Chartreuse de Hérinnes-lez-Enghien
La chartreuse de Hérinnes-lez-Enghien, de son nom canonique chartreuse de La Chapelle à Hérinnes-lez Enghien, était un monastère d'hommes de l'ordre des chartreux situé à Hérinnes (en néerlandais : Herne), dans le Brabant flamand (Belgique). Elle fut fondée en 1314 et était la plus ancienne chartreuse des anciens Pays-Bas. Elle disparut lorsque l'empereur Joseph II supprima les couvents de contemplatifs en 1783. Quelques beaux souvenirs en sont encore visibles, de même que la ferme Hof te Schiebeek à Hérinnes (Herne), appartenant au monastère. Son histoire nous est connue grâce à la chronique de trois de ses moines : Arnold Beeltsens, Jean van de Maude (Joannes Ammonius) et Guillaume Pédé (Bruno). HistoireFondationLe seigneur d’Enghien, Walter II, laissa par testament un legs pour la fondation d’un couvent de chartreux dans son domaine. Avec l’approbation de l’évêque de Cambrai, des moines vinrent de Valenciennes (France) et s’installèrent à Herne en 1314 près d’une chapelle mariale, déjà lieu de pèlerinage. Ainsi la nouvelle chartreuse prit le nom de Domus Capellae, c’est-à-dire « chartreuse de la Chapelle ». Un certain Robert, moine de Vervins en est le premier prieur. 1314-1410 : développementPériode de construction des bâtiments et consolidation. De bonnes relations s’établissent avec les seigneurs des environs. Le monastère est la cheville ouvrière des fondations dans les Pays-Bas et à l'origine de la Province de Teutonie de l'ordre chartreux. C'est de Herne que partirent les fondateurs des chartreuses de Grammont, Anvers, Scheut (Bruxelles) et Diest. Parmi d’autres travaux intellectuels, Petrus Naghel, prieur à la fin du XIVe siècle, traduisit du latin en néerlandais une partie de la Bible (Vulgate), la Légende dorée ainsi que des œuvres de pères de l'Église. 1410-1500 : rayonnementLes ermites de la chartreuse d’Herne ont une réputation de ferveur. Discrètement ils ont un grand rayonnement dans la région. Les prieurs élus à la tête du monastère sont souvent des personnalités remarquables : Jean d’Arras, Jean de Montignies, Laurent Muschezeele et d’autres. Leur renom fait qu’ils sont appelés à réformer des monastères de la région. D’illustres pénitents visitent le monastère, et l’aristocratie la soutient, en particulier la maison d’Enghien. Marguerite d'York, sœur du roi d'Angleterre et troisième épouse de Charles le Téméraire, est une grande bienfaitrice. Roger van der Weyden, le célèbre peintre, fait également un don au monastère où son fils (Corneille) s’est fait moine. 1500-1783 : déclinLes moines n’échappent pas aux troubles des guerres de religion. La chartreuse est dévastée une première fois, par les Gueux, en 1566 et incendiée lors de leur retour en 1580. La vie claustrale et les offices liturgiques reprennent dans une église restaurée en 1596, mais les moines ne connaîtront plus la paix. Les gouvernements — moins religieux qu’auparavant — usurpent volontiers des biens du monastère. La stabilité monastique est mise à mal, car nombreux sont les moines qui, insatisfaits, passent d’un monastère à l'autre. En 1794, une tentative de retour des chartreux à Herne se solde par un échec. Après la Seconde annexion française des États de Belgique, éclate l'insurrection de la Guerre des Paysans (1798), par rejet des lois anticatholiques de déchristianisation, et de la conscription instaurées par la République française. Elle est écrasée par les républicains lors de divers combats décisifs livrés à Bornem, Diest, Mol et Hasselt, mais aussi à la chartreuse à Hérinnes, où sont morts 300 jeunes paysans dits brigands[1] et Jan Baptist Eeckhoudt (1744-1798) ou van Eeckhout[2], un des meneurs. En 2023, la commune commémore l'événement, avec une reconstitution historique[3]. Prieurs et moines notablesD’après Vinchant [4]
Trois chroniqueursCe que l’on connaît de l’histoire du monastère repose beaucoup sur les écrits des trois chroniqueurs, Arnold Beeltsens, Jean Ammonius et Guillaume Pédé.
Références
Voir aussiBibliographie
Articles connexes
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