Ferdi KüblerFerdi Kübler Ferdi Kübler lors du Tour de France 1954
Ferdinand Kübler, dit Ferdi ou Ferdy Kübler, né le à Marthalen et mort le à Zurich[1], est un coureur cycliste suisse, professionnel entre 1940 et 1957. Il compte plus de 400 victoires dont le Tour de France 1950 et le championnat du monde sur route 1951. Il compte également à son palmarès des prestigieuses classiques, comme Liège-Bastogne-Liège et la Flèche wallonne, ainsi que des courses par étapes, notamment le Tour de Suisse et le Tour de Romandie. Considéré comme l'un des meilleurs coureurs suisses de l'histoire, il s'adjuge à trois reprises le Challenge Desgrange-Colombo. BiographieSurnommé « Le Fou pédalant », « L'Homme cheval », il est grand au teint très hâlé. On l'a aussi surnommé le cow-boy à cause de son goût pour les chapeaux Stetson. Fils d'Alfred Kübler et de Lina Ehrensperger[2], il est issu d'une famille pauvre de cinq enfants[3]. Il a trois frères, Alfred, Max et Paul, et une sœur, Lydia, qui meurt à l’âge de quatre ans[4],[Note 1]. Sa mère meurt à la suite d'une chute à vélo en 1947[7]. Il décide de faire du cyclisme un métier, contre l'avis de son père. Il déclare en 2003 : « Je luttais pour manger, pour avoir une vie meilleure. J'ai gagné le Tour de France parce que j'en ai rêvé, parce que je savais qu'après je ne serais plus jamais pauvre. À l'arrivée à Paris, mon père n'était pas là. Cela ne l'intéressait pas. »[7]. Il devient coureur professionnel en 1940, mais ses débuts dans la compétition se limitent à la Suisse, du fait de l'occupation nazie dans une grande partie de l'Europe. Il est multiple champion national et triple vainqueur du Tour de Suisse. Ses années les plus fastes au niveau international se situent entre 1950 et 1952, quand les classiques ont repris après la Seconde Guerre mondiale. Il remporte la Flèche wallonne et Liège-Bastogne-Liège, à la fois en 1951 et 1952, à une époque où ces courses sont encore disputées dans le même week-end. Il devient également champion du monde sur route en 1951, après avoir terminé deuxième en 1949 et troisième en 1950. Il participe au Tour d'Italie entre 1950 et 1953, se classant quatrième puis troisième à deux reprises. Il abandonne les Tours de France 1947 et 1949, en dépit d'une victoire d'étape à chaque fois. Lors du Tour 1950, il bénéficie de l'absence de Fausto Coppi, mis à l'écart après une chute sur le Giro. Après l’abandon de Gino Bartali dans les Pyrénées, il prend le meilleur sur les autres favoris, et s'impose avec plus de neuf minutes d'avance sur Stan Ockers et plus de vingt minutes sur Louis Bobet, remportant également trois étapes. Il devient le premier lauréat suisse du Tour de France. Lors du Tour de France 1954, Kübler remporte le classement par points et se classe deuxième du général derrière Louison Bobet. Pendant le Tour 1955, il abandonne à l'issue de la 11e étape qui emprunte le mont Ventoux et met ainsi un terme à sa carrière sur les grands tours. Le Suisse attaque lors de la montée du mont Chauve et Géminiani le prévient : « Attention, Ferdinand, le Ventoux n'est pas un col comme les autres ». Kübler lui répond : « Ferdi n'est pas non plus un coureur comme les autres ! ». Après son abandon, Kübler prononce des mots qui deviendront célèbres : « Ferdi, il est trop vieux. Il a mal. Ferdi s'est tué ! Ferdi s'est tué dans le Ventoux ! »[8]. Pendant ce Tour, il semble bien que Kübler se soit dopé. Il zigzaguait pendant la montée du mont Ventoux et s'est mis à pousser des cris de tous côtés à la fin de la course. Pendant le contrôle des chambres les commissaires ont trouvé des produits dopants et des seringues[9]. Par la suite pourtant, au cours d'interviews, Kübler a nié s'être jamais dopé[10]. Il raccroche en 1957, âgé de 38 ans. En 1983, il est élu « Sportif suisse le plus populaire des cinquante dernières années »[2]. Moniteur de ski diplômé, il est devenu un commerçant prospère à sa reconversion. Ferdi Kübler meurt le , à l'âge de 97 ans, dans un hôpital de Zurich où il avait été admis quelques jours plus tôt à la suite d'un refroidissement[11]. Avant sa mort, il est le plus vieux vainqueur vivant du Tour de France[12]. PostéritéEn 1983, Ferdi Kübler est élu « Sportif le plus populaire des derniers 50 ans » et « Sportif du Siècle » en Suisse. Vingt ans plus tard, en 2003, il reçoit le « Prix d’honneur du Crédit Suisse »[13]. En 2002, Ferdi Kübler fait partie des coureurs retenus dans le Hall of Fame de l'Union cycliste internationale[14]. Ferdinand Kübler est l'objet d'un souvenir de Georges Perec[15]. Style et personnalitéL'écrivain Roland Barthes évoque Ferdi Kübler dans ses Mythologies. Il affirme que l'utilisation du diminutif Ferdi en lieu et place du prénom Ferdinand accompagne « l'entrée dans l'ordre épique » du coureur qui devient alors une véritable icône patriotique[13]. Le journaliste Jacques Augendre, spécialiste du Tour de France, le considère comme le plus grand coureur suisse de l'histoire, devant Hugo Koblet. Bon rouleur, attaquant remarquable, il est présenté comme un coureur énergique, sincère et authentique[16]. Rivalité Kübler-KobletLe début des années 1950 apparaît comme l'âge d'or du cyclisme helvétique avec la victoire de Ferdi Kübler sur le Tour 1950 puis celle d'Hugo Koblet l'année suivante, mais ces succès soulèvent chez les journalistes et les spécialistes du cyclisme une véritable opposition manichéenne entre les deux personnages. Koblet et Kübler sont présentés comme « les figures antagonistes du bon et du mauvais »[17]. Ainsi, le journaliste Maurice Vidal décrit Kübler comme « un diable […] aussi noiraud, violent, désordonné, diabolique […], que l'autre était blond, doux et harmonieux »[18]. Un journaliste de l'hebdomadaire suisse La Semaine sportive écrit en 1964 : « Kübler avait remporté le Tour de France à la façon d'un aigle. Koblet, une année après, le gagna avec la légèreté d'une colombe. C'est bien pour cela qu'on le nomma le pédaleur de charme[17]. ». Reconnaissant le talent de Ferdi Kübler, Martin Lang, biographe de Koblet, considère que ce dernier représentait « la classe à l'état pur »[19]. Kübler apparaît comme un coureur perfectionniste, un travailleur acharné qui passe des heures à l'entraînement tandis que Koblet semble capable d'atteindre ses meilleures performances avec un minimum d'entraînement, ce qui fait dire à Jean-François Loudcher et Monica Aceti : « Fidèle à la fable de la Fontaine, Hugo Koblet est la cigale généreuse et dispendieuse tandis que Ferdi représente l'ambitieuse et laborieuse fourmi[20]. » L'opposition entre les deux champions suisses est aussi marquée entre leurs supporters. Soignant son apparence, Koblet représente une culture moderne, en avance sur son temps, tandis que Kübler incarne des valeurs plus traditionnelles et conservatrices, celles d'une culture plus populaire, axée sur le travail et la volonté[21]. Hugo Koblet cultive son image de jeune premier, de fils de bonne famille misant avant tout sur son talent pour réussir[22] tandis que Kübler affiche l'image d'un coureur méritant qui incarne le dépassement personnel, la persévérance et l'opiniâtreté[23]. Cette représentation est approuvée par le journaliste Hanspeter Born, qui consacre une biographie à Ferdi Kübler[24].
PalmarèsPalmarès sur routePar annéeRésultats sur les grands toursTour de France5 participations
Tour d'Italie4 participations Palmarès sur piste
Palmarès en cyclo-cross
Records
Distinctions
Notes et référencesNotes
Références
Voir aussiBibliographie
Liens externes
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