L'Enfant sauvage est l'histoire d'un enfant, capturé comme un animal en 1800 dans l'Aveyron par des paysans[1]. Il sera tout d'abord utilisé comme une bête de foire, puis amené auprès du docteur Itard, à l'Institut national de sourds et muets de Paris. L'enfant sauvage semble être sourd et muet. Le monde scientifique, dont Philippe Pinel fait partie, le considère très majoritairement comme un attardé qui a, pour cette raison, été abandonné. Toutefois, le docteur Itard pense que ce qui apparaît comme un retard mental est le résultat de l'absence de contact avec les hommes. Il va lui apprendre le quotidien d'une vie d'enfant civilisé et le faire émerger de sa primitive animalité en lui enseignant ce qu'est le langage. Difficiles épreuves mais l'enfant sauvage articule quelques sons qui ont pour lui un sens. Victor devient son nom. Il acquiert peu à peu une humanité touchante.
Victor contemple la nature près des fenêtres où il se tient lors de ses leçons. Transition entre l'enfermement et le dehors et aussi tentation car il va un jour franchir le pas vers sa liberté perdue et s'évader. On croit un instant qu'il retourne à sa vie antérieure primitive mais il reprend le chemin de la demeure du docteur et de sa gouvernante qui l'accueillent avec joie.
Le tournage se déroule entre juillet et septembre 1969 dans le Massif central[8].
Musique
La séquence d'ouverture du film consiste en plusieurs scènes en forêt et dans un village. Elle est de neuf minutes, entièrement sans musique, et uniquement constituée de sons naturels (halètements, grognements, cris…) et de nombreux chants d’oiseaux.
De ce fait, la musique est une création artificielle, opposée aux bruits de la nature. Elle se résume dans le film à deux pièces d'Antonio Vivaldi : le concerto pour mandoline en do majeur (RV 425), ainsi qu'un concerto pour piccolo et cordes en do majeur (RV 443). Son emploi illustre des scènes ou des événements qui impliquent Victor. Elle présente des étapes de son apprentissage ou de ses prises de décision et met en évidence l'opposition entre deux mondes, civilisé vs naturel.
Il n'y a pas non plus de musique de film originale pour cette raison.
Afin d'être au calme, Truffaut tourna en partie le film dans la propriété d'un ami, à Aubiat, non loin de Riom, dans le nord du Puy-de-Dôme[8]. D'autres scènes furent tournées dans la région dont une au pont romain du Cheix-sur-Morge, commune voisine où une plaque le rappelle.
Le film est dédié à Jean-Pierre Léaud, François Truffaut expliquant ce choix : « parce qu'il est certainement l'acteur que j'admire le plus. Et j'ai beaucoup pensé à lui, aux 400 coups en tournant ce film[11]. »
↑Paris-Presse, « L'Intransigeant », 4 mars 1970, p. 17.
Annexes
Bibliographie
Michel Serceau, « l'enfant sauvage », Téléciné no 160, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), , fiche no 527, p. 21-27, (ISSN0049-3287).
François Truffaut, « comment j'ai tourné l'enfant sauvage », ibid., p. 17-19
Jean-François Pays, L’Enfant sauvage. D’après le film de François Truffaut, Paris, Édition GP, 1970.
(en) Michael Brodski, « The Cinematic Representation of the Wild Child : Considering L'enfant sauvage (1970) », Gothic Studies, Manchester, Manchester University Press, vol. 21, no 1 « Werewolves and Wildness », , p. 100–113 (ISSN1362-7937, DOI10.3366/gothic.2019.0010).