Jacques Abinun est un plasticien français qui vit et travaille dans un atelier d’artiste de la ville de Paris, au bord du Canal de l’Ourcq, depuis 1986.
Biographie
Peintre, graveur, sculpteur, à l’occasion scénographe et vidéaste, il mêle différentes techniques sur des supports variés dans des œuvres où reflets, reliefs, fragments, ouvertures et passages s’entrecroisent, multipliant et floutant les perspectives. À travers les grands mythes et l'observation du quotidien, il interroge les symboles et les images-signes : « L’art a-t-il un langage ? Y a-t-il une syntaxe des formes ? Peut-on lire un tableau comme on lit un livre ? ».
Enfance, formation et débuts
Abinun naît à Lyon en novembre 1940, second d’une fratrie de trois : l’aînée est Clarisse Nicoïdski et le benjamin Daniel Abinun[1]. Il passe son enfance à Lyon où il découvre sa vocation au musée des Beaux-Arts. Dès ses treize ans, son but est de partir à Paris pour y devenir peintre, mais il termine ses études secondaires au lycée Lyautey à Casablanca au Maroc où il vit avec ses parents depuis 1953.
En 1957, à 17 ans, il part à Paris et s’inscrit à l’Académie Charpentier. Parallèlement, dès 1959/1960, il fréquente l’atelier de gravure Jean-Eugène Bersier à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts; il y rencontre Robert Nicoïdski, qui deviendra le mari de sa sœur, l’écrivaine Clarisse Nicoïdski.
Parcours
En 1965, il expose au centre culturel de la Celle-Saint-Cloud, sa toile est achetée par la ville.
À partir de 1966, il présente régulièrement ses toiles dans plusieurs expositions collectives ou personnelles.
Il ne recherche pas à illustrer ces textes, mais en propose une autre lecture à partir des formes-symboles.
Dans les années 1974-1977, lors des expositions de ses toiles à la galerie Vendôme, il fera une rencontre importante avec l' écrivain Claude Aveline, qui lui proposera d’illustrer son poème L’oiseau qui n’existe pas[2].
Tout au long de sa carrière, il travaille sur différents textes :
1977 : La Divine Comédie de Dante Alighieri, série de 21 toiles et de 21 eaux-fortes, éditées comme un livre sous un boîtier de cuir, enregistrées à la BNF, section des imprimés[3].
1985 : L’Apocalypse de Jean, 15 lithographies couleurs, format raisin, déposées à la BNF, section des imprimés[3] et à la Bibliothèque municipale d’Angers, section patrimoine[4].
2005 et 2014 : Conversation à domicile[6] et Double je géographique[7], deux recueils avec le poète Michel Jean René Crouzet.
2023 : Sous la peau de l’eau[8], film d’animation sur un poème d’Isabel Voisin[9].
Évolution
Sa peinture symbolique des débuts évolue. À partir des années 1980, ses recherches et son travail portent sur le désir de constituer un alphabet des formes qui permettrait de lire les œuvres d’art d’une autre manière. C’est dans cette quête de l’alphabet des formes que ses œuvres sont créées, interrogeant :
La mémoire individuelle et ses fractures ;
Les découvertes scientifiques et les nouvelles représentations de notre environnement qui en découlent ;
La représentation des individus dans un quotidien banal et mouvant, leur anonymat, leur transparence au sein de la ville.
Ce travail l’amène à métisser techniques, matériaux et supports au sein d’une même œuvre :
le plan devient volume ;
les séquences de peintures sont morcelées, rendues autonomes par le vide ;
le plastique est utilisé en association avec la peinture et la toile pour sa transparence, sa luminosité, sa souplesse, ses possibilités de modelage…
Expositions
Depuis 1966, il expose régulièrement dans des galeries, chez des particuliers / mécènes, dans son atelier, en France ou à l’étranger.
Années 1970
1970 : Il est sélectionné pour participer à l’exposition de groupe Autour de Chagall, les peintres juifs d’expression française à la galerie Vendôme à Paris.
