Françoise GadetFrançoise Gadet
Françoise Gadet est une sociolinguiste française, née en 1947[1]. Elle est professeure émérite de sociolinguistique[2] à l'université Paris-Nanterre, chercheuse au sein du laboratoire Modèles, Dynamiques, Corpus (MoDyCo, UMR 7114)[3]. BiographieFrançoise Gadet étudie d'abord les lettres modernes, puis s’oriente vers la linguistique[4], avant d'obtenir un doctorat en sciences du langage[5]. Elle devient ensuite enseignante-chercheuse à l'université Paris-Nanterre. Sa première publication universitaire date de 1971[6]. En 1980, elle rencontre le sociologue Bernard Conein, qui deviendra son mari[4]. TravauxAprès de premiers travaux de grammaire liés au cadre structuraliste, elle publie un premier ouvrage collectif, Les maîtres de la langue, en 1979[7]. En 1981, elle écrit, avec Michel Pêcheux, La langue introuvable[8]. En 1986, elle participe au collectif La grammaire d'aujourd'hui: guide alphabétique de linguistique française[9]. Son premier livre comme autrice unique paraît en 1987 : consacré à Ferdinand de Saussure, il est destiné à éviter les "contresens interprétatifs" du Cours de linguistique générale[10]. Françoise Gadet s'oriente vers la sociolinguistique[11] en travaillant sur le français ordinaire en 1989[12], le français populaire en 1992[13], et la variation sociale du français en 2003[14]. En tant que sociolinguiste, ses travaux portent principalement sur les variations de la langue française : français ordinaires parlés en France et au-delà[11], syntaxe du français parlé ordinaire, variations inter-individuelles[15] et les effets sur le français de ses contacts avec les langues en co-présence, partout dans le monde[4]. Elle s'intéresse particulièrement aux variations diaphasiques (variation selon les genres, situations, styles)[11],[16]. Cela la conduit à dénoncer les défauts de la notion de « niveaux de langue » qu'elle juge à la fois inapplicable et « nocive » sur le plan pédagogique[17]. Ses travaux sont notamment marqués par la remise en question de la frontière entre les études de sociolinguistique et d'analyse du discours. Françoise Gadet interroge le principe d'équivalence sémantique : elle constate que les variations linguistiques sont souvent vues comme apportant « une information d'ordre esthétique ou social [...] et non comme cruciale dans la construction du sens[18] », ce qu'elle remet en question : « si on le dit autrement, est-ce que l’on dit la même chose[19] ? » La pertinence catégorisations socio-démographiques pour l'analyse des faits linguistiques est également remise en question, en particulier en regard de la variation sociale du français[20]. Ces questionnements sont notamment illustrés par les ouvrages La variation sociale en français[18] et Les parlers jeunes dans l'Ile-de-France multiculturelle[21]. Elle co-dirige, avec André Thibault, la collection Linguistique variationnelle de la maison d'édition Classiques Garnier, où elle a publié en 2018 l’ouvrage qu’elle a dirigé, Les métropoles francophones européennes en temps de globalisation. Cette collection « accueille des contributions consacrées à l’étude sociolinguistique de la variation diasystémique du français dans l’espace francophone[22] ». En 2023, elle co-fonde le Collectif des Linguistes atterrées et co-signe un Tract chez Gallimard Le français va très bien, merci[23]. Elle devient membre fondatrice de l'association Tract des Linguistes[24]. CorpusRéflexion sur les données écologiquesFrançoise Gadet est notamment connue pour ses travaux sur la constitution et l'exploitation de corpus, et ses réflexions sur la collecte de données dites « écologiques »[11]. Complémentaires aux données recueillies au travers d'entretiens, les données écologiques peuvent être définies comme « des enregistrements de la parole située dans son contexte social ordinaire et routinier, sans