Cette langue peut être appelée gaya, kaya, karak ou kara. Il s'agit de transcriptions différentes du nom de la confédération. Le nom de byeonhan ou pyŏnhan peut être utilisé en tant que synonyme, ou alors comme un stade antérieur au gaya (à l'image du vieux français pour le français, par exemple)[1],[2],[3]. Le terme pré-kaya ou karak japonique est utilisé pour désigner une langue japonique hypothétique qui aurait été parlée avant la langue gaya coréanique[4],[5].
Le nom Gaya est la transcription du nom de la confédération écrit en caractères chinois en coréen moderne. La plus ancienne forme attestée est Kara (en chinois médiéval : 加羅, 'kæla)[6]. Les formes Kaya (加耶) ou Karak (伽落) ont aussi été utilisées. Le Nihon shoki utilise les noms Mimana et Kara[7].
Classification
Hypothèse d'une langue unique
La plupart des auteurs considère qu'il n'y a qu'une langue gaya, mais leur vision sur sa classification diverge.
Une autre hypothèse, présentée par Soo-Hee Toh, prends en compte les toponymes, et suggère que le mahan (qu'il nomme ancien paekche), le ye-maek et le kaya étaient la même langue[12].
En l'état actuel des connaissances, cette langue est inclassable.
Beckwith quant à lui propose qu'il y avait deux langues gaya : un gaya coréanique (gaya tout court) et un gaya japonique (pré-kaya). Il classe par ailleurs le pré-kaya au sein du japonique insulaire, dans un « groupe yayoï » (aux côtés du vieux japonais)[13].
Ces deux sources disent que Mahan avait une langue différente de celle de Jinhan. La relation entre la langue de Jinhan et Byeonhan est plus floue, car les Chroniques des Trois Royaumes les décrit comme similaires, et le Livre des Han tardifs les décrits comme différentes[16].
Les Chroniques des Trois Royaumes dresse une liste de toponymes de Byeonhan et leur prononciation en chinois médiéval[17],[18] :
Le suffixe *-mietoŋ apparait aussi dans un toponyme de Jinhan, et a été comparé avec le moyen coréen tardif mith et le proto japonique *mətə. Les deux signifient « base, bas » et Samuel Martin suppose qu'il s'agit d'un cognat.
Le suffixe *-jama, qui ressemble au proto japonique *jama ("montagne").
Byeonhan est remplacé par Gaya au IVe siècle et est annexé par Silla au VIe siècle. Le Samguk Sagi donne des descriptions géographiques de territoires conquis par Silla principalement au centre et au Sud de la Corée, dont des toponymes[19]. Seulement, ces toponymes sont écrits en caractères chinois, ils sont donc difficiles à interpréter[20],[21]. Certains seraient d'origine japonique, coréanique, et toungouse[22].
Un mot seulement a été explicitement attribué à la langue de Gaya au chapitre 44 du Samguk Sagi[7] :
加羅語謂門為梁云。 'Dans la langue de Gaya, le mot pour « pont » est 梁.'
Le caractère « 梁 » était utilisé pour transcrire le mot sillantwol 'crête'. Les philologistes pensent donc que ce mot avait une prononciation semblable[6].
Ce mot a été comparé au vieux japonais to1'pont, porte'.
Comparaison lexicale
Vovin (2017) compare certains glosses du gaya (qu'il désigne comme « karak »[23] ou « karak japonique »[24]) à des mots de langues japoniques insulaires[25].
(en) Alexander Vovin, Origins of the Japanese Language, Oxford Research Encyclopedia of Linguistics, (lire en ligne)
(en) Alexander Vovin, Out of Southern China?, EHESS/CRLAO, (lire en ligne)
(en) Axel Schuessler, ABC Etymological Dictionary of Old Chinese, Honolulu, University of Hawaii Press, (ISBN978-0-8248-2975-9)
(en) Christopher I. Beckwith, Koguryo, the Language of Japan's Continental Relatives, Brill, (ISBN978-90-04-13949-7)
(en) John R. Bentley, The Search for the Language of Yamatai, Japanese Language and Literature, , 43 p. (lire en ligne)
(en) John Whitman, Northeast Asian Linguistic Ecology and the Advent of Rice Agriculture in Korea and Japan, National Institute of Japanese Language and Linguistics,
(en) Ki-Moon Lee et S. Robert Ramsey, A History of the Korean Language, Cambridge University Press, (ISBN978-1-139-49448-9)
(en) Mark E. Byington et Gina Barnes, Comparison of Texts between the Accounts of Han 韓 in the Sanguo zhi 三國志, in the Fragments of the Weilüe 魏略, and in the Hou-Han shu 後漢書, Crossroads,
(en) Martine Robbeets, Archaeolinguistic evidence for the farming/languagedispersal of Koreanic, Eurasia3angle Research Group, Department of Archaeology, (lire en ligne)
(en) Soo-Hee Toh, About Early Paekche Language Mistaken as Being Koguryŏ Language, Journal of Inner and East Asian Studies, (lire en ligne)
(en) Soo-Hee Toh, On the relationship between the early Paekche language and the Kara language in Korea, Studies in the Linguistic Sciences, (lire en ligne)