1974-1975 :
Il entre pour trois ans à la galerie Vendôme : il y présente chaque année une exposition personnelle.
Il participe également à l’inauguration de la ville nouvelle Évry II où il réalise une performance à l’Agora d’Évry : « Peindre 1 toile par jour pendant 7 jours » du 20 mars au 28 mars 1975.
Exposition à la Fine Art Gallery, Toronto, Canada (octobre 1974).
Exposition à la Eaton’s Art Gallery, Toronto, Canada (janvier 1975).
1977 : Salon privé de Lee Smith (directeur IBM-France) et d’Alain-R. Dagonat[3] – mécènes –, avenue Pierre de Serbie : tableaux et gravures à la pointe sèche de La Divine Comédie de Dante Alighieri[3]. Les gravures sont exposées à la Chambre de Commerce Italienne de Paris, les gravures et plaques sont exposées et entrent dans la collection de Trinity Collège Library dans le Connecticut, USA.
1986 : Exposition dans le stand French quarter de la New York Art Fair à New York, puis chez différents galeristes rencontrés lors de cette exposition : Morin Miller Gallery, à New York, Pat Reilling Gallery à Louisville, Parc Lomont Gallery à Toronto, Canada.
1987 : Librairie-galerie L’Autre Rive à Paris 75006.
1987- 1989 : Galerie "aa", à Paris 75018.
Années 1990
1990 – 1994 : Il expose dans le cadre du "mécénat d’entreprise" (sociétés d’informatique) chez Caolin et Arcane Info, Paris 75011.
1995 : Galerie 7, Paris 75004.
1997 : Galerie Saint-Charles, Paris.
Années 2000
2000 : Galerie Delta, Paris 75009.
À partir de 2001, Il ouvre son atelier pour des expositions[11] :
2021 : L’instant du regard et film d’animation Photos souvenirs[15]
2022 : Noir et blanc
2023 :
Peintures et sculptures
Peintures et film d’animation Sous la peau de l’eau[8] sur un poème d’Isabel voisin[9]
Autres expositions
Il expose parallèlement chez des collectionneurs privés et participe à des expositions collectives :
2014 : Double je géographique[7], poèmes de Michel Jean René Crouzet , peintures et dessins d’Abinun, et film d’animation Silence ![13],[3] chez Elisabeth Frantz et Federico Ossola, Paris.
2015 : Projection de trois films d’animation Vois, voie, voix[12],[3] - Chute libre[14],[3] - Silence ![13],[3] chez Elisabeth Frantz et Federico Ossola, Paris.
2018 : Le sentiment d’être là… chez Elisabeth Frantz et Federico Ossola, Paris.
1985 : Réalisation de sculptures marionnettes pour Les portes du regard [21] par la compagnie François Lazaro, Semaine de la Marionnette, Espace Kiron.
2000 : Décor pour une soirée cabaret Théâtre et huîtres proposée par Jean-Louis Jacopin en novembre à l’atelier du Plateau, Paris 75019.
2003 : Décors et affiche pour Azaline se tait[22] de Lise Martin, mise en scène Jean-Louis Jacopin, Compagnie Singularis au Théâtre de la Villette, Parquet de Bal.
2004 : Décors et scénographie pour Sauvé des os[23],[24] d’après l’œuvre d’Erik Satie par la compagnie « la clef des chants » mise en scène Jean-Louis Jacopin, tournée en Province.
2017 : Scénographie et création de marionnettes pour Une flûte enchantée de Mozart[31] par la compagnie La Volute à Dammartin en Goële.
Autres activités artistiques
Création en milieu urbain
1979 - 1981 : Réalisation de L’arbre de vie[10], œuvre de 12 m de haut en carreaux de céramique sur un mur pignon, fontaine et jardin lors de l’aménagement du centre urbain de Villeneuve-la-Garenne, commande de la ville en collaboration avec le groupe d’architecte bureau d’études Jean-Gérard Prévot (Cf bulletin municipal « l’Avenir de Villeneuve-la-Garenne » du 31 mars 1980.)
1986 : Sculpture pour le siège social des filatures DMC.
1982 : Lauréat du concours d’affiches de l’Admical (Mécénat d’entreprise) organisé par Mobil Oil France, impression de l’affiche par Arte-Adrien Maeght pour l’Espace Cardin : œuvre reprise pour la 1ère de couverture du livre On demande entreprises mécènes !, préface de Jacques Rigaud aux éditions Chotard et associés.
Dossier d’Art Contemporain de Clémentine Monnoyeur sous la direction d’Aurélia Chevalier sur la restauration des œuvres d’art (en particulier le travail sur plastique volontairement fragmenté), PBC Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
« Quand nous regardons l'oeuvre d'Abinun - qui ne signe que de son nom - nous assistons en même temps à son processus d'élaboration, de fabrication qui se donne non seulement à voir, mais à lire dans ses fragments livrés, ses plastiques tordus hors cadre, ses papiers déchirés, ses coups de griffes rageurs qui sont autant de traces perdues de quelque chose qui advient toujours dans le mouvement. Une dynamique donc, tantôt violente, tantôt apaisée qui interroge sans cesse les limites de l'espace qui lui sont assignées, et qui interroge notre regard plus encore que nous l'interrogeons elle-même. »
« L'usage de pièces de plastique thermoformées en saillie sur le fond du tableau correspond à cette échappée de la peinture en direction de la sculpture : Abinun, à la fois peintre, dessinateur, sculpteur et graveur, tente de faire communiquer les différentes langues plastiques, leurs syntaxes formelles, mais dans un style libre qui ne consiste, précisément, qu'en une absence de préjugé sur la forme. »
André Parinaud, Citation du catalogue de l'exposition Fragments de mémoire, Galerie Colette Dubois 1983
« On retrouve dans sa démarche, les caractères qui appartiennent à l'intention de la temporalité : signes évidents de la mémoire, fragments de souvenirs mythifiés, valeurs plastiques (couleur, forme, symbole) découlant de l'ordre oublié, volonté de recréation, voire, de métamorphose des valeurs de l'imaginaire, pour transgresser la réalité présente et lui conférer dans l'espace de la toile une signification temporelle, composée d'éléments - je dirais presque d'épaves - arrachées à une "durée perdue". Mais Abinun lui, nous livre ses toiles "brutes de décoffrage", comme les morceaux d'un puzzle qu'il aurait retrouvés, et sans nous les restituer dans le "climat plastique" - cette patine du temps - dont ils proviennent. »
Clarisse Nicoïdski, Citation du catalogue de l'exposition Fragments de mémoire, Galerie Colette Dubois, 1983
« Les silhouettes s'émeuvent et ainsi se dessinent : la peinture de Jacques Abinun nous dit que dans le vide - car la toile n'est rien d'autre que cet espace ainsi nommé, ainsi reconnu - le corps se fait signe, rassemble sur lui la couleur pour s'inscrire, exister sur la texture blanche et peut-être, malgré la texture blanche.
Lignes et empreintes provoquent notre mémoire la plus lointaine : ces êtres en attente ou lancés dans des mouvements dont nous ignorons, dont ils ignorent le but, semblent vouloir rejoindre ce point, au delà du trait, au delà du perceptible, où notre corps, conscient d'être orphelin, tente, du fond du temps et du vouloir, d'annuler l'Absence... »
1985-1986 : Les bouchons de C. Dubois et les stagiaires de FR3, réalisation d’un film vidéo sur le projet des « sculptures flottantes » sur le bassin de la Villette.
2006 : Sur l’écran de mes murs blancs[39] film de Yannick Mines Noël.
↑Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner, Anne Moeglin-Delcroix et Bibliothèque nationale, De Bonnard à Baselitz : estampes et livres d'artistes dix ans d'enrichissement du Cabinet des estampes, 1978-1988 [exposition, Bibliothèque nationale, 8 juillet-13 septembre 1992], Bibliothèque nationale, (ISBN978-2-7177-1854-6, lire en ligne)