Courbe de PeanoEn mathématiques, la courbe de Peano est le premier exemple découvert de courbe remplissante, c'est-à-dire une courbe plane paramétrée par une fonction continue sur l'intervalle unité [0, 1] et surjective dans le carré [0, 1]×[0, 1] ; autrement dit, la courbe passe par chaque point du carré : elle « remplit l'espace ». En particulier, la courbe de Peano est une fractale : bien que formée d'une simple ligne, elle est de dimension 2. Cette courbe est nommée en l'honneur de Giuseppe Peano qui l'a découverte. HistoriqueDans un article de 1890[1] Giuseppe Peano décrit une courbe auto-intersectante qui passe par tous les points de la surface du carré unité. En construisant une surjection de l'intervalle réel unité vers le carré unité du plan, il illustre un résultat de Georg Cantor qui, en 1877, avait établi que le carré a la puissance du continu, c'est-à-dire le même cardinal que l'intervalle. La nouveauté est que la surjection construite par Peano est continue : on peut l'interpréter comme une courbe paramétrée. La clé passe par l'élaboration d'une courbe nulle part différentiable. Toutes les courbes rencontrées jusqu'alors étaient différentiables par parties (elles avaient une dérivée continue sur chaque intervalle). En 1872, Karl Weierstrass avait bien décrit une fonction qui était continue en tout point mais différentiable en aucun point. Mais aucune de ces courbes ne pouvait remplir le carré unité. La courbe de Peano, à la fois nulle part différentiable et remplissant le plan, était donc fortement contre-intuitive. Peano utilise l'existence d'un développement en base trois pour tout nombre réel. Dans l'ensemble des suites à valeurs dans {0,1,2}, il construit une correspondance entre la suite et le couple de suites de la manière suivante :
À chaque suite, il associe le réel dont la suite est un développement en base 3 Il démontre que la correspondance qui, au réel t, associe le couple de réels (x, y) est bien définie (c'est-à-dire que si t a deux développements en base 3, comme 13 = 0,1000… = 0,0222…, alors les deux couples (x, y) correspondants sont identiques[1]) et que cette application de [0,1] dans [0,1]×[0,1] est continue, surjective, mais non injective (un couple (x, y) correspond à 2 ou 4 valeurs de t si x, ou y, ou les deux, ont deux développements[1]). L'article de Peano ne contient pas d'illustration. Une observation des troncatures des suites , et au rang 2, conduirait à la construction successive des points de coordonnées (0,0), (0,1/3), (0,2/3), (1/3,2/3), (1/3,1/3), (1/3,0), (2/3,0), (2/3,1/3), (2/3,2/3) qui, joints par des segments de droites donnent une courbe analogue à l'étape 1 de l'illustration ci-contre. Pour les suites tronquées au rang 4, on trace une courbe analogue à l'itération 2 ci-contre, commençant au point de coordonnées (0,0) et aboutissant au point de coordonnées (8/9,8/9), etc. De nombreux autres exemples de courbes remplissantes (du plan ou de l'espace) furent construits sur ce modèle, par exemple la courbe de Hilbert ; certaines possèdent des propriétés meilleures encore que celle de Peano, comme la courbe de Lebesgue, qui est en outre presque partout dérivable. Propriétés
Références
Voir aussiArticles connexes
Bibliographie
Liens externes
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