Né à Carcassonne, il y passe toute sa vie, employé de bureau à la mairie de la ville, bien qu’il ait au fil du temps noué des relations avec de nombreux écrivains et membres des milieux littéraires parisiens.
Il collabore à la Revue critique des idées et des livres de Jean Rivain et Eugène Marsan. Ami et correspondant d'André Gide, il publie sans interruption une quarantaine de recueils poétiques, d'inspiration classique, entre Jean Moréas et Paul Valéry, pour la plupart tombés aujourd'hui dans l'oubli[C'est-à-dire ?]. Néanmoins, ils sont loués par Henri Clouard, qui écrit que François-Paul Alibert y « chante les thèmes éternels de l'amour et de la mort, et son chant, nourri de sa terre natale, monte dans le ciel humain de la pensée. C'est un chant parfaitement païen. Alibert voulait assurer à l'âme de grands bonheurs, et il s'y efforça dans les limites d'une sagesse fondée sur deux principes : d'une part, ne pas consentir à mutiler l'être, c'est-à-dire ne reconnaître de véritable satisfaction même très haute qui ne soit de l'âme et du corps tout ensemble ; d'autre part, maintenir le sens général d'une hiérarchie. »[1]
En 1907, il fait un voyage en automobile avec ses amis André Gide et Eugène Rouart, vers le Gers et les Landes. Les textes et poésies qu’il écrit sont publiés dans la NRF du en ouverture de la revue. Puis en 1913, il voyage en Italie avec André Gide et Henri Ghéon, périple dont il publie ensuite le Journal.
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Directeur du Théâtre antique de Carcassonne, le poète y avait fait représenter une Nausicaa et diverses adaptations d'Euripide dont il était l'auteur[2].
François-Paul Alibert est enterré à Carcassonne, sa ville natale, au cimetière du hameau de Grèzes-Herminis, qui l'honore d'une rue à son nom depuis 1955 [3],[4],[5].
Des romans érotiques
Un premier roman érotique, paru anonymement et clandestinement en 1931 (tiré à 95 exemplaires), Le Supplice d'une queue, lui fut attribué en 1945. Dans sa notice sur l'ouvrage, dans Les Livres de l'Enfer, Pascal Pia précise que ce court roman sur l'homosexualité masculine a été publié par le célèbre éditeur d'ouvrages érotiques René Bonnel, et que c'est « à l'instigation de Gide, [qu']un libraire parisien, Roland Saucier, directeur de la Librairie Gallimard boulevard Raspail, se chargea de transmettre le manuscrit d'Alibert à René Bonnel, qui consentit à l'éditer, et en demanda le frontispice au peintre et graveur catalan Pere Créixams. »[6] Le livre reparaît officiellement pour la première fois en 1991, préfacé par Hugo Marsan qui écrit que « ce roman est audacieux parce qu'il affirme qu'au travers de l'extase sexuelle le bonheur est possible entre deux hommes »[7]. C'est en effet un livre sur la solitude du désir, mais aussi un roman heureux de l'amour homosexuel, contant l'histoire érotique et amoureuse d'Albert et d'Armand, dans une sexualité grandiose et épanouie, dès leur première rencontre, ce dernier étant doté d'un « sexe triomphal », « infirmité physique par hypertrophie, précise Jean-Jacques Pauvert, dont certains exemples ont fait l'objet d'études médicales et psycho-sexuelles »[8] : un « sexe monstrueux, où toute la gloire de la terre et du ciel s'enroulait »[9].
L'analysant, Annie Le Brun tient Le Supplice d'une queue comme « un des trois ou quatre grands romans du désir », elle y lit cette fois-ci une grande « noblesse d'amour », à l'opposé de « l'actuelle et pléthorique production “érotique” » qu'on pourrait regrouper dans « une même collection intitulée “Beaucoup de baise pour rien” »[10]. Au-delà de la passion incestueuse que rapporte le livre, un des deux garçons de l'histoire rapportant comment son père l'a initié à l'amour, Annie Le Brun considère ce livre comme un témoignage de « l'amour fou », car « c'est aux confins mortels du plus grand désir que se vivent ces passions. »[11]
Le manuscrit d'un deuxième roman érotique à caractère homosexuel, intitulé Le Fils de Loth, est paru en 2002, préfacé par Didier Eribon.
Un troisième roman, Une Couronne de pines, a été imprimé clandestinement peu après 1931, là encore transmis via Roland Saucier à un éditeur resté anonyme, mais l'édition en fut détruite par la police ; il en resterait un seul et unique jeu d'épreuves[9].
Œuvre
Principales publications
Terre d'Aude, 1906
L'Arbre qui saigne : poèmes, Carcassonne, Servière & Patau, 1907.
Le Buisson ardent, Paris, Bibliothèque de l'Occident, 1912.
La Complainte du cyprès blessé, poèmes, 1920
Le Deuil des muses, prologue en un acte, en vers, en hommage à Lionel des Rieux et aux écrivains morts pour la France, Orange, Théâtre antique,
Marsyas, ou la Justice d'Apollon, drame satyrique en 3 actes et un prologue, 1922
Odes, avec un portrait de l'auteur gravé au burin par Jean Émile Laboureur, Paris, Éd. de la Nouvelle revue française, 1922.
La Leçon tragique d'Orange, 1923
Églogues, poèmes, 1923
Élégies romaines, avec un portrait de l'auteur par Jean Aubert, Paris, Éd. de la Nouvelle Revue française, 1923.
François-Paul Alibert : Poèmes ; In La Revue universelle. Tome XIV, 1er Juillet 1923, Jacques Bainville, directeur.
François-Paul Alibert : Le Laurier du Forum ; In La Revue universelle. Tome XV, 1er Octobre 1923, Jacques Bainville, directeur.
Le Cantique sur la colline, Paris, À la Cité des livres, 1924.
Poèmes, 1924
François-Paul Alibert et Jean Hervé, Les Dioscures, Hommage aux frères Mounet, Prologue récité devant le Mur d'Orange le 1er août 1925 par les artistes de la Comédie-Française, Carcassonne, Pierre Polère, 1925.
La Guirlande lyrique, Paris, Librairie Garnier Frères, 1925.
Charles Bordes à Maguelonne, vignettes de Jos Jullien, Saint-Félicien-en-Vivarais, Au Pigeonnier, 1926.
Le Chemin sur la mer, suivi de Fenêtre et de Sulamite, 1926
Les Jardins de Salluste, 1927
La Couronne de romarin, 1927
La Prairie aux narcisses, orné d'un frontispice de Manolo, Marseille, Les Cahiers du Sud, 1927.
La Renaissance de la tragédie, 1928
Les Amants de Ravenne, drame en quatre actes et neuf tableaux en prose, avec un prologue et un épilogue d'après la Divine Comédie, musique de scène de Michel Mir, créé à Carcassonne, Théâtre Antique de la Cité, , et publié à Carcassonne, Gabelle, 1929.
Paris couleur de Temps, 1929
Les plus beaux poèmes de François-Paul Alibert, préface d'André Thérive, 1929
Le Cycle de Shakespeare au Théâtre de la Cité, 1930
La Plainte de Calypso, suivie de la Complainte du cyprès blessé, 1931
Le Supplice d'une queue (publié anonymement et clandestinement), René Bonnel, avec un frontispice de Pere Créixams, 1931 (tiré à 95 exemplaires)
Le Cyclope, drame satyrique en 1 acte, adapté d'Euripide, Carcassonne, Théâtre Antique de la Cité,
Épigrammes, 1932
Dissonances, 1935
Mirages, Paris, R. A. Corréa, 1936.
Le Collier d'aiguilles de pin, 1936
Nouvelles Épigrammes, 1937
Vieilles chansons du jeune temps, 1938
Terre qui as bu le sang, Carcassonne, Gabelle, 1939.
La Prairie aux colchiques : poèmes, Tours, Arrault, 1944.
Le Colloque spirituel, 1948
La Chanson du saule au platane : poèmes, Paris, Points et contrepoints, 1951.
Publications posthumes
Correspondance avec André Gide : 1907-1950, édition établie, présentée et annotée par Claude Martin, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1982
En Italie avec André Gide : impressions d'Italie, 1913, voyage avec Gide, Ghéon et Rouart, texte inédit présenté et annoté par Daniel Moutote, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1983
Le Supplice d'une queue (publié anonymement et clandestinement en 1931 par René Bonnel), précédé de Le Jeu de l'amour et de la nécessité par Hugo Marsan, Paris, Ramsay / Jean-Jacques Pauvert, 1991 ; Paris, la Musardine, 2002
↑Cité par Jean-Jacques Pauvert, notice sur Le Supplice d'une queue, dans Anthologie historique des lectures érotiques, t. III (De Guillaume Apollinaire à Philippe Pétain 1905-1944), Paris, Stock / Spengler, 1995, p. 711.
↑Léon Riba, Carcassonne, ses places et ses rues, monographie, Carcassonne, Imprimerie Bonnafous et fils, , 73 p., p.46
↑Pascal Pia, Les Livres de l'Enfer. Du XVIe siècle à nos jours, Paris, Fayard, 1998, p. 631. Voir aussi Emmanuel Pierrat, Le Bonheur de vivre en enfer, Paris, Maren Sell Éditeurs, 2004, p. 81-85.
↑Hugo Marsan, Le Jeu de l'amour et de la nécessité, préface à Le Supplice d'une queue, Paris, Ramsay / Jean-Jacques Pauvert, 1991, p. 15.
↑Jean-Jacques Pauvert, notice sur Le Supplice d'une queue, dans Anthologie historique des lectures érotiques, t. III (De Guillaume Apollinaire à Philippe Pétain 1905-1944), Paris, Stock / Spengler, 1995, p. 711.
↑ a et bFrançois-Paul Alibert, Le Supplice d'une queue, Paris, Ramsay / J.-J. Pauvert, 1991, pp. 28, 104.
↑Annie Le Brun, « De la noblesse d'amour », La Quinzaine littéraire, n° 824, 1-15 février 2002, repris dans Ailleurs et autrement, Paris, Gallimard, coll. « Arcades », 2011, p. 66.
↑Annie Le Brun, Ailleurs et autrement, Paris, Gallimard, coll. « Arcades », 2011, p. 67.
Pour approfondir
Bibliographie
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Articles connexes
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Liens externes
Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :