Huit et demiHuit et demi
Claudia Cardinale dans une scène du film.
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution. Huit et demi (Otto e mezzo [ˈɔtto e mˈmɛddzo][1]) est un film franco-italien réalisé par Federico Fellini, sorti en 1963. Il est considéré comme l'un des meilleurs films jamais réalisés. Le film suit un cinéaste dépressif qui fuit le monde du cinéma et se réfugie dans un univers peuplé de souvenirs et de fantasmes. Surgissent des images de son passé, son enfance et l'école religieuse de sa jeunesse, la Saraghina qui dansait sur la plage pour les écoliers, ses rêves fous de « harem », ses parents décédés. Dans la station thermale où il s'est isolé, son épouse Luisa, sa maîtresse Carla, ses amis, ses acteurs, ses collaborateurs et son producteur viennent lui tourner autour. Récompensé de deux Oscars, le film est salué notamment pour son exploration de la psyché du réalisateur, sa narration non linéaire et son style visuel novateur. SynopsisGuido Anselmi, un réalisateur accompli âgé de quarante-trois ans, travaille sur son prochain film. Il passe une période de repos dans une station thermale[2]. Guido essaie de soulager ses problèmes physiques (fatigue cardiaque) tout en gérant les difficultés de la production du film qui est encore en phase de préparation. La tranquillité qu'il souhaite est continuellement mise à mal par la présence de membres de l'équipe de production(producteur, techniciens, acteurs) qui logent dans le même hôtel et voient en lui leur seul soutien sûr. Mais son esprit créatif s'est tari et il est incapable de donner une direction claire à son projet de film. De plus, des soucis sentimentaux s'ajoutent à ses problèmes professionnels. Sa maîtresse le rejoint à la station et peu après, sa femme arrive. Poussé par le producteur, interrogé par ses assistants et les acteurs qui veulent comprendre quelle histoire il va raconter, quelles intentions il veut exprimer. Il tente de mettre sur pied une intrigue du mieux qu'il peut : un équilibre fait de relations avec des personnages réels et de fantasmes, de souvenirs, de rêves, qui font soudain partie intégrante de ses jours et de ses nuits. Ses rêves incluent des souvenirs de son père et de sa mère décédés, avec lesquels il parle tendrement, comme s'ils étaient proches de lui. Les doutes et incertitudes permanents se manifestent par une crise existentielle sans issue, dans laquelle il est incapable de donner un sens à sa relation avec les autres et à son passé. Et tout cela ne fait que lui faire prendre conscience du désarroi qu'il traîne depuis des années et que les soucis de sa vie quotidienne et professionnelle avaient en partie masqué. Dans une fresque d'images oniriques et enchantées, une centaine de personnages secondaires se succèdent, parmi lesquels : un intellectuel mis au pas par le producteur, sa femme, sa maîtresse et la protagoniste féminine du film en cours de production. Les jours passent tandis que les événements réels, les souvenirs et les fantasmes du réalisateur se chevauchent de plus en plus jusqu'à devenir indiscernables. Le producteur montre à Guido les auditions qu'il a déjà tournées, et dans le décor d'une énorme rampe de lancement pour un vaisseau spatial, il convoque une conférence de presse au cours de laquelle le réalisateur est enfin censé dire à tout le monde quelles sont ses intentions pour le film, mais en réalité le réalisateur est de plus en plus confus, il n'a aucune idée de ce qu'il veut dire ni de la manière de le faire. Son désarroi professionnel reflète son désarroi existentiel : c'est la fin de sa carrière et de sa vie : il décide d'abandonner la réalisation du film pendant la conférence de presse. Mais alors que tout semble terminé, que les journalistes sont partis et que les ouvriers commencent à démonter le plateau d'un film qui ne sera plus jamais tourné, Guido a l'impression que tout ce qui se passe autour de lui, toutes les personnes qu'il a rencontrées et qui ont parcouru le chemin de la vie avec lui, pour le meilleur et pour le pire, font partie de lui. Tous ensemble, comme dans une farandole, toutes ces personnes tournent autour de lui. Dans la danse finale avec tous les personnages du film, le réalisateur, qui a désormais retrouvé son innocence et sa joie de vivre, se revoit comme un enfant. Fiche technique
Distribution
ProductionGenèse et développementAprès avoir tourné Les Tentations du docteur Antoine, un sketch du film choral Boccace 70, l'idée d'un nouveau film a commencé à tourner dans la tête de Fellini, mais pas une idée précise, plutôt une accumulation d'idées vagues qui se mélangeaient. Lorsqu'il parle du projet à son ami Ennio Flaiano, celui-ci semble plus sceptique que convaincu : comment filmer les pensées d'un homme, son imagination, ses rêves ? L'écriture du scénario n'avance pas, il n'y a pas de projet précis et Fellini n'a même pas de titre à lui donner. Mais lorsque tout est prêt, un problème survient, dont Fellini n'a parlé à personne : le film n'existe plus, l'idée qu'il avait en tête a disparu. Alors qu'il est sur le point d'annoncer son abandon du projet au producteur Angelo Rizzoli, Fellini est interrompu par le chef-machiniste de Cinecittà qui l'invite à fêter l'anniversaire d'un collègue. Durant la fête d'anniversaire, on félicite Fellini pour son film à venir. Une fois assis sur un banc, Fellini a l'idée de faire un film sur un réalisateur qui voulait faire un film mais ne se souvient plus lequel. Le protagoniste, Guido Anselmi, joué par Marcello Mastroianni, devient donc la propre projection de Fellini. Commentaire de Fellini
Attribution des rôlesMastroianni n'était pas le premier choix : au début, Fellini pensait à Laurence Olivier ou Charlie Chaplin[5]. Même pour avoir Sandra Milo, Fellini a dû se battre, car son mari s'opposait à son retour au cinéma, après la déception du film Vanina Vanini de Roberto Rossellini. À l'inverse, Anouk Aimée, qui était déjà apparue dans La dolce vita, et Claudia Cardinale, qui travaillait parallèlement sur Le Guépard au même moment, ont été engagées dès le début. Copies du filmLors de la sortie du film en Italie, les couleurs de certaines scènes ont été retouchées (en sépia dans certaines copies, en bleu dans d'autres) . Comme l'annonce une légende au début du film, il s'agit de scènes représentant ce que le protagoniste a rêvé ou imaginé. Ce changement de couleur a été décidé par la société de distribution pour permettre aux téléspectateurs de distinguer plus facilement les scènes réelles des scènes fantasmées[6], notamment en vue de la distribution sur les marchés étrangers. Cependant, Fellini voulait que d'autres séquences soient surexposées (c'est-à-dire excessivement lumineuses, un effet obtenu lors du tirage des positifs), comme la séquence à la source, lorsque Marcello fait la queue avec d'autres personnes, son verre à la main. Cet aspect délibérément éblouissant de la scène a malheureusement été perdu lors de la récente restauration du film. Les restaurateurs ont refait la séquence avec un noir et blanc parfait extrêmement contrasté, trahissant ainsi les intentions originales de Fellini[4],[7].[réf. nécessaire] Titre du filmLe titre fait référence au fait que Fellini a jusqu'alors réalisé six longs métrages (Le Cheik blanc, Les Vitelloni, La strada, Il bidone, Les Nuits de Cabiria, La dolce vita), un septième en co-réalisation (Les Feux du music-hall) et deux courts métrages (pour L'Amour à la ville et Boccace 70), chacun des trois derniers films mentionnés étant compté comme un demi-film. Durant le tournage, le film s'appelait La bella confusione. ExploitationBox-officeLes recettes du film s'élèvent à 755 971 000 lires pour 3 761 000 entrées[8], ce qui le place à la 20e position (ou 21e, selon les sources[9]) du box-office Italie 1962-1963. C'est un succès honorable, néanmoins bien en deçà des 13 millions d'entrées et de la 1re place au palmarès que La dolce vita avait eus dans la saison 1959-1960. Il a également rapporté 50 690 dollars dans les salles aux États-Unis[10]. Accueil critique
— Dino Buzzati, traduit par Eric Leguèbe, Arts, 20 mars 1963
— Jean-Louis Bory, Arts, 6 juin 1963
— Alberto Moravia, Candide, 6 juin 1963
— Henry Chapier, Combat, 1er juin 1963
— François Truffaut, Journal de tournage de Farenheit 451, 13 janvier 1966
— François Truffaut, Les Films de ma vie, Flammarion Distinctions
PostéritéHuit et demi (1963) est classé comme le meilleur film sonore étranger (c'est-à-dire non suédois) avec 21 votes dans un sondage de 1964 prenant en compte les votes de 50 professionnels du cinéma suédois organisé par le magazine suédois Chaplin (sv)[11]. Il arrive également en tête dans un sondage du musée de la cinématographie de Łódź (pl) prenant en compte les votes de 279 professionnels du cinéma polonais (cinéastes, critiques, et professeurs) en 2015[12]. Adaptations, remakes
Festival de Cannes
Expositions
Copie restauréeLa restauration 2K a été supervisée par Gaumont, l'image restaurée chez Eclair, le son chez Le Diapason, à partir du matériel d’origine[4]. Notes et références
Voir aussiBibliographie
Liens externes
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