Exposition coloniale internationale
L’Exposition coloniale internationale se tient à Paris du 6 mai au , à la porte Dorée et sur le site du bois de Vincennes, pour présenter les produits et réalisations de l'ensemble des colonies et des dépendances d'outre-mer de la France, ainsi que celles des autres puissances coloniales participantes, au sein de pavillons rappelant, dans le cas de l'empire colonial français, l'architecture de ces territoires, notamment d'Afrique noire, de Madagascar, d'Afrique du Nord, d'Indochine, de Syrie et du Liban. Elle reçoit huit millions de visiteurs[1], venus accomplir « le tour du monde en un jour » selon le slogan de l'époque, et est en même temps l'occasion pour le Parti communiste français d'exprimer ses convictions anti-colonialistes. HistoriqueExpositions antérieuresEn 1894 est organisée à Lyon une foire privée dépourvue de droits de douane dénommée Exposition universelle, internationale et coloniale[2]. En 1896, une exposition nationale et coloniale est organisée à Rouen[3]. L'exposition internationale de Rochefort-sur-Mer est organisée deux ans plus tard, en 1898. Les troisième et quatrième expositions coloniales officielles sont celles de Marseille en 1906 et Paris en 1907. Chacune accueille 1,8 million de visiteurs[4],[5]. Enfin, la dernière grande exposition coloniale française avant celle de 1931 est celle de Marseille, en 1922. Son succès est sans appel, puisqu'elle accueille 3 millions de visiteurs[6]. ProjetLe projet d'exposition existe dès 1913, impulsé notamment par la personnalité d'Henri Brunel, chef de file du « parti colonial ». Dans son esprit, son intérêt est de montrer les bénéfices que présente la colonisation pour l'économie française. Marseille et Paris se disputent pendant une dizaine d'années le projet[7]. Ce n'est qu'en 1925, pour répondre à la British Empire Exhibition de 1924, que Paris est choisi pour accueillir l’événement. La concurrence entre les deux empires coloniaux fait que les Britanniques refusent de participer à celle de Paris. Sa direction est assurée par le maréchal Lyautey, ancien résident général du Maroc qui confie la direction artistique (peinture) à Jean Bouchaud qui y réalise une composition murale de 1 300 mètres carrés. Le journal La Dépêche coloniale et maritime, alors en pleine expansion, fait la promotion du projet[8] et un numéro est confié au journaliste Pierre Lazareff[9], que l'industriel Jean Prouvost fait passer la même année du journal Paris-Midi à Paris-Soir[9]. La pose de la première pierre a lieu le 5 novembre 1928 et elle est finalement inaugurée le par le président de la République Gaston Doumergue entouré de rutilants spahis marocains, accompagné du ministre des Colonies Paul Reynaud, du gouverneur des colonies faisant office de secrétaire général Léon Geismar, et du maréchal Lyautey nommé commissaire général de l'Exposition en 1927[10]. Elle se veut le reflet de la puissance coloniale de la France, de sa mission civilisatrice dans les colonies ainsi qu'un outil économique au service des industriels métropolitains et coloniaux[11]. L’ExpositionPour l’Exposition, on construit à l’est de Paris dans le 12e arrondissement, autour du lac Daumesnil, dans le bois de Vincennes, un ensemble de monuments représentatifs des colonies. Cet ensemble s’étend sur 110 hectares et son entrée principale est située à la Porte Dorée. L'Exposition coloniale présente toutes les colonies françaises et les pays sous protectorats français (avec leurs sections dédiées et leurs pavillons) ainsi que des pays étrangers et leurs colonies. Les Églises sont également représentées avec les pavillons des missions catholiques et protestantes. Environ 200 pavillons répartis dans l'exposition sont loués à des exposants particuliers (grandes entreprises, restaurants et buvettes, alimentation fine ou exotique, etc.). Un ensemble de bâtiments généraux complètent l'exposition comme le musée des Colonies et son aquarium tropical, le jardin zoologique ou la section des Attractions. Des fontaines majestueuses et lumineuses, réalisées par André Granet et Roger-Henri Expert, agrémentent le site[12].
