Maria Caterina Rosalbina Carradori-Allan (née de Munck en à Milan, décédée le à Surbiton) est une soprano française qui s'est produite au XIXe siècle.
Biographie
Née dans la maison palatine[1] d'un père français, le baron de Munck, colonel alsacien dans l'armée française, et d'une mère de nom Caradori[2], qui était originaire de Saint-Pétersbourg[3]. La mort de son père laisse la famille sans le sou[4], mais comme Maria-Caterina de Munck avait été formée au chant par sa mère, elle peut se produire dans des concerts et des opéras dès ses 20 ans[3].
Après une tournée en France et en Allemagne sous le nom de Mlle de Munck, elle obtient du comte St. Antonio un engagement au King's Theatre de Londres, où elle fait ses premières apparitions, sous le nom de Mme Carradori, comme Cherubino dans Le nozze di Figaro le , ce qui a des échos jusqu'en France[5]. En , elle est engagée de nouveau et chante le rôle de Vitellia dans La clemenza di Tito de Mozart et en Carlotta dans Elisa e Claudio(it) de Saverio Mercadante[3], et ses interprétations font parler d'elle jusqu'en France[6].
Elle chante à Venise en 1829-1830[8],[9], où elle crée le rôle de Giulietta dans I Capuleti e i Montecchi de Bellini[3],[10]. Elle fait un séjour attendu à Paris en 1831[11],[12], où elle apparaît d'abord dans le rôle de Rosine, et la critique la décrit comme : « une jeune dame blonde, jolie et gracieuse », « habituée à la scène »[13]. Elle retourne en Italie pour des apparitions à Gênes[14], à Venise[15], à Senigallia[16] et à Florence (1832)[17]. Après une saison à Paris où elle se fait apprécier en Cenerentola, elle passe de nouveau à Florence[18] et à Saint-Pétersbourg en 1833 pour des concerts, ainsi qu'à la cour de Russie[19].
En 1834 elle revient à l'opéra italien de Londres, participe au festival Haendel de Westminster Abbey. Après 1835 elle demeure en Angleterre jusqu'à sa mort. À la fin de sa carrière, elle abandonne la scène pour chanter des oratorios ou dans des concerts, ce qui lui réussit bien. En 1836 elle est au festival de Winchester avec Maria Malibran, qui s'écroule dans ses bras au terme d'un bis pour mourir peu après. En 1838[20] et 1840, elle fait une tournée aux États-Unis. En 1846, elle participe à l'exécution de l'oratorio Elias de Mendelssohn au festival de Birmingham[3]. Elle contribue régulièrement aux Concerts of Antient Music(en), et enseigne le chant, voire compose quelques duettos pour voix féminines (Le Due Rose, Il Canto del Trovadore,et Il sospiro)[3] ou quelques romances (La plus jolie, Le sourire ou La fileuse)[21],[1].
Elle prend sa retraite en , après le Concert of Ancient Music du . Elle accepte de faire une dernière intervention le au concert du Crystal Palace pour le début de l'Exposition universelle de 1851. Elle meurt à Elm Lodge, Surbiton, le [3].
Caractéristiques de ses interprétations
En 1831, la critique française la décrit ainsi : « sa voix est un peu faible et pleine de charme ; la méthode de Mme Carridori est pure et facile ; ses fioraetti sont faits avec goût, elle aborde avec assurance les passages difficiles et les reproduit nettement. »[13]. En 1832, le Mercure de France est moins enthousiaste : « talens de second ordre », « l'uniformité de son chant et la froide correction de sa méthode »[22].
Tout au long de sa vie, elle fut assez populaire, par son naturel aimable. Elle était très accomplie en musique, lisant les partitions sans difficulté et composant elle-même des airs pour solo ou pour ensemble vocal. Sa façon de chanter était plus du côté de la perfection que de la force ; sa voix était pure, douce, claire, argentine et flexible. Cependant, elle a plus charmé que surpris son public[3],[21].
↑ a et bFrançois-Joseph Fétis, « Caradori-Allan (Madame) », dans Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique, t. 2, 2, (lire en ligne), p. 181-182
↑Il semble que Maria Caterina, tout en prenant le nom de sa mère en guise de nom de scène, ait préféré la graphie avec deux r.
↑Pierre Larousse, « Caradori, Rosalbina de Munck, dame Allan- », dans Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, t. 3, (lire en ligne), p. 359
↑Le critique français rend compte de la prestation de Mme de Munck, qui se fait appeler Rosaldina Caradori, en Cherubino : « Elle réunit à une taille avantageuse, quoi qu'un peu trop élevée pour le rôle de page, une figure agréable, une physionomie très-expressive, et un air modeste et même timide. Sa voix n'a ni la force, ni l'étendue que l'immensité de la salle exige ; mais elle est douce, mélodieuse et d'une justesse parfaite; l'excellente méthode avec laquelle Mme Caradori a chanté les deux airs Non sopiu cosa et Voi che sapete, lui ont mérité de vifs applaudissements ; ces deux airs ont été redemandés. Tout annonce que cette jeune personne, lorsqu'elle aura acquis l'aisance que donne l'habitude de la scène, occupera un rang distingué parmi les cantatrices. » (« Théâtres étrangers », Le Miroir des spectacles, des lettres, des mœurs et des arts, , p. 3 (lire en ligne))
↑Pour son rôle dans Il Barone di Dolsheim de Giovanni Pacini, au théâtre de Covent Garden, le , « Nouvelles étrangères », L'Album : journal des arts, des modes et des théâtres, , p. 158-159 (lire en ligne)
↑« Bulletin historique, littéraire et scientifique », dans Société des bonnes-lettres (France), Annales de la littérature et des arts, (lire en ligne), p. 123-124
↑« Nouvelles diverses », Gazette des théâtres : journal des comédiens, , p. 7 (lire en ligne)
↑« Chronique théâtrale », Le Figaro, no 219, , p. 3 (lire en ligne)
↑ a et b(en) John Weeks Moore, « Caradori, Allan, Madame », dans Complete encyclopaedia of music : elementary, technical, historical, biographical, vocal, and instrumental, Boston, Oliver Ditson, (lire en ligne), p. 175-176
↑« Opéra italien », dans Le Mercure de France au dix-neuvième siècle, (lire en ligne), p. 357
↑La critique est peu favorable à cet opéra (« une musique longue et ennuyeuse »), dont n'émergent que les airs chantés par « MmesGrisi et Caradori Allan », ou par « Pelligrini et Bonfigli », cf. « Nouvelles étrangères. Venise », Revue musicale, , p. 594 (lire en ligne)
François-Joseph Fétis, « Caradori-Allan (Madame) », dans Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique, t. 2, 2, (lire en ligne), p. 181-182
Pierre Larousse, « Caradori, Rosalbina de Munck, dame Allan- », dans Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, t. 3, (lire en ligne), p. 359