Entre le et le , 28 convois de déportation furent organisés au départ de la caserne Dossin située à Malines. 24 906[1] juifs furent déportés dans ces trains de la mort qui les conduisaient à Auschwitz ainsi que 351 Tsiganes. Certains de ces trains, firent halte à Kosel pour que certains parmi les plus aptes au travail soient dirigés vers des camps de travaux forcés (ce fut le cas des convois VI, VII, VIII, IX, XII et XIII)[2],[3].
Sur les trois premiers mois de la déportation, 17 000 Juifs furent déportés. Ils se présentèrent spontanément à Malines à la caserne Dossin répondant ainsi à une convocation pour le travail obligatoire en Allemagne directement transmise par l'AJB: les "Convocations à Malines" qui n'étaient qu'un subterfuge des Nazis pour mettre en œuvre leur projet de Solution finale. Très tôt, cependant, sous l'action de la résistance juive au travers de l'organe clandestin communiste en langue yiddish du Linke Poalei Sion, Unzer Wort[Note 1], au travers des sections de langue de la Main-d'œuvre immigrée (MOI), une organisation communiste des étrangers ou, enfin, au travers du Comité de défense des Juifs, ils cessèrent de se présenter spontanément[4]. Les Allemands organisèrent alors des rafles à Anvers et à Bruxelles[2]. Les deux premières rafles se déroulèrent les 15 et à Anvers sous le commandement du sous-officier SS Erich Holm. Elles furent menées par des feldgendarmes, des SS allemands et flamands ainsi que par des policiers belges. Une troisième rafle se déroulera le . À Bruxelles, la situation est différente et le bourgmestre Jules Coelst qui s'était déjà opposé aux allemands sur la question du port obligatoire de l'étoile juive, ordonnance qu'il refusera de faire appliquer, argua d'un manque d'effectif pour que sa police ne soit pas mêlée aux rafles. Une seule rafle nocturne se déroulera ainsi à Bruxelles, le . À Anvers, 65 % des Juifs seront déportés tandis qu'à Bruxelles, seuls 37 % le furent. À partir de , les départs de convois s'espacent et les Allemands ne parviendront plus à réaliser des arrestations de masse[4].
Le convoi n° XX du fut stoppé par trois résistants à Boortmeerbeek, ce qui permit à 17 déportés de quitter le train. Au total 231 déportés s'enfuirent, par cette action et leurs propres moyens, dont 23 furent abattus par la Schutzpolizei et 95 autres furent repris dans les heures et les jours qui suivirent. Le reste put rejoindre la clandestinité.
Lors de la libération, la caserne Dossin comptaient encore 520 détenus en attente d'un aller-simple vers Auschwitz.
Liste des convois
L'Office central de la sécurité du Reich (RSHA) à Berlin était responsable de l'organisation du transport des Juifs. Les dirigeants du camp de rassemblement de Malines devaient donc établir la liste des personnes déportées en trois exemplaires. Un exemplaire était destiné à l'officier de police responsable de la sécurité durant le transport, le second était destiné au Sicherheitsdienst de Bruxelles, le dernier restait au samellager de Malines.
L'ensemble des copies de la Caserne Dossin ont été conservées, ce qui permit aux historiens de cartographier de manière précise l'ensemble des 28 convois de déportation qui quittèrent le territoire belge à destination d'Auschwitz.
convois de Malines à Auschwitz-Birkenau Personnes déportées par âge (au-dessus et en dessous de 15 ans) et genre. Tous les déportés, à l'exception du convoi Z de 1944, étaient des Juifs[5],[1]
Du au 2252 travailleurs juifs obligatoires sont déportés par 7 convois dans les camps de l'Organisation Todt[6].
En marge de la solution finale, 4 autres convois de déportation furent organisés au départ de Malines. Ils concernèrent 218 déportés juifs. Pour les convois E, le taux de survie fut de 58 %, alors qu'il n'était que de 5,1 % à Auschwitz pour les Juifs et de 4,3 % pour les Tziganes.
convois de déportation complémentaires au départ de Malines[7].
5034 Juifs, résidant en Belgique en furent déportés via le Camp de Drancy. Ces résidents avaient fui vers la France à l'aube du conflit ou y avaient été envoyés par les autorités belges. 317 d'entre eux survécurent à la guerre[1].
Outre les Juifs, 351 Tziganes furent également déportés via Malines vers Auschwitz, ils firent partie du convoi Z du . La lettre "Z" signifiant Zigeuner, « Tsigane » en allemand.
Littérature
Serge Klarsfeld et Maxime Steinberg : Le Mémorial de la Déportation des Juifs de Belgique. Bruxelles 1982.
dans ce livre : Tableaux Récapitulatifs des Israélites et Tziganes Déportés du Camp de Rassemblement de Malines vers les Camps d' Extermination de Haute Silésie, éd. du 'Ministère de la Santé Publique et de la Famille', 1.9.1979
Juliane Wetzel, Frankreich und Belgien, dans : Dimension des Völkermords. Die Zahl der jüdischen Opfer des Nationalsozialismus, éditeur: Wolfgang Benz, dtv 1996, p. 105–131 (première édition : Oldenbourg Wissenschaftsverlag 1991, (ISBN978-3486546316))
Tanja von Fransecky : Flucht von Juden aus Deportationszügen in Frankreich, Belgien und den Niederlanden. Metropol-Verlag, 2014, (ISBN978-3863311681). Chap. IV (p. 180 - 270) : Belgique
Liens externes
www.bundesarchiv.de: Chronologie der Deportationen aus Belgien. Version en ligne (depuis décembre 2007) du Gedenkbuch. Opfer der Verfolgung der Juden unter der nationalsozialistischen Gewaltherrschaft in Deutschland 1933-1945.
↑ a et bMaxime Steinberg, Un pays occupé et ses juifs : Belgique entre France et Pays-Bas, Gerpinnes, Quorum, , 314 p. (ISBN978-2-87399-014-5, OCLC263411514)
.
↑ a et bPaul Aron (dir.), Dictionnaire de la seconde guerre mondiale en Belgique, Bruxelles, André Versaille, coll. « Références », , 527 p. (ISBN978-2-87495-001-8, OCLC604547810).
↑Schram (2006) De raciale deportatie van België naar Auschwitz vanuit Mechelen
↑La déportation des Juifs de Belgique, Centre d'Action Laïque, 2015
↑Laurence Schram, Le camp de rassemblement pour Juifs de Malines : L’antichambre de la mort, Encyclopédie en ligne des violences de masse, publié le 29 mars 2010, consulté le 10 août 2014, ISSN 1961-9898