Grand Prix automobile de France 1952Grand Prix de France 1952
Le Grand Prix de France 1952 (XXXIXe Grand Prix de l'A.C.F.), disputé sous la réglementation Formule 2 sur le circuit de Rouen-les-Essarts le , est la dix-neuvième épreuve du championnat du monde de Formule 1 courue depuis 1950 et la quatrième manche du championnat 1952. Il est le cinquième des huit Grands Prix de France de Formule 2 organisés en 1952, disputé après Pau, Marseille, Paris et Reims et précédant ceux des Sables-d'Olonne, Saint-Gaudens et la Baule[1]. Contexte avant le Grand PrixLe championnat du mondeFace au désengagement des principaux constructeurs de Formule 1, les organisateurs français ont planifié pour la saison 1952 une série de huit Grands Prix de France sous l'égide de la formule 2. La FIA va bientôt suivre la même voie, optant en urgence pour le déroulement du championnat du monde des conducteurs sous la réglementation formule 2 pour les années 1952 et 1953[2], à l'exception de l'épreuve des 500 miles d'Indianapolis, toujours disputée suivant l'ancienne formule internationale. Cinquième des huit Grands Prix de France programmés, c'est le Grand Prix de l'A.C.F. couru sur le circuit des Essarts qui est alors retenu comme manche française du championnat du monde. Depuis le début de saison, les pilotes de la Scuderia Ferrari dominent la F2, ayant largement remporté la plupart des Grands Prix. Piero Taruffi et Alberto Ascari sont en tête du classement mondial, une victoire chacun, ils ont également remporté des épreuves hors championnat, tout comme leurs coéquipiers Giuseppe Farina et Luigi Villoresi, ce dernier étant temporairement indisponible à la suite d'un accident de la route. Toutefois, l'équipe Gordini a récemment créé la surprise, Jean Behra ayant remporté une brillante victoire devant les ténors de la Scuderia lors du Grand Prix de Reims (le quatrième des Grands Prix de France 1952), disputé hors championnat le . Le circuitInauguré en 1950, le circuit de Rouen-les-Essarts est situé dans le parc des Essarts, sur la commune de Grand-Couronne, près de Rouen. Ce circuit naturel d'un peu plus de cinq kilomètres, créé à l'initiative de Jean Savale, alors président de l'Automobile-Club normand, comporte de très belles courbes, notamment le difficile virage des Six Frères dans l'impressionnante descente vers le hameau du Nouveau Monde. En 1952, il accueille pour la première fois une épreuve mondiale. Monoplaces en lice
La Scuderia Ferrari a apporté quelques évolutions à sa très performante 500 F2 : le moteur développe désormais 175 chevaux à 7500 tr/min, et l'avant a été légèrement allongé[3]. Malgré une défaite le week-end lors du Grand Prix de la Marne (hors championnat) le week-end précédent, où elle fut dominée par la Gordini de Jean Behra, cette voiture demeure favorite. L'usine engage trois monoplaces pour Alberto Ascari, Giuseppe Farina et Piero Taruffi, ce dernier remplaçant Luigi Villoresi toujours en convalescence à la suite d'un accident de la route. Une quatrième Ferrari 500 est présente, il s'agit de la voiture personnelle de Louis Rosier. L'Écurie Espadon avait initialement engagé une 500 F2 pour le pilote suisse Rudi Fischer, mais ce dernier va finalement piloter une ancienne 212. On trouve également deux Ferrari 166 de la Scuderia Marzotto pour Gianfranco Comotti et Piero Carini.
L'usine engage trois T16 à moteur six cylindres, pour Robert Manzon, Jean Behra et le Prince Bira. Récemment réintégré à l'équipe après un début de saison sur Ferrari au sein de l'Écurie Rosier, Maurice Trintignant ne dispose, quant à lui, que d'une ancienne T15 à moteur quatre cylindres de 1 500 cm3, un modèle identique (à la couleur près) à celui aligné par l'Écurie Belge pour Johnny Claes.
L'équipe HWM engage trois modèles 52 à moteur quatre cylindres Alta d'environ 145 chevaux, deux pour ses pilotes habituels Lance Macklin et Peter Collins, le troisième châssis étant attribué pour l'occasion au Français Yves Giraud-Cabantous.
Comme au Grand Prix de Belgique où il termina quatrième, Mike Hawthorn dispose d'une Cooper T20. Le six cylindres Bristol dont elle est équipée est peu performant à la base (il dérive du moteur de la BMW 328 lancée seize ans plus tôt), mais Leslie Hawthorn (le père de Mike) a utilisé son expérience des moteurs d'avion pour l'adapter à un carburant spécial contenant du nitrométhane. Ainsi gavé, le moteur produit environ 150 chevaux[4], faisant de la légère Cooper une sérieuse concurrente pour les places d'honneur.
