Groupe SCL
Le groupe SCL était une société britannique privée fondée en 1990 par l'américain Steve Bannon avec l'anglais Nigel Oakes afin de mettre les progrès de la psychométrie et de la psychologie comportementale au service de la communication stratégique (militaire, gouvernementale, affairiste ou le plus souvent électorale et politique) en les combinant à ceux du traitement quantitatif des données[1]. SCLE (ou SCL Elections Ltd) s'est décrite comme une « Agence mondiale de gestion des élections »[2]).
Le groupe, ses succursales et ses sociétés filles ou satellites (SCL Group Limited, SCL Analytics Limited, SCL Commercial Limited, SCL Social Limited, SCL Elections Limited, Cambridge Analytica (UK) Limited et Aggregate IQ) ont (durant environ 25 ans pour certaines), secrètement combiné des données publiques, des données issues d'études scientifiques, des données issues du renseignement parfois, et des données issues du big data (par data mining, ce qui a été facilité par l'explosion de l'Internet au tournant du XXIe siècle).
SCL s'est déclarée en faillite en 2018 après le scandale Facebook-Cambridge Analytica/AggregateIQ dans lequel elle était impliquée. Positionnement dans l'échiquier politiqueEn Europe et en Amérique du Nord, SCL s'est toujours mis au service de la droite conservatrice (ses dirigeants, propriétaires et investisseurs ont des liens étroits avec le Parti conservateur, tant au Royaume-Uni qu'aux États-Unis, et en particulier avec sa frange libertarienne de droite). Dans les pays en développement, le groupe se montrait plus opportuniste. HistoireEn 1990, Nigel Oakes, homme d'affaires britannique initialement actif dans la production télévisuelle et la publicité, fonde le Behavioral Dynamics Institute (BDI) qu'il présente comme un Centre de recherche pour la communication stratégique[3]. Il en est le PDG. En 1993, l'étude des comportements de masse, et de la manière de les modifier, conduit Oakes à créer ce qu'il nomme des laboratoires de communication stratégique[2]. Ce dernier pensait que pour massivement influencer et manipuler l'opinion publique, il faut impérativement des connaissances académiques fines en psychologie/anthropologie, qui ne peuvent qu'être acquises et mises en œuvre avec l'aide d'universitaires. Grâce au BDI, il peut tester ses hypothèses. Il estime pouvoir ainsi avoir plus de succès qu'avec toutes les méthodes traditionnelles de publicité et de propagande électorale[4]. En 2005, le 20 juillet, SCL est officiellement créée par Nigel Oakes et Steve Bannon (sous le statut juridique de Private limited Company, avec comme adresse postale le 4 Mount Ephraim Road, Tunbridge Wells, Kent, TN1 1EE, selon le registre du commerce anglais)[1]. Steve Bannon est l'un des principaux portails de l'ultra-droite américaine sur le Net, un politicien américain d'extrême droite très influent qui de 2012 à 2016 dirigera Breitbart, sera le conseiller de campagne de Trump, puis son conseiller à la Maison-Blanche. Le nom de l'entreprise est « SCL Group Limited », SCL étant ici l'acronyme de Strategic Communication Laboratories (SCL). Le groupe SCL, selon le registre du commerce anglais[1] inclut aussi SCL Elections Limited, Cambridge Analytika (UK) limited, SCL Commercial Limited et SCL Social Limited. Il existe aussi SCL Analytics limited, créée le 23 octobre 2015 avec le statut de Private limited Company, détenue à 100 % par Alexander Nix, avec comme raison sociale Activités de relations publiques et de communication et avec comme adresse postale : 4 Mount Ephraim Road, Tunbridge Wells. Son Directeur en était Roger Michael Gabb (du 23 octobre 2015 au 28 mars 2018), Alexander James Ashburner Nix en étant PDG (du 23 octobre 2015 au 30 April 2018) alors que Julian David Wheatland était appointé comme directeur-consultant (du 23 octobre 2015 au 26 juin 2020)[5]. Le BDI (Behavioral Dynamics Institute, créé 15 ans plus tôt) ne disparait pas, mais devient une filiale à but non lucratif de SCL, attirant moins l'attention et bénéficiant