Le château, inscrit au début du XXe siècle sur la liste des monuments historiques et classé (murs et toitures) en 1956, a connu une histoire tourmentée.
Bâtie sur un éperon rocheux dominant la rivière et la vallée de l'Arnon (site naturel classé), une première construction en bois — dont il ne reste rien — aurait été démolie au Xe siècle. Une seconde bâtisse fut assiégée et détruite par Philippe Auguste en 1188.
Le château actuel a commencé à être construit à la fin du XIIe siècle, début du XIIIe siècle, et la construction s'est poursuivie jusqu'au XVe siècle, avec de rares rajouts à la Renaissance (fenêtres à meneaux). Lors de la Fronde (en 1651), le château perd, sur ordre de Mazarin, le haut de son donjon, une partie de ses remparts et son châtelet d'entrée.
Durant la Révolution, les terres du château furent partagées entre quelques familles et la forteresse fut vendue comme bien national. Au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle, le château appartenait à Félix Legrand († 1893), avocat à la Cour d'appel de Bourges et maire de Saint-Doulchard, puis à son fils l'helléniste Philippe-Ernest Legrand (1866-1953).
Façades et toitures ont été inscrites le puis classées monument historique le [4].
Les barons de Culan(t) ont fondé une illustre famille féodale[5],[6],[7],[8], dont voici la lignée simplifiée :
- Guillaume de Culan, fl. 1188, est un des fondateurs de l'abbaye de Bussières. Son fils - Renoul/Renaud Ier eut de sa femme Béatrix : Guillaume (qui semble le 2e mari d'Agnès dame de Charenton, veuve de Guillaume de Courtenay-Champignelles, fille d'Anséric de Toucyde Baserne et d'Agnès/Guillerme de Montfaucon-Charenton) ; Raoul (prieur deVatan) ; et l'aîné, - Hélie de Culan, † apr. 1217, père de - Renoul II, † apr. 1253, qui fut aussi seigneur de Châteauneuf et de Saint-Désiré, et maria Marguerite de Blaisonde Mirebeau. Renoul II et son « petit-fils » Renoul IV, qui suivra, sont distingués par le site Geneanet, mais ils sont confondus par les généalogies traditionnelles de La Thaumassière, Moréri ou La Chesnaye, en un seul sire - Renoul II - qui aurait épousé successivement Marguerite de Mirebeau puis Catherine de Carency : l'une ou l'autre, selon les auteurs, étant considérée comme la mère de Renoul III ; les générations de Renoul II à Renoul IV, on le voit, ne sont donc pas très assurées. Le fils de Renoul II ;
- Jean II († 1347) ; x Agnès/Marie de Sancerre-Sagonne, veuve de Godemar Ier de Linières, d'où - Renoul V ou VI, † apr. 1347 sans postérité ; et - Agnès, dame de Culan après son frère Renoul, † apr. 1352, sans postérité de son époux Louis II Carbonel de Sancerre-Menetou-Salon ;
et - Eudes Ier de Culan († 1380) ; frère puîné de Jean II, et sire de Culan après ses neveux Renoul et Agnès qu'on vient d'évoquer ; x 1° Blanche/Jeanne de Beaujeu, fille de Guichard VI et veuve de Jean de Linières, sire de Brécy, qui était un petit-fils de Godemar de Lignières et d'Agnès/Marie de Sancerre-Sagonne ci-dessus ; x 2° Isabelle, † apr. 1370, fille de Robert de Chârost ; et x 3° Marguerite, fille d'Aimé de Joinville-Vaucouleursde Méry, remariée veuve à Hugues IIde Chaumontd'Amboise. De ses 2° noces, Eudes de Culan eut - Gilbert de Culan († apr. 1381) ; et du 3° lit, - Aénor/Eléonore, dame de Culan après son demi-frère Gilbert, † 1420 sans postérité de ses deux mariages avec 1° Philippe de La Trémoïlle d'Uchon et Bourbon-Lancy, † 1386, frère du comte de Joigny Guy de La Trémoille et cousin germain de Georges, et 2° Guichard II Dauphin de Jaligny, Grand-maître de France, † 1415 à Azincourt.
En 1420, l'amiral - Louis Ier de Culan (1360-1444), fils cadet d'Isabeau/Isabelle (fille de Louis Ierde Brossede Boussac et Sainte-Sévère) et de Guichard de Culan-Saint-Amand-La Creste (fils de Gaucelin de Culan ci-dessus), hérita de Culan, Saint-Désiré et Châteauneuf-sur-Cher d'Aénor/Eléonore de Culan, sa cousine issue de germains. Sans postérité de sa femme Jeanne de Châtillon, dame de la Palisse.
