La Roumanie a été le premier pays en Europe centrale et orientale à avoir des relations officielles avec la Communauté européenne. En , un accord a inclus la Roumanie dans le système généralisé de préférences de la Communauté – il s'agit d'une série d'accords visant à faciliter les échanges commerciaux avec la CEE. En 1980, la Roumanie a reconnu de facto la Communauté économique européenne par la signature d'un accord créant la Commission mixte Roumanie - CEE, tout en signant un accord sur les produits industriels.
Les relations diplomatiques entre la Roumanie et l'Union européenne commencent à partir de 1990, suivies en 1991 par un accord commercial et de coopération. Les dispositions commerciales de ce dernier sont mises en œuvre en 1993, puis la totalité de l'accord entre en vigueur en .
« Conformément à la position adoptée par le Parlement roumain, je soumets ici, au nom du gouvernement roumain, la candidature de la Roumanie à l'adhésion à l'Union européenne, conformément à l'article O du traité sur l'Union européenne. »
— Nicolae Văcăroiu, demande officielle d'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne[1]
Cette demande fait suite à la déclaration de Snagov, un document signé le par les quatorze grands partis politiques de la Roumanie, dans laquelle ils ont exprimé leur plein appui à l'intégration européenne[2].
Négociations
Négociations préliminaires
En , la Commission a publié son « avis sur la demande de la Roumanie de devenir membre de l'UE ». L'année suivante, un « Rapport d'étape sur le processus d'adhésion à l'UE de la Roumanie » a été publié. Dans le rapport suivant, publié en , la Commission a recommandé que les négociations d'adhésion avec la Roumanie commencent (sous conditions de l'amélioration de la situation des enfants placés dans les institutions et de la mise en place d'une stratégie à moyen terme de l'économie).
Après la décision du Conseil européen d'Helsinki en , les négociations d'adhésion avec la Roumanie commencèrent le .
L'objectif de la Roumanie était alors d'obtenir la pleine adhésion en 2007. Lors du sommet de Thessalonique en 2004, il a été indiqué que l'UE soutenait cet objectif.
Négociations officielles
Les négociations débutent officiellement le .
Progression constatée par le rapport de 2000
Le premier rapport final après le début des négociations officielles a été publié le [3].
Ce rapport mettait en avant :
que le processus de restructuration et de privatisation était retardé et qu'il manquait de transparence. De plus, le problème de la corruption et du marché noir devait être résolu pour la mise en place d'un bon environnement commercial[4].
en matière d'entente, la législation était largement conforme à l'acquis. Pour ce qui est des aides d’État, une nouvelle loi était entrée en vigueur en [5].
en matière de fiscalité, le rapport constatait une progression de l'alignement de la législation sur la TVA. En ce qui concerne les droits d'accise, malgré une réforme, les taux applicables à l'ensemble des produits sont inférieurs aux minima prévus par l'UE[6].
en matière de transports, où la transposition progressait mais où la mise en œuvre pouvait être longue et complexe[7].
en ce qui concerne les contrôles aux frontières et les conditions des étrangers, des dispositions devaient être adoptées pour rapprocher la législation de l'acquis[8].
Évolution constatée par le rapport de 2001
Le a été publié le second rapport final constatant l'évolution des négociations officielles[9].
Le rapport constatait peu de progrès en ce qui concerne l'UEM[10], la restructuration du secteur agricole (à l'inverse de la pêche ou une nouvelle loi sur les ressources halieutique, et l'aquaculture avait été adoptée)[11], la libre circulation (sauf le secteur douanier)[12], la TVA et la fiscalité directe[13], et le secteur énergétique pour lequel le rapport constatait des avancées irrégulières et des décisions contradictoires[14].
Inversement, la Roumanie avait fait des progrès dans la transposition de l'acquis sur les visas et les contrôles aux frontières[12], en matière d’éducation avec la transposition législative d'une directive sur l'éducation des enfants de migrants et des familles à bas revenu[15], et en matière de droit d'accise[13].
Progression des négociations constatée en 2002
Le troisième rapport final depuis le commencement des négociations officielles a été publié le [16].
Le rapport constatait les progrès en matière :
de transport, notamment en matière de transports routiers. Le pays continuait aussi à progresser dans la réorganisation de la navigation intérieure et du transport maritime.
d'énergie puisqu'elle avait progressé dans sa préparation au marché intérieur.
d'environnement, bien que les ressources administratives et financière n'aient pas été suffisamment prise en compte.
de transposition de l'acquis sur la protection des consommateurs.
de fiscalité, puisqu'en , une loi sur la TVA avait été adoptée permettant un rapprochement avec l'acquis.
Rapport de 2003 et révision constitutionnelle
Le 18 et , un référendum est organisé afin d'amender la Constitution dans le but de rendre un certain nombre de ces articles en conformité avec le processus d'adhésion à l'Union[17]. Le texte avait au préalable été adopté par la Chambre des députés et le Sénat le [17].
Parmi les amendements soumis aux votes se trouvent notamment la garantie du droit de propriété, l'autorisation de l'achat de terres aux étrangers, l'amélioration du droit des minorités (tel que l'utilisation de leurs langues natales dans l'administration et la justice), le renforcement de l'égalité hommes-femmes dans la fonction publique, l'abolition du service militaire obligatoire, la limitation de l'immunité parlementaire, le renforcement des prérogatives et de l'indépendance du pouvoir judiciaire (et notamment la création d'un Conseil supérieur de la magistrature), le passage du mandat présidentiel de 4 à 5 ans, et l'accord du droit de vote aux ressortissants de l'Union aux élections des collectivités locales[17].
Le a été publié le quatrième rapport final depuis le commencement des négociations officielles[18].
Rapport d'octobre 2004, ralentissement puis clôture des négociations
En , la Commission de politique étrangère du Parlement vota une résolution appelant à la réorientation de la stratégie de pré-adhésion de la Roumanie[19]. Celle-ci se base sur un rapport d'Emma Nicholson dont le contenu appelait à la suspension des négociations du fait de problèmes liés à l'indépendance de la justice, la lutte contre la corruption, la liberté des médias, le traitement des personnes interpellées dans les postes de police et la mise en place d'un moratoire interdisant l'adoption internationale d'enfants que Bucarest a adopté à la demande de la Commission[19]. Le rapport prévoyait aussi la mise en place d'un monitoring continu sur ces points[19].
De même le Parlement européen demanda des explications sur la façon dont les autorités roumaines ont octroyé à l'entreprise américaine Brechtel le contrat de construction d'une autoroute sur l'axe Brașov–Cluj–Oradea–Borș pour 2,5 milliards d'euros sans avoir organisé d'appels d'offre au préalable[19]. En effet, il s'agissait là d'un non-respect flagrant de l'acquis communautaire en matière de marché public–d'autant que le chapitre « transport » venait d'être clos[19]. De plus, ce choix de tracé s'opposait au tracé préféré par l'UE Brașov–Sibiu–Arad lequel avait été déclaré éligible au financement communautaire[19].
Afin d'apporter une réponse à ces éléments, Adrian Năstase redistribua les responsabilités ministérielles et créa un dispositif gouvernemental fortement hiérarchisé, sous la direction de trois ministères, qui organise l'intégration européenne, la justice, et la défense nationale. Ce remaniement avait pour finalité de clore les négociations en 2004 tout en rendant responsable des progrès réalisés chaque ministre[20],[21]. De même, le Premier ministre prit l'engagement de faire parvenir à Bruxelles un rapport hebdomadaire des avancées de l'acquis[21].
La Roumanie a achevé les négociations d'adhésion lors du sommet européen de Bruxelles le . Le traité d'adhésion a été signé le à l'Abbaye de Neumünster à Luxembourg. Par la suite le pays est entré dans l'Union le . Celle-ci aurait pu être repoussée s'il y avait de graves violations des accords conclus, conditions maintenue jusqu'au (clause de sauvegarde).
Le Conseil de Thessalonique évoque pour la première fois la date de fin 2004 pour la conclusion des négociations d'adhésion et celle de 2007[22].
18-
Référendum sur la nouvelle Constitution. La participation est de 55,7 % et 89,7 % des votants approuve la révision[22].
Publication du rapport sur l'avancée des négociations par l'UE. Celui-ci les qualifie de « mitigée ». Onze chapitres sont à clore[22].
12-
Confirmation par le Conseil européen de Bruxelles que le pays intégrera l'Union le . Il établit aussi la fin des négociations pour 2004 et la date de signature du traité d'adhésion à l'année 2005[22].
Emma Nicholson demande la suspension des négociations d'adhésion de la Roumanie[22].
Un rapport de la commission des Affaires étrangères est approuvé par le Parlement européen. Ce dernier propose la séparation du cas roumain de la Bulgarie, laquelle est considérée comme prête pour 2007[23].
Le pays fait partie du groupe d'Helsinki[N 1], par conséquent, les négociations ont commencé le et se sont clôturées définitivement en pour les deux pays de l'élargissement de 2007[25].
