Le boulevard Saint-Michel est une voie de Paris séparant les 5e et 6e arrondissements depuis la Seine jusqu'au quartier de Port-Royal.
Situation et accès
Le boulevard s'étend du pont Saint-Michel à l'avenue de l'Observatoire. Il est appelé familièrement « Boul’Mich’ », par contraction de « boulevard Saint Michel », qui lui fut jadis conféré par les étudiants, peut-être par anticléricalisme.
C'est la partie nord du boulevard qui est aujourd'hui la plus animée, grâce à ses nombreuses librairies et boutiques de vêtements, dont la librairie Gibert Joseph.
Le , la ville de Paris et l'État signent une convention prévoyant l'exécution dans un délai de dix ans, à partir du , du prolongement du boulevard de Sébastopol à travers à l'île de la Cité (actuel boulevard du Palais) et entre la place Saint-Michel et le carrefour de l'Observatoire[3],[4].
Le prolongement du boulevard Sébastopol (rive gauche), de la place Saint-Michel au carrefour de l'Observatoire, par l'élargissement à 30 mètres de la rue d'Enfer et de la rue de l'Est et l'isolement du jardin du Luxembourg du côté de la rue d'Enfer est déclaré d'utilité publique le 30 juillet 1859[5].
Le percement du boulevard entraîne la disparition partielle ou complète d'un certain nombre de rues existantes, telles la rue Mâcon, la rue Poupée et la rue Percée-Saint-André[8].
Il constituait, avec le boulevard de Sébastopol, le nouveau grand axe nord-sud de la capitale et fut tout d'abord appelé « boulevard de Sébastopol rive gauche » avant de changer de nom en 1867[9],[10].
En juillet 1880, un affaissement du sol dans une zone d'anciennes carrières a pour effet la formation d'un gouffre de 11 mètres de profondeur sous les immeubles portant les nos 79 et 81 (voir ci-dessous).
En décembre 1958, entre 6000 et 7000 manifestants étudiants du Quartier latin qui voulaient marcher en direction du palais Bourbon sont stoppés par des gardiens de la paix au carrefour des boulevards Saint-Michel et Saint-Germain. Peu après, l'Assemblée nationale vote à l'unanimité un vœu condamnant des violences policières[12].
En mai 68, de par sa proximité avec la Sorbonne, le « boul' Mich' » est l'un des principaux lieux d'affrontement entre la police et les étudiants. Il a été bloqué de barricades et de fourgons de CRS pendant plus d'un mois.
Quelques vues historiques
Boulevard Saint-Michel au XIXe siècle.
Le boulevard vers 1860-1870, à hauteur de la place Saint-Michel (photographie de Charles Marville).
Un candidat politique nommé Duconnaud proposa en 1928, en guise de promesse électorale, de prolonger le boulevard Saint-Michel jusqu'à la mer. L'idée fut ensuite reprise par Ferdinand Lop qui aurait, à la suite d'une question de savoir par quel bout il serait prolongé, répondit non sans panache : « Il sera prolongé jusqu'à la mer par les deux bouts »[13],[14].
Bâtiments remarquables et lieux de mémoire
Les principaux édifices du boulevard Saint-Michel sont :
No 34 : annexe de la librairie Gibert Joseph depuis 1996. En 1938, le cinémaLe Latin ouvre à cet emplacement, précédemment occupé par un restaurant. Doté de 400 places, comportant un balcon, ce cinema est d'abord spécialisé dans les actualités et les courts-métrages puis dans les films policiers. En mai 68, une barricade est dressée à proximité. En 1972, il se reconvertit dans le cinéma pornographique, plus lucratif. La désaffection du genre dans les salles conduit à sa fermeture en septembre 1994. Deux ans plus tard ouvre l'annexe de la libraire Gibert Joseph[16], toujours présente en 2021.
Nos 51 et 53 : entre ces deux numéros, la rue Cujas aboutit sur le côté est du boulevard Saint-Michel. Celui-ci passe un peu plus au sud par l'emplacement occupé du XIIIe siècle à 1684 par la porte d'Enfer (ou de Saint-Michel) de l'enceinte de Philippe Auguste. Cette porte de villefortifiée, qui marquait, côté extra-muros, le point de départ de la rue du même nom en direction du sud, ayant pris le nom de porte Saint-Michel à la fin du XVe siècle, on donna ce nom au carrefour qui fut aménagé à sa place à la fin du XVIIe siècle et disparut à son tour dans les années 1860.
Nos 60-62 : hôtel de Vendôme, site principal de l'École des mines de Paris. À cet emplacement, en 1265, l’Hôtel-Dieu reçu en donation un terrain sur lequel se tenait un moulin à vent, considéré comme le premier construit à Paris[17].
No 63, faisant angle avec la rue Soufflot : ancien café Capoulade qui vit, le 10 février 1934, la création du groupe Nicolas Bourbaki, composé de mathématiciens (plaque commémorative)[18].
Nos 64 et 64 bis : immeubles relevant du patrimoine immobilier affecté au Sénat[19].
No 64 : immeuble occupé par la conservation des Jardins du Luxembourg, dont le personnel dispense dans le pavillon Davioud (au sud-ouest du jardin) les cours gratuits de l'École d'horticulture du jardin du Luxembourg. Celle-ci fut ouverte en 1809 sur l'ancienne pépinière impériale du Luxembourg, à l'emplacement de celle des Chartreux[20]. Une plaque indique que le poète Leconte de Lisle (1818-1894) habita cette maison de 1872 à sa mort.
No 69 : à l’angle avec la rue Gay-Lussac était située l’entrée de la station de la ligne de Sceaux, appelée gare Médicis. Elle était surmontée d’un auvent métallique et d’une horloge[15].
Nos 79 et 81 : immeubles haussmanniens situés dans une zone d'anciennes carrières ayant fait l'objet d'une consolidation au moyen de piliers prenant pied au sol même de la galerie située en dessus. Cette mesure conservatrice et de mise en sécurité des occupants a été prise et mise en exécution après un affaissement du sol et un effondrement spectaculaire qui se sont produits dans l'après-midi du , par temps d'orage, avec formation d'un gouffre de 18 mètres de long, de 7 mètres de large et de 11 mètres de profondeur. Malgré l'éboulement des fondations des façades de ces deux immeubles, les parties supérieures, suspendues sur le vide, étaient restées intactes, par un hasard extraordinaire[21].
No 93 : Foyer international des étudiantes. En 2019, une plaque est apposée en hommage à sa fondatrice, Grace Whitney Hoff.
No 95 : immeuble de la première moitié du XIXe siècle[26] au rez-de-chaussée duquel logea le compositeur César Franck (1822-1890), de 1865 jusqu'à sa mort.
Nos 101 et 103 : place Louis-Marin, aménagée en 1967 sur le terre-plein devant ces deux immeubles et ornée de la fontaine de la Guérison. Située à hauteur de la rue Auguste-Comte, elle est délimitée à l'ouest par le boulevard. Sur le côté opposé aboutit la rue de l'Abbé-de-L'Épée. Au sud s'embranche une section de l'ancienne rue d'Enfer qui subsiste sous la dénomination rue Henri-Barbusse.
No 111 : immeuble signé ROSET & BOILLAT ARCHITECTES 1909 (au premier étage à droite, entre deux fenêtres), abritant le Centre culturel d'Égypte au rez-de-chaussée.
No 115 (anciennement No 7, rue de l'Est) : site de construction du futur Centre culturel marocain[27] (Oualalouchoi + Choi architectes[28]) commandité par l'ambassade du Maroc en France. Il occupe l'emplacement d'une ancienne maison d'artistes démolie en qui datait d'au moins [29] comprenant deux ateliers — de peinture au quatrième étage, de sculpture au rez-de-chaussée — et un décor orientalisant, aménagé en par le sculpteur Charles Cordier pour mettre en scène ses œuvres lors de la vente de sa collection. Cette maison a accueilli de nombreux artistes avant d'abriter à partir de et jusqu'aux années le siège de l'Association des étudiants musulmans nord-africains (AEMNA). Liste des principaux artistes y ayant travaillé de à (par année de naissance) :
↑Adolphe Alphand (dir.), Adrien Deville et Émile Hochereau, Ville de Paris : recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques, Paris, Imprimerie nouvelle (association ouvrière), (lire en ligne), « Décret du 11 mai 1855 », p. 292.
↑Convention entre l’État et la ville de Paris ayant pour objet l'ouverture ou l'achèvement de diverses grandes voies de communication dans cette ville [lire en ligne].
↑Avril Frères, Boulevard de Sébastopol (rive gauche). Partie comprise entre les rues Saint-André-des-Arts et Serpente. Plan parcellaire, 1856 [lire en ligne].
↑Raymond Quesneau et Odile Cortinovis (éditrice scientifique) (postface Emmanuël Souchier), Connaissez-vous Paris ?, Gallimard, , 192 p. (ISBN978-2-07-044255-3), p. 17-18.
↑Explication des ouvrages de peinture, sculpture, gravure... des artistes vivans, exposés au musée Royal des Arts le 4 novembre 1827, C. Ballard, Paris, 1827, p. 42 (en ligne). Adresse des sculpteurs Jean-Baptiste-Louis Roman (p. 169), Louis Petitot (p. 168), Bernard-Gabriel Seurre (p. 171); des peintres Eugène Devéria (p. 65 et p. 208) et Louis Boulanger (p. 42 et p. 205).
↑Billet d'enterrement de Pierre Cartellier, retranscrit dans le Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, 1875, p. 187 (en ligne).
↑Explication des ouvrages de peinture, sculpture, gravure... des artistes vivans, exposés au musée Royal des Arts le 4 novembre 1827, C. Ballard, Paris, 1827, p. 169 (en ligne).
↑ abc et dFrançois Fortuné Guyot de Fère, Annuaire des artistes français, 2e année, Guyot de Fère, 1833, p. 173 (en ligne).
↑Explication des ouvrages de peinture, sculpture, gravure... des artistes vivans, exposés au musée Royal des Arts le 4 novembre 1827, C. Ballard, Paris, 1827, p. 168 (en ligne).
↑Explication des ouvrages de peinture, sculpture, gravure... des artistes vivans, exposés au musée Royal des Arts le 4 novembre 1827, C. Ballard, Paris, 1827, p. 171 (en ligne).
↑M. Paul Lacroix, Annuaire des artistes et des amateurs, Paris, 1861, p. 29 (en ligne).
↑Explication des ouvrages de peinture, sculpture, gravure... des artistes vivans, exposés au musée Royal des Arts le 4 novembre 1827, C. Ballard, Paris, 1827, p. 65 (en ligne).
↑M. Guyot de Fère, Annuaire des artistes Français, Paris, 1832, p. 67 (en ligne).
↑ a et bP.F. Sageret, Almanach et annuaire des bâtimens et de la voirie…, 1832, p. 132 (en ligne).
↑ abcde et fHenri-François Buffet, En relisant leurs lettres - souvenirs d'enfance (1909-1919) - Éditions Bahon-Rault, Rennes, 1964.
↑Explication des ouvrages de peinture, sculpture, gravure... des artistes vivans, exposés au musée Royal des Arts le , C. Ballard, Paris, 1827, p. 208 (en ligne).
↑Explication des ouvrages de peinture, sculpture, gravure... des artistes vivans, exposés au musée Royal des Arts le , C. Ballard, Paris, 1827, p. 42 (en ligne).
↑Explication des ouvrages de peinture, sculpture, gravure... des artistes vivans, exposés au musée Royal des Arts le 4 novembre 1827, C. Ballard, Paris, 1827, p. 205 (en ligne).