- Gabriel de Culan, x 1° Marguerite d'Espinay (fille de Jacques, sire d'Ussé et Segré, et sœur d'Anne d'Espinay qui épousa François de La Queuillede Châteauneuf-du-Drac et fut la mère de Catherine de La Queuille (-d'Espinay ; épouse de Marc de Beaufort-Canillac : voir ci-dessous), et d'Anne de La Que(u)ille (-d'Espinay), cette dernière étant l'épouse de John Stuart-Darnley 6e sire d'Aubigny et La Verrerie), d'où :
- Pierre, sire de Culan, sans postérité de sa femme, une fille d'Auguste d'Azayd'Entraigues ;
Silvain de Culan ; François de Culan, seigneur de Saint-Désiré (x Charlotte de Grailly de Chalette, dame de La Forêt-Grailly, d'où Françoise de Culan, mariée à Amador de La Porte d'Issertieux), et - Jean III († 1605), dernier baron héréditaire de Culan, sire de Brécy, Moulins et Sainte-Solange, x 1° 1573 Anne d'Agurande du Plex (d'où Marguerite de Culan, x Charles de Tranche-Lion de Bois-Buard), et 2° 1584 Claude de Gamaches de Jussy, d'où :
- Louis III de Culan, sire de Brécy, Moulins et Sainte-Solange, † apr. 1637, x Renée, fille de Claude de Clèves de Rozoy : famille réputée issue d'un bâtard de l'abbé du Tréport, François de Clèves, lui-même fils d'Engilbert de Clèves, comte de Nevers, d'où : Antoine de Culan de Brécy ; Edme de Brécy : père de Louis-François de Culan, baron de Brécy, auteur d'une postérité par sa femme Françoise Guyot ; et François-Henri de Culan de Sainte-Solange.
Propriétaires successifs
En fait, au XVIe siècle, la situation financière des Culan était bien compromise. Pierre de Culan, fils aîné de Gabriel, dut vendre après 1538 sa baronnie à Gilbert de Rochefort de Saint-Jeanvrin, mais la retrouva car son beau-père Auguste d'Azay d'Entraigues la racheta et la lui offrit en . La forte rançon que dut payer son frère Charles II n'arrangea pas les affaires de la famille, et le fils de ce dernier, Jean III, dut se résoudre à vendre Culan au marquis Jean de Beaufort-Canillac le († 1589 ; un cousin issu de germain puisqu'il était le fils du marquis Marc de Beaufort-Canillac et de Catherine de La Queuille (-d'Espinay), une fille de François de La Queuille et d'Anne d'Espinay ci-dessus ; le fils aîné de Jean de Beaufort-Canillac, le marquis Jean-Timoléon de Beaufort-Canillac, lieutenant-général en Basse-Auvergne, était toujours baron de Culan à la fin du XVIe siècle). Puis Culan fut acquis par le duc de Montpensier, qui céda lui-même le au fameux duc de Sully contre 88 000livres[9],[10] ; enfin ledit Maximilien de Béthune-Sully vendit au prince de Condé le .
Au XIXe siècle, le château est racheté par Philippe Auguste Legrand (1804-1882), notaire à Saint-Amand-Montrond ; il appartient ensuite à son fils Félix (1836-1893), avocat à la cour d'appel de Bourges et maire de Saint-Doulchard, puis au fils de celui-ci, Philippe-Ernest Legrand, helléniste, professeur à l'université de Lyon, qui meurt dans le château en 1953.
Période actuelle
Le château de Culan est en excellent état. Il avait été remarquablement restauré dans la période 1950-1980 par un précédent propriétaire, Jean Ferragut, qui y organisa de belles expositions (Picasso, Bernard Buffet, tapisseries flamandes, etc.).
C'est l'une des rares forteresses à posséder encore ses hourds en bois (voir photo, c'est la partie entre la toiture et la maçonnerie des tours), qui permettaient de jeter des pierres et divers projectiles sur les assaillants. Le château possède de belles cheminées monumentales du XVe siècle.
Autour du château sont aménagés en 1995 des « jardins médiévaux » sur une idée d'Alice Flament, veuve de Marc Flament, photographe de guerre et auteur de romans historiques et pour la jeunesse ayant acheté le château en .
Jean-Pierre Marquis, acquéreur du château en 2001, décédé en 2018, et son fils Édouard continuent le travail de restauration et d'entretien[11]. Édouard Marquis meurt le [12], après avoir tenté de léguer le château au département du Cher[13]. Le département a cependant refusé le legs en raison du coût trop important pour la collectivité[14].
Description
Le château, fondé au XIe siècle et reconstruit au XVe siècle, arbore côté falaise, trois tours et de haut logis[2].
Manifestations
Le château se visite tous les jours de Pâques à la Toussaint. Des week-ends médiévaux y sont organisés les dernières semaines de juillet et en août, ainsi qu'une dizaine de visites aux flambeaux certains soirs d'été.
↑« Barons de Culan, p. 312-314 », sur Le Grand Dictionnaire historique de Louis Moréri, T. IV, aux Libraires associés, à Paris, 1759.
↑« Les sires de Culant, p. 419-427 », sur Dictionnaire de la Noblesse, t. V, par François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois, chez la veuve Duchesne à Paris, 1772.
↑« Diversité des possessions du duc de Sully, § 7 et 26 », sur La fortune de Sully, par Isabelle Aristide, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, Paris, Imprimerie Nationale, 1990, mis en ligne sur OpenEditionBooks.
↑« Composition et évolution de la fortune de Sully, § 22 et 108 », sur La fortune de Sully, par Isabelle Aristide, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, Paris, Imprimerie Nationale, 1990, mis en ligne sur OpenEditionBooks.