Pierre PellerinPierre Pellerin
Pierre A. J.-C. Pellerin, né le à Strasbourg et mort le [1] à Paris 15e, est un médecin français expert en radioprotection. Il a été professeur à la faculté de médecine Paris Descartes (1962-1992), dont il fut émérite à partir de 1993. Fondateur et directeur du Service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI), il a en outre été fondateur et directeur (de 1956 à 1992) du Centre international de référence pour la radioactivité de l'OMS (1967-1995). Carrière académiqueLa formation initiale de Pierre Pellerin est la médecine, il obtient en 1948 à la Faculté de médecine de Paris le titre de Docteur en médecine, spécialisé en électro-radiologie et en médecine du travail. Parallèlement à ses études de médecine, il étudie la biophysique: il est Assistant de biophysique à la Faculté de médecine de Paris de 1946 à 1952, puis chargé de cours de 1952 à 1954. Il obtient en 1948 sa Licence de biophysique, puis son agrégation en 1955. Pierre Pellerin a très tôt été reconnu par ses pairs pour les qualités de ses recherches en médecine. Il est maître de recherche dans une unité mixte de l'INSERM et du CEA de 1950 à 1956. Il est à partir de 1954 chargé de cours de biophysique et de médecine nucléaire à la Faculté de médecine de Nancy, puis professeur agrégé dans cette même universite. De 1971 à 1992, il est titulaire de la chaire de biophysique et médecine nucléaire à l'Université Paris Descartes. Il est à partir de 1962 médecin-biologiste en médecine nucléaire des Hôpitaux de Paris[2]. Pierre Pellerin a obtenu très jeune de nombreux prix de la Faculté de médecine de Paris (prix de thèse en 1948, prix Barbier en 1951) ou de l'Académie de médecine (prix Bergonié en 1949[3], prix Delherm en 1957). Il est en outre lauréat de l'Académie des sciences et a obtenu le prix du Général Muteau en 1987. Commissions, missions, etc.
Accident nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux de 1980En 1980, à la suite de l'accident nucléaire, alors que la centrale a déjà dépassé le niveau de rejets normalement autorisé, Pierre Pellerin, en tant que directeur du SCPRI, autorise des rejets radioactifs supplémentaires[4]. D'après Michel Eimer, ancien conseiller général de Loir-et-Cher, Pierre Pellerin dira aux élus locaux que cet accident n'était pas grave[4]. Rôle lors de la catastrophe de TchernobylLe , trois jours après la catastrophe de Tchernobyl et alors que la nouvelle vient tout juste d'arriver en France, Pierre Pellerin, en tant que directeur du Service central de protection contre les rayonnements ionisants (SCPRI) intervient au journal télévisé du soir et déclare : « ça ne menace personne actuellement, sauf, peut-être, dans le voisinage immédiat de l'usine, et encore c'est surtout dans l'usine que je pense que les Russes ont admis qu'il y avait des personnes lésées»[5],[6]. Ce même 29 avril, Antenne 2 pose l'image d'un STOP sur la carte de France de la météo[7] présentée par Brigitte Simonetta pour illustrer le fait qu'aucune contamination ne menacerait car l'anticyclone des Açores détournerait le nuage. Cette initiative ne doit rien à Pierre Pellerin. Le , l'anticyclone n'a pas détourné le nuage et le réseau du SCPRI commence à détecter la contamination qui gagnera le lendemain l'ensemble du territoire. Après vérification, Pierre Pellerin rédige dans la nuit un communiqué de presse qui annonce qu'on observe une augmentation du niveau de radioactivité sur le sud-est, puis le lendemain un second communiqué pour l'ensemble du territoire français. Tous deux indiquent que ce niveau ne justifie pas de prendre des mesures de santé publique particulières[8]. Le 1er mai est jour férié en France et les communiqués ne sont diffusés par aucun média ce jour-là. Ils ne sont repris que le 2 mai par la presse dont le journal Libération[9]. Les jours suivants, l'historique des communiqués du SCPRI montre que ce service communique au jour le jour les informations dont il dispose quant à la contamination du territoire, en particulier des cartes, et sur ses éventuelles conséquences sanitaires, y compris quant aux pluies qui peuvent rendre les retombées plus denses. La conclusion est cependant à chaque fois que le niveau reste partout très inférieur aux seuils pouvant entraîner des conséquences pour la population[8]. Toutefois les journalistes sont insatisfaits de ne pouvoir communiquer directement avec le SCPRI et de n'avoir accès qu'à ses comptes rendus écrits[8]. Ils s'étonnent que ces derniers soient aussi rassurants alors que l'inquiétude se répand dans d'autres pays européens, que des mesures drastiques y sont souvent prises[8]. Le le journal Libération publie : « TCHERNOBYL : le choc du nuage, Pierre Pellerin, le directeur du service central de protection contre les radiations (SCPRI) a annoncé hier que l’augmentation de radioactivité était enregistrée sur l’ensemble du territoire, sans aucun danger pour la santé ». Le 12 mai, le même journal publie un article déclarant que les pouvoirs publics français ont menti, que le nuage a bien survolé la France, et que le professeur Pellerin en aurait fait « l'aveu » deux semaines après la catastrophe[9],[10]. La polémique lancée par cet article, et reprise par d'autres comme Le Canard enchaîné[8], conduit de nombreuses personnes à attribuer au professeur Pellerin le propos apocryphe selon lesquels le nuage de Tchernobyl se serait « arrêté à la frontière ». En 1999 au cours d'une émission télévisée, Noël Mamère attribue de nouveau de manière ironique ces propos au professeur Pellerin, qui gagnera en cassation, son procès en diffamation[11]. Toutefois, M. Mamère formula un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme qui fit condamner la France au sujet de la liberté d'expression[12]. Un rapport de 2005 de Paul Genty et Gilbert Mouthon critique le rôle du Pr Pellerin ; il s'inscrit dans l'instruction judiciaire entamée en par le juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy, lancée par le dépôt de plainte contre X pour défaut de protection des populations contre les retombées radioactives de l'accident par l'Association française des malades de la thyroïde. Aspect judiciairePoursuites en diffamationPierre Pellerin a attaqué en diffamation plusieurs médias. 1) Contre Mmes Michèle Rivasi et Crie, et l'Éditeur devant la Chambre de Presse du tribunal de grande instance de Paris. Le Tribunal se déclare incompétent : P. Pellerin étant fonctionnaire, sa plainte aurait dû être déposée au pénal. Les prévenus sont donc relaxés pour vice de forme. 2) Contre Noël Mamère et Antenne 2[réf. nécessaire] :
3) Contre J.-M. Jacquemin et l'éditeur
Plainte de la CRIIRADÀ la suite de la remise à la juge du rapport des experts judiciaires Genty et Mouthon, la CRIIRAD demande la mise en examen du Pr Pierre Pellerin, en sa qualité d'ancien directeur du SCPRI. D'après la CRIIRAD, des faits constitutifs du « délit de mise en danger délibérée et de diffusion de fausses nouvelles de nature à tromper les citoyens sur les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl » sont établis. Pierre Pellerin a toujours soutenu qu'il y avait eu une élévation générale de la radioactivité en France mais que le niveau de radiation restait acceptable par rapport aux conditions sanitaires requises pour la population, et ceci avec une très large marge de sécurité[13]. Le , Pierre Pellerin est mis en examen dans le cadre du dossier dit des « cancers de Tchernobyl » pour « infraction au code de la consommation » et placé sous statut de témoin assisté concernant les délits de « blessures involontaires et atteintes involontaires à l'intégrité de la personne ». Pierre Pellerin aurait désiré être mis en examen, car il « était dans l’ignorance de la teneur exacte des griefs formulés à son encontre[14]. » Dans l'attente de la décision de la cour d'appel, la juge chargée de l'enquête depuis le début, Marie-Odile Bertella-Geffroy, en est dessaisie, « Les parties civiles regrettent que l'enquête ne puisse être menée à son terme, jugeant en outre qu'il manque peu d'éléments pour la clôturer »[15]. Malgré une lettre de protestation envoyée par L’Association française des Malades de la Thyroïde (AMFT), le procès se termine par le non-lieu requis par le parquet, le [16]. Le , un non-lieu est prononcé en sa faveur pour l'accusation de « tromperie et tromperie aggravée » par la Cour de cassation de Paris qui explique notamment qu'il est « en l'état des connaissances scientifiques actuelles, impossible d'établir un lien de causalité certain entre les pathologies constatées et les retombées du panache radioactif de Tchernobyl »[17]. Notes et références
Voir aussiArticles connexes
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