Plateau de Romainville
Le plateau de Romainville, également désigné comme le plateau de Montreuil ou de Bagnolet est une butte-témoin située dans l'est de Paris et au sud-ouest de la Seine-Saint-Denis, qui culmine à 131 mètres sur le territoire de la commune des Lilas. La partie occidentale du plateau est souvent désignée comme la butte ou colline de Belleville et de Ménilmontant, et dépasse les 128 mètres. ToponymieLe plateau de Romainville a porté et porte encore des dénominations différentes, selon les périodes historiques et selon les personnes qui le désignent. On trouve mention du plateau de Belleville[1], de Belleville Ménilmontant, de Romainville Les Lilas[2],[3], de Montreuil[4]. La dénomination plus fédératrice de plateau des Dix Communes est non usitée[5]. GéographieLe plateau de Romainville surplombe la vallée de la Marne au sud, la vallée de la Seine au sud-ouest et La Plaine Saint-Denis au nord. Le plateau est situé sur le territoire des communes de Paris (19e et 20e arrondissements) et de Bagnolet à l'ouest, du Pré-Saint-Gervais, des Lilas, de Romainville et de Noisy-le-Sec au nord, de Rosny-sous-Bois à l'est, et de Fontenay-sous-Bois et de Montreuil au sud. Le plateau culmine a des altitudes différentes selon les communes[6] : 128 mètres à Paris (rue du Télégraphe), 119 mètres à Bagnolet, 117 mètres à Montreuil, 111 mètres à Fontenay-sous-Bois, 116 mètres à Rosny-sous-Bois, 120 mètres à Noisy-le-Sec, 123 mètres à Romainville, 108 mètres à Pantin et 114 mètres au Pré-Saint-Gervais. C’est aux Lilas que le plateau est le plus élevé, culminant à 129 mètres place Charles-de-Gaulle[7]. GéologieLe plateau de Romainville est principalement formé de marnes et d’argiles constituant une butte témoin : ce massif gypseux comporte quatre masses d'épaisseurs variables séparées par des couches de marnes argileuses. Sous la couche supérieure de calcaire de Brie qui constitue le plateau se trouve une couche de marnes à huîtres, riches en gypse. Une couche de marnes vertes se trouve en dessous. Ces couches de marnes affleurent en plusieurs endroits, sur les pentes du plateau, et sont accessibles à ciel ouvert. Cette accessibilité a facilité le creusement de carrières pour l'exploitation du gypse, qui servit notamment, sur ordre de Louis XIV, à plâtrer les façades des maisons en bois parisiennes afin de lutter contre les incendies. Les plâtrières ont constitué une activité importante dans le secteur du XVIIIe siècle jusqu'au début du XXe siècle. HydrologieRuisseaux et maresÀ l'ouest, les hauteurs de Belleville, de Ménilmontant et du Pré-Saint-Gervais avaient des sources, désignées comme les « sources du Nord » qui alimentaient le ru de Ménilmontant et furent, dès le Moyen Âge, captées pour alimenter Paris en eau potable[8]. Deux aqueducs souterrains, les eaux du Pré-Saint-Gervais et les eaux de Belleville dont il reste quelques regards, ont été construits : l'un vers la léproserie Saint-Lazare, l'autre vers Saint-Martin-des-Champs. Le premier, prolongé dans Paris, alimentait les fontaines situées à l'ouest de la rue Saint-Denis, notamment celle des Halles, qui a été la première fontaine publique de la capitale, le second celles de l'est de la rue. Un troisième aqueduc alimente, à partir du XVIIe siècle, l'hôpital Saint-Louis. Le réseau des eaux du Pré-Saint-Gervais comprenait 3 ensembles de captage, « les sources du nord », qui se rejoignaient au regard du Pré-Saint-Gervais point de départ d’une conduite unique vers Paris.
Des sources à la fontaine du Pré-Saint-Gervais, l’eau s’écoulait dans des conduites, les «pierrées » de 0,4 mètres de hauteur, de 0,16 à 0,32 mètres de largeur, dans des tranchées de 2 à 3 mètres de profondeur couvertes d’une chape de glaise pour éviter les infiltrations des eaux de surface. Des puisards établis de place en place permettaient l’inspection. Des regards étaient établis aux endroits où plusieurs pierrées se rejoignaient. Des bornes aux armes de la ville de Paris indiquaient en surface l’emplacement de ces conduites[9]. Au nord, un ruisseau prenait naissance au Goulet, près du cœur du village de Romainville et de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, et alimentait le village de Noisy-le-Sec. À l'est, le ru de la Fontaine du Vaisseau et le ru Coin, qui prenaient naissance sur le coteau entre Fontenay-sous-Bois et Montreuil, mêlaient leurs eaux puis s'écoulaient en contrebas du plateau avant de rejoindre la mare à Guillaume et de rejoindre la Marne. Au sud, les couches d'argile imperméable qui affleurent à flanc de coteau sont aussi à l'origine des nombreuses sources qui ont d'ailleurs donné son nom à la ville de Fontenay-sous-Bois. Au Moyen Âge, ces ruisseaux servaient à alimenter les douves du château de Vincennes. Sur le plateau, la mare aux Marchais, au niveau de l'actuelle place Michelet, a disparu à la suite de travaux d'assainissement entrepris au début du XXe siècle. Nombre de ces ruisseaux ont disparu avec l'urbanisation et l'assainissement au cours du XXe siècle. Seule la toponymie rend encore compte de ce réseau hydrographique oublié. Aqueduc de la DhuisAu début du XIXe siècle, outre les puits et les citernes, Paris n'est alimenté en eau essentiellement que par les eaux du plateau de Romainville (rus de Belleville et du Pré-Saint-Gervais) et par l'aqueduc des eaux de Rungis. Le très fort accroissement de la population parisienne nécessite d'entreprendre de nouveaux travaux. En 1854, avec l'appui de Napoléon III, le préfet Georges Eugène Haussmann et le directeur du service des eaux Eugène Belgrand font approuver un programme d'alimentation en eau par le conseil municipal de Paris. Les travaux de l'aqueduc de la Dhuis débutent à la fin et traversent les communes de Romainville, Montreuil et Bagnolet. Le chantier est rapidement réalisé : l'eau est introduite dans l'aqueduc le . La distribution régulière commence le 1er octobre suivant, alimentant le réservoir de Ménilmontant, à l'ouest du plateau de Romainville. Risques naturelsLes communes qui occupent le plateau et ses pentes sont exposées à deux types de risques naturels :
Par exemple, entre juillet et , une forte sécheresse cause des dégâts sur plusieurs communes du plateau (Montreuil, Noisy-le-Sec et Romainville). Cette catastrophe a été reconnue comme catastrophe naturelle par le Journal officiel du [10]. HistoireTransportsLe plateau de Romainville, qui domine les vallées voisines, a longtemps été un obstacle difficile à franchir. Il est contourné par les principales voies de circulation. Réseau routierAutoroutesL'autoroute A3, tronçon de la route européenne 15, traverse le plateau de Romainville d'ouest en est, entre Bagnolet et Noisy-le-Sec. Elle permet notamment la desserte des hauts quartiers du plateau sur les communes de Bagnolet, Montreuil et Romainville. La première tranche de l'A3, entre la porte de Bagnolet et Bondy, a été ouverte à la circulation en 1969. Un court tronçon autoroutier, numéroté A186, bifurquait de l'A3 à Montreuil et desservait le Haut-Montreuil ; il a fermé en . Cette autoroute étant intégralement urbaine, elle est très chargée aux heures de pointe. En , un tronçon de 670 m entre Bagnolet et Montreuil a bénéficié d'une couverture. Un chantier pour une couverture d'une section de 220 m à hauteur de Romainville a commencé en . Ces chantiers ont pour but de réduire les importantes nuisances sonores de l'autoroute dans des secteurs fortement urbanisés. Route nationaleTransports ferroviairesCe plateau est un obstacle sur les axes de circulation en particulier ferroviaire. Ainsi, au nord et à l'est, le plateau est seulement bordé par l'important faisceau ferroviaire des lignes Paris - Strasbourg et Paris – Mulhouse. Au sud, l'ancienne ligne de Vincennes, actuelle ligne A du RER, longe le plateau entre les gares de Vincennes et de Nogent-sur-Marne. La branche Chessy du RER se sépare de la ligne de Vincennes à Fontenay-sous-Bois puis passe en souterrain sous l’extrémité sud du plateau par le tunnel de Fontenay-sous-Bois. Le plateau est traversé, à l'ouest par la ligne de Petite Ceinture de Paris, autrefois dévolue au trafic de voyageurs. La traversée se fait en souterrain entre les gares de Ménilmontant et de Belleville-Villette. La plupart des lignes du métro parisien ont leur terminus au pied du plateau de Romainville et ne le desservent pas directement. L'ouest du plateau est cependant traversé par les lignes de métro suivantes :