qu’elle soit élicitée ou orchestrée par le chercheur[25] ». Françoise Gadet précise que les corpus constitués de cette manière ont « l’avantage de présenter certains phénomènes ordinaires ou vernaculaires qui n’apparaissent pas ou peu dans un entretien, d’autant moins que la distance sociale entre enquêteur et enquêté est plus grande[26] ». Françoise Gadet est intervenue dans la constitution de trois corpus majeurs utilisant des données écologiques : CIEL-F[27], FRAN[28] et MPF. Elle contribue actuellement à la collecte d'un nouveau corpus, dans le cadre du projet Observatoire des Pratiques Langagières Actuelles – OPLA. Corpus CIEL-FÀ partir de 2006, elle pilote le projet CIEL-F (Corpus international écologique de la langue française), aux côtés de quatre autres professeurs : Lorenza Mondada (Lyon-2), Stefan Pfänder (Freiburg), Ralph Ludwig (Halle) et Anne-Catherine Simon (Louvain-la-Neuve)[29]. Ce projet, co-financé par l’ANR en France et la DFG en Allemagne[30], constitue le premier corpus écologique du français langue mondiale. L'objectif de ce projet est de « permettre d’accéder à des données du français enregistrées dans des conditions écologiques dans différentes aires communicatives[30] ». Ce corpus est constitué d’environ 200 enregistrements de 10 minutes, collectés entre 2006 et 2012 dans 18 zones à travers le monde : Algérie, Antilles françaises, Belgique, Burkina Faso, Cameroun, Canada, Congo, Côte d’Ivoire, Égypte, France, Guyane française, La Réunion, Inde, Liban, Île Maurice, Sénégal, Suisse, Togo[29]. Françoise Gadet y est responsable des aires Acadie (Moncton, Clare, Lamèque), Cameroun (Douala, Yaoundé) avec Stefan Pfänder, Côte d'Ivoire (Abidjan), France (Paris, Lyon, Rouen, Faulquemont) avec Lorenza Mondada, Québec (ville de Québec)[29]. Corpus MPFElle est directrice du comité scientifique et porteuse du projet MPF (Multicultural Paris French), financé par l'ANR[31],[32] et l’ESRC britannique[4]. L'objectif de ce projet est de constituer un corpus auprès de populations jeunes connaissant des contacts multiculturels réguliers[32], afin d'observer l'influence de la présence de population immigrée sur la langue française en région parisienne[31]. Les interrogations de Françoise Gadet sur le rapport que les chercheurs entretiennent avec les données, la langue parlée et la variation[11] l'encouragent à baser le recueil sur la proximité communicative : aucun enregistrement n’a été fait avec des inconnus (liens de réseau, histoire conversationnelle antérieure)[32]. Ce corpus est constitué de 106 enregistrements, de durées entre 6 et 153 min, auprès de 187 locuteurs provenant de 28 communes d'Ile-de-France et 4 arrondissements de Paris[32]. En mars 2023, le corpus a fait l’objet de 97 publications[33][réf. nécessaire]. Corpus FRANCe corpus est l’objectif du GTRC « Le français en Amérique du Nord), dirigé par France Martineau (Université d’Ottawa). Il documente les différentes localisations de français parlés en Amérique du Nord, comparé aux français de France et de divers points de la francophonie[4]. HommagesUn ouvrage est dédié à ses travaux :
Publications
Thèses dirigéesSandrine Wachs, 1998, Le relâchement de la prononciation en français parlé en Ile de France: analyses linguistique et sociolinguistique par générations Bruno Martinie, 1998, Etude syntaxique des énoncés réparés en français parlé Annette Boudreau, 1998, Représentations et attitudes linguistiques des jeunes francophones de l'Acadie du Nouveau-Brunswick Françoise Mougeon, 1999, Les francophones et leurs styles: variation stylistique dans le français parle de trois locuteurs du Québec, de l'Ontario et de France Kate Beeching, 2001, The speech of men and women in contemporary French: the function of parenthetical remarks and the pragmatic particles c'est-à-dire, enfin, hein and quoi Fabrice Jejcic, 2002, Aménagements de