Comines (Belgique)
Comines (en néerlandais Komen, en picard Cômâne, en wallon Cômene) est une section de la ville belge de Comines-Warneton située en Wallonie picarde et en Flandre romane dans la province de Hainaut. Il s'agit d'une ville francophone à facilités néerlandophones[3]. Elle a longtemps été considérée, avec Comines France, comme étant la Capitale Mondiale du Ruban Utilitaire[4],[5]. C'était une commune à part entière avant la fusion des communes de 1977. Comme Warneton, Comines s'étend le long de la Lys, dont l' ancien lit forme la frontière avec la France. De l'autre côté de la Lys se trouve la commune française du même nom, Comines. Au nord du territoire de Comines se trouve le village de Ten Brielen. Jusqu'en 1963, le village de Kruiseyck faisait partie de Comines. GéographieLa Lys, frontière d'État depuis les traités d'Utrecht (1713), sépare Comines de son homonyme française Comines. ÉtymologieComines a été mentionné pour la première fois par écrit en 1096, sous le nom de Cumines, une autre forme en 1138 est Comminis. Il peut être un nom propre gallo- romain, ou un mot celtique pour vallée (*cumma, variante de cumba)[6] ou encore du saxon cuman (vallée d'arrivée) qui a dérivé en komen en néerlandais[7]. Les origines étymologiques saxonnes de la ville voisine, Warneton, renforcent cette hypothèse. Deux autres hypothèses étymologiques associent Comines à une origine anthroponymique. Soit associée à Commios ayant gouverné sur la région, soit au général romain Cominium. Ce dernier relevant surtout de la construction légendaire hagiographique[8]. Le cas de Commios est toutefois appuyé par une analyse linguistique indiquant dès lors que Comines signifierait les gens appartenant à Commios[9]. Enfin, l'hypothèse légendaire en lien avec Saint Chrysole serait que lors de ses prêches, il interpelle les habitants à venir l'écouter, en utilisant donc le verbe comen[10]. Cependant, l'existence du Saint est contestée et la piste de la supercherie hagiographique semble privilégiée[11]. Évolution démographique
HistoireJusqu'aux Traités d'Utrecht en 1713, Comines Belgique et Comines France ont une histoire commune. Le eut lieu le combat de Pont-Rouge : des troupes autrichiennes voulaient alors envahir la partie sud de la Lys appartenant à la France. Mais les troupes françaises les repoussèrent. Le traité des limites signé en 1769 désigne alors la Lys comme frontière définitive entre la France et la future Belgique[12]. Un arrêté du Comité de salut public du , réglemente le statut administratif de la Belgique. Comines fera partie du canton judiciaire d'Ypres et du département de la Lys[13]. avant d'être transférée (à l'exception du hameau flamand de Kruiseyck cédé à Wervicq) de la province de Flandre-Occidentale à celle de Hainaut en 1963. Depuis cette date, ses habitants néerlandophones minoritaires bénéficient de facilités administratives. Au XIXe siècle, la population augmente considérablement. Les gens travaillaient dans les usines de tissage de la partie belge et de la partie française. De 1846 à 1910, la population de Comines est passée de 3 400 à 6 640. L'industrie textile lui donne alors le surnom de Capitale Mondiale du Ruban Utilitaire. Après la Seconde Guerre mondiale, Comines Belgique et Comines-Sud sont devenues le plus important producteur de ruban au monde, mais à partir de 1970, les industries commencèrent à déplacer leurs activités. Il ne reste plus aucune rubanerie en activité côté Belgique, mais sept côté France[14]. L'essor textileLe 10 mars 1719, Philippe Hovyn, marchand de lin et manufacturier Yprois, profite des failles juridiques de cette situation frontalière pour fonder une rubanerie et écouler ses produits en évitant les taxes de franchissement de frontière. Son exemple sera suivi, de part et d'autre de la Lys si bien que quinze manufactures rubanières s'installeront d'ici 1788. À ceci s'ajoutent d'autres manufactures textiles (toile, serviettes damassées, retorderie de fil) qui seront 11 en 1788[15]. Époque contemporainePremière guerre mondialeSous occupation allemandeLa mobilisation réduit drastiquement les effectifs des industries textiles, certaines s'arrêtent dès l'entrée en guerre. Le 30 septembre, des volontaires belges se positionnent sur le pont frontière, sur la Lys avant de le quitter le 3 octobre, après avoir réquisitionné toutes les automobiles vers Saint-Omer. Les premiers soldats allemands feront leur entrée le 4 octobre 1914[16]. De nombreux témoignages écrits par les habitants permettent de mesurer le climat[17].
