Lothar Eugen von Arnauld de La Perière, né le à Posen (aujourd'hui Poznań, en Pologne) et mort le au Bourget, est un officier allemand. Il fut commandant de sous-marins durant la Première Guerre mondiale. Avec à son actif 194 navires coulés représentant 453 716 tonneaux, il est le commandant de sous-marins ayant atteint le plus de cibles de tous les temps. La grande majorité des cibles (189) étaient des navires marchands. Il remporta la plupart de ses victoires en surface, en Méditerranée. Il obtiendra les plus hautes récompenses militaires pour ses états de service.
Lothar von Arnauld de La Perière porte un patronyme d'origine française[1], car son arrière-grand-père Jean-Gabriel-Arnauld(de), né en 1731, était originaire de Saint-Plantaire dans le Berry. Lieutenant d’artillerie, il s’était mis — comme de nombreux officiers français en mal d’aventure et d’avancement rapide — au service[2] du roi de Prusse Frédéric le Grand voire, comme le dit une légende familiale, à la suite d’un duel malheureux avec un prince de Bourbon[3] au sujet duquel l’histoire reste muette[4]. Dans l’armée prussienne, il était parvenu au grade de général et avait fondé une famille admise à la noblesse prussienne dans laquelle le service des armes était devenu une tradition. C’est ainsi que le jeune Lothar entre dans la marine impériale allemande en 1903 où il sert comme officier à bord de différents navires de guerre, le SMS Kurfürst Friedrich Wilhelm, le SMS Schlesien et le SMS Schleswig-Holstein. De 1911 à 1913, il est embarqué sur le SMS Emden avant d’être affecté à l’amirauté allemande[5].
La Première Guerre mondiale
Lorsque éclate la Première Guerre mondiale, Arnauld de La Perière est aide de camp au service de l'amiral Hugo von Pohl à Berlin. Il est d’abord mobilisé à un poste dans la division des dirigeables de la marine (Marine Luftschiff Abteilung).
En 1915, Arnauld de La Perière est transféré dans les Unterseeboot. Après une formation à Pula, en Istrie, il se voit confier le commandement de l’U-35 en . Il effectuera avec ce sous-marin 14 missions au cours desquelles il enverra par le fond 189 navires marchands et deux canonnières, totalisant 446 708 tonneaux.
Arnauld de La Perière utilisait l’artillerie de pont de 88 mm de préférence aux torpilles, et faisait alors descendre l'équipage dans les canots de sauvetage. La plupart des bateaux qu'il coula étaient des navires de ravitaillement alliés. Le , il torpille et coule en Méditerranée le Gallia, bâtiment de transport de troupes, faisant 1 740 victimes.
En , il est affecté à l'U-139 avec lequel il coule encore cinq autres navires d'un tonnage combiné de 7 008 tonneaux. Ce nombre record de bateaux coulés et ce tonnage n'ont jamais été surpassés. Il sera récompensé pour ses états de service par la croix de fer de deuxième et de première classe, par la médaille Pour le Mérite, la plus haute décoration militaire prussienne, en 1916 et par la croix de chevalier de l'ordre impérial de Léopold, la plus haute décoration autrichienne.
L'entre-deux-guerres
Après la fin de la guerre, Arnauld de La Perière reste dans une marine allemande considérablement réduite.
À la suite des mutineries à Kiel, des corps francs (Freikorps) de volontaires se constituent. Il rejoint alors la 3. Marinebrigade formée le par le Korvetten KapitänWilfried von Loewenfeld où il prend le commandement d’un bataillon d’assaut qui portera son nom, le Sturmbataillon Arnauld de la Perière.
Le , le corps franc est dissous et il rejoint la nouvelle Reichsmarine. Il prend le commandement de la 11e flottille de la Baltique.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Arnauld de La Perière est appelé à reprendre un service actif. Jusqu’en , il sert en qualité de mandataire de la marine (Marinebevollmächtigter) à Dantzig. Puis, il est envoyé comme commandant de la marine (Marinebefehlshaber) en Belgique et aux Pays-Bas. Nommé contre-amiral (Konteradmiral), Arnauld de La Perière prend le commandement de la marine allemande en Bretagne puis de tout l’Ouest du littoral français. Il est promu au rang de vice-amiral (Vizeadmiral) le . C’est au moment de son transfert à son nouveau poste dans le Sud-Ouest, qu’il est tué lorsque son avion s’écrase au décollage à l’aéroport du Bourget.
↑Contrairement à ce qui est parfois affirmé, la famille Arnauld de la Perrière ne fait pas partie des familles huguenotes ayant émigré lors de la révocation de l'édit de Nantes (1685). La famille était catholique mais ne semble pas avoir de relation avec l’illustre famille de noblesse de robe des Arnauld dont certains membres s’étaient illustrés lors des querelles jansénistes au XVIIe siècle
↑À la même époque de nombreux officiers prussiens comme Friedrich Wilhelm von Steuben faisaient le voyage inverse et allaient se mettre au service de la France.
↑Les origines de Lothar von Arnauld La Perière, sur le site francophone « Histomar.net » consacré à l’histoire maritime.
↑Aucun prince du sang contemporain n’est mort en duel...
Pierre Gilles Cézembre, « Lothar von Arnauld de la Perière : L'as des sous-marins allemands de la Grande Guerre », La grande histoire des armées, no 18 « Les grands amiraux combats navals légendaires », , p. 82-83
Liens externes
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