Nexter est issu en 2006 de la filialisation de GIAT Industries, lui-même héritier des arsenaux terrestres de l'État. Le groupe fabrique du matériel militaire pour le combat terrestre, aéroterrestre, aéronaval et naval. À sa création, Nexter intègre les filiales Arrowtech, Electronics, Mechanics et Robotics ainsi que les filiales Optsys et NBC Sys.
Depuis fin 2015, à la suite du succès du « projet KANT », Nexter fait partie du groupe franco-allemand KNDS, dont la moitié du capital est détenue par l'État français.
En 1971, le GIAT, « Groupement industriel des armements terrestres », est fondé par la fusion des diverses industries d'armement du ministère de la Défense[20].
Le , le GIAT devient GIAT Industries SA[20], passant ainsi du statut de société étatique à régie directe à celui de société nationale anonyme[21]. La même année, le groupe fait l'acquisition en France[22] de Manurhin Défense, spécialisée dans les munitions de moyen calibre[23], et Luchaire Défense, spécialisée dans les munitions d'artillerie, les grenades à fusil et les têtes anti-chars[23]. L'année suivante de FN Herstal en Belgique[24] (reprise en octobre 1997 par la Région wallonne) puis en 1992 de Mécanique Creusot-Loire, spécialisée dans les blindés légers[25], et Cime Bocuze, spécialisée dans les munitions et flèches d'obus antichar[26].
La société se rapproche de BAE Systems au début des années 1990[27] pour développer une arme capable de tirer un nouveau type de projectile, la munition télescopée. Une société commune est créée dans ce but le , « Cased Telescoped Armament International ».
La fin de la guerre froide marque pour l'industrie de l'armement un coup de frein majeur[28],[29], et l'entreprise connaît jusqu'au début des années 2000 une série de restructurations afin d'adapter sa charge industrielle, ramenant à travers la fermeture de plusieurs sites (dont ceux du Mans, Salbris et Rennes) ses effectifs à 6 200 salariés en 2002 contre 18 000 au début des années 1980[30].
Nexter
En 2003, le projet de filialisation du groupe d'armement terrestre est lancé, destiné à améliorer la performance de l'entreprise et à la préparer à la consolidation à venir du secteur en Europe[31].
En 2005, le groupe GIAT Industries enregistre son premier bénéfice[32]. L'année suivante, le conseil d'administration change le nom de l'entreprise en Nexter[33].
Jusqu'en 2006, la moitié du chiffre d'affaires de l'entreprise relève des ventes du char Leclerc, considéré alors comme son produit-phare et vendu notamment à 406 exemplaires à l'armée française[34].
Nexter se tourne ensuite vers la production d'engins plus versatiles[34], tout en continuant d'assurer la maintenance du parc français de chars Leclerc. L'entreprise se positionne alors comme un systémier de défense terrestre, en rebâtissant son modèle économique à travers trois produits : le véhicule blindé de combat d'infanterie (VBCI), le système d'artillerie Caesar ainsi que l'Aravis, un véhicule 4 × 4 renforcé contre les engins explosifs improvisés[35].
Fin 2013, GIAT Industries rachète 100 % des titres du Groupe SNPE[36] et met la main sur l'entreprise Eurenco pour consolider le secteur des explosifs militaires[37].
En , le groupe finalise l'acquisition de deux sociétés munitionnaires[38], ce qui lui permet de compléter l'offre de sa filiale Nexter Munitions :
Mecar, située à Nivelles en Belgique, spécialisée dans les munitions de char;
Simmel Difesa, située à Colleferro en Italie, spécialisée dans les munitions navales.
En , un processus de fusion est engagé entre l'armurierallemandKrauss-Maffei Wegmann (KMW) et Nexter[39],[40], après plusieurs années de rumeurs sur le sujet[41]. Le projet de rapprochement, d'abord dénommé « KANT », en discussion depuis avant son officialisation l'été 2014, est né de la nécessité de mieux harmoniser les blindés des différents pays de l'Union européenne, dont les caractéristiques différentes compliquent les interventions communes[42],[43]. Le , le processus de fusion entre Nexter et Krauss-Maffei Wegmann (KMW) est officiellement signé à Paris, pour créer un nouvel ensemble de 6 000 employés et 1,7 milliard d'euros, contrôlé à 50 % par l'État français et à 50 % par la famille Bode-Wegmann[44],[45].
Le la fusion entre Nexter et KMW est finalisée, la nouvelle société commune, baptisée Honosthor, est située aux Pays-Bas. À l'occasion du salon Eurosatory 2016, le nom final du nouveau groupe commun est dévoilé, KNDS pour Krauss-Maffei Nexter Defense Systems, symbolisant ainsi le rapprochement des deux fabricants de blindés[46].
Déploiement international
À la suite du rapprochement avec KMW, Nexter enregistre en 2016 une prise de commandes s'élevant à 1,63 milliard d'euros, dont 58 % à l'exportation[47].
En 2017, Nexter réalise près de 950 millions d'euros de commandes à l'exportation, commercialisant notamment 18 systèmes d'artillerie Caesar à l'Indonésie et 15 exemplaires au Danemark[47].
En 2020, la République tchèque choisit le groupe français d'armement pour la fourniture de 52 canons Caesar pour une valeur de 224 millions d'euros, après avoir fait l'acquisition en 2019 de 62 véhicules blindés Titus[48].
Programme Scorpion
Dans le cadre du programme Scorpion de modernisation de l’armement terrestre[49], Nexter doit livrer en 2022 les premiers véhicules blindés Serval, véhicules 4 × 4 affichant une masse de 15 tonnes[50]. La commande finale porte jusqu'à 1 000 véhicules à horizon 2030, dont 500 livrés d'ici 2025[51].
