Née dans une famille originaire de la Corrèze, elle y passe toutes ses vacances scolaires. Elle évoque son lien particulier avec le paysage natal de ses ancêtres dans un documentaire radiophonique sur France Culture[1]. Elle y enregistre, avec l’écrivain corrézien Pierre Bergounioux, un documentaire radiophonique intitulé L’Écriture en vacance[2]. Christine Lecerf est mariée avec l’illustrateur Eric Héliot, avec qui elle a deux filles.
Études
Christine Lecerf intègre en 1977 le département d’études germaniques de l’université de Rouen. Elle y suit les cours de civilisation de Felix Kreissler, fondateur des études autrichiennes en France et de la revue Austriaca – Cahiers universitaires d’information sur l’Autriche. Très marquée par l’enseignement de cet historien autrichien, juif, communiste, résistant, déporté à Buchenwald[3], elle oriente très tôt ses recherches sur la littérature et la culture autrichienne[4],[5],[6]. Après un DEA sur le personnage d’enfant chez Peter Handke, elle soutient, en 1992, la première thèse universitaire française sur l’écrivain Thomas Bernhard, « Une autobiographie simplement compliquée : ouvertures sur une esthétique de la limite chez Thomas Bernhard »[7]. Elle publie, en collaboration avec l’historienne Hannelore BurgerCorps blessés, peines intimes autrichiennes, avec des illustrations de l’actionnisme viennois[8].
Activités
En 1995, à l’occasion de l’entrée de l’Autriche dans l’Union européenne, elle dirige le festival Ouvertüre France Autriche, organisant avec le collectionneur Serge Sabarsky une exposition Klimt-Schiele-Kokoschka au Musée des Beaux-Arts de Rouen[9],[10], et avec le critique d’art Robert Fleck la première rétrospective d’art contemporain autrichien en France, à l’Ecole d'Architecture de Normandie/Rouen/Darnétal[11]. Elle rencontre la peintre Maria Lassnig[12], à laquelle elle consacre une série d’entretiens, À voix nue, sur France Culture[13]. Invitée à l’émission Panorama de France Culture pour évoquer la figure de Thomas Bernhard[14], elle fait la connaissance du producteur Michel Bydlowski et devient une collaboratrice régulière de l’émission jusqu’à sa mort tragique, en février 1998[15]. Elle collabore ensuite aux Mardis littéraires puis à L'Atelier littéraire de Pascale Casanova.
A partir des années 2000, elle devient productrice déléguée de documentaires sur France Culture, où elle explore les figures de la modernité littéraire et philosophique[16]. Elle consacre une série d’entretiens À voix nue au philosophe Jacques Bouveresse[17]. En sa compagnie, elle enregistre à Vienne un documentaire sur Ludwig Wittgenstein[18] et consacre au philosophe autrichien un numéro de la revue Europe[19]. En 2001, elle revient à Thomas Bernard[20], « celui qui porte à son comble l’expérience artistique »[21]. Elle lui consacre un numéro de la revue Europe[22] ainsi qu’un autoportrait radiophonique sur France Culture[23],[24]. En 2005, elle enregistre une série d’entretiens, inédits en Autriche, avec l’écrivaine Elfriede Jelinek, prix Nobel de littérature[25], qui seront ensuite publiés sous le titre L’Entretien[26],[27]. L'Europe centrale et orientale fait également partie de ses centres d'intérêt et donne lieu à deux cycles de La Série documentaire.
A partir de 2010, elle devient collaboratrice régulière au Monde, où elle écrit des comptes-rendus critiques sur la littérature de langue allemande[28].
Depuis 2013, elle produit chaque été une Grande Traversée sur France Culture[29], série documentaire consacrée à une figure du patrimoine mondial de l’art ou de la pensée (Einstein, Arendt[30],[31], Freud[32], Marx[33], Céline[34],[35], Proust[36], Hugo[37], Kafka[38],[39] etc.) En 2015, elle obtient le Prix SCAM de l'œuvre sonore pour Looking for Shakespeare[40]. Les membres du jury résument : « Christine Lecerf incarne le lien puissant qui unit radio et littérature ». Son travail radiophonique est régulièrement commenté par la critique[41],[42].
Œuvres
Ouvrages
Corps blessés, peines intimes autrichiennes, avec Hannelore Burger, Publications de l'Université de Rouen, 1991 (ISBN9782877750271)
Sept écrivains pour Mozart, Laurence Teper, 2006 (ISBN9782916010052)
↑Christine Lecerf, « La Corrèze, l’origine », L’atelier de la création, France Culture, jeudi 13 décembre 2012
↑Christine Lecerf, « Pierre Bergounioux : l'écriture en vacance », Figures libres, dimanche 5 août 2012
↑Christine Lecerf, « Félix Kreissler : autrichien né, français de corps et d’esprit », in Corps blessés : peines intimes autrichiennes, Publications de l'Université de Rouen, 1991
↑Littérature d'Autriche, dir. Ch. Lecerf, J. Lajarrige et J. Y. Masson, revue Europe, 2001
↑« Vienne 1900 - Klimt, Schiele, Moser et Kokoschka », Films du tambour de soie, 52', 2005
↑Josyane Savigneau, « Hannah Arendt, une éthique de la pensée », Le Monde, 14 août 2017
↑Elise Racque, « Sur France Culture, Arendt l’ardente », Télérama, 13 août 2017
↑Christine Rousseau, « La Grande Traversée : Moi, Sigmund Freud », Le Monde, 29 juillet 2018
↑Laurent Etre, « Christine Lecerf, productrice à France Culture : « Karl Marx est le contraire d’un dogmatique », entretien avec Christine Lecerf », L’Humanité, 20 juillet 2020
↑Simon Blin, Nicolas Celnik, « Céline : voyage au bout du nazisme ? », Libération, 14 juillet 2019
↑Philippe-Jean Catinchi, « Céline, au fond de la nuit : comprendre l’oeuvre littéraire », Le Monde, 15 juillet 2019
↑Alain Nicolas, « La Recherche, une robe qui nous va », L'Humanité, 25 août 2022
↑Emilie Grangeray, « “Victor Hugo, l’homme qui vit”, sur France Culture : Christine Lecerf consacre une “Grande Traversée” à l’écrivain aux multiples visages », Le Monde, 12 juillet 2023
↑Elise Racque, « Métamorphoser notre regard sur Kafka, c’est cesser de penser qu’il était seul, sombre, et toujours malade », entretien avec Christine Lecerf, Télérama, 01 juillet 2024
↑Emilie Grangeray, « “Kafka, métamorphosé”, sur France Culture : une “Grande Traversée” pour redonner vie à l’écrivain au-delà des clichés », Le Monde, 03 juillet 2024