Créé en 1882, le musée est initialement dédié aux beaux-arts, dont les premières collections sont exposées dans une chapelle du couvent des Annonciades. Le musée se développe rapidement, notamment grâce aux donations de bourgeois et de peintres vésuliens. En 1938, le musée est transféré dans les bâtiments de l'hôtel de ville. À la suite d'importantes découvertes archéologiques sur le sol du département, une section archéologie est ouverte en 1964. Au début des années 1980, le musée est transféré dans l'ancien couvent des Ursulines, rénové à cet effet.
Aujourd'hui, le musée expose plusieurs centaines d'œuvres situées dans quatorze salles (9 salles des beaux-arts et 5 salles d'archéologie), répartis sur deux niveaux. L'établissement comprend notamment une importante collection artistique du peintre et sculpteur Jean-Léon Gérôme, natif de Vesoul, et des artistes de l'école haut-saônoise (Dagnan-Bouveret, Muenier, Courtois, Prinet). Le musée porte le label « Musée de France ».
Histoire
Origines du musée
Les premières idées de création d'un musée à Vesoul émanent de Claude-Basile Cariage, artiste né à Vesoul en 1798. Professeur de dessin au collège Gérôme durant 46 années et premier professeur de Jean-Léon Gérôme, Cariage œuvra au cours du XIXe siècle pour la fondation d'un musée dans sa ville mais ne put bénéficier de subventions municipales et le projet échoue. Il décède finalement sept ans avant l'ouverture du musée[1].
Le musée de Vesoul est officiellement créé en 1882 par les artistes bisontinsVictor Jeanneney (né en 1832) et Jean Gigoux (né en 1806). Jeanneney s'installa à Vesoul au cours de la deuxième partie du XIXe siècle ; il devient professeur au lycée de Vesoul et directeur de l'école municipale de dessin de Vesoul. Il réunit les premières collections du musée dans une chapelle désaffectée du couvent des Annonciades[2].
Acquisitions successives
Édité en 1885, le premier catalogue des collections mentionne déjà pas moins d'une centaine d'œuvres. À la fin du XIXe siècle, le musée de Vesoul rassemble un nombre considérable d'œuvres achetées par la municipalité dans le cadre d'expositions artistiques qu'elle organisait. De plus, un tableau et cinq sculptures ont été généreusement déposées par le peintre Jean-Léon Gérôme, originaire de la ville. Par la suite, d'autres artistes déposèrent également des œuvres, notamment les créateurs du musée Victor Jeanneney et Jean Gigoux et les peintres locaux Jules-Alexis Muenier, René-Xavier Prinet et Louis-Auguste Girardot (l'« école haut-saônoise »). Des personnalités locales, tels que le capitaine Henri Leblond (1885), Meillier (1892) et Comte (1908) lèguèrent aussi des œuvres, notamment des tableaux[3],[2].
En 1938, le musée est transféré dans des bâtiments de l'hôtel de ville, situé rue Paul-Morel. En 1945, une vingtaine de tableaux et de sculptures de Gérôme sont légués au musée par les descendants du peintre (donation Morot-Dubuffe)[2]. Le musée bénéficie de l'aide de Georges Garret (1886-1954) qui œuvre pour les activités de l'établissement. Pharmacien, puis maire de Vesoul de 1946 à 1947, Georges Garret décide de déplacer les collections au sein de la chapelle de l'hôtel de ville, face à l'augmentation croissante du volume des collections[3],[4].
En 1952 et en 1969, des tableaux de Pascal Dagnan-Bouveret ainsi que d'autres artistes viennent complèter le fonds (donation Hubert-Legrand). Au cours des années 1960, la Société d'agriculture, lettres, sciences et arts de la Haute-Saône, principal société savante historique du département, dépose ses collections d'objets historiques au musée ; c'est alors qu'une section « Archéologie » voit le jour en 1964.
Dans les années 1970, la municipalité décide de choisir un nouveau lieu pour héberger les œuvres du musée municipal, dans le but d'offrir au musée un espace plus adéquat pour y exposer les nouvelles collections et mieux accueillir le public. C'est alors que la ville jete son dévolu sur l'ancien couvent des Ursulines, un bâtiment construit dès 1680 situé au cœur du Vieux-Vesoul[5]. D'importantes rénovations sont alors entreprises et c'est en 1981 que le musée s'installe dans le couvent des Ursulines[5],[3]. L'ancien couvent est alors équipé de salles spacieuses permettant d'exposer des collections permanentes mais également des expositions temporaires. De plus, le bâtiment dispose d'une vaste cour intérieure centrale. Il se verra par ailleurs être au titre des monuments historiques le 21 décembre 1992[6].
Le musée se structure en deux niveaux. Le premier niveau, consacré à l'archéologie, se compose de cinq salles. Ces salles ont pris les noms des géologues et historiens du département. Le deuxième niveau, qui est entièrement consacré aux beaux-arts, avec principalement des œuvres du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle, est constitué de 9 salles qui porte le nom d'artistes locaux célèbres[8].
La collection permanente du musée inclut deux types de collections : la collection « archéologique » et la collection « beaux-arts » Les objets de la collection archéologique sont présentés par ordre chronologique, de la Préhistoire au Moyen Âge. Ces vestiges d'objets historiques ont été trouvé sur tout le territoire du département de la Haute-Saône et constituent ainsi une importante trace du passé du département. La section Beaux-Arts est consacrée à l'art de la seconde moitié du XIXe siècle autour du peintre et sculpteur Jean-Léon Gérôme.
Le musée propose également des expositions temporaires.
Archéologie
Préhistoire
Pour la période préhistorique, on retrouve principalement des outillages et des objets divers, y compris sous forme de fragments tels que des armes (haches, perçoirs, pointes de flèches) ou d'autres objets variés (perles, pendeloques, fusaïoles, poteries). Les matériaux employés sont alors divers (pierre, fer, bronze). Un nombre important de ces vestiges ont été retrouvés sur des sites anciens de l'agglomération vésulienne : à la font de Champdamoy (Quincey), à la grotte de la Baume et au plateau de Cita (Échenoz-la-Méline), au camp de César (Chariez). Des objets de sites historiques plus éloignés sont également présents dont le site préhistorique de la Baume-Noire à Frétigney ou encore les sites d'extraction d'Etrelles[9],[2].
Antiquité
Concernant la période antique, les vestiges d'objets archéologiques sont également abondants. Les stèles et sculptures funéraires constituent le principal type d'objet au sein de la collection archéologique. En effet, environ une quarantaine de stèles funéraires en pierre (en entier ou en fragments) sont exposées, dont une trentaine provenant de Corre, village situé au nord de la Haute-Saône. Le reste des sculptures funéraires provient de communes de secteurs divers (Francalmont, Luxeuil-les-Bains, Jonvelle, Pontcey). Ces stèles représentent la plupart du temps des personnages, parfois ornées d'inscriptions ou de motifs. Une grande majorité des stèles funéraires du musée ont été données par la société d'agriculture, lettres, sciences et arts de la Haute-Saône lors d'un dépôt en 1963[9],[2],[10].
Outre les stèles funéraires, la collection archéologique de vestiges antiques inclut un nombre important d'objets archéologiques provenant de la villa gallo-romaine de Chassey-lès-Montbozon, située à 17 kilomètres au sud-est de Vesoul. Ces vestiges de villa romaine du Ier siècle incluent des restitutions de l'hypocauste, la partie centrale de l'atrium et de la toiture réalisées à partir des vestiges de la villa, qui a été représentée au musée à travers une maquette de reconstitution. Y figurent également des objets du quotidien et décoratifs. De même, le fanum de Montjustin, situé à 16 kilomètres à l'Est de Vesoul, a livré plusieurs témoignages de cette époque[9],[2].
Moyen Âge
Le musée abrite également des vestiges médiévaux, néanmoins en minorité par rapport aux vestiges préhistoriques et antiques. On compte notamment plusieurs pierres tombales attribuées à différents personnages historiques locaux (François de Plaisant, Eloïse de Joinville, Philibert de Montrost). Quelques objets ont été retrouvés à l'emplacement du château de Colombier ainsi que du château de Vesoul, notamment des restants d'armes d'artillerie, mais également des poteries et des fragments d'objets divers. Enfin, le musée regroupe quelques traces de l'abbaye Notre-Dame de Bellevaux, notamment des carreaux de pavement[9],[10].
Gérôme offrit de son vivant plusieurs de ses toiles au musée, de même que ses amis. Après la mort du peintre, sa famille fit également don d'œuvres de l'artiste au musée[14],[13].
Tableaux des artistes de l'« école haut-saônoise »
Après être entré dans l'atelier de Gérôme en 1881, Jules-Alexis Muenier (1863-1942) s'installe dans la région de Vesoul en 1885. Il y peint de nombreuses œuvres, dont une vingtaine est exposée à Vesoul sur des thématiques diverses, mais principalement relatifs au naturalisme. Parmi ces tableaux, la flore est régulièrement mise en évidence (Roses trémières, Les Éteules, La Conversation, Paysage de bord de Saône), de même que le monde de la paysannerie (Lavandière, Paysan, Faucheur, L'Abreuvoir). Muenier deviendra par ailleurs conservateur du musée de Vesoul.
Les peintures de Pascal Dagnan-Bouveret (1852-1929) sont également en nombre. Il suit les cours de Gérôme à Paris dès 1870 et s'installe plus tard en Franche-Comté. Le musée Georges-Garret regroupe principalement de Dagnan-Bouveret des portraits représentant des artistes peintres (Gérôme, von Stetten) mais également des membres de son entourage et de sa famille. On y trouve de même quelques tableaux académiques (Le moulin de Corre, Vue de Venise).
Au sein du musée, on dénombre quelques tableaux de Gustave Courtois (1852-1923), également rattaché à l'école haut-saônoise. Ce peintre haut-saônois débute dans l'atelier de Gérôme en 1869. À Vesoul, le musée expose de lui plusieurs tableaux dont le plus célèbre est César au tombeau d'Alexandre le Grand ainsi que des portraits, représentant notamment des membres de la famille de Dagnan-Bouveret, son ami et conscrit.
Enfin, le dernier représentant communément rattaché à l'école haut-saônoise est René Prinet (1861-1946), qui entra pour sa part dans l'atelier de Gérôme au cours des années 1880. Quelques toiles de Prinet sont exposées au musée Georges-Garret (La Bibliothèque, Le réfectoire de l’orphelinat de Morey).
Au total, une cinquantaine de tableaux de l'école haut-saônoise sont exposés au musée Georges-Garret. Les représentants de l'école haut-saônoise et leurs descendants donnèrent de leur vivant un nombre important de leurs œuvres au musée.
Le capitaine Henri Blandin (1830-1890), peintre vésulien amateur, laissa en 1887 deux tableaux, qui mettent en image des lieux de la ville : Place du Palais de Justice à Vesoul et Défilé de la Compagnie des sapeurs-pompiers, place Neuve à Vesoul[15].
Il est à noter que certains tableaux du musée sont de peintres non identifiés, soit parce qu'ils n'ont pas signé leurs œuvres, soit parce que leur signature n'a pas permis de les identifier.
Sculptures
La section Beaux-Arts du musée inclut également environ une quarantaine de sculptures. La majorité de ces sculptures, environ une vingtaine, a été conçue par Jean-Léon Gérôme, qui se consacra à cet art à partir des années 1870. À l'instar de ses tableaux, Gérôme s'inspire pour ses sculptures des thèmes de l'art académique. Le thème de la mythologie est représenté (Omphale, Tanagra) tout comme l'Antiquité (Gladiateur jouant du cor, Mirmillon). Le musée Georges-Garret concentre également des sculptures équestres de Gérôme (Le Duc d’Aumale, Frédéric le Grand). On trouve également de Gérôme quelques bas-reliefs en plâtre tels que Le Duc d'Aumale recevant la soumission d'Abd-el-Kader et La Prise de la Smalah[13],[9].
↑Louis Monnier, Histoire de la ville de Vesoul : avec de nombreuses reproductions de monuments et de portraits, t. 1 et 2, Vesoul, Louis Bon, , 402 p. (lire en ligne), p. 176