Différents moyens de transport sont à la disposition du public : un chemin de fer circulaire de 5,5 km comprenant 6 stations, 50 cars électriques, 16 bateaux à moteur (et de nombreux bateaux à rames sur le lac), 30 bateaux pour les attractions nautiques[réf. souhaitée]. Le public trouve aussi à sa disposition dans l'exposition 4 bureaux de poste, 7 bureaux de tabac, 4 postes médicaux, des restaurants de spécialités dans toutes les sections, ainsi que trois restaurants généraux[réf. souhaitée]. 300 000 personnes animent l'exposition, et plus de 33 millions d'entrées sont comptabilisées, ce qui donne une estimation d'environ 8 millions de visiteurs[13] Les monuments les plus importants de cette exposition sont la reproduction du temple principal d'Angkor Vat, dans la section de l'Indochine qui représente plus de 10 % de la superficie de l'Exposition, et le Palais de l'Afrique occidentale française, forteresse évoquant pour beaucoup de visiteurs la Grande mosquée de Djenné, même si elle n'en est pas une réplique explicite. Évènements et divertissementsDe nombreuses fêtes sont organisées tout au long de l'exposition, comme la Fête du Tourisme colonial[14]. Des spectacles nommés La Féerie africaine, Le Monde colonial qui danse et qui chante, Les Nuits coloniales, L’Adieu aux colonies sont également proposés aux visiteurs[15]. Au théâtre de la Cité des informations, les visiteurs peuvent assister à spectacle-type nommé Nuits coloniales, composé de différents tableaux sur le thème des colonies présentées. Multipliant les décors, il met en scène plus de 350 figurants[16]. Les sections françaisesSection de l’Afrique-Équatoriale françaiseL’Afrique-Équatoriale française (AEF) est une fédération de 4 colonies :
Le pavillon de l’Afrique-Équatoriale française (AEF) est la reproduction d'une case indigène du Logone, affluent du Chari. Section de l’Afrique-Occidentale françaiseL’Afrique-Occidentale française (AOF) est une fédération de 8 colonies :
Cette section présente sur 4 hectares les bâtiments suivants :
Section de l’AlgérieLe pavillon de la section algérienne présente une synthèse de l'architecture algérienne, en offrant au visiteur deux façades:
Section du Cameroun et TogoLa section du Cameroun et du Togo est composée de reproduction de cases de chefs et d'indigènes Bamoun, au Cameroun. Le plus grand pavillon présente les ressources du pays. Les autres pavillons sont attribués aux œuvres sociales, à l'enseignement, à la chasse, au tourisme, à l'artisanat. Les pavillons du Cameroun et du Togo sont encore visibles aujourd'hui au Bois de Vincennes. Ils constituent les bâtiments principaux de la pagode de Vincennes. Pavillon de la Côte française des SomalisLe Pavillon de la Côte française des Somalis est la reproduction en réduction de la mosquée Ammoudy de Djibouti, et présente l'économie de cette petite colonie située à un endroit stratégique sur la route maritime entre la Méditerranée et l'Océan Indien via le canal de Suez et la Mer Rouge. Pavillon des États du LevantLe Pavillon de la Syrie et du Liban - tous deux administrés par la France sous Mandat de la Société des Nations - s'inspire du palais Azim de Damas, et du palais Beiteddine au Liban. Son aspect extérieur austère cache un jardin intérieur entouré de galeries à colonnes. Pavillon de la GuadeloupeLe petit pavillon de la Guadeloupe met en scène une reconstitution d'une baie de l'île : une crique a été reconstituée, bordée par une plage de sable blanc, et un phare de 23 mètres de haut. Le pavillon a été ensuite détruit lors de la Seconde Guerre mondiale[réf. nécessaire]. Ce pavillon présente les ressources économiques de l'île. Elle est aussi le lieu où la biguine et d'autres musiques ont pu être découvertes[17]. Pavillon de la GuyaneLe pavillon de la Guyane, petite colonie de 47 000 personnes, présente dans son pavillon une exposition de bois précieux. Pavillon des Indes françaisesLe pavillon des Établissements français de l'Inde, représentation d'une demeure hindoue de Pondichéry, est précédé des éléphants en pierre du sculpteur Jean Magrou. Section de l’IndochineL’Union indochinoise (Indochine française) est le regroupement d'une colonie, la Cochinchine (formant, avec l'Annam et le Tonkin, l'actuel Viêt Nam) et de quatre protectorats : le Tonkin, l'Annam, le Laos et le Cambodge. La section de l’Indochine est répartie sur 9 hectares et divisée en sous-sections :
