Jean-Noël Pancrazi passe les dix premières années de sa vie en Algérie, avec ses parents et sa sœur ; ses années d'enfance pendant la guerre d'Algérie auront une grande répercussion sur son œuvre future[1],[2].
Il arrive en France en 1962 et fait ses études secondaires à Perpignan, d'où sa mère est originaire. Venu à Paris, tout d'abord au lycée Louis-le-Grand, il suit plus tard des cours de littérature à la Sorbonne. En 1972, il est agrégé de lettres modernes. Sa première œuvre, publiée l'année d'après, est un essai sur Mallarmé. Il est dans les années 1970 professeur de Français dans un collège à Massy.
Et dans les années 1980, professeur de français dans le collège Nicolas Robert à Vernouillet en Eure et Loir.
Carrière littéraire
Son premier roman, La Mémoire brûlée paraît en 1979 aux Éditions du Seuil[3]. Suivront Lalibela ou la mort nomade (1981), L'Heure des adieux (1985) et Le Passage des princes (1988). L’œuvre suivante, Les Quartiers d'hiver est publiée en 1990 par Gallimard[4] : le décor en est « le Vagabond », un bar gay de Paris, au début des années sida[5]. Le roman obtient le prix Médicis[6]. Pancrazi poursuit son exploration du monde de la nuit avec Le Silence des passions (1994) couronné par le prix Valery-Larbaud. Il revient sur son enfance en Algérie, à Batna, au moment où le pays bascule dans la guerre, dans Madame Arnoul (1995)[7], qui retrace l'amitié entre un petit garçon et une voisine alsacienne, - que le narrateur considère comme une autre mère - décrétée « du côté des Arabes » parce qu'elle a protégé une petite Algérienne contre les assauts d'un militaire français et qui sera « punie »[8]. Le livre est distingué par trois prix : le prix du Livre Inter, le prix Maurice-Genevoix, et le prix Albert-Camus[réf. nécessaire]. Il rend hommage à son père, qui a fini ses jours en Corse, dans Long séjour (1998, prix Jean Freustié), puis à sa mère, dans Renée Camps (2001). Ces trois livres composent « une trilogie de mémoire familiale »[9].
Jean-Noël Pancrazi est également l'auteur de Corse (2000)[10], avec Raymond Depardon
Dans Tout est passé si vite (2003, grand prix du roman de l'Académie française), il fait le portrait d'une femme éditrice et écrivain, dont il est l'ami et qui est atteinte d'un cancer.
Ses séjours en Haiti et en République Dominicaine lui inspirent deux romans : Les Dollars des sables (2006)[11] et Montecristi (2009), où il dénonce un scandale écologique.
Dans La Montagne (2012), Jean-Noël Pancrazi affronte un souvenir qu'il a longtemps gardé secret : la mort de six petits camarades assassinés dans la montagne pendant la guerre d'Algérie[12]. Le texte est récompensé par le prix Méditerranée, le prix Marcel-Pagnol et le prix François-Mauriac de la région Aquitaine[13].
Dans Indétectable, roman paru en 2014 (Gallimard), il raconte la vie de Mady, d'origine malienne, sans papiers à Paris depuis dix ans[14]. Le roman reçoit le Prix Littéraire Jacques-Audiberti 2014[15].
En , toujours dans la 'Blanche' chez Gallimard, parait Je voulais leur dire mon amour. « Cela faisait plus de cinquante ans que je n’étais pas revenu en Algérie où j’étais né, d’où nous étions partis sans rien. J’avais si souvent répété que je n’y retournerais jamais. Et puis une occasion s’est présentée : un festival de cinéma méditerranéen auquel j’étais invité. » Le livre est couronné Prix du Mémorial / Grand prix littéraire d'Ajaccio en [16], et du Prix du Roman des Écrivains du Sud 2018[17] (« Superbe texte sur un impossible retour dans son pays natal ») Comme ses autres ouvrages, le livre sort un peu plus d'un an plus tard en poche[18], dans la collection Folio.