d'avantages fiscaux pour ses investisseurs (parmi lesquels le banquier Paul David Ashburner Nix, dont le fils Alexander Nix est devenu un proche associé des frères Oakes (Nigel et Alexander)[6],[7]. L'un des anciens directeurs est Lord Ivar Mountbatten (né le 9 mars 1963, homme d'affaires et cousin éloigné de la reine Élisabeth II et du prince Philip, duc d'Édimbourg[6]. Parmi les investisseurs de la société figuraient Jonathan Marland (dit « baron Marland ») et Roger Gabb, un important donateur du Parti conservateur enregistré comme ayant un contrôle significatif sur la société à partir de 2018[8]. Dès sa création, SCL a commencé à cibler certains publics jugés stratégiques pour faire basculer des élections de pays en développement[9]. Mais, SCL, avec le même genre de techniques de micro ciblage et de modification de la psyché, s'est aussi engagé dans la conduite d'opérations de guerre psychologique dans des contextes militaires, au service des armées américaines et britanniques lors de la guerre en Afghanistan et en Irak, et parfois au service de l'OTAN[9]. SCL aurait également été proche de la famille royale britannique (Nigel Oakes, fondateur de SCL a été le second « petit ami sérieux » de cousine de la reine, Lady Helen Taylor née Windsor[6]). SCL était aussi proche de l'armée britannique qui en a été client et qui a introduit SCL dans les milieux de l'OTAN. En 2013, SCL Elections a créé deux filiales : Aggregate IQ au Canada, et Cambridge Analytica au Royaume-Uni. Ces deux filiales, en lien étroit avec divers Think tanks de la droite libertarienne appartenant généralement au Réseau de Stockholm et/ou au Réseau Atlas (deux réseaux respectivement européen et mondial de Think tanks et groupes de pressions libertariens de droite), ainsi qu'au réseau informel du 55 Tufton Street. Ces filiales ont notamment soutenu (avec l'aide de millions de dollars apportés par le milliardaire américain Robert L. Mercer) les campagnes des conservateurs Ted Cruz et Donald Trump (élection présidentielle américaine de 2016)[10],[11]. Elles se sont aussi notamment mises au service de la campagne de Vote Leave/Leave.EU et des conservateurs et libertariens anglais et américains en faveur du Brexit[12]. En 2020, SCL a ouvert un bureau associé au Caire, en pleine pandémie de COVID-19, lié à la société bahreinite Crow Trading ltd, fondée par le Dr Mohamed Y. Abdelrahman, un scientifique égyptien en psychologie comportementale[13]. Le groupe SCL, vendant son savoir-faire de manipulateur professionnel d'élections, voire de coups d'État[14], se devait de rester discret. Il est resté pendant plus de 20 ans inconnu du grand public, puis il a été brutalement mis en lumière par le témoignage de Christopher Wylie (ancien directeur de recherche de Cambridge Analytica jusqu'en 2014, qui, pris de remords après avoir constaté que son travail avait servi l'extrême droite américaine et conduit à l'élection de Donald Trump, a dénoncé publiquement ses activités)[15]. Avec Shahmir Sanni, David Caroll et d'autres lanceurs d'alerte internes ou externes à la nébuleuse SCL, il est à l'origine de la révélation du scandale Facebook-Cambridge Analytica/AggregateIQ (scandale ayant co-impliqué les parti conservateurs anglais et les deux entreprises-sœur, respectivement filiales anglaise et canadienne de SCL Elections), de même que Crow Business Solutions MENA[16]. Le , la société se déclare en faillite et clôture officiellement ses activités[1]. Les liquidateurs de SCL sont Vincent John Green et mark Newman de Crowe UK LLP (basé à Tunbridge Wells dans le Kent)[1],[17]. CadresSelon les déclarations de SCL faites au registre du commerce, les cadres de SCL ont été[1] :
