Robert Byrd
Robert Carlyle Byrd, né le à North Wilkesboro (Caroline du Nord) et mort le à Falls Church (Virginie)[1],[2], est un homme politique américain, membre du Parti démocrate et sénateur de Virginie-Occidentale au Congrès des États-Unis de janvier 1959 à sa mort. Il détient un double record dans l'histoire du Congrès des États-Unis : il est le congressiste ayant siégé le plus longtemps dans toute l'histoire parlementaire fédérale : élu sans interruption au Congrès de à (pendant 6 ans à la Chambre des représentants puis plus de 51 ans au Sénat), il détient aussi le record de durée (plus de 50 ans) comme sénateur. Ce record était précédemment détenu par Strom Thurmond, élu sans interruption entre novembre 1956 et janvier 2003. Avec la démission de Strom Thurmond (âgé de 100 ans lors de sa démission) le , il était devenu le doyen d'âge du Congrès, alors qu'il était âgé de 85 ans. BiographieJeunesseNé le à North Wilkesboro, en Caroline du Nord, Robert Byrd fut élevé en Virginie-Occidentale par sa tante et son oncle après la mort de sa mère, emportée par une grippe, alors qu'il n'avait qu'un an[3]. Il passe son enfance dans une situation de grande pauvreté[3]. En 1937, à l'âge de 20 ans, il se marie à Erma Ora, qui décédera en 2006 à l'âge de 88 ans, et dont il aura deux filles. Bien que bon élève, il doit renoncer au collège pour travailler et exerce divers petits métiers, de boucher à gérant de station service avant de se faire élire à la Chambre des représentants de Virginie-Occidentale en 1946. En 1950, il est élu au Sénat de l'État de Virginie-Occidentale. En 1952, Byrd est élu à la Chambre des représentants des États-Unis avec 55,6 % des voix. Il est réélu en 1954 et 1956. Il accède au Sénat des États-Unis en , après avoir battu le républicain sortant W. Chapman Revercomb (en) en (59,2 % des suffrages contre 40,8 %)[4]. Robert Byrd obtient son diplôme de droit de l'American University en 1963, près de quatre ans après son entrée au Sénat[5]. En 1965, il fait voter la création d'une bourse pour les adultes désireux de reprendre des études supérieures. Sénateur des États-UnisGrand orateur, citant Cicéron de mémoire[6], Robert Byrd détient le record de durée comme sénateur, servant sans interruption entre de 1959 à 2010. Il est en effet réélu en 1964, 1970, 1976, 1982, 1988, 1994, 2000 et 2006, avec toujours plus de 64 % des voix[4]. Après avoir été whip du groupe démocrate au Sénat de 1971 à 1977, il devient le chef des démocrates au Sénat jusqu'en 1988[5]. Positions au sénatLe nom de Byrd est accolé à de nombreuses propositions de lois progressistes en matière sociale. Le sénateur a participé activement au développement des relations, économiques et politiques, entre son pays et la Turquie[7]. Durant les années 1990, il est très critique envers l'administration de Bill Clinton et n'hésite pas en 1998 à demander le renvoi du président devant le Sénat pour entamer la procédure d’impeachment. C'est cependant sa propre motion qui mettra fin à cette même procédure. Il se montre très réticent à soutenir l'adoption de législations visant à protéger l’environnement, et vote même contre la ratification du protocole de Kyoto[8]. Opposition à George W. BushByrd connaîtra en 2002-2003 une notoriété internationale en s'opposant à la guerre en Irak de George W. Bush. Déjà opposé à la création du Homeland Security Department, le département de la Sécurité intérieure, par crainte d'une trop grande centralisation du pouvoir entre les mains de l'exécutif, il mène une opposition frontale contre le président Bush et le principe de guerre préventive. Il échoue cependant à rallier une majorité des membres de son parti derrière lui. Il mène la même