la norme, variation et permanence dans l'écriture de variétés de français Cécile B. Vigouroux, 2003, Réflexion méthodologique autour de la construction d'un objet de recherche: la dynamique identitaire chez les migrants africain francophones au Cap (Afrique du Sud) Tae-Rin Cho, 2005, Réflexions théoriques sur la formation des relations entre langue et nation: généralités et particularités de la France et de la Corée Henry Tyne 2005, La maîtrise du style en français langue seconde Nathalie Guézennec, 2005, Mémoire et transmission de la tradition orale en Basse-Bretagne : approches ethno et sociolinguistiques de la littérature orale, de la mémoire, de l'oral et de l'écrit Emmanuelle Guerin, 2006, Introduction de la notion de variation situatiolectale dans la grammaire scolaire par la caractérisation de deux opérateurs pragmatiques: on et ça Émilie Bellanger, 2007, La continuité stylistique et thématique des articles parus sur le Tour de France dans l’Auto et l’Équipe : perspective diachronique: 1903-2006 Jamila Sebbar, 2008, Dynamique linguistique et rapports à l'apprentissage du français par des adultes maghrébiens en milieu migratoire Nicoletta Michelis, 2008, Essai de caractérisation de la compétence sociolinguistique en situation de communication franco-italienne Sahar Benslimane, 2009, Comportements, attitudes et pratiques langagières des jeunes issus de l'immigration marocaine à Nanterre Jean-David Bellonie, 2009, Ce que la didactique du français langue maternelle en Martinique peut tirer d'une étude sociolinguistique Françoise Favart, 2009, La représentation de '' l'oralité populaire''dans quelques romans du second XXème siècle (1966-2006) Wajih Guehria, 2009, Fluctuations des représentations linguistiques en fonction de l'espace /temps du discours de référence : cas d'étudiants algériens de la ville de Souk-Ahras Anna Valerievna Makerova, 2011, Vers une pragmatique de la pratique langagière de jeunes à Montreuil et à Tcheliabinsk : l’exemple de textes de chansons de rap Julie Peuvergne, 2011, De l'enquête ethnographique à l'analyse linguistique: l'exemple du discours rapporté au Cameroun Maria Rosaria Compagnone, 2011, Verba volant, scripta etiam (Les mots volent et les choses écrites aussi): Communication «d’écran à écran»: un écrit qui essaie de se rapprocher de l’oral Danielle Josèphe, 2011, Le texte littéraire autobiographique francophone : un outil de la construction de la compétence culturelle et interculturelle de l’apprenant de français langue étrangère Diana Balaci, 2011, Nouvelles technologies : sources d’une nouvelle variété discursive? Javid Fereidoni, 2012, Les sociétés plurilingues : un regard sous l'angle de l'''analyse de domaine'' Elisa Verrecchia, 2012, Français et italien, langues de l'immigration sénégalaise à Brescia ( Italie) : enquête sociolinguistique Anne-Marie Bezzina, 2013, La variation stylistique en maltais : étude des usages concrets de la langue appuyée sur une approche contrastive des phénomènes variationnels en maltais et en français Roberto Paternostro, 2014, L' intonation des jeunes en région parisienne : aspects phonétiques et sociolinguistiques, implications didactiques Anaïs Moreno, 2016, Le discours rapporté dans les interactions : l'effet de la proximité et des communautés de pratique sur sa construction à l'oral et à l'écrit Nacer Kaci, 2017, Les mots dans les parlers jeunes en région parisienne : analyses lexicale et sociolinguistique Maelenn Le Roux, 2020, Du français à l’anglais : cheminements de l’assimilation linguistique des Créoles blancs de Louisiane : quatre familles de 1830 à 1890 Comités de revueFrançoise Gadet est, ou a été, membre des comités de rédaction des revues suivantes[15]:
Notes et références
AnnexesInterventions médias, podcasts, vidéos
Articles connexesLiens externes |
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