram lorsque celui-ci, dans un sens ou dans l'autre, s'en approche.
Origine du nom
Elle a été nommée en l'honneur du maréchal François-Marie de Broglie.
Le nom « Broglie » se prononce ordinairement [bʁœj] « breuil », selon le prononcé français traditionnel de cette appellation patronymique d'origine italienne[2]. Toutefois, à Strasbourg, le nom de la place est généralement prononcé « broglie » par ses habitants.
Historique
Ancienne place du Marché-aux-Chevaux, appelée « Roosmarkt »[3] de Ross, le cheval en allemand.
La place prend sa forme actuelle avec la construction du théâtre municipal, entre 1804 et 1821, et le comblement du fossé des Tanneurs en 1832[4].
Elle est bordée de beaux hôtels particuliers du XVIIIe siècle et flanquée de trois rangées de platanes, deux jets d'eau se trouvent devant l'hôtel de ville. Durant la période de Noël, c'est sur cette place que se tient le Christkindelsmärik, le principal marché de Noël strasbourgeois.
L'hymne national français, la Marseillaise, a retenti pour la première fois en avril 1792 sur cette place.
En effet, la Marseillaise écrite par Rouget de Lisle à Strasbourg dans la nuit du 25 au à la suite de la déclaration de guerre à l'empereur d'Autriche fut présentée le lendemain au maire de Strasbourg, le baron Philippe-Frédéric de Dietrich (qui avait demandé à Rouget de Lisle en garnison à Strasbourg d'écrire un chant de guerre), à son domicile situé place Broglie. Cette scène a été immortalisée. On trouve le tableau au musée des Beaux-Arts de Strasbourg. Elle y retentit pour la première fois et retentit publiquement pour la première fois par la suite sur la place Broglie, devant l'hôtel de ville de Strasbourg.
En 1793, la place est renommée « Place de l’Égalité » par les autorités révolutionnaires, dénomination qui restera d'usage jusqu'en 1810[5].
Entre 1940 et 1945, lors de la seconde annexion allemande, les autorités nationales-socialistes la renomment « Adolf-Hitler Platz » (place Adolf Hitler). La statue de La Marseillaise d'Alfred Marzolff est détruite par les nazis.
C'est également depuis l'hôtel de ville situé place Broglie que, le , le général de Gaulle a prononcé devant environ cinquante mille personnes le discours de Strasbourg, un des discours fondateurs de la République, lequel marque également la création du Rassemblement du peuple français (RPF).
L'hôtel de Hanau - hôtel de ville de Strasbourg : édifié en 1730 pour le dernier membre de Hanau-Lichtenberg, dans le style Régence, à la française. En 1728, René III de Hanau-Lichtenberg chargea Joseph Massol, architecte de l'archevêché, de construire, à l'emplacement de l'hôtel qui appartenait à sa famille depuis le XVIe siècle, un hôtel entre cour et promenade. Le plan de l'édifice est en fer à cheval, avec une entrée monumentale du côté de la rue Brûlée. La façade du logis principal est, comme le portail, ornée de trophées et de mascarons. La façade arrière s'ouvre du côté de la place Broglie par une alternance de baies cintrées, en arc segmentaire et rectangulaires. Le décor intérieur, partiellement conservé, est rehaussé de pièces de mobilier contemporaines de l'hôtel.
L'opéra de Strasbourg ou théâtre municipal : construit en 1820, dans un style néo-classique avec une façade ornée d'un péristyle colossal à colonnes ioniques et surmonté de six muses (et non neuf comme le veut la tradition). Il est appelé Opéra du Rhin (et depuis 1997 Opéra national).
L'hôtel de Klinglin - hôtel du Préfet : situé place du Petit-Broglie (au nord de la place Broglie). Le prêteur royal François-Joseph de Klinglin s'appropria un terrain municipal pour y faire construire entre 1731 et 1736 un hôtel fastueux, en grès rose, dont la façade principale donne sur le fossé du Faux Rempart. Après son incendie pendant la guerre de 1870, l'hôtel fut reconstruit sensiblement à l'identique. Attribué à l'architecte de la ville Jean-Pierre Pflug, d'origine et de formation franconiennes, son plan entre cour et jardin et ses élévations traduisent un mélange de conceptions françaises et traditions locales et germaniques. Au rez-de-chaussée, visite du bureau du préfet et des salons (salles Louise-Weiss et Gustave-Doré) et au premier étage, des salles à manger, du salon central, de la chambre de l'empereur avec ses dépendances.
Le grenier d'abondance (Kornspeicher) : entre l'Opéra et l'Hôtel du Préfet s'élève une curieuse façade de briques roses, haute de cinq étages, rythmée de contreforts et percée de multiples petites baies ogivales. C'est le reste du grenier d'abondance, ou Kornspeicher, construit en 1441. Au rez-de-chaussée fonctionnait 48 moulins à bras, tandis que l'on stockait dans les étages quelque 4000 rézeaux de blé. Aujourd'hui le bâtiment sert de magasin pour les décors et les costumes de l'Opéra, et abrite des salles de répétitions pour les chœurs et les musiciens.
La fontaine de Janus : située à l'extrémité nord-est de la place Broglie, sur la gauche de l'opéra, la fontaine de Janus a été réalisée par le dessinateur et illustrateur Tomi Ungerer à l'occasion de la célébration des 2000 ans de la ville en 1988.
Chaque année, lors des fêtes de Noël (de fin-novembre à fin décembre), on retrouve place Broglie le célèbre marché de Noël de Strasbourg, appelé Christkindelsmärik ou « marché de l'Enfant-Jésus », qu'organise la ville depuis 1570. Pendant très longtemps, le Christkindelsmärik s'est tenu au pied de la cathédrale, sur le parvis et sur la place du Château. Puis, au XIXe siècle, prenant une importance de plus en plus difficile à contrôler, il a été transféré d'abord sur la place Kléber, épicentre de la vie sociale et économique strasbourgeoise, et dès 1870 place Broglie.
Aujourd'hui plusieurs marchés de Noël, souvent thématiques, sont organisés dans tout le centre-ville mais le Christkindelsmärik de la place Broglie est le plus important et le plus emblématique. Il regroupe des centaines d’artisans, lesquels proposent entre autres des spécialités culinaires locales, telles les Bredle ou Bredela, délicieux petits gâteaux que l’on prépare traditionnellement pendant la période de l’Avent.
↑À la découverte des quartiers de Strasbourg : Promenades et jardins entre place Broglie et Wacken, ville de Strasbourg, mai 2013
↑Marie-Noèl Hatt-Diener, Strasbourg et strasbourgeois à la croisée des chemins: Mobilités urbaines, 1810-1840, Presses universitaires de Strasbourg, (ISBN979-10-344-0435-3, lire en ligne)
« Chronique des fouilles médiévales en France en 1999 : Strasbourg (Bas-Rhin). Ligne B du tramway : la nécropole du haut Moyen Âge de la Place Broglie », dans Archéologie médiévale, 2000-2001 nos 30-31, p. 331
Jean Daltroff, « D'une synagogue à l'autre à Strasbourg (1945-1958) : de la synagogue provisoire Place Broglie à la synagogue de la Paix », dans Colloque de la Société d'histoire des Israélites d'Alsace et de Lorraine, 1998, p. 143-154
Georges Foessel, Strasbourg : panorama monumental et architectural des origines à 1914, Contades, Strasbourg, 1984, p. 102-112
Jean-Jacques Hatt, « Place Broglie », in Argentorate, Strasbourg, Presses universitaires de Lyon, Lyon, 1993, p. 54-55 (ISBN2-7297-0471-X)
Maurice Moszberger (dir.), Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 90-92 (ISBN9782845741393)
Roland Recht, Jean-Pierre Klein et Georges Foessel (dir.), Connaître Strasbourg : cathédrales, musées, églises, monuments, palais et maisons, places et rues, Alsatia, Colmar ?, 1998 (nouvelle édition remaniée), p. 224-228 (ISBN2-7032-0207-5)