Note : la SDG SECRETARIES LIMITED « Nominee Secretary », une société-écran, a été utilisée une journée, le 20 juillet 2005 SpécialitésAprès un premier succès commercial, SCL semble s'être principalement développé dans les arènes militaires et polico-financières, deux domaines se confondant parfois (dans les États totalitaires notamment et/ou lors d'un coup d'État). Grâce à ce qu'il appelle des « opérations psy », SCL peut produire un aperçu de ce que pense un public cible, puis modifier, selon ses dires, cette pensée[18]. SCL a affirmé être en mesure d'aider à fomenter des coups d'État[14]. Dans le domaine militaireDans le complexe militaro-industriel, SCL est devenu connu pour son implication dans des campagnes de désinformation militaire liées à la guerre en Afghanistan et en Irak, avec des résultats à long terme difficiles à évaluer. SCL développe alors des « Psyops » (Opérations psychologiques mises en œuvre par les militaires qui veulent opérer un changement de sentiment de masse dans une population ; ce qu'on désigne autrement en parlant de « gagner les cœurs et les esprits »)[19]. En 2005, « avec une exposition fastueuse » au salon DSEI (Defence and Security Equipment International, « la plus grande vitrine du Royaume-Uni pour la technologie militaire »), SCL a confirmé sa capacité à « mener des opérations d'influence » pour aider à orchestrer une campagne sophistiquée de tromperie de masse sur le public d'une grande ville comme Londres[14]. SCL a notamment compté parmi ses conseillers Steve Tatham (via un groupe consultatif sur l'influence). Ce Haut-gradé de Royal Navy a enseigné les méthodologies de SCL aux divisions PSYOPS de l'OTAN via Iota Global, partenaire régulier de SCL[20]. Et selon sa présentation sur le site de SCL, « en près de 25 ans de service dans l'armée, Tatham a commandé l'unité anglaise 15 Psychological Operations Group (unité PSYOPS fantôme crée après la Guerre du Golfe de 1991 par le Royaume-Uni, homologues américains des 2e, 4e, 7e et 8e groupes MIS / Psych Ops) et aurait joué un rôle déterminant dans les activités d'influence du Royaume-Uni dans les conflits en Sierra Leone, en Irak, en Afghanistan (ancien chef des opérations psychologiques des forces britanniques en Afghanistan) et en Libye ». En 2007, Tatham a été le premier directeur de la « recherche avancée en communication » au ministère de la Défense, au sein du groupe de recherche et d'évaluation de l'Académie de défense britannique. Il a occupé ce poste jusqu'en 2010. Il a également conseillé, sur les opérations d'« influence », les plus hauts niveaux du gouvernement britannique. Il a été expert en « influence » pour le développement des doctrines britanniques et de l'OTAN en matière de communication stratégique. Il a été conférencier et conseiller « dans plus de 20 pays différent »). Une fois retraité, Tatham s'est plaint que The Guardian ait utilisé le mot « désinformation » dans un article sur Mercer à propos des stratégies de type « militaires » qui auraient pu être utilisées pour influer sur le cours et les résultats d'élections britanniques et américaines[20]. The Observer a eu accès à des courriers montrant son rôle au ministère britannique de la Défense, mais aussi au ministère anglais des Affaires étrangères et au sein de l'OTAN. La journaliste incriminée jugeant étonnante cette réaction de la part de Tatham s'est intéressée de plus près à l'origine des données exploitées par les « analystes de données » de Cambridge Analytica et de sa discrète « consœur » canadienne Aggregate IQ. Elle a conclu que ces deux start-ups n'étaient pas des entreprises conventionnelle, mais avaient des relations particulières avec le complexe militaro-industriel britannique. Fait notable, ce n'est pas SCL qui a officiellement déclaré Cambridge Analytica au registre du commerce anglais, mais Alastair Carmichael MacWillson, connu comme un professionnel du renseignement britannique, de la sécurité et de la cybersécurité. Cambridge Analytica serait ainsi selon The Guardian très lié à l'establishment militaire anglais, généralement conservateurs et « de la vieille école ». Geoffrey Pattie (ancien sous-secrétaire d'État parlementaire chargé des achats de la défense et directeur de Marconi Defence Systems) était membre du comité de direction. Et Jonathan Marland (ancien représentant de David Cameron chargé des questions de commerce, pro-Brexit) un actionnaire[20]. Cambridge Analytica se serait ensuite aussi inscrite dans l'establishment militaire américain, bien plus puissant. Ainsi Chris Naler, (ancien commandant du centre des opérations de l'US Marine Corps) a récemment rejoint Iota Global, autre partenaire du groupe SCL[20]. En 2017, dans une opération présentée comme participant à la lutte contre la corruption, SCL Group a signé un contrat de 50 000 $ avec Andreae and Associates (société américaine de «relations stratégiques» et de lobbying créée par Charles Andreae qui en est PDG depuis janvier 1990. Andreae a fait ses premières armes en politique de 1977 à 1990 comme assistant administratif du Sénateur américain conservateur Richard G. Lugar. Il a été PDG de Bell Pottinger (fermée à la suite d'un scandale de corruption et d'influence de grande ampleur révélé en 2017 en Afrique du Sud où Andreae a aidé la famille Gupta et le président Jacob Zuma à noyauter les cercles du pouvoir)[21]. Il a été consultant pour le groupe Visa[22]. Andreae est selon lui diplômé en sécurité nationale de l’université de Georgetown, où il a étudié en de 1981 à 1982. Andreae a travaillé avec la CIA en Irak, et a avoué avoir créé de fausses vidéos présentées comme des vidéos de propagande d'Al-Qaïda[23],[24]. La psychologie sociale et l'analyse statistique intelligente du big data sont revendiquées par SCL et ses deux filiales en tant que sciences utilitaires. Selon Carole Cadwalladr (finaliste du prix Pulitzer 2019 pour ses enquêtes faites aux côtés du New York Times sur le scandale Facebook-Cambridge Analytica/AggregateIQ), pourraient être des paravents cachant un entrepreneuriat utilisant sans scrupule et de manière cachée des méthodes et stratégies militaires sur des populations civiles[20]. David Miller (sociologue spécialistes des psyops et de la propagande à l'université de Bath) pense de même, et estime que ceci soulève « la question de savoir si nous vivons réellement encore dans une démocratie ou non »[20]. Dans le domaine politiqueSelon son site Internet, SCL a participé à plus de 25 campagnes politiques et électorales internationales depuis 1994[2], principalement dans les pays en développement, où SCL a été payé par des militaires et/ou des politiciens pour étudier et manipuler l'opinion publique et la volonté politique. SCL dit ainsi avoir influencé des élections en Italie, Lettonie, Ukraine, Albanie, Roumanie, Afrique du Sud, Nigéria, Kenya, Maurice, Inde, Indonésie, Philippines[25], Thaïlande, Taïwan, Colombie, Antigua, Saint-Vincent & les Grenadines, Saint-Christophe-et-Niévès et Trinité-et-Tobago[2]. SCL s'était initialement impliquée dans des élections au Royaume-Uni, mais aurait cessé de le faire après 1997, car des membres de son personnel ne faisaient pas preuve de la même « sensibilité distante » que pour les projets réalisés à l'étranger[18]. Mais ses sociétés-filles, Cambridge Analytica et/ou (selon les cas) AggregateIQ poursuivront activement ce travail, par exemple au service d'élus conservateurs d'Irlande du Nord et des promoteurs du Brexit[12] (dont Vote Leave et Boris Johnson). SCL allègue que sa « méthodologie » a été approuvée et entérinée par des organismes du gouvernement du Royaume-Uni et du gouvernement fédéral des États-Unis, entre autres[25]. GouvernanceStructure(s) juridique(s)Plusieurs entités/filiales se succèdent ou coexistent. La société initiale a été statutairement constituée à Londres, à la Companies House le 20 juillet 2005 sous le nom de Strategic Communication Laboratories Limited, en utilisant le registraire des sociétés écrans SDG Registrars Limited (qui a ainsi agi au nom d'environ 4 500 entreprises)[26]. Conseil d'administrationEn mars 2018, la société comptait quatre administrateurs : Roger Michael Gabb, Alexander Nix, Nigel John Oakes et Julian David Wheatland[29]. Principales sous-entitésElles sont : Cambridge Analytica (C.A)Cette société a été créée par SCL pour influencer divers processus électoraux en faveur du parti républicain et de l'extrême droite aux États-Unis[30]. Dans son livre Mindfuck (2020), sous-titré « Le Complot Cambridge Analytica pour s'emparer de nos cerveaux »[32] Wylie explique rétrospectivement que :
