Une pandémie de grippe est une épidémiegrippale touchant une part inhabituellement importante de la population et présente sur une large zone géographique.Il ne s'agit pas d'évènements tout à fait exceptionnels[1], sur la base des pandémies grippales documentées, une pandémie grippale intervient en moyenne tous les 11 à 22 ans.
La responsabilité du virus grippal est naturellement hypothétique. Cependant la pandémie de 1510 ressemble beaucoup dans sa description à une grippe — fièvre, céphalée, toux pendant quelques jours — et a été signalée en Afrique et en Europe, avec une mortalité variable suivant les témoins[2].
Les épidémiologistes de l'OMS et de la FAO redoutent une nouvelle pandémie, qui pourrait avoir comme origine le nouveau virus H5N1 « hautement pathogène » apparu en 1998 à Hong Kong, dit de la « grippe aviaire », potentiellement aussi dangereux que la grippe espagnole.
La grippe aviaire (due à une souche H5N1) s'est répandue en pandémie de 2004 à 2007.
Une estimation de la banque mondiale et de l'ONU[7] porte à 71 millions le nombre de morts qu'une telle pandémie pourrait induire et à 3 000 milliards de dollars son coût pour l’économie mondiale. Les mesures prises semblent avoir permis une baisse du nombre de cas et du nombre de nouveaux pays touchés de 2006 à 2008.
↑Pas nécessairement pandémique, mais citée à titre de comparaison.
Prospective
En 1993 une réunion internationale organisée par le GEIG (Groupe d’Étude et d'Information sur la Grippe) à Berlin définissait déjà les lignes de conduite à tenir en cas de pandémie grippale[24],[25].
Surmortalité : Une étude s'est basée sur les données d'état civil « de haute qualité » collectées durant la pandémie 1918-1920 pour estimer par extrapolation quelle pourrait être la mortalité mondiale si une pandémie aux caractéristiques similaires s'était produite en 2004[26]. Ces données ont été croisées à leur géographie (latitude) et au revenu moyen par tête.
À l'époque, la mortalité a beaucoup varié selon les contextes (jusqu'à 30 fois plus de morts dans certains pays), sans doute en raison de l'immunité face au virus, mais aussi selon la pauvreté « qui explique une grande partie de cette variation de la mortalité »[26]. Une extrapolation à 2004 correspondrait à la mort d'environ 62 millions de personnes dont 96 % environ seraient dans des pays pauvres ou en voie de développement. Si cette mortalité se concentrait en un an, elle accroitrait la mortalité mondiale de 114 %[26].
L'OMS et l'OIE ont mis en place un réseau de surveillance zoonotique de l'évolution des virus, mais il n'est pas possible de vraiment prévoir où et quand émergera une souche mutante à caractéristique « pandémique ».
Selon une étude publiée en 2018 dans la revue Frontiers in Cellular and Infection Microbiology[27], le contexte d'une population fragilisée par le changement climatique, une pandémie du type de la pandémie de grippe espagnole pourrait éventuellement faire non pas environ 50 millions de morts comme en 1918, mais 147 millions de morts.
Notes et références
↑Jean-Philippe Derenne, « Pandémie, la grande menace » (Fayard)
↑ a et bPeter Spreeuwenberg, Madelon Kroneman et John Paget, « Reassessing the Global Mortality Burden of the 1918 Influenza Pandemic », American Journal of Epidemiology, vol. 187, no 12, , p. 2561–2567 (ISSN0002-9262, PMID30202996, PMCID7314216, DOI10.1093/aje/kwy191, lire en ligne, consulté le )
↑Hilleman MR, « Realities and enigmas of human viral influenza: pathogenesis, epidemiology and control », Vaccine, vol. 20, nos 25–26, , p. 3068–87 (PMID12163258, DOI10.1016/S0264-410X(02)00254-2)
↑Reuters, « H1N1 fatality rates comparable to seasonal flu », The Malaysian Insider, Washington, D.C., USA, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
↑GEIG. « L'Europe face au risque d'une pandémie grippale. VIIth European Meeting on Influenza and its Prevention, Berlin September 1993 » Eur J Epid. 1994;10:449-526.
↑ ab et c(en) Christopher JL Murray, « Estimation of potential global pandemic influenza mortality on the basis of vital registry data from the 1918–20 pandemic: a quantitative analysis », The Lancet, vol. 368, no 9554, 23 déc 2006 – 5 janv. 2007, p.2211-2218 (DOI10.1016/S0140-6736(06)69895-4, lire en ligne).