Un ensemble de bâtiments complète la section indochinoise :
Des danses sont présentées tous les jours dans toutes les sections. Pavillon de MadagascarLa section de Madagascar présente l'ensemble de bâtiments suivant :
Pavillon du MarocLe pavillon du protectorat du Maroc se présente sous la forme d'un palais sobre, inspiré du palais de Maghzen, et entouré de vastes cours et patios. Un canal d'eau, bordé de jardins à la mode andalouse, s'allonge en façade, et est encadré par des souks. Le palais quant à lui présente une porte monumentale, est construit autour d'un jardin intérieur, et présente les différents aspects du Maroc. Pavillon de la MartiniqueLe pavillon de la Martinique évoque les demeures des riches planteurs créoles. Monument des Forces d’Outre-merLe monument des Forces d'Outremer est principalement composé d'une tour de bronze de 82 m de haut, flanquée de 4 boucliers d'airain, et qui supporte un phare éclairant des drapeaux français. Dans ce monument se trouve présenté le travail de l'armée coloniale et de ses services. Pavillon de la Nouvelle-CalédonieLa section de la Nouvelle-Calédonie et de ses dépendances regroupe trois pavillons :
Pavillon de l’OcéanieLe Pavillon des Établissements Français de l'Océanie représente une case polynésienne, et est construit en troncs de cocotiers, roseaux et bambous. Il présente la production de la colonie et des collections d'art. Pavillon de La RéunionLe pavillon de La Réunion est une élégante réplique de la Villa du domaine du Chaudron, et présente les ressources de l'île. Pavillon de Saint-Pierre-et-MiquelonLe pavillon de Saint-Pierre-et-Miquelon présente une simple maison de pêcheur, avec ses doris sur le lac, et son phare aux feux multiples. Section de la TunisieLa section tunisienne est située sur l'un des côtés de la « place de l'Afrique du Nord ». Elle présente un ensemble de pavillons composé de quatre unités :
Les sections étrangèresSection de la BelgiqueLa Section du Congo belge présente sur 2 hectares plus de 10 000 m2 de constructions, autour d'une vaste cour, précédée d'une porte monumentale :
Pavillon du DanemarkLe Pavillon du Danemark, de style moderne, est consacré au Groenland, et présente les conditions de vie dans cette colonie. Section des États-Unis d’AmériqueLa section des États-Unis est agencée autour de la reproduction de la maison de G. Washington, à Mount Vernon, construite en 1743. La reproduction est fidèle, aussi bien à l’extérieur qu’à l'intérieur. Deux petites maisons reliées par des galeries couvertes sont situées de part et d'autre de la maison : ce sont la cuisine et le bureau de Washington, qui présente une exposition sur le Territoire de l'Alaska. D'autres bâtiments du même style complètent cet ensemble et présentent les expositions du gouvernement des États-Unis, et des territoires extérieurs (îles des Caraïbes et du Pacifique). Section de l’ItalieLe pavillon du royaume d’Italie présente l’ensemble de monuments suivant :
Sur le lac naviguent des samboucs (bateaux somaliens). Section du Royaume-UniLa section du Royaume-Uni présente deux pavillons :
Section des Pays-BasLa section des Pays-Bas est composée d'un pavillon principal et d'un ensemble de petits pavillons :
