Marguerite Félicie Augustine Huré est née rue Michel Bizot à Paris (12e arrondissement) le
d'un père employé dans les assurances et d'une mère sans profession[2].
Elle s'initie au dessin à l'Académie Julian et suit les cours du sculpteur Laurent Marqueste à l'École des beaux-arts de Paris de 1914 à 1919. Surnommée Plum, elle partage alors un atelier au 86 rue Notre-Dame-des-Champs avec Renée Trudon et Jeanne Malivel, qu'elle choque par son apparence et son style ostensiblement masculins[3]. Elle étudie ensuite l'art du vitrail auprès du peintre verrier Émile Ader, et rencontre Maurice Denis dont elle revendique l'influence[4]. Du choix du vitrail comme art, elle dira :
« J'ai sculpté trois ans aux Beaux-arts, mais je me suis tournée vers le vitrail, parce que c'est l'art le plus complet, à la fois science et divination, technique savante et poésie. Dans les cathédrales, le vitrail n'a-t-il pas autant de place que la sculpture ? »[5].
Elle fonde son propre atelier en 1920 ; en 1926, il est situé au 12 rue François-Guibert (Paris, 15e arrondissement). Puis Auguste Perret lui fait construire un atelier lumineux au 25 rue du Belvédère à Boulogne-Billancourt[6] - juste à côté de l'atelier de Dora Gordine, où Marguerite Huré travaille de 1929 à 1939.
En 1933, elle reconnaît avoir vendu en 1928 à un collectionneur américain, pour des raisons financières, les vitraux de l'église de Fécamp qu'elle était chargée de restaurer[8].
Fière de son indépendance dans un milieu masculin[9] et renommée, la jeune femme en salopette qui fume la pipe[10] intrigue et la presse contemporaine lui consacre de nombreux portraits : Comœdia[9], Le Figaro[11], Les Dimanches de la femme[12], L'Intransigeant[13], Le Gaulois[14], La Croix[15], Le Journal[16].
Après la guerre, elle travaille avec Marcelle Lecamp (1910-2000), également maître-verrier, qui deviendra sa compagne et son héritière[17].
Marguerite Huré meurt à Paris le . Le fonds des 2 artistes Marguerite Huré et Marcelle Lecamp est conservé au musée des Années Trente[18].
La « brique Huré »
Elle a notamment mis au point la « brique Huré »[19], une brique creuse blanche dont les extrémités sont munies de feuillures et reçoivent un verre incolore du côté intérieur et coloré à l'extérieur, permettant de jouer sur les reflets lumineux pour créer une ambiance colorée. Son procédé n'a cependant eu que peu de succès puisqu'il n'a été utilisé que dans l'église Notre-Dame-des-Missions d'Épinay-sur-Seine et à l'église Sofar au Liban, édifiée par l'architecte libanais Edde et aujourd'hui détruite.
Vitraux de l'église Sainte-Foy à Burzy en Saône-et-Loire [23],[24] (Notre-Dame du monde entier, Le Bon Pasteur et deux représentations de Sainte-Foy[7]).
↑Acte de naissance, Archives de Paris, (consultable en ligne). L'année de naissance qui figure dans le Bénézit, reprise dans plusieurs ouvrages, est erronée.
↑Cité de l'architecture, Plans de la résidence atelier de Marguerite Huré, consultable en ligne
↑ a et bMarie-Thérèse Suhard, « La chapelle de la Colombière : Auguste Perret à Chalon », revue Images de Saône-et-Loire, n° 197, mars 2019, pages 22 à 24.
↑Bien que la presse et les articles concernant Marguerite Huré n'évoquent jamais sa vie personnelle, plusieurs faits laissent à penser que Marguerite Huré était lesbienne : les multiples portraits faits par les journaux, le fait qu'elle vivait à Boulogne-Billancourt entre 1931 et 1936 avec Valentine Cordier (recensements de population de Boulogne-Billancourt) et qu'elle ne se soit jamais mariée, ou encore que sa seule héritière et dépositaire de son fonds d'artiste est Marcelle Lecamp, artiste-verrière avec qui elle travaille après la Seconde Guerre mondiale.
↑Véronique David, Carole Bouvet, « Le fonds d’atelier de Marguerite Huré au musée des Années 30 de Boulogne-Billancourt », in In Situ, n° 4, mars 2004, article en ligne
Yves Sjöberg, « Marguerite Huré, une vocation féminine de maître-verrier », in La Croix, 11-. P. 7.
L’art sacré au XXe siècle en France, éd. Musée municipal de Boulogne-Billancourt, 1993.
Véronique Chausse, « Marguerite Huré ou la passion du vitrail », in Revue de la céramique et du verre, mars-, n° 99, pp40-43.
Véronique Chausse, Marguerite Huré et le décor des claustra entre 1924 et 1933 : contribution à la modernité, édition ?
Martine Callias Bey, Marguerite Huré et l’affaire des vitraux volés de l’abbatiale de Fécamp, Annales du Patrimoine de Fécamp, n° 8, éd. Fécamp Terre-Neuve, 2001. pp52-55.
Véronique David, « Marguerite Huré, précurseur de l’abstraction dans le vitrail religieux », in InSitu, n°3, printemps 2003, article en ligne
Véronique David, Carole Bouvet, « Le fonds d’atelier de Marguerite Huré au Musée des Années 30 de Boulogne-Billancourt », in In Situ, n° 4, , article en ligne
Marie Alain Couturier, « Bilan de l’époque 1920-1940 », in L’Art Sacré, mars-, n°3-4. p65
Maurice Brillant, « La jeune fille à la pipe et les vitraux du Raincy », in Comœdia, , article en ligne sur Gallica.
Association des Anciens du Sacré-Cœur, de la Jacquinière et des Portes de Chartreuse de Voreppe (ASCV), Marguerite Huré et les vitraux du Petit Séminaire de Voreppe, consultable en ligne