Deux théories littéraires ont émergé de ce terreau irrigué par la mer indienne.
Langues
Outre les littératures anglophone et francophone, il existe, à l'oral comme à l'écrit, une littérature en créole mauricien et en bhodjpouri, surtout depuis l'indépendance en 1968.
Une littérature en langue créole, véhiculant les mêmes stéréotypes, est créée à la Réunion par Louis Héry (1808-1856), en partie à l'imitation de ce qu'a fait antérieurement, à Maurice, François Chrestien (1767-1846)[2], Fables créoles (1822)[3],[4].
Parmi les romanciers de romans coloniaux mauriciens d'après 1900, ou romans de la plantation (terme-titre de l'article de Vinesh Y. Hookoomsing, 2005) :
Marie Leblanc (1867-1915), nouvelliste, romancière, traductrice, journaliste
Arthur Martial (1899-1951)[7],[8], La Poupée de chair (1933)
Indiaocéanisme
Le néologisme d'indianocéanisme apparaît en 1961, quand le mauricien Camille de Rauville conçoit que les littératures de l'océan Indien revêtent des spécificités qui peuvent, cependant, présenter un substrat commun, notamment autour du polylinguisme et du métissage : « Le climat, le métissage psychique commun aux divers pays et ethnies mêlées qui composent le substrat des îles australes de l'océan Indien et qui se manifeste à travers le brassage de leurs ethnies, de leurs coutumes, de leurs pensées et croyances ainsi que dans leur(s) littérature(s). »
Ce concept a(vait) pour objectif de créer une unité par ces thèmes, afin de désenclaver Madagascar, Maurice, La Réunion, Les Seychelles, Comores et Rodrigues et de les positionner non plus en périphérie d'autres espaces dominants mais au centre d'une histoire réappropriée.
Coolitude
Cette poétique née de la diversité de l'océan Indien, premier océan de la mondialisation, ne s'appuie pas sur les catégorisations définies par l'indiaocéanisme, en privilégiant une mise en relation par ce qu'on appelle l'imaginaire corallien.
Robert Edward Hart (1891-1954), poète, Les Voix intimes, poèmes... (1920), L'Ombre étoilée (1924), Respiration de la vie (1932), La joie du monde (1934), Résurrection de l'enfance (1940), Le poëme de l'Île Maurice (1947)...
Raymonde de Kervern (1899-1973), poétesse, Cloches mystiques (1928), Le Jardin féerique (1935), Apsara la danseuse (1941), Abîmes (1951)
René Noyau (1911-1984), alias Jean Erenne, poète, L’Ange aux pieds d’airain (1934), Le Labyrinthe illuminé (1939), Le Poinçon de cristal (1942), Tention Caïma (1971)...
Marcel Cabon (1912-1972)[15], poète, biographe, Ébauches (1932), Fenêtres sur la vie (1933)...
Rita Marcelle Lagesse (1916-2011)[16], Les contes du samedi (1945), Villebague (1961), Des pas sur le sable… et la première marée les effaça (1975)...
Magda Mamet (1916-2012), journaliste, poétesse, nouvelliste, Nuit sans mémoire (1973), L'Enfant de possession (1995)
Geneviève Pitot (1930-2002), le shekel mauricien (2014)
Raymond Chasle (1930–1996)[19], diplomate, poète, Le Corailleur des limbes. Versos interdits (1970), Vigiles irradiées (1973), L'Alternance des solstices (1975)
Jean Fanchette (1932–1992), poète, psychanalyste, Osmoses (1954), Les Midis du sang (1955), Archipels (1958), Identité provisoire (1965), Je m’appelle sommeil (1977), La Visitation de l’oiseau pluvier (1980), Mémoire de la saxifrage (1956-1991
Azize Asgarally (1933-)[21], enseignant, dramaturge, politique, époux de Renée Asgarally, Man in hiding (1958)
Jeanne Gerval Arouff (1936-)[22], enseignante, artiste, écrivaine, Je t’offre ma terre (1990)
Monique Dinan (1939-)[23], Une Ile éclatée (1985), The Mauritian kaleidoscope (1986)
Chit Dukhira (1939-), anglophone
Hassam Wachill (1939–)[24], Eloge de l'ombre (1980), Cycle des larmes (1983), La rive-errance (2010)
Renée Asgarally (1939-2010)[25], romancière, Quand montagne prend difé… (1977), Tension gagne corne (1979), Les filles de Madame Laljee (1981), Tant que soufflera le vent (1984)
Alain Gordon-Gentil (1952-)[29], journaliste, romancier, essayiste, dramaturge, cinéaste[30], Quartiers de Pamplemousses (1999), Légère approche de la haine (2009), Devina (2009), J'attendrai la fin du monde (2016)
Sedley Richard Assonne (1961-)[32], francophone et créolophone, journaliste, poète, écrivain, biographe, Robis (1996), Vertiz leternite: enn rekey poem (1996), Les femmes du séga (2009)
Shenaz Patel (1966– ), francophone et créolophone, romancier et dramaturge, Le Portrait Chamarel (2002), Sensitive (2003), La Phobie du caméléon (2005), Le Silence des Chagos (2005)...
Catherine Boudet (1968-), francophone, enseignante, journaliste, poète, politologue, Résîliences (2007), Journal du Gardien des Horizons (2015)
Véronique Bragard et Srilata Ravi (dir.), Écritures mauriciennes au féminin : penser l'altérité, L'Harmattan, Paris, 2012, 315 p. (ISBN978-2-296-54211-2)
Robert Furlong et Vicram Ramharai (dir.), Panorama de la littérature mauricienne : la production créolophone, vol. 1, Des origines à l'indépendance, Mauritius, s.n., 2007, 547 p. (ISBN9789990325386)
Maria Clara Pellegrini, Le théâtre mauricien de langue française du XVIIIe au XXe siècle, PIE Peter Lang, Bruxelles, 2013, 153 p. (ISBN9782875740366)
Jean-Georges Prosper, Histoire de la littérature mauricienne de langue française, Editions de l'Océan indien, Maurice, 1978
Jean-Georges Prosper, Histoire de la littérature mauricienne de langue française, Stanley/Rose-Hill (Maurice), éditions de l’océan Indien, 1994.
(en) Srilata Ravi, Rethinking global Mauritius: critical essays on Mauritian literatures and cultures, L'Atelier d'écriture, La Pelouse, Trou d'Eau Douce, Île Maurice, 2013, 118 p. (ISBN978-99903-3680-1)
Jean Louis Joubert, Littératures de l’Océan Indien, Edicef, Vanves, 1991.
Markus Arnold, La Littérature mauricienne contemporaine. Un espace de création postcolonial entre revendications identitaires et ouvertures interculturelles, Berlin, Lit Verlag, coll. « Littératures et cultures francophones hors d'Europe », 2017, 553 p., (ISBN9783643131935)