Le 28 juin[20], à cause d'un court-circuit[21], le pavillon principal brûle pendant l'exposition, détruisant toutes les collections et expositions qu'il renferme. Il est reconstruit en 51 jours[22], à l'exception du toit, qui est simplifié. Section du PortugalLa section Portugaise regroupe quatre pavillons construits dans un mélange d'art maure et d'art portugais austère du XVe siècle. Deux pavillons présentent les colonies portugaises : Angola, Mozambique, Îles du Cap-Vert, Guinée portugaise, États de l’Inde (Goa), Macao, Timor. Deux autres pavillons sont consacrés à l'histoire des voyages, des conquêtes, et des explorateurs. Les Pavillons des MissionsPavillon des Missions catholiquesLe pavillon des Missions catholiques est flanqué d'un campanile de 40 mètres et abrite une église, Notre-Dame-des-Missions. Il présente l'action des Missions catholiques dans les colonies. Parmi les peintres décorateurs Marthe Flandrin - Élisabeth Faure Pavillon des Missions protestantesLe pavillon des Missions protestantes, surmonté d'une croix en verre de 5 mètres, présente uniquement des stands d'exposition. Les Bâtiments générauxLa Cité des InformationsLa Cité internationale des informations est une création originale due à l'initiative personnelle du maréchal Lyautey, dans le but d'offrir aux industriels, économistes, et financiers, les informations techniques dont ils ont besoin pour développer leurs relations avec les colonies. Ce bâtiment construit le long du boulevard Poniatowski s'étend sur 19 000 m2 et présente :
La Section MétropolitaineLa Section Métropolitaine a pour but de grouper et d'exposer toute la production métropolitaine pouvant donner lieu à des échanges avec les colonies. Elle est composée de quatre bâtiments situés le long du boulevard Soult et présente sur 80 000 m2, 31 groupes industriels répartis en 163 classes et 27 groupes. Les quatre bâtiments sont :
Une exposition florale entoure les bâtiments. Le Musée des coloniesLe musée permanent des Colonies se présente sous la forme d'un bâtiment de 88 mètres de long sur 60 de large. Sa façade est ornée d'un grand bas-relief dû au sculpteur Alfred Janniot qui retrace l'histoire économique des colonies. Sa réalisation, sous la direction des architectes Albert Laprade, Léon Bazin et Léon Jaussely, a nécessité trois ans de travail entre 1928 et 1931. Ce musée présente sur 5 000 m2 deux sections de l'exposition :
Ce musée présente aussi :
Sur le perron, se trouve une statue de Léon-Ernest Drivier, symbolisant la France et ses colonies. Cette statue se trouve de nos jours au sommet de la fontaine de la Porte Dorée (dans le square des Anciens-Combattants-d'Indochine constituant le terre-plein central de la place Édouard-Renard). Un tapis pour le musée permanent des Colonies a été commandé aux ateliers Tapis France Orient à Marseille, réalisé à partir d'une création de Magdeleine Dayot[24]. L'œuvre est désormais conservée au musée du quai Branly-Jacques Chirac à Paris. Ce tapis à motifs floraux est noué à la main par des ouvrières arméniennes réfugiées[25]. Le Jardin zoologiqueLe Parc zoologique est construit par la maison Carl Hagenbeck, suivant une approche moderne des zoos : pas de grilles, mais des enclos ouverts séparés du public par des fossés. C'est un parc provisoire d'été; il ne possède pas de constructions permettant de garder les animaux au chaud en hiver. On peut y voir :
À la suite du succès énorme rencontré par ce zoo, il est déplacé en 1932 à l'endroit qu'il occupe actuellement dans le bois de Vincennes, et complété par des bâtiments permettant de protéger les animaux l'hiver. Le 3 janvier 1934, le zoo brûle, tuant cinq éléphants[26]. La Section des attractions (parc des attractions, îles des attractions)Le parc des attractions est divisé en deux parties :
Les fontaines monumentalesPlusieurs fontaines monumentales sont installées dans l'exposition :