La Kommandantur qui occupe la ville déclare plusieurs interdictions dès le 23 octobre, incluant un cessez-le-feu à 19 heures[18]. Un témoin évoque une anecdote concernant l'interdiction de parler aux captifs ou de leur venir en secours. Une habitante, Palmyre Wallez, sera mise au cachot pour avoir refusé de payer une amende car elle avait offert le café chaud à une colonne de soldats blessés britanniques passant par la chaussée de Wervicq. Le 24 octobre, le nombre de soldats allemands postés à Comines atteignait les 40.000[19]. Les usines fermées sont réquisitionnées et transformées en dortoir, réfectoire, hôpital ou salle de spectacle. Comines deviendra le quartier général allemand et de nombreux bâtiments sont réquisitionnés et transformés. Les témoignages parlent de ballet incessant de blessés et de chariot des morts. Dès 1915, le front se stabilise à quelques kilomètres de Comines qui fait office de lieu de repos pour les troupes. Plusieurs régiments bavarois dorment au sein de l'ancienne usine textile Gallant, Adolf Hitler séjournera à plusieurs reprises la ville comme l'indiquent ses lettres, Mein Kampf ou simplement ses différents dessins. Cette importante présence bavaroise amena le prince de Bavière (Rupprecht) à passer en revue les troupes sur la Grand Place de Comines, le 7 janvier 1915 tout comme son père Louis III le 5 février[20]. Sous les obus britanniquesDès le 18 octobre, les premiers tirs d'artilleries britanniques sont tirés en direction de Comines afin de détruire les premières positions stratégiques. Côté belge, elles ciblent le clocher de l'Église Saint-Chrysole, le couvent des sœurs Notre-Dame à Ten-brielen ou encore la presqu'île du quartier du fort (actuelle rue du Fort)[21]. Toutefois, les tirs disparaitront avec l'avancée du front puis sa stabilisation. Le 17 août 1915, les opérations d'artillerie reprennent. De très nombreux bâtiments civils sont détruits, provoquant le départ de l'État-Major allemand[22]. L'automne 1915, l'opération reprendra avec une plus grande intensité en ciblant plus particulièrement la partie belge de la ville où se trouvaient les réserves de munition de l'armée bavaroise[23]. Le 28 décembre 1915 fut particulièrement macabre puisque trois entrepôts construits sous le cimetière de Comines explosèrent. Les témoignages parlent de soldats et citoyens armés de crochets afin de récupérer les cadavres projets dans le canal Ypres-Comines à quelques mètres de là[24]. En 1916, les tirs d'artillerie se concentraient sur les anciennes usines, châteaux et grands édifices[25]. Mais l'opération la plus intense se déroula après l'exode de la population. L'exodeEn mai 1917, le front évolue et se rapproche de Comines. Les tirs d'artilleries s'abattirent le 22 mai aux confins de Comines, dans des hameaux récemment évacués. Le 27 mai 1917, l'état-major britannique exigèrent l'évacuation des habitants. Un mandement précis avait été largué par aéroplane et parvint à la kommandantur. Il était accordé quelques jours pour organiser le départ des civils[26]. Chaque habitant était autorisé à 25 kg de bagages pour entamer leur exode. Les belges devront attendre le 29 et 30 mai pour pouvoir partir, en fonction de l'organisation de la kommandantur via le chemin de fer en direction de Courtrai. Les derniers exilés se feront sous les premiers tirs britanniques[27]. Fait surprenant, certains évacués reprirent leur emploi auprès de leurs anciens patrons, là où ces derniers avaient été évacués. En effet, les industries textiles avaient essaimé en Normandie et à Lyon[28]. Il faudra attendre juin 1918 avant qu'une centaine d'évacués tenteront de réoccuper Comines. Ils seront de nouveaux évacués lorsque les combats se rapprochent de nouveau. Ils reviendront en automne 1918 après la libération de la majorité des villes de la Lys[29]. Fusion des communesComines était situé dans la province de Flandre-Occidentale et a été transféré à la province wallonne du Hainaut à la suite du recensement linguistique de 1963. Le hameau de Kruiseyck n'est pas concerné par ce transfert d'une province à l'autre : le hameau est alors transféré de Comines à Wervicq et reste ainsi dans la province de Flandre occidentale. L'histoire de Comines devient celle de Comines-Warneton à la suite de la fusion des communes. Problèmes linguistiquesLieux touristiques
EnseignementIl existe trois écoles secondaires de l'enseignement libre (Le Collège Technique Saint-Joseph, L'Institut Notre-Dame (ces deux premières ayant fusionné) et l'Institut Saint-Henri) et une école secondaire de l'enseignement officiel. Les écoles de l'enseignement libre dépendent d'un pouvoir organisateur et l'école de l'enseignement officiel (l'Athénée Royal Fernand Jacquemin) dépend de la Communauté Française.
FolkloreGéantsJean Proute et Sophie Patar ont été créés pour Comines à l'initiative du Comité des fêtes du Centenaire de l'Indépendance en 1930. Leur carcasse est faite d'osier et de bois par les frères Deruyck. Leurs noms de baptême ont été adoptés sans difficultés puisqu'ils provenaient de deux habitants ayant vécu et marqué les esprits au XIXe siècle. Jean Proot, un fermier borgne de la rue de la gare qui avait l'habitude de dire en picard cominois J'e fok in-eul més ch'est in bon (Je ne vois que d'un œil, mais c'est un bon). Sophie Mahieu, épicière de la rue du Faubourg dont le caractère et le physique l'associaient au stéréotype de la sorcière[31]. Après la Seconde Guerre mondiale, ils étaient trop vétustes et furent délaissés. Ils renaîtront lors de la première Fête des Marmousets en 1983. Sports & Loisirs
Personnalités originaires ou vivant à Comines
Notes et référencesNotes
Références
Bibliographie
Voir aussiArticles connexesLiens externes |
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