Chantenay-sur-Loire
Chantenay-sur-Loire est une ancienne commune de Loire-Inférieure, située sur la rive droite de la Loire juste à l'ouest de Nantes, annexée à cette dernière en 1908 en même temps que la commune de Doulon. Le territoire de cette ancienne commune est actuellement réparti entre les quartiers Bellevue - Chantenay - Sainte-Anne et Dervallières - Zola. ToponymieOrigine du nomLe nom de « Chantenay » procède du latin Cantenacum ou Villa Canteni, venant du patronyme Cantenos, nom d'un riche propriétaire terrien de l'époque gallo-romaine qui possédait un vaste domaine à cet endroit, autour duquel le village s'est développé[1]. Le bulletin des lois de 1801 mentionne les graphies « Chantenay » et « Chantenai ». L'utilisation de « Chantenay-sur-Loire » entre en vigueur après sa publication dans le bulletin des lois en 1887[2]. On rencontre aussi « Chantenay-lès-Nantes » (registres d'état civil au XIXe siècle). Depuis son intégration à la commune de Nantes, les termes de « -sur-Loire » et « -lès-Nantes » ont été abandonnés, le toponyme de « Chantenay » désignant surtout de nos jours l'ensemble des vieux quartiers de l'ancienne commune, comme le « Bas-Chantenay » qui désigne ceux situés au plus près de la Loire. En gallo, la langue d'oïl locale, Chantenay se dit [ ʃãtnaj] ou [ʃɛ̃tnaj] et s'écrit Chantnai en graphie ABCD ou Chantnài selon la graphie ELG[3]. Utilisation du nom de « Chantenay »Le nom de Chantenay (sur Loire) est utilisé pour désigner au moins deux produits :
HistoireLes origines (XIe-XVe siècle)Une abbaye bénédictine, dépendant de l’abbaye de Saint-Melaine près de Rennes, est présente au XIe siècle. Au XIIIe siècle, les moines assurent le service d’une église paroissiale, Saint-Martin, dont le ressort est délimité par la Loire, le rocher de Misery (actuellement « butte Sainte-Anne ») et la Chézine. Un presbytère[5] est construit au XVe siècle, qui existe encore actuellement. La paroisse Saint-Martin de ChantenayPar la suite, la paroisse Saint-Martin devient une paroisse séculière, dépendant de l’évêque de Nantes. Les registres paroissiaux disponibles commencent en 1567[6]. Sur la butte de Misery, se trouve la seigneurie de la Hautière ; à partir du XVe siècle, les seigneurs exploitent la carrière au pied de la butte. Des carrières sont aussi exploitées au nord de la paroisse, aux alentours de l'actuelle place Émile-Zola. Au nord-ouest de la paroisse, se trouvent le domaine de la famille de Derval, avec une demeure, puis un château, les Dervallières ; les seigneuries de Carcouet et du Tillay. L'abbaye bénédictine devient un domaine laïque, qui passe aux mains de différentes familles, sous le nom de "domaine de l'Abbaye". Les réfugiés acadiens du XVIIIe siècleUn épisode particulier de l'histoire de Chantenay est l’installation pendant quelques années d’une importante communauté d’Acadiens dans la paroisse. L'Acadie (actuelle Nouvelle Écosse) est cédée à l'Angleterre en 1713. En 1755, le gouvernement anglais décide la déportation des Acadiens d'origine française (le « Grand Dérangement ») ; beaucoup d'entre eux sont détenus en Angleterre pendant la guerre de Sept ans puis rapatriés en France à partir de 1763, notamment dans le Poitou. En 1775, un groupe de plus d'un millier d'entre eux arrive à Nantes, dans l'espoir de repartir pour le Nouveau Monde. Dans l'attente d'un embarquement pour la Louisiane, encore colonie française à ce moment, ils se répartissent dans différentes paroisses, mais sont particulièrement nombreux à Chantenay. Sur 1202 actes d'état civil les concernant, de 1775 à 1785, 545 viennent de la paroisse Saint-Martin. Dans l'ensemble, ces Acadiens (généralement des gens assez jeunes) ne bénéficient d'aucun secours officiel. Ils s'intègrent plus ou moins, puisque la moitié des mariages recensés d'Acadiens sont conclus avec des métropolitains[7]. En 1785, un groupe important quitte la région, mais certains d’entre eux s'y fixent définitivement. Cet évènement est commémoré par une plaque sur l’église Saint-Martin, et, plus récemment, par la fresque des Acadiens, réalisée en 1993 par un artiste louisianais, Robert Dafford[8]. L'époque contemporaineLa Révolution et l’EmpireAu début de 1790, Chantenay devient une commune, dont les limites correspondent d'abord à celles de la paroisse Saint-Martin. Un peu plus tard[9], le rocher de Misery, encore très faiblement peuplé, est intégré à la commune de Nantes. Durant la Terreur, alors que Nantes se trouve sous la direction du représentant en mission Jean-Baptiste Carrier, la carrière