En 2015, il a été révélé que la start-up a copié une méthode d'extraction de données personnelles dans Facebook, et de production de profils psychologiques développée par deux psychométriciens : David Stillwell et Michal Kosinski (une application dénommée MyPersonality[35]. Cette application rapidement devenue populaire sur facebook, créée par Kosinski, produisait en direct le « profil psychologique » d'usagers volontaires, notamment à partir du contenu de leurs comptes Facebook, puis Kosinski stockait ce profil, anonymysé, au profit des recherches de Stillwell ; C'est à partir de ces données (fournies en ligne par 58 000 volontaires) « facilement accessibles du comportement, les Facebook Likes », qu'ils ont montré[36] dans la revue PNAS (2013) qu'un algorithme peut très efficacement « prédire une gamme d’attributs personnels très sensibles, notamment : l’orientation sexuelle, l’origine ethnique, les opinions religieuses et politiques, les traits de personnalité, l'intelligence, le bonheur, la consommation de substances addictives, la séparation des parents, l’âge et le sexe (...) Le modèle discrimine correctement les hommes homosexuels et hétérosexuels dans 88 % des cas, les Afro-Américains et les Américains de race blanche dans 95 % des cas, et entre les démocrates et les républicains dans 85 % des cas. Pour le trait de personnalité « Ouverture d'esprit », la précision de la prédiction est proche de la précision test-retest d’un test de personnalité standard ». Les auteurs avaient dans cet article ré-alerté sur les risques de fuites de données personnelles et d'utilisation de données psychométriques pour un ciblage à large échelle et des manipulations en ligne de milliers ou millions d'internautes[37] (une possibilité déjà évoqué en 2009 par Ye Chen (de eBay) et des chercheurs tels que Dmitry Yurievich et Dmitry Yurievich Pavlov et John Francis Canny)[38]. selon le Centre de psychométrie de Cambridge : « En plus des données des tests, environ 40 % des personnes interrogées ont également choisi de partager les données de leur profil Facebook, ce qui a donné lieu à l’une des plus grandes bases de données de recherche en sciences sociales de l'histoire. L’application a été active jusqu’en 2012 et a recueilli des données auprès de plus de 6 millions de volontaires pendant cette période. Ces données ont été anonymisées et des échantillons ont été partagés avec des collaborateurs universitaires enregistrés dans le monde entier dans le cadre du projet myPersonality, ce qui a donné lieu à plus de 45 publications scientifiques dans des revues à comité de lecture. »[35]. En 2018, Stillwell et Kosinski ont décidé d'arrêter de partager ces données avec d'autres chercheurs car « La maintenance de la base de données, l'examen des projets, la réponse aux demandes de renseignements et le respect des diverses réglementations étaient devenus trop fastidieux pour l'entreprise »). Aleksandr Kogan connaissait parfaitement cette base de données car lui-même, et ses étudiants, avaient obtenu l'accès aux données de myPersonality pour leurs projets académiques en 2013 et 2014 [37]. Le Psychometrics Centre lui a demandé de supprimer ces données en 2014. Kogan a affirmé à l'Université de Cambridge qu'il l'avait fait et qu'il ne les avait jamais utilisées dans ses activités avec SCL ou Cambridge Analytica[37]. À l'époque, l'interface de Facebook était configuré de telle sorte qu'avec une telle application, non seulement l'application avait accès aux données du compte Facebook du répondant, mais aussi à celles de tous ses « amis » voire à des conversations privées. « Cambridge Analytica » (et sa société mère « SCL Elections »[41]), ont fait l'objet d'enquêtes, au moins par les gouvernements britannique (ICO : Information Commissioner's