François-Marie LuzelFrançois-Marie Luzel
François-Marie Luzel, né le à Plouaret et mort le à Quimper, également connu sous la forme bretonne de son nom Fañch an Uhel[1], est un folkloriste breton, et également un poète en langue bretonne. BiographieIl naquit au manoir de Keramborgne, qui faisait alors partie de la commune trégorroise de Plouaret dans la section qui constitue maintenant la commune du Vieux-Marché (Côtes-d'Armor). Son père François et sa mère Rosalie Le Gac étaient des paysans enrichis sous la Révolution et c'est à Keramborgne que Luzel assista aux veillées qui étaient le moyen de délassement le plus courant des gens de la campagne, surtout en hiver. L’un de ses amis d’enfance est le futur peintre Yan' Dargent. Grâce à son oncle Julien-Marie Le Huërou, qui y était professeur, il put aller au collège royal de Rennes et y passer son baccalauréat. Il y avait pour condisciples le futur historien Arthur de La Borderie et Émile Grimaud qui fut secrétaire de rédaction de la Revue de Bretagne et de Vendée. Il manifesta très jeune un vif intérêt pour la littérature bretonne. Il caressa l'idée de devenir médecin de marine et alla pour cela étudier à Brest. Il fut un temps juge de paix à Daoulas, puis journaliste à Morlaix. En 1845, il obtient du ministère de l'instruction publique une mission d'études, mais celle-ci n'est pas renouvelée. Il bifurqua ensuite vers le professorat, mais sans parvenir à trouver un poste fixe, ce qui l'amena à une vie nomade. En 1863 il publie Le mystère de sainte Tryphine et le roi Arthur. La rencontre avec Adolphe Orain, folkloriste de Haute-Bretagne, son sens des relations, et surtout l'appui d'Ernest Renan, lui permirent d'obtenir plusieurs missions annuelles du ministre de l'Instruction publique pour la recherche de vieux textes littéraires en Basse-Bretagne. Il devint enfin conservateur des archives départementales du Finistère à Quimper. Il réussit à collecter un énorme corpus de chants, contes, légendes et pièces de théâtre et put en faire la matière de plusieurs livres. L'essentiel de cette abondante collecte se fit dans tout le Trégor. Marguerite Philippe (en breton : Marc'harit Fulup) est la plus connue des personnes dont il a collecté la mémoire. Cependant, l'une de ses premières publications, lui qui allait être réputé pour la collecte de contes, fut un recueil de poèmes personnels en 1865, Bepred Breizad, en breton avec traduction française. Il y célèbre la Bretagne, son peuple et sa langue. (En 1943 paraîtra un autre livre, Ma c'horn bro, regroupant un choix de poèmes écrits tout au long de sa vie). Il devient le chef de file des opposants au Barzaz Breiz. En 1868, il commence à publier les résultats de ses collectes. Il trace le plan de publication dans la préface du premier volume : d'abord les Gwerziou (« Chants » ou complaintes), puis les Soniou (« Chansons »), dans une édition bilingue dont la traduction en français est au plus près du texte. Après le premier volume en 1868, le second volume de gwerziou parait en 1874. Puis Luzel se consacre à la publication des Contes et Récits populaires des Bretons armoricains, en traduction française seulement. Le recueil bilingue de Soniou ne parait qu'en 1890, avec la collaboration d'Anatole Le Braz qui rédige la préface, état des lieux et histoire du recueil des poésies populaires. Querelle du Barzaz BreizEn 1872, il lit au congrès de l'Association bretonne à Saint-Brieuc un texte mettant en cause l'authenticité des chants du Barzaz Breiz publié par Théodore Hersart de la Villemarqué trente-trois ans plus tôt. Il ne fait là que s'associer à la polémique ouverte au Congrès celtique de 1867 par R.