Le site de Roanne de Nexter qui sortait environ 150 véhicules blindés en 2018 doit atteindre un objectif de production de 450 véhicules blindés par an dès 2025[52].
KNDS France
En conséquence de la fusion de Nexter Systems dans KNDS, la marque KNDS remplace la marque Nexter en juin 2023. En avril 2024, la filiale Nexter Systems est officiellement renommée KNDS France, en même temps que Krauss-Maffei Wegmann devient KNDS Deutschland[53].
Organisation
En 2021, le groupe Nexter emploie 4 000 salariés sur 12 implantations à travers l'Europe[54]. Les effectifs sont répartis entre :
L'entreprise conçoit et produit des véhicules tout-terrain protégés pour les armées françaises et étrangères :
l'AMX-10 P et ses dérivés (retirés du service dans l'armée française dans les années 2010)
le VBCI (Les 630 véhicules neufs pour l'armée de terre sont livrés entre 2008 et 2015, il s'agit aujourd'hui du passage à 32 tonnes d'une partie des véhicules et à la transformation de tous les engins afin de les amener au même niveau de configuration).
l'artillerie de campagne de 155 mm : le canon tracté 155 TRF1, l'automoteur chenillé AMX AuF1 / GCT, l'automouvant sur châssis de camion Caesar en version 6x6 et 8x8
des systèmes de simulation (filiale Nexter Training)
des équipements d'optique (filiale OPTSYS)
NBC-Sys
des produits de protection NRBC (Nucléaire, Radiologique, Biologique, Chimique)
Nexter Mechanics
équipements mécaniques et hydrauliques, systèmes de gonflage automatiques
Nexter Electronics
Cette filiale d'une centaine de personnes, située à Toulouse, conçoit et réalise des équipements électroniques embarqués pour les environnements à fortes contraintes environnementales et sécuritaires : défense, aéronautique ferroviaire.
Elle est spécialisée dans les applications suivantes : les calculateurs à forte contrainte temps réel, la gestion et la distribution de l'énergie embarquée, la protection électronique des lignes de puissance (SSPC), les convertisseurs statiques d'énergie (CVS) en DC/DC, AC/DC et DC/AC de quelques watts à plusieurs dizaines de kW.
Euro-Shelter
L'entreprise fabrique des abris mobiles pour l'armée, aussi appelés « shelters »[75]. Sa filiale d'une trentaine de salariés, basée à Rennes, est cédée en 2019 au carrossier français Toutenkamion[76].
Pôle munitions
Nexter Munitions
Nexter Munitions est présent sur trois sites : Bourges (bureaux d'études principaux), La Chapelle-Saint-Ursin (près de Bourges, à l'origine Luchaire SA[77], site principal de fabrication) et Tarbes (étude et fabrication de composants pyrotechniques).
Nexter Munitions fabrique ou a fabriqué divers armes et équipements pour les armées françaises et étrangères, notamment :
des munitions conventionnelles (grenades, moyen calibre, munitions de char, munitions d'artillerie)[78],[79].
des munitions intelligentes (obus BONUS, Spacido).
des composants pyrotechniques (têtes de torpilles entre autres).
Simmel Difesa
Munitions navales
Mecar
Munitions d'artillerie gros calibre
Activité de lobbying
Auprès des institutions de l'Union européenne
Nexter est inscrit depuis 2018 au registre de transparence des représentants d'intérêts auprès de la Commission européenne, et déclare en 2018 pour cette activité des dépenses annuelles d'un montant compris entre 50 000 et 100 000 euros[80].
↑Michel Cabirol, « Comment Nexter se défend face à ses rivaux », la Tribune, (lire en ligne, consulté le ).
↑François Bonnefoy, « Louvois et la politique d'armement des troupes », Histoire, économie & société, vol. 15, no 1, , p. 95–103 (DOI10.3406/hes.1996.1854, lire en ligne, consulté le )
↑Jeanine Groniez, La Manufacture d'armes de Maubeuge: plus d'un siècle d'histoire, 1701-1836, Ville de Maubeuge, service culturel, (ISBN978-2-9571093-0-2, lire en ligne)
↑« Archives de la Grande Guerre », Service historique de la Défense, , p. 106 (lire en ligne)
↑Yves Doumergue, « Les grandes industries de Tarbes », L'Information Géographique, vol. 29, no 1, , p. 21–29 (DOI10.3406/ingeo.1965.5692, lire en ligne, consulté le )
↑Patrick Mortal, Les armuriers de l’État: Du Grand Siècle à la globalisation 1665-1989, Presses Universitaires du Septentrion, (ISBN978-2-7574-2276-2, lire en ligne)
↑Sénat, Rapport fait au nom de la Commission des Finances, du Contrôle budgétaire et des Comptes économiques de la Nation, sur le projet de loi de programme relative à certains équipements militaires, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence. (lire en ligne)
↑« En reprenant Manurhin après avoir repris Luchaire GIAT industries contrôlera la production nationale des munitions », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑« Le sens de l’histoire », L'Usine Nouvelle, (lire en ligne, consulté le )
↑« ImpasseGIAT EN QUETE DE STRATÉGIELe groupe public d'armement terrestre entame son sixième plan de restructuration, afin de s'adapter à l'effondrement de sa charge industrielle. Il doit aussi trouver une stratégie pour éviter le démantèlement. », L'Usine Nouvelle, (lire en ligne, consulté le )
↑« Les salariés de GIAT Industries mobilisés contre un plan social », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )