Roger SchallRoger Schall
Roger Schall, né à Nancy le et mort à Paris le est un photographe français ayant exercé de la fin des années 1920 jusqu'aux années 1970. Représentant de la Nouvelle Vision et précurseur de la photographie humaniste, Roger Schall fait partie des photographes des années 1930-40 avec ses photographies de mode, ses portraits et ses reportages en France et à l’étranger. Le studio qu’il ouvre à Montmartre avec son frère en 1931 opère comme une agence, diffusant des images dans de nombreux magazines : Vu, Vogue Paris, L'Illustration, Life, Paris Match… 150 couvertures et 10 000 photos publiées. Roger Schall a laissé de nombreuses photographies de mode et des célébrités de son époque. Il est connu également pour ses photographies de Paris sous l'Occupation, dont il fut l’un des rares photographes à témoigner. BiographieNé à Nancy le , Roger Schall et sa famille arrivent à Paris en 1911. Son père Émile exerce le métier de photographe dans les lycées et écoles. Durant la guerre, la famille s’installe aux Sables-d’Olonne. En 1924, Roger Schall effectue son service militaire à Strasbourg. Il est détaché au sein de la section photographique au Liban au printemps 1925. À la fin de son service, il reprend le travail auprès de son père, tout en suivant des cours du soir pour perfectionner ses connaissances en dessin et peinture[1]. En 1929, Roger Schall consacre toutes ses économies à l’acquisition d’un appareil Leica, apparu cette même année. C’est muni de cet appareil et d’un Rolleiflex acheté au début des années 1930 que Roger Schall parcourt la capitale à la recherche de scènes pittoresques[1]. En 1931, Roger Schall ouvre avec son frère Raymond un atelier à Montmartre qui deviendra le studio Schall frères puis Schall Presse[2]. Roger Schall illustre des articles, notamment quelques numéros spéciaux pour l’Art vivant. Lucien Vogel, à la tête de Vu lui commande des reportages. Comme nombre des photographes de son époque, Roger Schall opère principalement sur commande et réserve sa production à des publications[3]. Il réalise à cette époque une série de nus en studio qui paraissent dans la revue Paris Magazine. En 1934, Michel de Brunhoff alors directeur de Vogue l’introduit au milieu de la mode. Son reportage sur le jubilé du roi George VI à Londres cette même année est publié dans l’édition anglaise de Vogue. Après avoir réalisé un reportage sur la construction du paquebot Normandie[4], Lucien Vogel lui confie pour Vu le reportage du voyage inaugural Le Havre-New York en . Roger Schall est le photographe exclusif pour la Compagnie Transatlantique, partageant sa cabine avec Blaise Cendrars. Il profite de son séjour aux Etats Unis pour faire un reportage sur New York. Pour Vu, il part ensuite à Berlin couvrir la préparation des Jeux Olympiques de 1936. Il travaille sur place avec Ullstein, les revues Die Dame et Berliner Illustrierte. Roger Schall multiplie les reportages notamment sur l’Exposition Universelle qui se tient en 1937, les bals et mondanités, les courses hippiques et concours d’élégance automobiles. Pour le premier numéro de Match, Roger Schall se rend au Maroc avec Colette pour un reportage sur le mariage des fils du Pacha El Glaoui. Il livre également des images sur les casbahs de Marrakech et sur la légion étrangère. À l’automne, son reportage sur le congrès de Nuremberg fait l’objet d’un numéro spécial de Match. En 1939, Life lui commande un reportage sur la Suisse et l’organisation militaire. La défense passive, la ligne Maginot et la drôle de guerre. Toujours pour Life, Roger Schall part à Berlin pour un reportage sur la vie d’une famille nationale-socialiste. Mobilisé en 1940, Roger Schall est affecté sur un train sanitaire à Verdun, où il effectue des missions photo-cinéma. Démobilisé après la défaite de la France, il rentre à Paris, sous l’Occupation. À Paris, la Propagandastaffel contrôle l’ensemble des publications. En 1942, Roger Schall reçoit des autorités une carte l’autorisant à exercer son activité de photographe. Il continue de travailler pour Marie Claire et se rend en 1943 auprès de ses clients couturiers pour la présentation des collections à Lyon. Il part ensuite en Corse pour compléter la deuxième édition de Reflets de France, recueil de plus de 300 photographies, édité par son frère Raymond et publié une première fois en 1942. Plusieurs autres éditions verront le jour : en 1943 avec une préface de Henry de Montherlant, puis en 1950 aux éditions Gründ. En 1944, première parution de l’ouvrage À Paris sous la botte des nazis, témoignage en images des quatre années d’Occupation. Cet ouvrage, préfacé par le Général de Gaulle, est édité par Raymond Schall avec des photographies de Roger Schall, Robert Doisneau, Roger Parry, Jean Séeberger, André Papillon, Pierre Jahan et Maurice Jarnoux, et des textes de Jean Eparvier. Après-guerre, il développe une activité publicitaire : lancement de parfums pour Guerlain, Nina Ricci, Marcel Rochas. Roger Schall réalise des photographies publicitaires pour les Cristalleries de Saint Louis et Christofle. En 1967, Roger Schall confie le studio à son fils Jean-Frédéric Schall pour se consacrer à la gestion de son importante collection de documents. Il meurt à Paris le , laissant un fonds de plus de 80 000 photographies. Analyse de l’œuvreLa diversité des styles employés par Roger Schall renvoie à deux tendances qui coexistent durant l’entre-deux-guerres : la modernité de la Nouvelle Vision incarnée par la photographie pure, la Nouvelle Objectivité et le surréalisme, et un certain