Depuis 2017, des groupes séparatistes et l'armée s'affrontent dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où vit l'essentiel de la minorité anglophone, dont une partie s'estime marginalisée par la majorité francophone du pays. Les combats au Cameroun anglophone, mais aussi les exactions et meurtres de civils par les deux camps, selon de nombreuses ONG, ont fait plus de 3 000 morts et forcé plus de 700 000 personnes à fuir leur domicile[1].
Le complexe scolaire privé Mother Francisca International Bilingual Academy, situé en plein Kumba[2], n’a lancé ses activités qu’en début d’année scolaire 2020-2021[3].
Déroulement
Le , vers midi[4], des assaillants habillés en civils, armés de machettes et d'armes de guerre arrivent sur trois motos devant l'école Mother Francisca International Bilingual Academy et font irruption dans une salle de classe où ils ouvrent le feu sur des élèves, tuant des élèves âgés de 12 à 14 ans et blessant grièvement d'autres[5],[6],[7].
Un bilan de six élèves assassinés, dont cinq filles et un garçon, tous âgés entre neuf et douze ans[8] ; (4 ou 8 morts selon d'autres sources)[9],[10],[11],[12],[13] et treize blessés, soit dix filles et trois garçons, dont sept cas avérés préoccupants est annoncé[14],[15].
Dans une tentative de fuite, certains élèves sont blessés en sautant du second étage du bâtiment[3]. Des blessés sont conduits vers l'hôpital de district de la ville[16].
Victimes
Nzakame Ramane, 10 ans ; Nguemene Princess, 11 ans ; Anagym Jennifer, 11 ans ; Ngwane Rey Mongue, 12 ans ; Victory Ngamenyi Camibon, 12 ans ; Scheygnia Cindi, 14 ans; Che Telma, 15 ans[3].
Responsabilité
Bien que les auteurs de l'attaque n'aient pas encore été formellement identifiés, le gouvernement attribue le massacre aux séparatistes[17].
Le jour même du massacre, le Premier ministre Joseph Dion Ngute organise une réunion d'urgence sur la situation[19].
Maurice Kamto : « Horreur absolue. Ma peine est sans borne. Je condamne cet acte odieux avec la dernière énergie. Combien de morts faut-il encore pour qu'une solution politique ramène la paix dans le NOSO (Nord-Ouest et Sud-Ouest, NDLR) »[20].
Sisiku Julius Ayuk Tabe : « J'ai vu des vidéos troublantes de l'attaque barbare contre une école à Kumba. Ces criminels qui ont assassiné nos enfants sont dirigés par Sako Ikome, et non le vrai gouvernement intérimaire de notre révolution »[21].
Ludovic Lado : « c’est pour que cesse ce carnage stupide que je marchais »[23].
Joseph Dion Ngute : « s’en prendre aux enfants innocents et à des personnes non armées, traduit la lâcheté et la barbarie des assaillants… Sur très hautes instructions du Chef de l’Etat, des mesures seront prises pour assister les familles affectées »[19].
ONU : la directrice générale de l'Unesco, Audrey Azoulay, et le Coordonnateur humanitaire au Cameroun, Matthias Z. Naab, condamnent fermement cette attaque. Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, se dit profondément choqué par cette attaque. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) offre des fournitures médicales aux hôpitaux de la région. Le chef de l’ONU et le Coordonnateur humanitaire au Cameroun présentent leurs plus sincères condoléances aux familles des enfants tués, souhaitent un prompt et complet rétablissement aux blessés et apportent leurs soutiens à leur communauté[29].
Conséquences
Raid militaire
Dans la nuit du 7 au , l'armée effectue un raid à Mbalangi, dans le Sud-Ouest. Selon un communiqué de presse de l'armée, l'objectif est de « mettre hors d'état de nuire des terroristes armés rassemblés pour planifier des attaques sur la ville de Kumba et ses environs ». Selon le communiqué, le raid a donné lieu à un « violent affrontement » au cours duquel 5 séparatistes, dont le chef du commando du massacre de Kumba, sont tués, tandis que d'autres sont blessés. Des armes et des munitions sont également récupérées, selon le communiqué[30].
Jugement
Le , le tribunal militaire de Buéa condamne quatre prévenus à « la peine de mort avec fusillade sur la place publique ». Les quatre hommes, présentés par l'accusation comme des séparatistes anglophones, sont reconnus coupables « d'actes de terrorisme, d'hostilité contre la patrie, d'insurrection, de sécession et d'assassinat »[31].
↑« About ‘six’ students die, odas injure for Mother Francisca International Kumba afta gunmen attack », BBC News Pidgin, (lire en ligne, consulté le )