de Misery est un lieu d’exécution pour les prisonniers de l’armée vendéenne en déroute. Un grand nombre de ces prisonniers meurent de maladie (typhus) ou sont exécutés par fusillade ou par noyade. En même temps, Chantenay connaît le début de son développement industriel. En effet, en 1796, les frères Louis et Antoine Crucy (frères de l'architecte-voyer de Nantes Mathurin Crucy) y créent un chantier naval, qu'ils appellent généralement chantier de la Piperie. Les Crucy ont déjà un chantier naval à Basse-Indre depuis 1793. Le chantier de Chantenay est considérable avec une longueur de 560 m environ. Il s'agit d'un emplacement à l'ouest des Salorges, dont l'aménagement est envisagé depuis quelques décennies, Mathurin Crucy ayant d'ailleurs conçu un projet dans les années 1780. En 1790, 9 lots ont été découpés, mais seulement un vendu, puis la Ville a suspendu l'opération qui ne reprend qu'en 1796 ; les 8 lots restants sont alors achetés par la société formée entre Louis et Antoine Crucy, à laquelle Mathurin se joint dans les années qui suivent. Le développement de l’industrieAu XIXe siècle et au début du XXe siècle, l'activité industrielle se développe considérablement, provoquant la croissance de la population de Chantenay comme du quartier Sainte-Anne. L’industrialisation concerne deux secteurs : la rue de la Ville-en-Bois, limitrophe de Nantes, où s’implantent plusieurs conserveries, à la suite de l'usine Colin de la rue des Salorges, ainsi que des ateliers ou usines de ferblanterie ; la rive de la Loire est occupée surtout dans la seconde moitié du XIXe siècle, après l'arrivée du chemin de fer en 1857 (Chantenay a une gare sur la ligne de Nantes à Saint-Nazaire) mais aussi grâce au développement de l'industrie chimique, repoussée hors des villes par divers règlements. Activités portuairesLes activités du port de Nantes emploient une main d'œuvre nombreuse, en particulier le trafic du charbon, autour de l'usine de fabrication d'agglomérés « Blanzy-Ouest ». Les chantiers navalsAu cours du siècle, on trouve à Chantenay des chantiers navals parmi lesquels :
Autres industriesAu début du XIXe siècle, on trouve :
L'évolution sociale de Chantenay et du quartier nantais de Sainte-AnneChantenay et le quartier nantais de Sainte-Anne connaissent une concentration des classes populaires parmi les plus pauvres de l'agglomération de Nantes, issues notamment d'une immigration en provenance de Basse-Bretagne. À Sainte-Anne, en 1872, les trois quarts des 4 400 habitants sont natifs de Loire-Inférieure, tandis que parmi les 25 % restant, une très grande majorité sont originaires des 4 autres départements bretons (l'Ille-et-Vilaine étant cependant relativement peu représentée), ces personnes étant essentiellement bretonnantes ; seules 2 % viennent de Vendée et 6 % d'autres départements[11]. Le quartier Sainte-Anne, surpeuplé et très pauvre, est considéré comme un des quartiers « insalubres » de Nantes (avec le Marchix près de l'église Saint-Similien), mais ce n'est que vers 1900 qu'un effort d'amélioration du logement a lieu avec les premières habitations à bon marché (HBM). À Chantenay (qui compte alors 9 860 habitants), le quartier de la Ville-en-Bois comprend 20 % d'immigrés de Basse-Bretagne (essentiellement de Cornouaille) et le quartier Saint-Martin 12 %, les quartiers de l'ouest, encore ruraux, beaucoup moins. Les Bas-Bretons sont particulièrement nombreux dans les métiers les moins qualifiés (manœuvres, portefaix, etc.). La croissance démographique de Chantenay amène la création d'une seconde paroisse, Saint-Clair, en 1858. Mais la commune apparaît assez tôt comme un foyer du mouvement ouvrier nantais, en particulier lors de plusieurs grèves menées au cours du XIXe siècle. En 1896, c'est là qu'est formée la Fédération (nationale) des ouvriers ferblantiers. Sainte-Anne : du rocher de Misery à la butte Sainte-AnneSur le plan religieux, Misery fait partie de la paroisse Saint-Martin jusqu'au milieu du XIXe siècle. Cependant, l'accroissement de la population y compris dans les quartiers périphériques nantais, fait qu'une nouvelle paroisse est créée en 1846 sur le territoire de la commune de Nantes, dédiée à sainte Anne, patronne de la Bretagne. Cela s'accompagne d'une transformation urbaine, avec la construction de l'église Sainte-Anne (architecte : Joseph-Fleury Chenantais) et l'aménagement des abords par l'architecte-voyer de Nantes, Henri Driollet : esplanade, escalier vers le quai Marquis-d'Aiguillon, installation de la statue de la sainte. L’Église catholique