Office), canadiens et américain. La start-up a d'abord (en 2018) prétendu n'avoir rien fait d'illégal et avoir « été ruinée par de « nombreuses accusations sans fondement », mais après enquête, la Federal Trade Commission (« Commission fédérale du commerce ») a confirmé aux États-Unis que ses données avaient bien été volées aux internautes, via un « test de personnalité » présenté avec des termes « faux et trompeurs », prétendant mensongèrement ne pas télécharger les noms des personnes ni informations permettant de les identifier[42]. Cambridge Analytica s'est mis en faillite… pour presque immédiatement ressusciter, à la même adresse sous le nom d'Emerdata Limited[27] (voir plus bas). AggregateIQC'est la société-sœur de Cambridge Analytica, créée au même moment, également par SCL et avec les mêmes objectifs, mais basée au Canada, à Victoria. C'est à AggregateIQ que le groupe SCL a commandé sa plateforme logicielle Ripon, supposée utiliser une intelligence artificielle. Emerdata LimitedEn août 2017, Emerdata Limited est créée par une grande partie des anciens membres ou associés pour reprendre les actifs, les données et une grande partie du personnel de Cambridge Analytica, qui avait été mise en faillite[43],[44],[45],[46]. Cette société est créée par le responsable des données et le président de la société mère de Cambridge Analytica, SCL Group (qui a également clôturé ses activités le 1er mai 2018 après le scandale international qui l'a clairement mis en cause, ainsi que ses deux sociétés-filles)[47],[48],[49]. Son siège à Londres, est basé à l'adresse qui était précédemment celle de Cambridge Analytica[50],[51],[52], et il a été noté que la société semblait offrir des services similaires à ceux que SCL Group, Cambridge Analytica et Aggregate IQ offraient[53],[27], faisant potentiellement de cette entreprise un successeur de Cambridge Analytica[50],[54],[55],[56]. Le conseil d'administration d'Emerdata inclut Johnson Chun Shun Ko, un officier de Frontier Services Group et homme d'affaires hong-konguais lié à Erik Prince (fondateur de Blackwater)[52],[57]. On y retrouve comme principal investisseur Rebekah Mercer (qui, avec sa famille était le principal investisseur de Cambridge Analytica)[54]. Parmi le personnel, on retrouve Alexander Nix, ancien PDG de Cambridge Analytica[58],[59],[60],[61]. En janvier 2018, Emerdata aurait levé 19 millions de dollars auprès d'investisseurs internationaux[62]. En mai 2018, Nigel Oakes (fondateur de SCL, et de ses filiale anglaises et canadiennes Cambridge Analytica et Aggregate IQ) reconnait que le but d'Emerdata était d'acquérir Cambridge Analytica et SCL, mais selon lui ce plan a été abandonné (sur le marché, Cambridge Analytica n'avait plus aucune valeur). Emerdata et sa filiale en partie détenue Firecrest Technologies Limited, créée par l'ancien PDG de Cambridge Analytica Alexander Nix, serait selon lui dissoute[63]. Finalement, en juillet 2019, il apparait qu'Emerdata a « entièrement acquis » les actifs de ces entreprises », repris une partie de leur personnel et payé les factures juridiques des sociétés SCL (au milieu d'une procédure de faillite qui aurait éventuellement pu apparaitre comme une faillite frauduleuse)[64]. Conséquences, suites, enquêtes nationales et internationalesLe , SCL Group (tout comme sa société-fille Cambridge Analytica) a déclaré qu'il fermerait ses activités en raison du scandale des données Facebook-Cambridge Analytica[47]. Au CanadaÀ l'issue de l'enquête sur AggregateIQ, la suppression des données britanniques détenues par AggregateIQ demandée par l'ICO a été confirmée[65]. Enquête FTC (Federal Trade Commission)En 2019, la Federal Trade Commission (FTC, agence indépendante chargée aux États-Unis de la protection des consommateurs) a déposé une plainte administrative contre Cambridge Analytica pour utilisation abusive de données. Elle a aussi passé des accords avec son ancien PDG Alexander Nix et avec le psychologue développeur de l'application qui a volé les données des internautes Aleksandr Kogan, ces derniers acceptant de supprimer les données obtenues illégalement. En 2019, l'affaire contre la société Cambridge Analytica elle-même est toujours en cours[66]. Enquête du bureau du commissaire à l'information du Royaume-Uni (ICO)L'ICO (Elizabeth Denham) a obtenu des mandats de perquisition, et le 23 mars 2018, a saisi dans les bureaux de Cambridge Analytica plusieurs serveurs et une quantité importante d'éléments de preuve, ainsi que des documents de comptabilité[31] pour en analyser les contenus. Elle y a notamment trouvé des preuves que SCL Elections et Cambridge Analytica préparaient une évacuation de leurs données vers l'étranger, mais l'ICO pense qu'ils n'en ont pas eu le temps[65]. En 2019, l'ICO confirme avoir détecté des « vulnérabilités systémiques » et a précisé que l'enquête ouverte à l'encontre de SCL Elections et Cambridge Analytica se poursuivrait, en dépit de leurs fermetures[65]. En 2020, un courrier de l'ICO fait savoir que l'enquête a été retardée par le contexte de la pandémie de COVID-19 et aussi parce que les actions de l'ICO sont soumises au contrôle judiciaire du Tribunal de première instance du Royaume-Uni et que des « parties prenantes potentielles » ont fait appel aux décisions de l'ICO :
Tous ces appels ont finalement été rejetés par le tribunal de première instance, ce qui doit permettre la tenue d'audits de conformité tant pour les libéraux démocrates que pour l’UKIP[65]. Eldon Insurance et Leave.EU ont eux fait appel auprès de l'Upper Tribunal[65]. Des audits de l'ICO faits en 2019-2020 ont aussi vérifié la conformité des mesures de protection des données dans 14 organisations associées à l’enquête initiale (principaux partis politiques, principales agences de crédit et principaux courtiers en données, et le Centre de Psychométrie de l’université de Cambridge. L'ICO a produit de nouvelles recommandations de modifications pour le respect de la loi[65]. À l'automne 2020, certains documents et matériels ont commencé à être rendus à leurs propriétaires, mais les données personnelles seront détruites par l'ICO lui-même. Quelques enquêtes de suivi sont encore en cours, et des plaintes ou problèmes ultérieurs relatifs à l'utilisation politique des informations personnelles dans d'autres campagnes politiques sont en cours de tri et d'enquête au sein de l'ICO[65]. AmendesCôté anglais, à la suite des actions du Bureau du Commissaire à l'information, les amendes ont été les suivantes[65] :
Aux États-Unis,
Disqualification d'Alexander NixEn 2020, Alexander Nix a signé le 14 septembre 2020 une reconnaissance de disqualification, acceptée par Alok Sharma, le secrétaire d'État chargé des affaires, de l'énergie et de la stratégie industrielle au Royaume-Uni. Le service de l'insolvabilité a déclaré que « dans le cadre de cet engagement, Alexander Nix n'a pas contesté qu'il avait causé ou permis à SCL Elections Ltd ou à des sociétés associées de se vendre comme offrant des services potentiellement contraires à l'éthique, à des clients potentiels, démontrant un manque de probité commerciale ». À compter du 5 octobre 2020, Alexander Nix n'est, pendant sept ans, plus autorisé à agir en tant qu'administrateur ou à s'impliquer directement ou indirectement, sans l'autorisation du tribunal, dans la promotion, la formation ou la gestion d'une société britannique[68]. Réactions de FacebookOn ignore dans quelle mesure ceci pourrait être des conséquences des actions d'influence de SCL et de ses filiales ou partenaires, mais Facebook a annoncé en 2016 qu'il venait de découvrir des intrusions russes sur sa plateforme. Cependant, des documents acquis par le Wall Street Journal (des courriels de dirigeants, certains venant du PDG Mark Zuckerberg) prouvent qu'il en avait connaissance dès 2014[69]. Nouvelles compagnies ou start-up créées par ou avec d'anciens membres de SCL ou Cambridge Analytica[70]
Notes et références
AnnexesBibliographie
Articles connexes
Liens externes
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