opposition contre la guerre en Irak et le choix de l'unilatéralisme. Le , au premier jour de l'invasion de l'Irak, Byrd fait un discours dans le Sénat contre la guerre : « Aujourd'hui, je pleure pour mon pays. C'est avec un cœur très lourd que j'ai regardé se dérouler les événements des derniers mois. L'image de l'Amérique n'est plus celle d'un gardien de la paix, fort mais bienveillant. L'image de l'Amérique a changé. Partout dans le monde, nos amis se méfient de nous, nos paroles sont contestées, nos intentions sont mises en doute. Au lieu de raisonner avec ceux avec qui nous ne sommes pas d'accord, nous exigeons leur obéissance ou les menaçons. » [N 1] Par la suite, il dénonça inlassablement la politique internationale suivie par George W. Bush, n'hésitant pas à faire des références au procès de Nuremberg. En novembre 2006, il est réélu sénateur avec 64,4 % des voix contre 33,7 % au républicain John Raese[4]. Le , il est hospitalisé d'urgence. Maladie et décèsLa santé de Byrd déclina à partir de 2008 causant plusieurs admissions à l'hôpital. Le , lors du diner d'investiture de Barack Obama, le sénateur Byrd, se sentant mal, dut être raccompagné à son bureau. Il fut hospitalisé le en raison d'une infection mineure prolongée par une infection aux staphylocoques. Il put néanmoins quitter l'hôpital le . Le , il fut hospitalisé pour une dernière fois au Inova Fairfax Hospital, où il décéda le vers 3 heures du matin à l'âge de 92 ans. Les funérailles eurent lieu le en présence du président Barack Obama, du vice-président Joe Biden, du gouverneur de Virginie-Occidentale Joe Manchin et de l'ancien président Bill Clinton ainsi que de nombreux sénateurs et représentants. La part d'ombreDans les années 1940, Byrd était un chef local du Ku Klux Klan, opposé à toute idée d'intégration raciale au sein de l'armée. Les soupçons de racisme le suivront durant toute sa carrière politique. En 1952, il reconnaît ses errements de jeunesse mais annonce avoir quitté l'organisation et payé ses dettes à ce sujet. Il s'oppose cependant, en 1964, à la loi sur les droits civiques dans un discours de 14 heures en continu. Il s'oppose ensuite à la nomination en 1967 de Thurgood Marshall, premier Noir à être pressenti comme juge à la Cour suprême des États-Unis et prend la tête des sénateurs contre cette nomination. Il devient par la suite un ardent défenseur des droits civiques. En 1983, quand le Congrès instaure un jour férié en l'honneur de Martin Luther King, il explique avoir « l'obligation » de voter[3]. En 1991, il s'oppose de nouveau à la nomination de Clarence Thomas, le second Noir pressenti pour être juge de la plus haute instance juridique du pays, à la place de Thurgood Marshall. En 2004, il s'oppose à plusieurs nominations de Noirs, notamment celles de Janice Rogers Brown à la Cour d'appel fédérale et de Condoleezza Rice à la tête du département d'État. Plusieurs autres Démocrates se sont cependant aussi opposés à ces nominations à cause des avis conservateurs de ces derniers juges ; il n'a donc pas pu être prouvé que ce soit le racisme qui ait motivé Byrd dans ces cas. Pour se défendre de ces accusations, Byrd rappelle qu'il a approuvé dans le passé la nomination d'autres personnalités noires comme Rod Paige comme secrétaire à l'Éducation ou Colin Powell comme secrétaire d'État. En 2005, dans ses Mémoires, Robert Byrd affronte son passé de militant du KKK et s'excuse pour cette « extraordinaire idiotie » de jeunesse qui, dit-il, « n'a cessé de [le] hanter ». En 2008, Robert Byrd a donné son appui au sénateur Barack Obama plutôt qu'à Hillary Clinton[9]. Déclarations controversées
Notes et références
Notes
Références
AnnexesArticles connexesLiens externes |