fait de la paroisse Sainte-Anne un moyen de maintenir la christianisation de la population en organisant dès 1848 une neuvaine pour la fête patronale ; en 1851 a lieu la première procession extérieure ; en 1872, Sainte-Anne de Nantes est érigé en lieu de pèlerinage substituable à Sainte-Anne d'Auray. Néanmoins, en 1896, les électeurs du quartier Sainte-Anne envoient à la mairie de Nantes trois conseillers socialistes pour les cinq sièges dont ils disposent, avec notamment Charles Brunellière. L'annexion de Chantenay par NantesLa question des relations entre Nantes et Chantenay réapparaît à la fin du XIXe siècle du fait de l’industrialisation du quartier Mellinet-Launay à l'Ouest de Nantes et de l’installation d’équipements urbains nantais sur le territoire de Chantenay : le réservoir de la Contrie, et surtout la partie ouest du « boulevard de ceinture » (actuellement : boulevard de la Liberté, Boulevard de l'Égalité, boulevard de la Fraternité, ….), construit entre 1870 et 1895. La création d'un réservoir nantais sur le territoire de Chantenay est négocié par Paul-Émile Sarradin, industriel de la parfumerie, avec son collègue chantenaysien, Prosper Sevestre, issu d'une autre famille d'industriels. Mais les élections de 1900 portent à la mairie de Chantenay une municipalité nettement plus à gauche, dirigée par le radical Paul Griveaud et alliée avec des socialistes. Les relations entre les deux municipalités sont assez tendues. La mise en place du réservoir de la Contrie donne lieu à une guerre municipale, Nantes interdisant l'utilisation de son eau par Chantenay ; sur le plan symbolique, Paul-Émile Sarradin n'invite pas la municipalité Griveaud à l'inauguration du réservoir, mais les représentants de l'opposition. La perspective d'une annexion de Chantenay est présente pendant tout le mandat de Paul-Émile Sarradin, alors que la municipalité Griveaud y est opposée. Au conseil municipal de Nantes, seuls Charles Brunellière et les socialistes essaient de défendre Chantenay qui, le 4 septembre 1903, va jusqu'à inaugurer un nouvel hôtel de ville situé place de la Liberté en présence du ministre de la Marine du gouvernement Émile Combes, Camille Pelletan[12]. La fusion est finalement réglée par la loi du , qui entraîne la dissolution des conseils municipaux de Nantes, Chantenay et Doulon remplacés provisoirement d’une délégation spéciale chargée d’organiser les élections municipales de la nouvelle commune de Nantes. Cette délégation, présidée par un fonctionnaire préfectoral, Joseph Canal, est constituée pour l’essentiel de fonctionnaires. Son mandat dure seulement du 4 avril au 17 mai 1908, date de l’installation du nouveau maire de Nantes, Gabriel Guist'hau. Chantenay, comme Doulon, conserve cependant une spécificité au sein de la commune de Nantes : la mairie de Chantenay devient « mairie annexe » et la municipalité désigne un « adjoint spécial ». Depuis les élections municipales 2008, aucun adjoint spécial n'a été nommé. DémographieGéographieGéographie physiqueChantenay se trouve à l’extrémité sud du Sillon de Bretagne, au point de resserrement du lit de la Loire au niveau de la butte Sainte-Anne. Le bourg ancien de Chantenay surplombe la Loire d'une vingtaine de mètres. Géographie humaineLe quartier Bellevue-Chantenay est actuellement totalement urbanisé. ChantenayOn peut distinguer plusieurs quartiers :
Le bas ChantenayPlusieurs secteurs occupent l'espace plane qui s'étend entre la Loire et le coteau de Chantenay, au pied duquel passe la ligne de chemin de fer de Nantes à Saint-Nazaire une fois sortie du tunnel de Chantenay ; d'aval en amont :
En retrait de la zone industrielle, se trouve la grande emprise ferroviaire de la gare de Chantenay. AdministrationNavettes fluvialesC'est à Chantenay que fut construit le Roquio, premier bateau à vapeur d'une série de huit de la Compagnie de Navigation de la Basse-Loire, assurant, entre 1887 et 1958, un service de passagers entre Nantes et le village de pêcheurs de Trentemoult. Le nom de Chantenay a d'ailleurs été donné à l'une de ces navettes fluviales. Ce nom a ensuite été repris pour le deuxième Navibus mis en exploitation sur la Loire, le , assurant la liaison entre le ponton Gare Maritime à Nantes et le ponton de Trentemoult. Lieux et monumentsBas-Chantenay
Ancien bourg
Secteur nord-ouest (Dervallières, Carcouët)
Personnalités liées à Chantenay
Voir aussiBibliographieSur Chantenay
Sur les Acadiens
Articles connexesLiens externesNotes et références
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