Les pavillons privésEnviron 200 pavillons privés sont répartis dans l'enceinte de l'Exposition. Ces pavillons, à but commercial, sont soit des cafés et restaurants (Chez Jenny, L'Oasis, la Terrasse), soit des stands publicitaires (Banania, Nestlé, Julien Damoy, Chocolat Menier, etc). Spectacles et animationsDans toutes les sections, de nombreuses animations et différents spectacles sont proposés aux visiteurs, potiers, sculpteurs, tisserands, maroquiniers : tout un peuple d'artisans indigènes travaillent sous les yeux du public. D'autres tiennent des stands de souvenirs, comme dans les souks des sections nord-africaines. Sur le lac, toutes sortes d'embarcations de pêche font des démonstrations d'évolution : pirogues malgaches ou sénégalaises, samboucs somaliens, etc. Chaque section présente un spectacle ou des danses de la colonie. On trouve ainsi, par exemple :
Les danseurs Kanak de Nouvelle-Calédonie sont exhibés dans le jardin d'acclimatation du bois de Boulogne et présentés comme des guerriers cannibales selon le journal Candide[27]. Initiative privée en marge de l'Exposition, elle est organisée par une association d'anciens coloniaux s'associant avec le cirque Hagenbeck, le gouverneur de Nouvelle-Calédonie aida à leur recrutement. Devant ce scandale, ce dernier fut mis à la retraite anticipée par Lyautey. Les nuits colonialesSous le titre plein de promesses, « Les Nuits Coloniales », se cache un exploit extraordinaire pour l'époque : mettre en valeur, de nuit, l'intégralité de l'Exposition Coloniale et de ses fontaines, et offrir des fêtes plus éblouissantes les unes que les autres. On peut notamment citer :
Les moyens employés sont considérables :
Les Nuits Coloniales sont de grands succès et laissent des souvenirs inoubliables dont les journaux de l'époque se font l'écho. Les SouvenirsLa publicité pour l’ExpositionDans tous les journaux de l'époque, le lecteur trouve des publicités pour l'exposition. Certaines sont des chefs-d'œuvre de composition sublimant les colonies. L'affiche lithographique intitulée Le Tour du monde en un jour annonçant l'exposition est de Victor Jean Desmeures et elle a été éditée par Robert Lang. La publicité commerciale sur l’ExpositionPremière grande manifestation tournée vers le commerce et l’industrie, selon les souhaits du maréchal Lyautey, l’Exposition coloniale est le support de nombreuses publicités et souvenirs publicitaires tout au long des années 1930 et 1931, par exemple :
Les souvenirsDans chaque pavillon et stand de l'exposition sont en vente de nombreux souvenirs et cartes postales. Les objets les plus courants :
Opposants à l'ExpositionPlusieurs opposants se manifestent : communistes (tract « Contre l’exposition colonialiste de Vincennes ! Pour l’indépendance des colonies ! »), surréalistes (tract Ne visitez pas l’exposition Coloniale par le Collectif des douze surréalistes le 30 avril 1931[28]), manifestations d’étudiants indochinois, éditorial de Léon Blum dans le Populaire du 7 mai 1931 qui désapprouve cette manifestation contrairement à la majorité des socialistes, Louis Aragon dans son poème « Mars à Vincennes", une des pièces composant son recueil "Persécuté persécuteur" : "Il pleut, il pleut à verse sur l’Exposition coloniale »[29]. Plusieurs écrivains (dont Paul Éluard, René Char, André Breton, Louis Aragon, etc) attaquent frontalement l’Exposition coloniale, qu'ils décrivent comme un « carnaval de squelettes », destiné à « donner aux citoyens de la métropole la conscience de propriétaires qu’il leur faudra pour entendre sans broncher l’écho des fusillades ». Ils réclament également « l’évacuation immédiate des colonies », et la tenue d'un procès sur les crimes commis[30]. L'Exposition est construite à l'est de Paris où sont implantés les quartiers d'ouvriers communistes, le maréchal Lyautey voulant combattre les communistes sur leur propre terrain. À l'initiative du Komintern, une petite contre-exposition est organisée au parc des Buttes-Chaumont sous l'égide du Parti communiste français (PCF) et de la CGTU. « La vérité sur les colonies » n'aurait