Le , Gallimard publie Les Années Manquantes, « les souvenirs familiaux d’un écrivain au sommet de son art » selon un article paru dans 'la Galaxie Proust", sous la plume de Christian Authier[19], qui poursuit : « À l’instar d’un Patrick Modiano, Jean-Noël Pancrazi n’écrit pas le même livre, mais reprend les mêmes motifs, les revisite, les prolonge, les réexamine à la faveur d’un changement d’angle ou de lumière. D’où la sensation pour le lecteur de se retrouver, à chaque ouvrage, en pays de connaissance tout en ayant le plaisir de l’inédit. »
Les Dollars des sables, roman, Gallimard, 2006, adapté au cinéma (2015) par Laura Amelia Guzmán et Israel Cárdenas, avec l’actrice américaine Géraldine Chaplin
Indétectable, roman, Gallimard, 2014, Prix Littéraire Jacques Audiberti[25], 2014
Je voulais leur dire mon amour, Gallimard, (ISBN9782072752353), Prix du Mémorial / Grand prix littéraire d'Ajaccio, Prix du Roman des Écrivains du Sud 2018[26]
↑Madame Arnoul (1995) a pour toile de fond Batna basculant dans la guerre, et La Montagne (2012) retrace l'assassinat de six de ses camarades durant la guerre d'Algérie. Christian Authier, Le Figaro, « Les lecteurs de Jean-Noël Pancrazi savent à quel point ses jeunes années algériennes et l'exil l'ont façonné, comme en témoignait notamment l'émouvant Madame Arnoul. Avec La Montagne, il dévoile un peu plus encore les blessures subies voici un demi-siècle. »
↑Émission Bibliothèque Médicis sur Public Sénat du , présentée par Jean-Pierre Elkabbach : « L'Algérie : l'Algérie et nous ! », avec Jean-Noël Pancrazi.
↑« Le prix Médicis consacre le sida comme thème littéraire », Paris Match, , interview par Colette Porlier
↑Jean Chalon, « Médicis : Jean-Noël Pancrazi », Le Figaro, , p. 36
↑Mehdi de Graincourt, « Algérie années soixnate », Al Bayane,
↑Jean-Pierre Tison, « La nostalgie d'une autre Algérie », L’Express, .
↑Interview de J-N Pancrazi dans Territoires intimes (film de Renaud Donche, diffusé sur France 3 Corse - ).
↑Libération : « La Corse, paysages intérieurs », Annick Peigne-Giuly - (2) Corse. Texte de Jean-Noël Pancrazi. Photographies de Raymond Depardon. Ed du Seuil (2000) - France-culture () : Corse, de Jean-Noël Pancrazi et Raymond Depardon
↑Les Dollars des sables vient de faire l’objet d’une adaptation cinématographique en République dominicaine, par les réalisateurs Laura Amelia Guzmán et Israel Cárdenas, avec l’actrice américaine Géraldine Chaplin.
↑France-Info, interview de Philippe Vallet - Le livre du jour La Montagne de Jean-Noël Pancrazi ; L'Humanité chronique littéraire de Jean-Claude Lebrun « De sang et de laine trouée La Montagne, de Jean-Noël Pancrazi ».
↑José Fanchi, « Lauréat du prix du Mémorial, grand prix littéraire d’Ajaccio : Jean-Noël Pancrazi a reçu la médaille de la ville », Corse Net Infos, (lire en ligne)
↑« Jean-Noël Pancrazi et Jean-François Colosimo, prix des écrivains du sud », Le Figaro, (lire en ligne)
↑Jean-Pierre Castellani, « A la recherche du temps perdu : Je voulais leur dire mon amour de Jean-Noël Pancrazi », DIACRITIK, (lire en ligne)
↑Christian Authier, « Les années manquantes de Jean-Noël Pancrazi: les fantômes du pays abandonné », Figaro Culture, (lire en ligne)