Depuis 2012, la ligne 3b du tramway d'Île-de-France traverse la partie occidentale du plateau du nord au sud, par les arrêts Adrienne Bolland, Porte des Lilas, Hôpital Robert-Debré et Butte du Chapeau Rouge. Plusieurs projets d'extensions de lignes de métro ou de tramway ont pour but de désenclaver les quartiers du plateau :
Transports cyclistesLes Vélib' ont été installés dans plusieurs communes du plateau de Romainville : Paris, Bagnolet, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas. Ces stations bénéficient toutes du système « bonus V’+ ». Il existe également, à Montreuil, un projet de service de location de vélos longue durée. Ces vélos disposeront d'un mécanisme électrique permettant de stocker de l’énergie pour remonter les côtes de la ville plus facilement. ÉconomieDémographie, population et logementEnvironnementEspaces vertsSi l'urbanisation du plateau de Romainville est tardive, elle ne laisse aujourd'hui que peu de place aux espaces naturels. Les espaces verts les plus importants se situent pour la plupart sur les abords du plateau de Romainville, souvent à la place des anciennes carrières de gypse, abandonnées au cours du XXe siècle. Parc des Buttes-ChaumontLe parc des Buttes-Chaumont est construit à l’extrémité nord-ouest du plateau de Romainville, dans l'actuel 19e arrondissement de Paris. Le sous-sol des Buttes-Chaumont est exploité grâce au creusement de carrières d'extraction de gypse et de pierres meulières pour la construction des immeubles parisiens. L'endroit sert également de bassin d'épuration et de décharge. Les carrières, qui se trouvaient à ce moment-là sur le territoire de l'ancienne commune de Belleville, sont exploitées jusqu'en 1860. Dans le cadre des réalisations urbaines, Napoléon III décide de transformer la butte en parc et charge l'ingénieur Adolphe Alphand de cette évolution. Ce dernier s'entoure de l'architecte Gabriel Davioud, de l'ingénieur Eugène Belgrand et du jardinier Jean-Pierre Barillet-Deschamps. Les travaux sont entrepris en 1864 et le parc, d'une superficie de 25 ha, est inauguré le . La partie basse, au centre du parc, est occupée par un lac, alimenté par trois ruisseaux qui descendent les pentes du parc, à l'ouest, à l'est et au sud. Ce dernier ruisseau, alimenté par le bassin de la Villette, pénètre dans la grotte du parc sous la forme d'une cascade artificielle de 32 m de hauteur. Parc de BellevilleLe parc de Belleville est l'un des parcs et jardins du 20e arrondissement de Paris, d'une superficie de 45 000 m2, se trouve sur la colline de Belleville qui culmine à 108 mètres. Une terrasse aménagée au sommet du parc permet une vue panoramique sur la ville de Paris. Parc de la Butte du Chapeau-RougeLe parc de la Butte du Chapeau-Rouge, d'une surface de 4,7 hectares est ouvert en 1939. Il est conçu par l'architecte Léon Azéma dans un style néoclassique, propre à la période de l'entre-deux-guerres. Il occupe une zone de carrières de gypse. La butte ne fait l'objet d'aucun aménagement après la démolition de l'enceinte de Thiers durant les années 1920, contrairement à l'essentiel de la Zone, où sont édifiés des logements sociaux et des équipements sportifs. Le parc offre une vue dégagée sur la banlieue nord-est de la capitale. Parc départemental Jean-Moulin - Les GuilandsLe parc départemental Jean-Moulin - Les Guilands s'étend sur 26 ha, à cheval sur les communes de Bagnolet et de Montreuil. Il fait partie du réseau Natura 2000 en Seine-Saint-Denis, un programme européen qui reconnait la qualité des espaces naturels en milieu urbanisé. Il jouit d'une vue sur toute la région parisienne. Parc des Beaumonts à MontreuilParc Montreau - Daniel-RenoultÎle de loisirs de la Corniche des FortsEn 2000, le conseil régional d'Île-de-France décide de créer une nouvelle base de plein air et de loisirs sur les communes de Romainville, Pantin, Les Lilas et Noisy-le-Sec. Le site s'installera notamment sur d'anciennes carrières de gypse sur 8 hectares, dont 4,5 sont ouverts au public. Le relief important du terrain de la base de loisir, avec des crêtes, des corniches ou encore des falaises sera valorisé. L'île de loisirs de la Corniche des Forts, qui regroupe aussi les parcs de Romainville et Henri-Barbusse de Pantin, a ouvert en 2021 et s’étend sur 64 hectares. Patrimoine naturelMurs à pêches à MontreuilCultureTourisme et patrimoineAdministrationNotes et références
AnnexesArticles connexes
Fortifications installées sur le plateau |