cependant attiré selon la police qu'environ 5 000 visiteurs en 8 mois, malgré l'organisation de visites collectives par des mouvements communistes - un chiffre à mettre en perspective avec les 33 millions d'entrées vendues pour l'exposition (correspondant à peu près à 8 millions de personnes, un même visiteur étant amené à utiliser 4 ou 5 billets en moyenne ; répartition estimée : 4 millions de Parisiens, 3 millions de provinciaux et 1 million d'étrangers)[31]. PostéritéBâtimentsEn 1935, le musée des colonies est renommé Musée de la France d'Outre-mer. En 1960, lors de la décolonisation, il devient, à la demande d'André Malraux, ministre des Affaires culturelles, le Musée des Arts Africains et Océaniens. Le musée ferme ses portes en 2003 et la majeure partie de ses collections partent au Musée du Quai Branly. Seuls l'aquarium tropical et les espaces historiques du rez-de-chaussée restent ouverts. Depuis 2007, le bâtiment abrite le Musée de l'histoire de l'immigration, un musée national dont l'objectif principal est de faire connaître et reconnaître l'apport de l'immigration en France depuis le XIXe siècle. Un autre projet avait été envisagé pour le bâtiment, celui d'un Musée de la diversité naturelle et culturelle de France et d'Outre-Mer qui aurait réintégré l'Aquarium tropical et les collections du Musée de l'Homme[32], consacré à la richesse des divers apports historiques sur le territoire actuel de la France, de la Préhistoire à nos jours, dans une perspective multiculturelle, montrant l'osmose des influences au fil des temps. D'autres bâtiments sont conservés ou déplacés :
Enregistrements sonoresÀ l'occasion de cette exposition, 368 enregistrements sonores des « musiques et parlers coloniaux » sont réalisés par l'Institut de phonétique et le musée de la parole et du geste de l'université de Paris, avec le soutien de la firme discographique Pathé ; de ces enregistrements, 184 disques 78 tours sont produits, représentant environ 20 heures d'écoute. Cette collecte est réalisée entre la fin juin et le par Philippe Stern et son assistante Mady Humbert-Lavergne[33]. Parallèlement à ces enregistrements sonores, le musée de la Parole commande au photographe Paul Pivot[34] un reportage sur les interprètes et les musiciens présents. En octobre 1931, Paul Pivot réalise 157 clichés, pris dans l’enceinte même de l'exposition et au camp militaire de Saint-Maur. De nombreux comédiens, musiciens, chanteurs et danseurs des colonies françaises d'Afrique, d'Asie et d'Océanie sont donc enregistrés et photographiés, ainsi que des soldats africains réquisitionnés pour l'occasion. Ce fonds propose des musiques et des chansons traditionnelles, des récits, des fables et des contes, des récits personnels et historiques ainsi que des dictions et énumérations de nombres en différents dialectes. Ces enregistrements sonores et les documents photographiques sont conservés à la Bibliothèque nationale de France (département de l'Audiovisuel) et consultables en ligne sur Gallica[35]. PublicationsL'Exposition coloniale a été l'occasion de très nombreuses publications tant officielles que d'éditeurs privés, en corrélation avec l'événement. On peut citer les éditions géographiques maritimes et coloniales qui font paraître neuf guides de voyages sur les colonies et protectorats français. Les périodiques, tels que L'Illustration, Le Monde colonial illustré, outre les articles qui suivent périodiquement le déroulement de l'exposition, consacrent des numéros spéciaux. Sur l'exposition elle-même, outre le guide officiel, des guides privés sont publiés, tel que celui offert par le Bon Marché, et de nombreux guides propres aux pavillons. L'armée n'est pas en reste, ainsi la collection dirigée par Paul Azan :
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Essais
Fiction
Articles connexes
Liens externes
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