retour à l’ordre avec la photographie humaniste. Un représentant de la Nouvelle Vision photographiqueDès l’acquisition de son premier appareil Leica en 1929 puis du Rolleiflex avec lequel il réalise la plupart de ses images, Roger Schall photographie son environnement de façon inédite : gros plans, basculements par la contre-composition, vue aérienne... Il accumule les objets et emploie des perspectives insolites[5]. La photographie réalisteRoger Schall valorise la qualité formelle et technique, dans une approche rigoureuse du métier de photographe. Son oeuvre adopte un équilibre classique et un goût de la composition. En passant d'un genre à l'autre, Roger Schall a constitué une oeuvre personnelle, mêlant reportage sur le vif et sens de la poésie. Vision oscillant entre réalisme et idéal, le regard de Roger Schall est sincère et direct, fidèle à un style « fait de sobriété et empreint de bonnes manières[6] ». Le nu réaliste de Roger SchallRoger Schall aborde les thèmes au gré des opportunités et « la découverte d’un beau modèle l’oriente (…) vers l’étude du nu[7] ». Ce beau modèle découvert en 1932, c’est Assia, qui deviendra la muse de nombreux photographes de la Nouvelle Vision, dont Dora Maar et Emmanuel Sougez, mais aussi de peintres et de sculpteurs. Les photographies d’Assia par Roger Schall paraissent en septembre 1933 dans Paris Magazine puis sont régulièrement publiées dans des revues, magazines et recueils de photographie. Le portraitL’œuvre de Roger Schall se caractérise par un nombre important de portraits, qu'il ne réalise que très rarement en studio, privilégiant les portraits pris sur le vif ou bien le portrait traditionnel où le modèle pose dans son environnement quotidien. Portrait mondain, anonyme ou d'artiste, la figure humaine est au centre de ses préoccupations. La mode : image de l’instantanéLa photographie de mode en extérieur existait bien avant les débuts de Schall pour Vogue Paris en 1934, s’organisant autour de quelques grands thèmes : les transports, la ville, la vie au grand air. L'apport de Roger Schall en ce domaine tient à la vitalité et au naturel qui se dégagent de ses images. Son esthétique est celle de l’instantané : elle le demeurera tout au long de sa carrière de photographe de mode de 1932 à 1951. Les lumières de la nuitLa nuit a beaucoup inspiré Roger Schall, le conduisant dans les lieux éveillés de la capitale : bars, dancings, cabarets. Ses photographies de nuit adoptent des plans larges, les rues et les monuments se découpent dans une organisation graphique interrompue par les halos des réverbères. Roger Schall voyage à Londres et à New York. Il en rapporte des clichés qui mêlent fascination de la modernité architecturale et recherche du pittoresque. Le jour comme la nuit, ses photographies de la ville offrent un riche éventail des possibilités graphiques et poétiques. De la Nouvelle Vision à la Photographie HumanistePhotographe de l’événement, Roger Schall ne cède pas au sensationnalisme et il s’efforce à l'inverse de montrer des images non événementielles. Certains de ses reportages font réfléchir : Ligne Maginot, Front populaire, congrès de Nuremberg, reportage sur les ouvrières ou l'industrie : les images de Schall publiées dans Vu, Match et les revues étrangères racontent la guerre qui s'annonce. Dans les publications de l'entre-deux-guerres, une place croissante est accordée aux reportages mondains. Artistes et intellectuels sont immortalisés lors de galas ou dîners mais aussi chez eux, en vacances, entre amis. Schall photographie les célébrités partout : Kees van Dongen à la plage, Maurice Chevalier et Lucienne Boyer en vacances, Jean Cocteau sur le tournage des Parents terribles. En inscrivant ces événements mondains, l’œuvre de Roger Schall dessine le portrait d’une époque. La photographie comme témoignage : Paris sous l'OccupationParis, occupée par les nazis à partir de juin 1940, est soumise aux privations, aux rationnements. Roger Schall photographie les rues de Paris, il se concentre sur le peuple qui tente de survivre. Ses images seront conservées jusqu’à la Libération pour être publiées avec celles d’autres photographes (Doisneau, Jahan, Jarnoux, Papillon, Parry, Séeberger) dans un ouvrage de Jean Eparvier, A Paris sous la botte des nazis, paru aux éditions Raymond Schall. Photographe du réel et de la poésieRoger Schall est un photographe de la réalité tourné vers l'Homme. Sur le mode de travail du photojournalisme, Roger Schall observe les gens dans leur quotidien, s'attachant à montrer comment ils s'inscrivent dans un lieu. La photographie humaniste qui le caractérise a pour sujet l'être humain et la trace qu'il laisse dans la nature et sur les choses. Réalisme socialParis est un réceptacle inépuisable de scènes de vie au pittoresque toujours renouvelé. Schall parcourt la capitale avec l'intention de transmettre la mémoire de tous ses aspects et traduit la poésie d’un Paris populaire pris sur le vif où l'homme est valorisé dans une vision à la fois réaliste et idéalisée. En « Balzac d’une société qui ne mérite pas sa comédie humaine »[8], Roger Schall livre à travers ses images une véritable fresque de la société de son temps. Il révèle la misère des classes populaires, découvre les curiosités de la ville dont il photographie les petits métiers. Dans les campagnes, il montre une figure paysanne sur lequel le temps n'a pas prise. Collections, expositions
Publications
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Filmographie
Liens externes
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