-F. Le Men et d'autres érudits scandalisés par la réédition de 1863 du Barzaz Breiz. En 1960 Francis Gourvil soutient une thèse de doctorat établissant minutieusement dans quelle mesure les chants du Barzaz Breiz sont faux, étayant ainsi les analyses de Luzel. En 1974 la thèse de Donatien Laurent, pour la première fois basée sur les carnets manuscrits de La Villemarqué, établit que si l'auteur du Barzaz Breiz a fortement remanié ses chants bretons, il s'est généralement appuyé sur des versions qu'il a lui-même collectées ou retranscrites. Il admet qu'en revanche, il a intégralement inventé certaines chansons, démarquant ainsi par exemple « Le lai du rossignol » de Marie de France. Journaliste, juge et archivisteLuzel pratique le journalisme politique de 1874 à 1880 à l'Avenir de Morlaix, journal républicain, et est ensuite juge de paix à Daoulas. En 1881 il atteint une position stable en devenant Conservateur des Archives départementales du Finistère à Quimper. Il y rencontre Anatole Le Braz alors professeur ; Anatole Le Braz devient son disciple et continue son œuvre en recueillant des contes (sans donner le texte original) et en inventoriant le théâtre breton ancien. Il est élu au conseil municipal de Quimper sous l'étiquette républicaine. En 1883 il devient vice-président de la Société archéologique du Finistère à laquelle il participait depuis quelque temps et dont La Villemarqué est le président-fondateur. Tentative pour faire enseigner le bretonEn 1888, il demande à Ernest Renan d'intervenir auprès du ministre de l'Instruction publique afin de permettre à son ami Anatole Le Braz d'enseigner le breton au lycée de Quimper (voir texte plus bas). L’intervention de Renan se solde par un refus du ministre. Le , il est fait chevalier de la Légion d'honneur. Il reçoit sa décoration des mains de son vieux rival La Villemarqué lors d'une cérémonie qui a lieu le . Apparemment réconciliés, ils meurent la même année, en 1895. Enseignement du bretonLettre de François Luzel à Ernest Renan. L’ami [Anatole] Le Braz a dû vous écrire pour vous faire part de son désir de professer un cours de langue bretonne au Lycée de Quimper, en dehors des heures de classe, et sans indemnité. Il me demande de vous écrire … pour appuyer sa demande d’autorisation auprès du Ministre de l’Instruction Publique… Je pense en effet qu’un cours de breton dans la capitale d’un département entièrement breton de langue serait une innovation utile… je voudrais que dans toutes nos écoles primaires fréquentées par des Bretons bretonnants, une heure ou deux fussent consacrées à leur faire apprendre par cœur et chanter des chansons bretonnes et autres morceaux de poésie propres à leur inculquer des sentiments patriotiques … car le Breton aime sa langue nationale par-dessus toutes les autres. … Les bons livres bretons sont si peu répandus. Langue bretonne "ancienne" ou "moderne": un témoignageD'aucuns ont écrit qu'une "bonne part du milieu bretonnant institutionnel" refusait également la publication de contes en "langue bretonne ancienne" en voulant imposer sa "traduction" en breton moderne. Signalons, pour éclairer cet aspect, un témoignage qui n'est pas anodin. En 1943 fut publié le recueil de poésies de Luzel intitulé Ma C'horn-Bro où le préfacier Joseph Ollivier indique :
Son édition reçut donc l'approbation (indiquée en page IV de l'ouvrage)
Aujourd'hui les deux publications (celle de Françoise Morvan respectueuse de l'orthographe de Luzel, et celle en orthographe unifiée du breton) d'une œuvre du domaine public ont vu le jour. À propos des chants recueillisContrairement à La Villemarqué, Luzel n'a pas recueilli ni transcrit les airs des chants qu'il a recueillis. C'est Maurice Duhamel qui entreprit cette tâche entre 1909 et 1912, mais auprès de chanteurs différents. Ces airs, ainsi que ceux recueillis par François Vallée sur rouleaux de cire, ont été publiés dans Musique bretonne de Maurice Duhamel en 1913. Œuvres
Éditions posthumes
Citations de Luzel
HommagesFrançois-Marie Luzel a donné son nom à deux établissements scolaires de Bretagne :
Pour approfondirBibliographie
Liens externes
Notes et références
|