Ligne de Charleval à Serqueux

Ligne
de Charleval à Serqueux
Image illustrative de l’article Ligne de Charleval à Serqueux
La gare de Charleval.
Pays Drapeau de la France France
Villes desservies Charleval, Forges-les-Eaux, Serqueux
Historique
Mise en service 1907 – 1910
Fermeture 1938 – 1969
Concessionnaires Ouest (1900 – 1908)
État (1909 – 1937)
SNCF (1938 – 1972)
Ligne déclassée (à partir de 1972)
Caractéristiques techniques
Numéro officiel 344 000
Longueur 35,9 km
Écartement standard (1,435 m)
Électrification Non électrifiée
Pente maximale 10 
Nombre de voies Voie unique

La ligne de Charleval à Serqueux est une voie ferrée à écartement standard, sise dans les départements de l'Eure et de la Seine-Inférieure (aujourd'hui Seine-Maritime), établie par la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, puis la Compagnie des chemins de fer de l'État, qui lui succéda. Inauguré dans son intégralité en 1910, ce chemin de fer fut fermé aux voyageurs en 1938 et aux marchandises en 1969. Sa plate-forme est désormais partiellement reconvertie en voie verte.

Tracé

Un train de voyageurs franchit le viaduc de Charleval en direction de Serqueux.
Carte
Carte détaillée de la ligne.

La ligne, construite à voie unique, part de la gare de Charleval localisée dans le département de l'Eure et située sur l'itinéraire reliant Gisors à Pont-de-l'Arche (et au-delà à Rouen). Se détachant de ce dernier, elle remonte la vallée de l'Andelle par une rampe à peu près constante de 3 à 5 ‰, desservant des communes - Perriers-sur-Andelle, Vascœuil - où se sont installés de petits établissements industriels embranchés[1]. La voie ferrée franchit, peu avant la station de Croisy-sur-Andelle, la limite départementale pour pénétrer en Seine-Inférieure. Maintenant engagée dans la haute vallée de la rivière, elle voit ses rampes s'accentuer (avec une déclivité maximale de 10 ‰)[2] dans la dernière partie du parcours pour se hisser sur les collines du pays de Bray. Au-delà de la gare de Forges-les-Eaux (établissement thermal), la ligne croise à niveau le raccordement de Serqueux-sud et rejoint la station de Serqueux, nœud ferroviaire sur les itinéraires d'Amiens à Rouen géré par la Compagnie des chemins de fer du Nord et de Paris à Dieppe par la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest[3].

Histoire

La construction et les débuts de l'exploitation

Un train au départ de la gare de Croisy-sur-Andelle

L'histoire de la ligne fut étroitement liée à celle de l'itinéraire transversal de Gisors à Pont-de-l'Arche mis en service le par la Compagnie du chemin de fer de Pont-de-l'Arche à Gisors qui, après bien des vicissitudes, revint à la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest[4]. La même année, avait été remise au Conseil général de l'Eure une pétition réclamant «que le chemin de Gisors à Pont-de-l'Arche soit complété par un embranchement qui, partant de Charleval, le relierait à la station de Morgny-la-Pommeraye, sur la ligne d'Amiens à Rouen», afin notamment de faciliter le transport des charbons du Nord vers les industries de la vallée de l'Andelle[5]. Sans que le lieu exact de sa jonction avec la ligne Rouen-Amiens soit encore déterminé, la section de ligne « de Charleval à la limite de l'Eure, vers la ligne de Rouen à Amiens » est concédée à la Compagnie du chemin de fer d'Orléans à Rouen par une convention signée le entre le préfet du département de l'Eure et la compagnie. Cette convention est approuvée le par un décret qui déclare la ligne d'utilité publique à titre d'intérêt local[6].

L'itinéraire fut finalement déclaré d'utilité publique, par une loi du , comme ligne d'intérêt général et concédée à la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, avec aboutissement à Serqueux[7],[8]. Simultanément, les départements de l'Eure et de la Seine-Inférieure avaient accepté de prendre en charge la construction d'un embranchement de Vascœuil à Morgny-la-Pommeraye comme chemin de fer d'intérêt local[9], mais finirent par y renoncer, pour établir entre ces deux points un service de transports routiers de voyageurs et marchandises[10].

Les difficultés financières retardèrent la construction de la ligne qui fut mise en service en deux étapes: de Charleval à Vascœuil le , de Vascœuil à Serqueux le , la Compagnie des chemins de fer de l'État ayant remplacé la défunte Compagnie de l'Ouest depuis le [8]. Sans doute parce que cette voie ferrée fut la dernière mise en service par la Compagnie de l'Ouest, elle a bénéficié d'une architecture de qualité avec, par exemple, des bâtiments-voyageurs en pierre meulière souligné de parements en briques et aux toitures à pignons coupés[11].

Jusqu'en 1914, la ligne était desservie par 4 trains omnibus A/R par jour en correspondance avec les convois circulant sur l'itinéraire Gisors - Pont-de-l'Arche. Les 36 kilomètres du parcours étaient accomplis en 1 h 15 à 1 h 20 dans le sens Charleval - Serqueux, en 1 h 05 à 1 h 10 en sens inverse[12]. Le service était assuré par des machines de la Compagnie de l'Ouest du dépôt de Gisors[13]: 021, 120, 130, 220, 120T[14]. Durant la Première Guerre mondiale, le nombre des circulations fut limité à deux allers et retours quotidiens, plus quelques trains de marchandises irréguliers. La ligne voyait passer des convois destinés à alimenter le front de la Somme en ravitaillement, armes et munitions en provenance des ports normands, mais, contrairement à certaines de ses homologues (comme l'itinéraire de Gisors à Pont-de-l'Arche), la voie ne fut pas doublée[13].

Des années 1920 à la fermeture

Train en gare de Vascœuil, le locomotive circule tender avant.

La paix revenue, le trafic reprit avec seulement 3 circulations quotidiennes dans chaque sens[15], De nouvelles machines plus puissantes furent affectées, de manière irrégulière sur la ligne: 140 101/370 de l'État, 230 321/370 d'origine britannique, 140 001/030 de l'Ouest[16], ce qui permit d'augmenter modestement les temps de parcours (de 5 à 10 minutes). Malgré l'introduction (limitée) en 1934, d'autorails Schneider ou Renault (type VH), le nombre de passagers transportés continuait à baisser, les services voyageurs furent interrompus le , quelques mois après le remplacement des grandes compagnies par la Société nationale des chemins de fer français (SNCF). Durant la Seconde Guerre mondiale, le service marchandises fut maintenu dans le cadre de circulations intermittentes mais, à partir de 1942, l'installation par les forces allemandes d'un dépôt de munitions dans la forêt près de Croisy-sur-Andelle allait relancer le trafic. L'omnibus assurant, depuis le début de l'Occupation, la liaison du Pont-de-l'Arche à Charleval, fut prolongé jusqu'à Croisy-sur-Andelle pour assurer les déplacements du personnel civil travaillant sur le site militaire; il était assuré par une locomotive 131 TA du dépôt de Rouen-Martainville à laquelle étaient attelées des voitures de banlieue (Paris-Saint-Lazare)[13]. La présence du dépôt de munitions, l'utilisation de la ligne, par les forces occupantes, comme itinéraire de contournement du nœud ferroviaire de Rouen via Serqueux, Charleval, le Pont-de-l'Arche, entrainèrent de nombreux bombardements de l'aviation alliée ainsi que des actes de sabotage de la part de la Résistance[17].

Après la guerre, le service marchandises continua à fonctionner normalement jusqu'au date à laquelle la section centrale, entre les gares de Croisy-sur-Andelle et de Nolleval-La Feuillie, fut neutralisée. Cette section fut rétablie de manière temporaire, en 1956, lorsque la ligne servit d'itinéraire de détournement aux trains de marchandises circulant entre Longueau et Sotteville en raison des travaux du tunnel Sainte-Catherine à Rouen[18]. À l'exception de cette période, des locotracteurs assuraient une desserte locale sur les deux antennes Charleval à Croisy-sur-Andelle et Nolleval-La Feuillie à Serqueux. Toutefois, un train circulait en semaine, composé de quelques wagons et remorqué par une BB63000/63500 du dépôt de Sotteville en traversant notamment la commune de Morville sur Andelle ; [19]mais le trafic baissant de manière régulière, les deux tronçons furent définitivement fermés le [8]. L'ensemble de la ligne a été déclassée par un décret du et déferrée à la fin des années 1970[8]. Les autorités ont envisagé de transformer la plate-forme abandonnée en voie verte, prolongeant ainsi l'itinéraire existant entre Arques-la-Bataille et Serqueux et réutilisant les anciennes emprises ferroviaires de la ligne de Paris à Dieppe. Deux tronçons de l'ancienne voie ferrée ont été actuellement aménagés dans le cadre ce prolongement: de Serqueux à l'ancienne gare thermale de Forges-les-Eaux, la voie verte revêtue assure la continuité de l'itinéraire[20]; au-delà du bâtiment-voyageurs, en direction de Charleval, sur une distance d'environ un kilomètre, l'emprise de la ligne se limite à un chemin pédestre praticable à VTT[21].

Exploitation

Horaires de la ligne en mai 1914.

Voyage sur une ligne oubliée

Bibliographie

  • José Banaudo, Trains oubliés, vol.4 : L'État, le Nord, les Ceintures, Menton, Éditions du Cabri, , 223 p. (ISBN 2-903310-24-6)
  • José Banaudo, Sur les rails de Normandie, Breil-sur-Roya, Éditions du Cabri, , 287 p. (ISBN 978-2-914603-43-0 et 2-914603-43-6)

Notes et références

  1. Banaudo 1982, p. 10
  2. Profil de la ligne d'après le Carnet de marches-types État in Banaudo 1982, p. 118
  3. Banaudo 2009, p. 58
  4. Banaudo 2009, p. 57
  5. Voir: Conseil général de l'Eure, séance du 28 août 1868.
  6. « N° 2822 - Décret qui déclare d'utilité publique l'établissement de divers chemins de fer dans le département de l'Eure : 8 août 1873 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 8, no 189,‎ , p. 459 - 465 (lire en ligne).
  7. « N° 38803 - Loi qui déclare d'utilité publique, à titre d'intérêt général, l'établissement d'un chemin de fer de Charleval à Serqueux et approuve une convention passée entre l'État et la compagnie des chemins de fer de l'Ouest pour la concession de cette ligne : 16 juillet 1900 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 61, no 2202,‎ , p. 1310 - 1311 (lire en ligne).
  8. a b c et d Banaudo 1982, p. 110
  9. VoirConseil Général de l'Eure
  10. Approuvé par décret du 4 juillet 1913 (JORF Lois et décrets du 10 juillet 1913, p. 6038
  11. Banaudo 2009, p. 59
  12. Indicateur Chaix - mai 1911.
  13. a b et c Banaudo 1982, p. 11
  14. Le T accolé au numéro signifie qu'il s'agit d'une locomotive-tender où les réserves d'eau et de combustible ne sont pas sur un tender séparé mais sur le châssis de la machine elle-même.
  15. Indicateur Chaix - mai 1936.
  16. Construites avant la liquidation de la Compagnie.
  17. La ligne pendant la Seconde Guerre mondiale sur ce site.
  18. Banaudo 2009, p. 60
  19. Expérience personnelle vers 1965/1968
  20. Voir sur cette carte.
  21. L'avenue Verte sur Seine-maritime-tourisme.com.

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes