Monteaperta
Monteaperta est un village (frazione di Monteaperta) situé sur le territoire de la commune de Taipana, dans les Préalpes juliennes, dans la province d'Udine, en région Frioul-Vénétie Julienne. Cette bourgade autrefois indépendante, puis anciennement rattachée à Platischis (qui était siège communal jusqu'au 24 mars 1929), se trouve aujourd'hui dépendre du siège communal de Taipana dont elle est distante de 3,93 kilomètres. Monteaperta (en langue slave : Viškorša [1]ou Viškuorša ; en frioulan : Montviarte ; en allemand : Offenberg) signifie « la montagne ouverte ». Les 219 habitants se nomment les « Viškoršeni » (en dialecte slave local dit « po našin »). Monteaperta fait partie du « Chemin céleste » (Iter Aquileiense en latin ou Cammino Celeste en italien) dont il constitue une étape. Le chemin céleste est un chemin de pèlerinage très ancien, d'une longueur totale de 360 kilomètres, qui relie les sanctuaires de Maria Saal (Autriche) et de Brezje (Slovénie) à Aquilée (Italie). Description géographiqueLa bourgade s'étire sur 2 kilomètres de longueur, entre 500 et 659 mètres d'altitude, dans une position panoramique au pied du « Gran Monte », vaste massif montagneux situé entre les torrents du Cornappo (rivière), du Torre et du fleuve Isonzo. L'aire sur laquelle Monteaperta s'étend, fait partie d'une vaste zone nommée « Alta Valle del Torre » ou « Alta Val Torre » de la Slavia ou Bénécie frioulane (en langage slave : Benečija). D'un point de vue géomorphologique, la chaîne du Gran Monte constitue en partant de la plaine frioulane, le premier grand groupe d'un important relief montueux formé par les Préalpes Juliennes et qui dépasse 1600 mètres d'altitude. La roche est calcaire et on y relève des phénomènes karstiques intéressants (dolines, grottes, ...). Le territoire proche du village est riche en sources alimentant les grandes localités voisines (la source captée nommée « sorgente del Vescovo » par exemple). La bourgade est entourée de forêts mixtes de châtaigniers, cytises, noisetiers, noyers, merisiers, frênes, épicéas et mélèzes, d'altitude moyenne et qui laissent place sur les hauteurs à des forêts de pins et de genévriers, puis à de vastes pâturages à végétation alpine rare et protégée (edelweiss, gentianes, orchidées, rhododendron, ...) et à faune remarquable (lynx, ours brun, chat sauvage, cerf, chevreuil, oiseaux divers, salamandres, serpents, truites, écrevisses, grenouilles, papillons et insectes...). Le village marque la limite Sud-Ouest d'un vaste parc naturel. Le parc naturel communal du Gran Monte et des sources du NatisoneSon extension est de 3 533 hectares. Il est administré par la commune de Taipana et est en cours de classement. Il est caractérisée par ses paysages préalpins avec de vastes forêts, des cours d'eau, des torrents, des cascades, des pâturages et des prés. Le parc comprend deux aires : Aera di Rilevante Interesse Ambientale n.10 et le Sito di Interesse Comunitario IT3320017. Il confine avec la république de Slovénie. Végétation collinaire rare (Buphthalmum salicifolium, ancolies, hémérocalles, narcisses, ...) et végétation alpine remarquable (Asphodelus albus, Rosa alpina, Rosa glauca, Leontopodium alpinum, bruyère, cyclamen, daphnées, violettes, primevères alpines...). Sa faune est protégée. Quartiers (ou « Borghi ») et écarts
Langues et dialectesL'idiome qui est le plus utilisé par la population de Monteaperta outre la langue italienne, est le dialecte slave de la vallée du Torre (tersko narečje appelé aussi « po našin »). Le recensement de 1971 rapportait que 74,4 % des habitants de la commune (Taipana) se déclaraient appartenir à cette minorité linguistique slovène présente dans la région du Frioul-Vénétie Julienne. Le dépeuplement croissant de ces zones montagnardes et l'exode rural ont fait considérablement chuter ces données et le dialecte slave de la vallée du Torre est actuellement en net recul[2]. La commune fait partie des localités à minorités linguistiques spécifiquement visées et protégées par la Loi n° 38 du 23 février 2001, approuvée par le décret du président de la République italienne le 12 septembre 2007[3] Outre l'italien et le dialecte slave de la vallée du Torre, l'on signale de petites minorités de langue frioulane, serbo-croate, allemande et française. Manifestations culturelles et festivitésFêtes patronales
Fêtes religieuses traditionnelles
Patrimoine architectural
À proximité se trouve le rocher dit « du pied de la Madone » (en italien il piede della Madonna), un endroit chargé de légendes avec un rocher portant la marque d'une mystérieuse empreinte en forme d'un petit pied. La légende rapporte que des bergers ont assisté vers 1200 à cet endroit, à une apparition de la Vierge Marie qui a laissé en témoignage l'empreinte de son pied et ordonné la construction de l'église de la Très Sainte Trinité. Il est situé à 673 mètres d'altitude au pied de la Testa Grande du Gran Monte.
Les deux tremblements de terre du 6 mai et du 19 septembre 1976 ont profondément changé l'aspect du village. De nombreuses maisons anciennes d'architecture locale typique ont été détruites puis remplacées par des constructions plus récentes. Deux belles villas (le palazzo Cobai et le palazzo Cossarutto) et le presbytère ont été irrémédiablement perdus. Un petit tableau (ex-voto) représentant Luigi Cobai (1885-1942) tombant du toit du palazzo Cobai lors de sa construction (1905) est conservé dans le cloître de l'église Santa Maria delle Grazie à Udine et un autre est conservé dans l'église paroissiale de Monteaperta.
Sentiers alpins
Équipements sportifs
Économie
HistoireLe territoire de Monteaperta est habité depuis la préhistoire, comme en témoignent les restes de silex trouvés dans les grottes karstiques dispersées sur son territoire. Jusqu'à 3000 ans av. J.-C., le climat est chaud et humide. L'homme commence à élever du bétail et à travailler la terre. Dans ces vallées, l'homme néolithique vivait la plupart du temps dans des grottes et des cabanes. À Monteaperta, la découverte récente d'objets aussi divers que des haches en pierre et une pierre ronde destinée à moudre le grain, attestent de sa présence. Dès le IIIe siècle av. J.-C., le site est occupé par des groupes de Celtes (appelés Gaulois par les Romains), puis par des populations originaires de la Carniole. La tradition rapporte que Jules César a poussé ses troupes à travers ces montagnes (58-50 av. J.-C.) notamment à travers la gorge de Crosis en passant par Cuel Lanis avant de descendre tranquillement à Gemona. L’on retrouve notamment les traces d'une voie romaine et d’un pont romain qui mène de Nimis à Kobarid. Au VIe siècle, s’installent dans les Alpes juliennes les Avars, puis des Slaves originaires de Pannonie. Les habitants conservent encore de nos jours ce parler d'origine slave antique (le dialecte slave de la vallée du Torre appelé « po-našem » en slovène). Le nom slave de Monteaperta est Viškorša et dérive d’un mot dialectal désignant le sorbier. Monteaperta commence probablement à prendre consistance au cours de la période du règne longobard (558-776). En 670 le duc longobard Vettari vainc les Slaves dans la bataille de Broxas (Brischis). En 700, ce sont les Slaves qui gagnent la bataille contre les Longobards, dirigée par le duc Ferdulfo. Dans une bataille qui se déroule sur le Monte Purgessimo le duc lui-même est tué. En 725, les Slaves sont à nouveau défaits par le duc longobard Pemo à la bataille de Lauriana (Lavariano). La défaite est tempérée par un accord de paix qui prévoit l'échange réciproque de terres pour le pâturage. Le fils de Pemo, Ratchis, défait les Slaves en 738 dans la région carniole. Les Slaves attaquent alors en représailles Ratchis dans une brusque attaque si violente et si rapide qu’il n’est pas en mesure même de saisir sa lance, mais se défendra avec un bâton (anecdote rapportée par l'historien Paul Diacre). L'histoire véritable de Monteaperta commence au XIIe siècle, quand des pasteurs originaires de Venzone se réunissent pour former un village contre les incursions des voleurs et des brigands. La première mention écrite de Monteaperta remonte à 1300 : c’est une déclaration féodale que fait de cet endroit le noble Nicolò di Castellerio. Durant le XIIIe siècle, Monteaperta et Cornappo relèvent de la compétence des comptes Savorgnan d’Osoppo. Restée tout d’abord sous la juridiction du Patriarcat d'Aquilée, puis de l'Empire austro-hongrois, Monteaperta gagne en importance et passe sous la tutelle de la république de Venise, à l'exception d'une brève période française et napoléonienne (1797), jusqu'à l'annexion du Frioul à l’Italie en 1866. Monteaperta et les fractions voisines gagnent en importance et se développent comme des « villes slaves ». Elles restent néanmoins sous la juridiction religieuse de la paroisse de San Gervasio de Nimis. À la tête de chaque « ville slave », il y avait une autorité locale dénommée « degano» qui régissait la vie de la ville, administrait la justice, présidait les assemblées et choisissait également les vicaires. L'on pouvait faire appel des décisions du « degano » au capitaine d'Osoppo, qui dans ses dernières années résidait à Nimis. L'auteur italien Ippolito Nievo décrit la vie du « degano » et des habitants de Monteaperta ainsi que les usages de l’époque dans son célèbre roman « il Conte Pecoraio » (1856). Ce village, autrefois ville indépendante (cité dans l'inspection de la canonique du 10 juin 1737 comme « ville » de Monteaperta) est rattaché en 1797 à la municipalité d’Attimis et à la vice-préfecture de Cividale. En 1818, l'Empire austro-hongrois rattache Monteaperta au district de Faedis ; ce dernier est aboli en 1853 et Monteaperta retourne à Cividale. En 1861, Monteaperta rejoint finalement le district de Tarcento et dépendra de la mairie de Platischis jusqu'au 24 mars 1929. Actuellement Monteaperta dépend de la commune de Taipana, province d’Udine. Distinction de la communeÀ l'occasion des deux séismes de 1976 qui ont touché la population et de la courageuse reconstruction de la bourgade, la médaille d'or du Mérite civil a été décernée à la commune par République italienne. Personnalités marquantes
Galerie de photographies
Références
Bibliographie
Voir aussiLiens externes
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