Jonathan Scheele, chef de la délégation européenne à Bucarest, s'est montré critique quant aux retards existant pour la réalisation de projets financés par le programme PHARE[21]. En effet, il estime, à l'instar d'autres observateurs, que la Roumanie n'est pas capable d'absorber ces fonds efficacement et en toute transparence compte tenu de la corruption généralisée qui règne dans l'appareil administratif et du peu d'acteurs économiques capables d'élaborer des projets fiables.
Agriculture
La campagne roumaine comptait 50 % de la population et représente 36 % des actifs[26]. Il y a beaucoup de parcelles (plus de 5 millions) à petites surfaces (1,6 ha) par rapport au faible nombre de grandes parcelles (un peu plus de vingt mille faisant plus de 300 ha) mais il n'existait pas de politique d'envergure qui en tenait compte[26]. La PAC risquait de ne profiter qu'aux grandes exploitations intensives vouant les petites cultures d'auto-subsistance à la disparition[26]. Le gouvernement roumain avait d'ailleurs expliqué que pas moins de 3 millions de personnes allaient devoir trouver une nouvelle source de revenus[26].
De plus, l'ouverture des barrières douanières entraîna l'augmentation des importations de produits agricoles qui étaient rendues nécessaire par la fermeture d'unité de transformation du lait et d'abattoirs ne répondant pas aux normes communautaires[26].
Corruption
L'UE exige de la Roumanie la résolution de ses problèmes de corruption avant 2007, année prévue pour son adhésion[27].
Trafic d'êtres humains
La Roumanie est un pays qui est une plaque tournante du trafics d'êtres humains[28] et ce malgré les efforts faits dans la professionnalisation des agents postés aux frontières ainsi que la politique commune des visas[29].
Minorités
Parmi les problèmes qui ont été posés à la Roumanie lors de son processus d'adhésion se trouve celui des minorités. Les deux plus importantes de Roumanie étant les Hongrois (avec 10 % de la population) et les Roms, nomades sédentarisés représentant 4.5 % de la population[30].
Sondage d'opinion
Timbre roumain célébrant le dixième anniversaire de l'adhésion du pays.
L'adhésion de la Roumanie a été conditionnée à la résolution de problèmes tels que celui de la corruption[19]. En effet, le Royaume-Uni mettait en avant la nécessité d'un renforcement de la lutte contre la corruption avant l'adhésion[19]. À l'inverse la position française était de soutenir l'adhésion de la Roumanie pour 2007[19].
Notes
↑Ce groupe est composé de la Roumanie, la République slovaque, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie et de Malte.
↑Il s'agit de la date de clôture provisoire des chapitres car ceux-ci sont clos définitivement uniquement lors de la conclusion de l'ensemble des négociations par l'État candidat.
↑ a et bSauf les chapitres 30 (Institutions) et 31 (Autres) puisque ce ne sont pas des chapitres juridiques.
F. Ciornei (trad. Oana Rusu), « Roumanie : un remaniement pour préparer l’intégration », Cotidianul, (lire en ligne)
Melanie H. Ram, Sub-regional Cooperation and European Integration: Romania’s Delicate Balance, Chicago,
Édith Lhomel, « Roumanie 2003-2004. Sur la dernière ligne droite ? », Le Courrier des Pays de l’Est 2004/4, La Documentation française, no 1044, , p. 185-201 (ISSN0590-0239, lire en ligne)
Hubert Haenel, Denis Badré, Marcel Deneux, Serge Lagauche et Simon Sutour, « L'élargissement de l'Union européenne : état des lieux », un Rapport d'information fait au nom de la délégation pour l'Union européenne, no 295, (lire en ligne)
« Candidate à l'UE, la Bulgarie s'attaque à la corruption », un article AFP, Sofia, (lire en ligne, consulté le )
François Loncle, Rapport d'information sur le processus d'adhésion à l'Union européenne de la Bulgarie: n°3417, Assemblée nationale, (lire en ligne)
Rapport de la Commission
Commission européenne, Avis de la Commission [COM(97) 2003 final - Non publié au Journal officiel], (lire en ligne), 51997DC2003
Commission européenne, Rapport de la Commission [COM(98) 702 final - Non publié au Journal officiel], (lire en ligne), 51998DC0702
Commission européenne, Rapport de la Commission [COM(1999) 510 final - Non publié au Journal officiel], (lire en ligne), 51999DC0510
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Commission européenne, Rapport de la Commission [COM(2004) 657 final - Non publié au Journal officiel], (lire en ligne), notice bibliographique, 52004DC0657
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Reprise de l'acquis communautaire : recherche et développement technologique, télécommunications et services postaux, Europa (portail web), (lire en ligne)