Privée de son premier pilote Juan Manuel Fangio, accidenté à Monza et indisponible pour le reste de la saison, l'usine a renoncé à engager la nouvelle Maserati A6GCM à moteur six cylindres (donné pour 165 chevaux), qui a déçu lors de ses premières courses[5]. L'équipe brésilienne Escuderia Bandeirantes, qui a récemment acquis deux de ces monoplaces, en engage une pour le Français Philippe Étancelin. Comme au Grand Prix de Suisse, Enrico Platé a inscrit deux Maserati 4CLT/48 modifiées (environ 140 chevaux) pour Emmanuel de Graffenried et Harry Schell.
Peter Whitehead a engagé son Alta personnelle, le dernier modèle construit, et légèrement amélioré par rapport au modèle d'origine : équipé de deux carburateurs Weber à double corps et de pipes d'admission modifiées, le moteur développe environ 150 chevaux[5]. Coureurs inscrits
QualificationsLes journées d'essais se déroulent le vendredi et le samedi précédant la course[7]. Les espoirs d'Amédée Gordini de renouveler l'exploit de Reims vont être rapidement déçus. Sur ce circuit, les Ferrari, arrivées tardivement, se montrent inaccessibles, bien aidées par leurs pneus Pirelli dans des conditions alternant averses et éclaircies[8]. Alberto Ascari, qui découvre le tracé normand, est le plus assidu en piste, s'étant donné pour objectif de prendre à fond la courbe suivant la ligne de départ; à la surprise de ses adversaires qui jugent la chose impossible, le champion italien va réaliser cet exploit, avec de plus en plus d'aisance, affinant sa trajectoire à chaque passage[9]. Il réalise le meilleur temps des qualifications à plus de 136 km/h de moyenne, dominant nettement ses coéquipiers Giuseppe Farina et Piero Taruffi. Les monoplaces italiennes monopolisent la première ligne, la meilleure Gordini, pilotée par Jean Behra, rendant près d'une seconde au kilomètre à la Ferrari d'Ascari. Robert Manzon, sur la seconde Gordini, complète la deuxième ligne. À noter la belle performance de Maurice Trintignant, sixième au volant d'une ancienne Gordini T15 de 1 500 cm3.
Grille de départ du Grand Prix
Déroulement de la courseAu moment du départ, le temps est couvert et la piste est humide, à la suite d'une averse orageuse. De la pole position Alberto Ascari (Ferrari) prend le meilleur envol devant Giuseppe Farina, mais leur équipier Piero Taruffi, également en première ligne, perd un peu de temps et se fait déborder par les Gordini de Robert Manzon et Jean Behra. Les positions en tête restent inchangées durant les deux premiers tours, mais au troisième Behra, toujours en quatrième position, dérape et va au fossé. En dépit d'une direction faussée et d'une roue arrière endommagée, il parvient à regagner son stand, dont il repart dernier après réparation. Manzon ne peut résister longtemps à Taruffi, qui le dépasse au cours du quatrième tour; les trois Ferrari d'usine sont en tête. Avec l'ancienne Simca-Gordini de seulement 1 500 cm3, Maurice Trintignant effectue un beau début de course et occupe la cinquième place, après avoir débordé l'HWM de Peter Collins. Ascari accélère progressivement le rythme, étonnant d'aisance sur cette piste difficile; dans les enchaînements rapides, il est le seul à garder le 'pied dedans'[9] et surclasse nettement ses coéquipiers, prenant une seconde au tour à Farina, trois à Taruffi. Hormis la démonstration d'Ascari et la remontée de Behra, la course sombre dans la monotonie. Lorsque la pluie se met à tomber, après une heure de course, les Ferrari accentuent d'autant plus leur supériorité que leurs pneus Pirelli sont nettement supérieurs aux pneus Englebert des Gordini sur le mouillé[8]. Dans ces conditions, l'espoir britannique Mike Hawthorn se met en évidence au volant de sa petite Cooper : après avoir débordé Lance Macklin (HWM), il remonte régulièrement sur Collins, qu'il double au quarante et unième tour, s'emparant de la sixième place. Trois tours plus tard, il est cinquième, ayant dépassé Trintignant. Ce dernier retrouve sa cinquième place peu après, la Cooper d'Hawthorn connaissant des ennuis d'allumage qui vont contraindre le pilote anglais à l'abandon. La dernière heure de course n'apporte pas de changement notable, et Ascari remporte une très nette victoire. À quarante-cinq secondes, Farina est le seul à terminer dans le même tour que le vainqueur. Taruffi termine troisième devant les Gordini de Manzon et Trintignant, tandis que Behra, bien revenu, échoue à moins de cinq secondes de Collins pour la sixième place. Classements intermédiairesClassements intermédiaires des monoplaces aux premier, quatrième, dixième et vingtième tours, une heure et deux heures de course[12].
Classement de la course
Légende:
Pole position et record du tour
Évolution du record du tour en courseJusqu'à l'arrivée de la pluie aux environs du trentième tour, le record du tour fut amélioré à maintes reprises par Ascari[11],[12]. Progression du record du tour
Tours en tête
Classement général à l'issue de la course
À noter
Notes et références
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